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On ne gagne pas sans allié mais encore faut il savoir les choisir

Dim 31 Juil 2022 - 17:53

« Tu pars tôt Amelia !!? Qu’est ce qui se passe ?
- Il faut bien ravitailler les stocks !
- T’as pas déjà fait ca hier ?
- C’est moi ou tu m’espionne ?
- Mais non ! Juste que … bah… t’es moins là, alors juste que je m’inquiète, c’est tout…
- Si je te disais tout, je serais obligée de tuer, tu le sais bien ! Bon, a demain du coup !! »


Le ton est joyeux pendant que je ramasse mes affaires et mon étale dans le marché couvert de Providence. En fait l’ambiance est plutôt bonne et que mon caractère jovial m’a permis de faire mon trou, je sens bien mes absences répétées à cause du procès intrigues. Je préfère que personne ne sache que je suis juré dans le « fameux procès » dont les rumeurs font les joies des commères. Heureusement, avec mon bagou et mon humour, je sais très bien faire des pirouettes pour éviter le sujet brulant du moment.

En fait, pour le moment, tout reste sur le ton de la plaisanterie et je m’en sors plutôt bien. Il faut dire que, depuis des semaines ou je viens assidument sur ce marché, avec mon bagou, je ne suis pas passée inaperçue. D’ailleurs, j’en joue pour continuer de gagner ma place dans cette communauté et ouvrir l’œil. Personnes n’est moins suspect ou plus invisible que ceux qui semblent a l’aise ou sont bien en évidence devant votre nez. Une fois de plus la pratique du GN est d’un grand secours. Les au revoir faits, je quitte le marché.

Je prends mon souffle et me raidis pour passer devant la place des suppliciés, hâtant le pas pour ne ralentir qu’une fois ce sinistre endroit passé. Avec la chaleur, c’est encore pire. L’odeur, les mouches, les visages déformés par la mort dans cette démonstration, a ciel ouvert, de ce que sont vraiment les NE. Mon sac a dos sur les épaules avec ma marchandise dedans, j’arrive enfin aux portes. Nouveau jeu administratif qui passe plus vite maintenant que mon visage n’est plus « nouveau ». Les gardes NE me font penser a ces soldats anglais que les touristes aimaient provoquer. Evidemment, je les salue en souriant pour deux et leur parle malgré leur austérité, allant même à les gratifier d’une petite taquinerie avant de quitter les lieux.

Je commence a m’aventurer dans les ruines autours de Providence d’un bon pas, ma planque n’est pas loin. L’après-midi touche a peine a sa fin mais, avec l’été, le soleil donne une illusion qu’il est bien plus tôt que cela. J’avais besoin de quitter l’effervescence de Providence, les nerfs épuisés de faire semblant et la tête pleine de doutes. J’ai besoin de souffler et de réfléchir. Je ne sais pas joindre les SC mais peut être en laissant un mot a l’amarina ? Je n’ai pas le temps de retourner parler a Valerian sans éveiller les soupçons…
Je marche jusqu’à Snoqualmie P-Patch Community Gardens ou j’ai laissé ma voiture et me suis installée. C’était d’ancien jardin partagé ou la végétation a repris ses droits et m’offre autant de protection que le vieux grillage rouillé. Avec un barbecue et quelques outils rudimentaire, je fais de petites pièces de coutelleries dehors et la nuit je dors, attachée, dans ma voiture. Certes il y a mieux, en hivers ca sera intenable, mais pour le moment, ca fait l’affaire et c’est pas trop loin de Providence.

C’est avec un soupir de soulagement et un plaisir non dissimulé que je laisse tomber mon sac au sol avant de m’étirer. Je sais que je dois économiser l’eau mais je vais quand même, tout habillée, sous un des réservoirs à a eau de pluie installé par les anciens propriétaires et qui me sert de douche. L’eau tiède m’aide a faire le vide et je finis par m’accroupir, pour soulever, en grimaçant, le bas de mon pantalon trempé afin de nettoyer la marques rouges vif de ma cheville. Si j’avais ça s’infecte je suis dans la merde.

Les nuits sont de plus en plus compliquées et ce n’est pas ce procès qui m’aide. Soudain, je pense entendre un bruit dans la verdure qui m’entoure et sursaute comme un chien de prairie a l’affut. La tentative de viol que j’ai subie est un peu trop fraiche pour que je ne sois pas déjà l’arme a la main a scruter autour de moi en disant :

« Qui va la ?! »

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