Allongée sur le matelas de son lit, j'ai les mâchoires serrées et le regard rivé sur le plafond de la caravane. J'arrive toujours pas à croire qu'on m'ait pas autorisée à me rendre à ce foutu procès. Comment est-ce qu'ils peuvent me faire ça ? Enfin... quand j'y repense, c'est peut-être normal. Ils doivent craindre que je ne fasse quelque chose d'insensé uniquement pour espérer récupérer ma sœur des griffes de ces enfoirés. Et ils n'ont pas tort.

Je ferme les yeux, essayant de ravaler les larmes de colère qui menacent de couler sur mes joues. Mais rien n'y fait. Alors je peste, venant m'essuyer le visage avec rage d'un revers de la main. C'est là que j'entends quelqu'un frapper à la porte. Immédiatement je me redresse et renifle un coup. Ouais, ouais ! J'arrive! Qui peut bien être là ? Tucker ? J'en doute.

J'attrape rapidement un débardeur que j'enfile sans vraiment faire attention à si je l'ai mis dans le bon sens ou non, puis je vais ouvrir la porte de la caravane. C'est là que je tombe sur une blonde aux cheveux courts. La cinquantaine. Si je me souviens bien, il s'agit de Ca... non... Co... Cora ! Ouais, c'est ça.

L'observant, intriguée dans un premier temps, je me redresse subitement avec une lueur d'espoir dans le regard quand elle me dit qu'on a besoin de moi. Mais comme si elle avait pu lire dans mes pensées, elle tue tout de suite cet espoir dans l’œuf en précisant que ça ne concerne pas le procès. Mon enthousiasme disparaît au moins aussi vite qu'il était venu et un soupir m'échappe alors que je croise les bras, m'appuyant contre le cadre de la porte.

Z'avez besoin de moi pour quoi au juste ? Si c'est pour la stabilisation des explosifs, j'y travaille mais ça se fait pas en un claquement de doigts ça prend du temps. Non, je ne suis pas vraiment d'une superbe humeur. On va dire ça comme ça.

On ne va pas se mentir, je ne m'attendais pas du tout à recevoir la visite de Cora. Je sais à quel point elle a un poids important dans la gestion de tout ce qui touche à l'armement et tout ça dans le camp, alors ce n'est forcément pas anodin. Et je n'ai absolument pas que ça à faire ces derniers temps que de me prendre le chou à essayer encore et encore de stabiliser davantage les explosifs au péril de ma vie.

Alors oui, c'est vrai que l'accueil est un peu froid, j'avoue. Mais alors que la blonde m'annonce qu'elle doit me parler de plusieurs choses à l'intérieur, je soupire un coup et m'écarte pour la laisser entrer dans la caravane. Je ne sais pas si elle se rend compte que c'est bien loin d'être super grand ici, mais tant qu'elle ne vient pas foutre le bordel j'imagine que ça ira bien.

Je la laisse installer sa carte sur la table et reste debout en face d'elle, les bras croisés sur ma poitrine. Un petit rire sans joie m'échappe quand elle me demande si j'ai des soucis avec les explosifs et me rappelle leur importance. Fabriquer des dispositifs fiables et qui ne risquent pas de nous péter dans la tronche avant qu'on les ait lancés avec simplement de l'engrais, c'est pas aussi simple que de le faire avec de la poudre. Alors à moins que vous ayez une cargaison illimitée de poudre planquée quelque part pour palier au problème, va falloir faire preuve de patience. Je fais ce que je peux, et malheureusement j'ai pas autant de moyens qu'à l'époque.

Une fois les choses dites, je baisse les yeux pour observer la carte qu'elle a déposé devant elle et sur laquelle elle a fait des annotations. Je fronce légèrement les sourcils en l'écoutant parler, hochant légèrement la tête. Ouais, j'ai cru comprendre. Je suis peut-être pas au courant de tout, mais des ennemis y'en a partout. Et souvent là où on les attend pas. Alors c'est sûr qu'on est jamais trop prudent à mon avis.

Tout dépend de ce que vous avez en tête pour ça. On peut pas simplement foutre des bombes sans y réfléchir avant. S'il s'agit de pièges, alors il faudrait absolument que tous ceux qui sont dans nos alliés empruntant ce chemin aient connaissance de leur position et de comment éviter de les déclencher. Sinon, bonjour les dégâts. Et sinon, si le dispositif doit être enclenché manuellement, alors il faut prévoir des personnes constamment de garde à proximité, et suffisamment discrets pour que ça n'éveille pas les soupçons.

Après, c'est que mon avis. Je suis pas une pro. Sérieux, elle sait que je faisais des feux d'artifice moi avant tout ça ? Pas la guerre ?