Kassandra n’était pas du tout concentrée. Son regard se portait sur ses fiches qu’elle avait prit le temps d’écrire. La blonde était adepte des codes couleurs, d’une organisation poussée pour pouvoir être le plus efficace possible. Et puis, elle aimait ça, l’organisation. Elle se sentait bien plus à l’aise lorsque tout était sous son contrôle. Aussi maniaque la chose puisse paraître. Un peu comme si elle préférait voir chacune des potentielles variables pour savoir quoi faire et comment. Au fond, ça n’était qu’une technique pour se rassurer parce qu’elle savait que tous n’étaient pas installés sur le papier.

Elle entendait la voix d’Adrienne et levait le regard vers elle par moment mais sans écouter ce qu’elle pouvait bien lui dire. Pourtant, elle avait conscience de l’importance de son discours. Tout ce que disait Adrienne était nécessaire d’enregistrer. Après tout, elle ne se laissait pas aller à des fioritures. Surtout lorsqu’elle formait l’adolescente. Kassandra prenait au sérieux le temps qu’elle lui consacrait. Et elle lui était reconnaissante de dévouer son temps et ses connaissances comme elle le faisait. Comme chacun des pilotes le faisaient finalement.

Mais Kass était préoccupée depuis quelques temps, voir plusieurs mois. Si tout allait bien dans son couple avec Z, elle avait pourtant toujours une chance en travers de la gorge. Une chose qu'elle n'avait pas discuté avec la principale intéressé. Si leur embrouille avait fini par se dissiper, la jeune femme ne savait pas vraiment comment amener le sujet. Leur couple n'était pas d'ailleurs à la vu de tous. Une poignée de personne était au courant et Kassandra comptait sur leurs discrétions à tous.
Adrienne avait bien remarqué le manque de concentration de son élève et l'adolescente ne pu que grimacer avec lenteur.

- Je suis désolé, je suis un peu ailleurs.

Dit-elle en soupirant avec lenteur. Elle sait pourtant qu'il faut de la concentration pour assimiler mais rien aujourd'hui ne semble vouloir rester dans son esprit. L'information passe par une oreille pour sortir par l'autre. Kassandra se redresse légèrement de sa chaise, les yeux rivés sur Adrienne. Elle connait sa relation avec Zelda. Elle ne l'apprécie pas, ne la voit pas comme Kass peut la voir. Pour autant, la jeune fille à toujours tenté de montrer à Adrienne que Zelda était quelqu'un de bien. Parce qu'elle l'aimait et qu'elle la considérait comme telle. Quelqu'un de bien et qui mérite qu'on s'intéresse à elle. Pour autant, le manque d'attention de la part de sa petite amie lui pesait beaucoup. Si elle était heureuse pour elle d'avoir retrouver sa mère et donc de passer du temps avec elle, une part d'elle jalousait cette attention qu'elle recevait désormais moins.

- Je suis désolé, c'est hors propos mais. Je peux te poser une question ? Je sais que tu n'apprécies pas Z mais ça m'aiderait à m'ôter ça de la tête pour être plus concentré si j'avais ton avis.

Bien sûr, elle n'est pas obligé et jamais Kassandra n'irait jusqu'à l'obliger. Néanmoins, Adrienne était son modèle et son point de vu comptait pour elle, finalement. Et si Kassandra était persuadé que l'avis d'Adrienne risquait de ne pas aller dans son sens, au moins aura-t-elle un avis sur la question.

- C'est bête, je suppose.

Kassandra semble réellement dissipée aujourd’hui, je vois bien qu’elle ne réponds que mécaniquement à mes questions, ses notes sont brouillonnes. Au bout d’un long moment, alors même que nous étudions la structure d’une aile et l’écoulement de l’air, elle finit par lever la tête pour me demander mon avis sur Zelda… Je reste plusieurs secondes figée à décider quoi faire, que dire ? Je pose le livre que je tenais et je demande si Kassandra veut réellement que je parle de Zelda : « Mon avis sur Zelda ? » Je vais devoir y passer visiblement, je ne prendrai cependant aucuns gants pour parler de cette jeune femme : « Je pense que Zelda est égoiste, impulsive, sans contrôle sur elle-même. » Elle ne pense qu’à elle-même, prétextant servir les Remnants, mais dans les faits, elle veut juste en faire qu’à sa tête :

« Elle est incapable de faire preuve d’un réel pragmatisme, elle est esclave de ses sentiments et n’est pas en mesure de garder sa langue. Elle souhaite avoir le dernier mot et quand elle est mise en défaut, elle ne connait que la violence pour tenter d’avoir raison. » J’en sais quelques chose, entre ses exploits avec Eddie ou encore ses combats sans fin avec ce gamin, Maxwell. Je me doute que ça ne doit pas être plaisant pour Kassandra d’entendre ça :

« Je suis navrée de te faire de la peine en évoquant ses défauts, mais je vais être claire, à mes yeux tu lui est bien supérieur à tous les égards et elle ne mérite ni ton temps, ni tes inquiétudes. » Ni que quelqu’un souffre pour elle, vu la quantité de personnes qui souffre à cause d’elle. J’en tiens pour acquis les rumeurs qui courent sur son comportement auprès de nos alliés de The Haven. Je secoue la tête et je m’approche de Kassandra : « Je ne peux pas te demander d’être comme moi, mais en ce qui me concerne, j’ai tout sacrifié pour atteindre mon but. J’ai fais l’impasse sur les vies amoureuses et sociales pendant des années pour piloter, pour ne pas avoir l’esprit embrumé comme tu là maintenant. »Evidement j’aimerai qu’elle quitte Zelda, mais je n’ai pas à lui demander, je ne suis que son instructrice, pas sa propriétaire.

Kassandra connaissait plus ou moins l’avis d’Adrienne. Elle ne la voyait pas comme quelqu’un de positive, de bonne influence. Et pourtant, la blonde aimerait que les autres puissent voir Zelda comme elle est avec elle. Gentille, drôle même douce. Il est vrai qu’elle n’est pas comme ça avec tout le monde et, au fond, ça ne la gène pas vraiment. C’est un sentiment d’exclusivité qu’elle apprécie réellement.  

Adrienne semble surprise et à juste titre. Kass sort cette question de nulle part avec un temps certain de silence et de réponse mécanique. L’avis arrive et il n’est pas vraiment glorieux. Pour autant, si la blonde compte bien défendre sa petite amie, elle respecte l’avis de chacun. Après tout, elle sait qu’il n’est pas possible de plaire à tout le monde. Sauf qu’Adrienne n’attend pas la question en soit, elle part tout de suite vers l’avis général et ce n’est pas forcément que Kass avait en tête. Mais elle prend l’avis comme il vient. Elle doit avouer que ça lui fait de la peine. Parce que Zelda reste quelqu’un de bien pour elle. Elle a des défauts, comme tout le monde. Jusque là, Kassandra demeure silencieux mais ses sourcils se froncent de façon singulière lorsqu’Adrienne indique qu’elle est supérieure à sa petite amie en tout point.  

- Je ne suis pas supérieure à elle. J’ai mes capacités, mes faiblesses comme elle en possède aussi.

Et ça, il faudra se lever tôt pour lui faire entendre raison. Zelda possède des capacités que Kassandra n’a pas et l’inverse est tout aussi valable. Se penser supérieure à quelqu’un reviendrait à faire preuve d’un certain égocentrisme que la blonde ne possède pas chez elle. La blonde tapote le stylo sur son cahier ouvert alors qu’Adrienne s’approche pour faire un parralèle sur sa propre vie.  Et Kass trouve cela triste. Bien évidemment, elle serait prête à beaucoup pour être similaire à Adrienne bien qu’elle ne pense pas arriver à son niveau un jour. Mais faire une croix sur sa vie sentimentale est impensable. Faire une croix sur Zelda l’est d’autant plus.  

- Je n’ai pas l’esprit embrumé constamment. Et je sais que tu ne portes pas Zelda dans ton cœur. Beaucoup ne la porte pas dans leurs cœurs. Et je ne peux pas vous blamer. Mais Zelda n’est pas comme vous la décrivez tous avec moi. Mais ce n’est pas la question.

Elle ne veut pas manquer de respect à Adrienne. Son avis compte beaucoup pour elle. Pas forcément sur Zelda mais de manière générale. C’est un modèle pour elle et loin est l’envie de la décevoir. Kassandra poussa finalement un soupire.

- Je l’aime. Et rien ne changera ça. J’apprécie ton honnêteté et ton avis. Mais je sais que je peux allier ma vie sociale et mon but. Mais ma question d’origine était sur autre chose. Zelda fait de nombreux allers et retours pour se rapprocher de sa mère. Et crois-moi, je suis heureuse pour elle.

Et probablement envieuse aussi. Elle se sent d’ailleurs assez honteuse d’envier une chose pareille. C’est bête et elle s’en rend compte.  

- Mais je ne sais pas si elle s’en rend compte que je me sens mise à l’écart. C’est bête de réclamer de l’attention comme ça. Mais je ne sais pas comment lui dire. Je ne veux pas qu’elle se braque.

Je hausse les épaules à l’argumentation de Kassandra, le fait que Zelda se comporte bien avec elle n’excuse en rien son comportement avec le reste de l’humanité, mais c’est un débat sur lequel je me refuse à entrer, si sa mère adoptive, si sa mère biologique sont incapables de la faire rentrer dans les rails correctement, ce n’est pas à moi d’essayer. Mais puisque Kassandra me pose la question, qu’elle me fait par de ses doutes sur sa relation, je vais m’efforcer de l’aider : « Les questions d’amours… » M’efforcer oui et je n’ai aucune garantie de réussir à donner un conseil : « Tu pouvais très difficilement trouver quelqu’un de moins bien placé que moi pour répondre à tes interrogations. »

Qu’elle soit prévenue, et si ça tourne mal, si Zelda se braque, alors ça ne sera plus de ma responsabilité, je me dédouanerai complètement du sujet : « Mais je peux toujours tenter de te donner mon opinion sur le sujet. » je cherches mes mots quelques instants avant de finalement déclarer : « Zelda cherche à renouer avec une mère qui manqué les parties les plus cruciales de sa vie, qu’elle croyait morte depuis longtemps, elle va surcompenser le temps perdu autant que possible. » ça c’est un mécanisme normal de quelqu’un qui n’a pas une passion ou un but prenant le pas sur le reste. Autant dire que je n’ai pas beaucoup d’estime pour ce dit mécanisme :

« Zelda est aussi subtile que je suis littéraire, très peu si tu avais un doute. » Je me pince l’arête du nez, pourquoi ça m’arrive à moi ? Pourquoi je suis contrainte de devoir me montrer conciliante et expliquer les relations de couple à une adolescente ? C’est là aussi le rôle d’un tuteur ? « Tu devrais expliquer à Zelda que tu ressens et pour que tu ne passes pas pour une jalouse, tu devrais mentionner ton désir d’apprendre à connaitre sa mère, que tu désires connaitre ta belle-mère. Montrer que tu veux renforcer votre… couple et aller de l’avant.» C’est bien encore la seule solution que je peux envisager d’un point de vu personnel, plus serait vraiment trop me demander…

Si Kassandra avait eu bien plus de conseil qu'elle n'en avait demandé, elle ne se voilait pas la face. Elle connaissait le comportement de Zelda. Toutefois, elle ne se voyait pas toute rose non plus. Il est évident qu'elle n'était pas comme sa petite amie, en de nombreux points, mais elle n'était pas rose non plus. Elle avait fait des choses stupides, des choses qu'elle referait probablement par la suite.
Les mots d'Adrienne la font sourire. C'est vrai qu'Adrienne n'était pas la mieux placé pour pouvoir lui répondre mais elle la considérait comme quelqu'un d'intelligent, de terre à terre et elle voulait son avis malgré tout.

- C'est ton opinion que je recherche. Je ne te tiendrais pas rigueur de celui-ci.

Comme elle ne lui tient pas rigueur de l'avis plutôt négatif qu'elle peut avoir sur Zelda. Chacun ses opinions. Ce que lui dit Adrienne ne la surprend pas puisqu'elle ferait la même chose. Si sa mère était présente, qu'elle la retrouvait, elle voudrait passer le plus de temps possible avec elle, rattraper le temps perdu et beaucoup de chose en pâtirait. C'est aussi pour ça qu'elle refusait d'en parler à Zelda.

- Je sais...

Dit-elle en poussant un soupire. Jusque là, Adrienne ne lui apprend rien. Après un certain temps passer avec Zelda, Kassandra pouvait au moins se vanter de savoir comment elle pouvait fonctionner. Si elle passait outre le côté imprévisible de la jeune femme. Malgré tout, Adrienne arrivait à la faire un peu rire. Non, Zelda n'était pas subtile, c'était une certitude. Quant aux capacités littéraires d'Adrienne, elle pensait qu'il y en avait un peu plus mais ce n'est pas le cas selon ses dires.

- Je ne veux pas empiéter sur leurs relations. C'est comme si je venais m'incruster à un rendez-vous que tu as mis en place depuis des semaines avec ton petit ami. Bon, je ne sais pas si tu en as un mais tu as l'image.

Et puis, elle ne voulait pas non plus obliger Zelda à la présenter à sa mère. C'était quelque chose d'important, non ? Comment ça se fait ce genre de chose ? Kassandra n'en avait aucune idée. Elle était trop jeune pour se souvenir de tout ce qui pouvait se faire bien avant l'arrivée des rôdeurs.

- Mais je suppose que tu as raison.

Dans tous les cas, elle ne voulait pas la braquer mais pas rester comme une idiote sur le côté pendant que Zelda vit la vie qu'elle entends. Elle savait aussi qu'elle embêtait Adrienne avec toutes ses questions. Qu'il était préférable de revenir sur le sujet initial.

- Merci. Et désolé. On peut reprendre, ça me préoccupe un peu mais.. Ok. Où on en était ?

Je comprends les hésitations de Kassandra, mais elle va devoir se montrer un peu plus vindicative si elle veut néanmoins protéger sa relation : « Ce n’est pas empiété que de vouloir en faire partie. » Si elle reste trop longtemps en arrière, elle pourrait effectivement se faire remplacer à un moment ou à un autre, mais je ne vais pas insister plus que ça : « Et pour ce qui est de notre leçon. » Je reprends mes notes mais je décide de choisir une autre approche, refusant également de laisser Kassandra seule avec ces questions :

« La tactique aérienne. » Oui c’était notre sujet de base, je tentais de lui expliquer l’état d’esprit et aux méthodes à appliquer si jamais elle venait à se faire attaquer en plein vol. Et si la machine est une part importante de la solution, elle n’est qu’un instrument, ce qui va décider qui est vainqueur est l’esprit du pilote, et son cœur. Les conseils que je lui donne sont très largement valables dans la vie de tous les jours : « Tu dois faire preuve de confiance en toi. Une situation peu te semble difficile, insoluble, mais il y a toujours une façon de passer outre et de s’en sortir. » ça m’a toujours réussis et je sais que ça marchera aussi pour elle, c’est une gagnante, je le sais, je le sens. Bon sang, c’est ça que ressentait mon père quand il me voyait piloter ?

« Confiance, connaissance, reconnaissance et une pointe de témérité. Tu dois connaitre tes forces et tes limites, tu dois analyser la situation et tu ne dois pas avoir peur « d’y aller. » Cette remarque est d’ailleurs valable pour ta relation, Zelda est… un être humain discutable, mais elle semble être un soldat efficace qui sait prendre des décisions et être téméraire, trop peut-être. » Mais il semble claire qu’être timoré avec elle n’est pas la bonne approche, loin de là. Si Kassandra a des questions, elle devra directement aller la voir et elle devra prendre rapidement des décisions : « Souviens-toi, un pilote n’a pas le temps pour l’indécision, il agit avec ses connaissances et son instinct, alors utilise le. »

Kassandra pousse finalement un soupire. Elle ne sait pas ce qu'elle peut se permettre ou non, au fond. Elle n'a jamais été dans ce cas de figure, non plus. Mais il est probablement temps de ne plus s'y attarder. Elle ne veut pas embêter Adrienne plus que ça. Après tout, elle n'est pas là pour parler de sa relation. Mais bien pour travailler.
Attrapant à nouveau son stylo pour pouvoir se concentrer à nouveau sur ses notes, sur les dires d'Adrienne.

La tactique aérienne, c'est ça. Kassandra voulait être la meilleure. Parce qu'elle ne voulait pas faire d'erreur, ne pas entraîner la mort de qui que ce soit, ni la sienne par la suite. Quoi que terminer sa vie dans le ciel n'est pas une mort horrible si elle fait abstraction de la douleur, évidemment. C'est beau, en soit. Elle ignore d'ailleurs pourquoi lui vient cette possible éventualité. Mais Kassandra comprends surtout que les informations que la jeune femme lui donne ne sont pas uniquement pour la tactique aérienne qu'elles sont en train d'étudier.

- Avoir confiance en soit est une chose. Mais pour se sortir d'une situation complexe, il faut prendre en compte tous les paramètres. En vol, tu ne contrôles pas ce que fait l'avion ennemi.

Et anticiper les choses peut-être une bonne façon de faire. Mais difficile de se mettre dans la tête de l'ennemi. Kass est reconnaissante d'être autant entouré. Malgré le fait que ce ne soit pas forcément la tasse de thé d'Adrienne, qu'elle aimerait voir Kass loin de Zelda, elle prends le temps de lui répondre et Kassandra ne peut qu'être heureuse d'un tel environnement. Elle avait raison, Zelda était un bon soldat. Elle était toujours fière d'elle bien que la peur de la perdre ne soit toujours présent. Comme chacun de ses proches, d'ailleurs.

- La témérité peut rapidement se retourner contre soit. Je préfère mesure les conséquences de mes actes quitte à ne jamais faire l'acte en question.

Dans le cas de ce problème avec Zelda, si tant qu'elle peut le qualifier de problème, Kassandra ne veut pas prendre le risque de perdre sa petite amie. Elle ne sait pas vraiment comment elle arriverait à vivre sans elle. C'est peut-être bête, c'est peut-être juste son âge. Mais elle s'en fiche, elle préfère éviter une conséquence qui lui ferait du mal.

- Mes connaissances et mon instinct.

Qu'elle répète pour elle. Elle discutera avec Zelda, elle le doit de toute façon. Parce qu'elle voudrait rester avec elle des années et des années encore. Et la communication, elle savait que c'était une chose importante. Mais elle en voulait pas s'attarder trop là dessus. Parce qu'elle embêtait Adrienne, prenant du temps sur son cours pour poser une telle question.

- Je sais que c'est probablement avec les années et la maturité. Mais comment fais-tu pour garder ton sang-froid ? Je n'y arrive pas. Mon cerveau semble s'éteindre complètement sous la panique.