Il est certain que la tempête a eu de grosses répercussions sur les infrastructures de notre camp. Les maisons ont été abîmées, de même que l'étable où se trouvent les animaux. Nous ne pourrons pas nous permettre de nous concentrer sur autre chose tant que des travaux n'auront pas été faits pour réparer ce qui doit l'être. De fait, malgré ma blessure au poignet qui peine à se résorber, j'ai pris la décision d'aller prêter main forte au second doyen du groupe pour nous atteler à la remise en état de la maison principale.

Posant un instant le marteau à terre, j'attrape le mouchoir en tissu qui se trouvait jusqu'alors dans ma poche afin de m'éponger le front avec. Il n'y a pas à dire, ce genre de choses n'est peut-être plus de mon âge. La remarque de Jett m'arrache d'ailleurs un sourire amusé à ce sujet, hochant la tête pour confirmer ses dires. Je crois qu'avec ces travaux, nous prouverons à la fois à nous-mêmes ainsi qu'aux autres que malgré nos âges nous sommes encore capables de nous rendre utiles! Même si nous prenons plus de temps que les plus jeunes, ce qui est fait n'est plus à faire. C'est d'une logique imparable.

Les bruits sourds des marteaux que nous abattons sur les clous servant à maintenir les planches devant les trous créés par la grêle reprennent et en dehors de cela, le silence revient. Ou, du moins, pour quelques courts instants. L'homme à mes côtés reprend la parole et me questionne au sujet de ma relation avec Chad. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à une telle chose. Tant et si bien qu'il me faut quelques secondes d'arrêt, fixant le grisonnant avec des yeux ronds, avant qu'il ne reprenne la parole pour s'expliquer sur les raisons de son interrogation.

Un petit rire m'échappe et je hausse les épaules, un sourire étirant délicatement le coin de mes lèvres. Et bien, les choses se passent très bien. Je n'irai pas jusqu'à te raconter les détails de notre relation, mais je suis d'accord pour dire que c'est agréable en des temps pareils. Peut-on réellement parler d'amour ? Je me dois d'avouer que j'ai parfaitement conscience que rien ne pourra jamais égaler ce que j'ai ressenti pour feu mon mari. De fait, tout dépend de ce que l'on émet comme définition de l'amour.

Forcée par une douleur vive au niveau de mon poignet à arrêter de frapper avec le marteau, je peste silencieusement et lance un regard agacé à la zone douloureuse. Comme si cela allait changer quoi que ce soit. Il est certain que ce n'est pas en réalisant des travaux que je parviendrai à guérir plus rapidement, mais je refuse de rester sur la touche pour une simple entorse.

Je sors de mes pensées à la remarque de Jett au sujet de ses brebis. En particulier de Magalie, sa préférée. Et je ne peux m'empêcher de laisser s'échapper un petit ricanement amusé que je tente de dissimuler derrière ma main qui vient se poser sur mes lèvres. Excuse-moi, je ne me moque pas. Je trouve ça amusant, voilà tout, la relation que tu as avec ces animaux. Par moment, on dirait presque que tu les considères comme des êtres humains.

Après une petite pause bien méritée pour reposer mon poignet, je reprends les travaux avec un petit peu moins d'ardeur que précédemment. Alors tu as toujours été si proche de tes animaux ? De ce que j'ai compris tu étais déjà éleveur par le passé ?