Je n’arrive pas a la lâcher, a cesser d’humer sur parfum, a ne pas me laisser bercé par le son de sa voix ou subjugué par le moindre éclat dans ses iris. Je suis fou de cette femme a qui j’ai donné mon âme et mon cœur au point que je sais, maintenant, que même la mort ne pourra faire cesser cet amour. Le sourire aux lèvres, mon visage enfoui dans son cou, je lui souffle :

« Ce n’est peut-être qu’un rêve, mais on le fait a deux cette fois… »

Je continu a la garder contre moi, a la caresser a lui déposer régulièrement des baiser sur le front, le cou, la main… avec ce besoin presque animal d’apprivoiser a nouveau ce corps et cette âme qui m’ont tellement manquer. Réapprendre connaitre chaque fragment d’elle, même ceux que notre séparation a abimé. Je me fige dans une courte pause quand elle avoue avoir eu ses démons a gérer, je ne peux que me douter du mal que je lui ai fait, non intentionnellement. Même si ca l’a sauvé d’un drame, je ne m’en réjouie pas pour autant.

« Je suis terriblement désolé de t’avoir fait souffrir Emie… »

Comme je le suis de savoir que je dois continuer. Les nouvelles des enfants me rassurent, mais, j’ai aussi un pincement au cœur si aigue de savoir que je ne peux pas les revoir. Ce n’est pas ce que je veux, les retrouver, vivre et protéger ma famille… sauf que je ne peux pas le faire. Je ne serais pas moi sinon.

« Ils ont de la chance de t’avoir. Tu es la femme la plus forte que je connaisse.»

Les mots que je lui dis, ce lien qui fait que je ne peux pas revenir a la maison maintenant, cette vérité que je suis en train de lui donner sans ignorer qu’elle lui fera aussi mal qu’a moi, je n’essaye pas de lui cacher. Je n’ai jamais eu trop a me forcer pour cacher ma nature profonde avec Emie, elle a toujours eu cette magie de savoir calmer la bête folle que je suis, pour autant, je ne pense pas que cela suffira pour me sauver de mes engagements.

Sa réaction ne se fait pas attendre et, tristement, je ne peux que m’en vouloir de la faire pleurer a nouveau. Je comprends tellement sa déception et le rappelle de cette promesse que je ne peux pas encore tenir me fait plus mal que je veux le montrer. En douceur, avec mes mains si abimées sur sa peau délicate, je lui redresse le visage et me penche vers lui. Le déchirement que je ressens est là, presque a me faire suffoquer de souffrance, pour autant, comme chaque pas fait depuis que je l’ai cru morte, je ne recule, je ne ploie pas, et j’assume chaque épreuves avec la grâce d’un oiseau blessé sous la pluie. Même si je ne suis pas une personne démonstrative, qu’on me pense froid, dénué de sentiment, toutes ces émotions qui me hantent, transpirent a chaque mot que je prononce.

« Dès que je pourrais revenir, je compte bien honorer cette promesse jusqu’à la fin de mes jours. Mais pour le moment, je ne suis pas encore de retour Emie… c’est juste un rêve une pause, une petite trêve que l’univers nous accorde… mais quoiqu’il arrive, ou que je sois, mon cœur est et sera toujours avec toi. »

Je tente de la consoler, de la bercer, d’oublier que je suis encore en partie dans ces égouts a vouloir lutter pour que Seattle soit libérée, pour que ma femme et mes enfants n’aient pas a craindre de représailles des fanatiques.

« Pardonne moi Emie… je t’aime… tu es toute ma vie, j’ai cru te perdre et marcher dans la mort sans toi… maintenant, je dois finir, sinon je pourrais jamais vraiment te revenir comme tu le mérite. »

Je reste contre elle en silence alors que nos gestes semblent aller de plus en plus vers une recherche d’une forme de calme ou d’apaisement que les mots ne pourront jamais combler. Mes caresses se font peut-être plus lascives et mes lèvres vont de plus en plus chercher les siennes. Pensivement, entre deux baisers de moins en moins chaste, je lui reponds juste, quand elle me demande ou je suis :

« Je bouge beaucoup mais je ne suis pas seul »

Ma voix se fait plus rauque alors que je réalise que je ne veux plus qu’une chose, lui montrer combien je l’aime, de la faire mienne a nouveau :

« Emie…. J’ai envie de toi… »

Mes gestes sont de plus en plus exigeants et dirigés, mais je n’ai pas envie que ca se passe comme ça, je ne veux pas que nous retrouvailles se fasse comme deux ado dans un coin e bâtiment. Soupirant alors que mes doigts descendaient un peu trop la courbe de ses reins, je finis par la soulever en princesse et a retrouver un petit sourire :

« Mme Cornwell, savez vous ou trouver un endroit plus intime ou votre époux pourra vous montrer a quel point vous lui avez manqué ? »