C’est un peu étrange. Son regard se baisse vers son ventre qui s’arrondit à peine, et ça lui fait un drôle d’effet. Neela a un soupir, avant de se tourner vers le thé qu’elle vient de se faire. Sa cicatrice est encore douloureuse, mais très loin des premiers temps. Elle est surtout fascinée par le fait que cette grossesse tienne le choc malgré ses blessures, et la manière dont elle se malmène quotidiennement. Tout son entourage est désormais au courant, c’est suffisant pour qu’ils essaient de la ménager, et qu’elle tente au contraire de se dépenser trois fois plus.

Le grognement de Mani la tire de ses pensées, avant qu’elle se tourne vers lui. Son chien est à la porte, en train de gratter comme un forcené. Qu’est-ce qu’il se passe ? Demande-t-elle à ce dernier, comme si elle pouvait obtenir une réponse de sa part. Qu’importe, un soupir échappe à la brune, qui s’approche. Sortir ? Ok, elle ouvre, et le chien s’engouffre de plus belle pour se faufiler dans la rue : Mani ? Pas normal, elle le pressent. Ses pas la mènent dehors, où elle finit par entendre des éclats de voix, et des coups.

Les yeux ronds, Neela s’extirpe de sa maison et s’avance pour suivre son chien. Ses aboiements sont audibles jusqu’à une ruelle où elle entend une petite voix supplier qu’on le lâche : Arrêtez ! Je me rends- Un coup, elle se fige avant d’accélérer l’allure, terminant de se planter à l’entrée : Aie ! Les cris de douleur plus tard, son sang ne fait qu’un tour. Le tableau dépeint sous ses yeux lui arrachent un souffle crispé : Eh !

Son ton est sans appel. Mais elle a à faire à un homme, un milicien sans doute, et elle connait un peu trop bien ces types pour savoir qu’ils ne comprennent que la violence. Les poings serrés, la brune préfère intervenir néanmoins que laisser un tabassage gratuit se faire sous son nez, à deux pas de chez elle : Non mais ça ne va pas ? Il est déjà à votre merci, la démonstration de force est nécessaire ?! Renchérit-elle d’une voix forte, pour réveiller d’autres personnes s’il le faut. Et si elle doit se retrouver seule contre lui… Elle trouvera bien quoi faire, oui.

Les contestataires mettant New Eden en péril ? Elle croit rêver. Les yeux ronds, Neela le fixe et se retient d'éclater d'un rire sonore. Seulement parce que sa cicatrice lui est encore douloureuse, et qu'elle a déjà goûté suffisamment de peine pour la semaine. Mais c'est mal la connaitre de croire qu'elle va garder sa langue dans sa poche. Elle le jauge, avec un mépris assumé. Pour un type qui doit porter la sécurité de tous sur ses épaules, il a décidément la main lourde, et extrêmement facile, sur les plus faibles. C'est pour ça qu'elle intervient, qu'elle conteste. Un peu trop pliée par ses hormones pour vraiment réaliser qu'elle y perdra.

Il est à peine pubère ! Si j'appuie sur son nez, du lait en sort encore ! Vous pensez être en mesure de l'arrêter tout seul ou on doit faire venir d'autres renforts pour vous y aider ? S'exclame-t-elle en se montrant évidemment défiante et moqueuse. Evidemment ! A quoi s'attend-t-il. Et maintenant, voilà qu'il se pavane avec son arme, quand d'autres se ramènent pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Bon sang, il ne va pas s'en tirer à bon compte : Parce que figurez-vous qu'un bon ami est également dans la milice, je suis persuadée qu'il pourrait vous prêter assistance devant ce terrible malfrat !

Elle insiste sur les mots qui font mal. Sa victime tousse légèrement pour essayer de respirer convenablement, il a très bien pu lui casser des côtes en fait. Elle roule des yeux, agacée. L'une de ses voisines lui demande des précisions sur ce qu'il se déroule, Neela s'arrange pour lui expliquer les grandes lignes. Une intervention trop musclée, elle ne reconnait pas le jeune mais... Peut-être que d'autres savent. Derrière, elle entend un murmure avec un nom. Louis. Très bien, alors ça sera Louis.

Les gens vont faire prévenir ses parents présents, et ils viendront voir pour sa sanction, puisqu'il s'est fait attraper pour ça. Dommage pour Louis, mais les règles sont les règles, et elle ne peut pas y contrevenir. Même si très honnêtement, elle soutient parfaitement l'initiative. Je vais l'accompagner, je le connais, nous allons à la même paroisse, en fait, elle n'en a aucune idée. Louis, relève les yeux vers elle, étonné et... Peut-être rassuré de ça. Bizarrement, elle le comprend. C'est possible, n'est-ce pas ? Insiste-t-elle auprès du milicien, le regard dur sur lui.

Elle ne peut s'empêcher de se mettre sur le qui-vive. Sans esquisser le moindre sourire défiant, Neela laisse parler son pragmatisme. Ce n'est pas sa plus grande idée de se froisser avec un milicien, mais si elle ne s'y oppose pas, elle ne voit pas qui le fera à sa place actuellement. Les mâchoires serrées, l'indienne tente de garder une expression neutre, son regard se fixe néanmoins sur l'homme de loi, qu'elle sait être le vrai prédateur ici. Il ne lui fait pas peur, mais elle n'a pas le choix que de s'en méfier pour survivre ici.

Il semble se détendre, laisser entendre que ça lui importe peu. Le revirement de situation n'est pas pour la rassurer. Elle se penche vers l'une de ses voisines : Si je ne suis pas rentrée demain matin, prévenez mon mari que je suis avec Jared O'Donnel, probablement dans un des bâtiments de la milice, lui demande-t-elle comme une faveur en insistant bien du regard. Elle sait que ça n'est pas anodin, alors qu'elle resserre son haut contre elle, et plus particulièrement contre son ventre qui abrite la vie. Je fais mon devoir de citoyenne, ajoute-t-elle.

En espérant que ça ne lui coûte pas d'avantage. Elle siffle son chien, qui d'ordinaire peu prompte à obéir à une figure d'autorité, se montre étrangement conciliant cette fois. Mani, suis-moi, indique-t-elle a l'animal qui... A l'impression d'une promenade. Bon. Il ne sera décidément pas son plus fidèle allié sur ce coup-là, mais sa présence a quelque chose de réconfortant à ses yeux, ce n'est sans doute pas grand-chose, à défaut de mieux elle doit s'en contenter. Regagnant la distance qu'il a pris avec l'adolescent, Neela reste droite sur ses appuis.

J'imagine que je pourrais partir une fois ses parents arrivés, glisse-t-elle sur le ton de la discussion, pour tenter d'établir un lien cordial avec Jared, et s'assurer qu'il ne la prendra pas en traitre. Que risque Louis pour ses actions ? Demande-t-elle d'un ton égal. Le garçon garde religieusement le silence, il vaut mieux. Le regard qu'elle lui jette le somme de garder aussi son calme. Vous êtes ici depuis longtemps, agent ? Lieutenant ? Inspecteur ? Elle cherche son grade : Quel est votre rang ? L'interroge-t-elle de but en blanc.