La route c’est bien passée même si elle a été épuisante avec les petits et Mateo qui a alertné silence pesant et remarque assassinent. Je voudrais retrouver mon petit frère, ce gentil petit garçon que j’aime plus que ma vie, pas cet inconnu dont je me méfie. Pour autant Daemon a été parfait, a son habitude pour gérer avec une énergie que je n’ai plus ce périple. Chantant, discutant, acceptant toutes les pauses nécessaires avec un enthousiasme et une prévenance sans faille. Il faut dire que revoir son frère et lui présenter David semble le ravir. Cela me fait plaisir de le voir comme ça, après toutes les épreuves que nous avons affrontées, alors que je n’arrive plus a mêler ma voix a la sienne et que mes pas de danses se font aussi rares que mes vrais sourires, j’espère que cette pause va nous aider a reprendre pied.

Je ne sais pas qui est le plus prévenant des Brody, mais Sebastian rivalise avec Daemon. A peine arrivés, nous avons été douillettement installés dans sa chambre, qu’il nous cède, sans accepter la moindre protestation. Il a pris en mains les enfants, même Mateo, pour nous laisser du repos. S’il a de la rancœur par rapport a ce que mon petite frère lui a fait, il ne le montre pas.  Je suspecte mon époux de lui avoir parler du fait que je ne suis pas au mieux en ce moment, et ca ne fait qu’aggraver la culpabilité qui ne me lâche pas.

Même si je fais au mieux pour prendre sur moi, pour sourire alors que j’ai envie que de pleurer, Daemon me connait trop bien, et devine que je suis rongée depuis des semaines par ce sentiment de ne pas etre a la hauteur. C’est d’autant plus affreux a mes yeux, qu’il est plus présent que jamais, m’entoure de toute sa tendresse et son affection. A chaque tété nocturne, il m’aide et c’est adossée contre lui, dans sa chaleur, que nous nous retrouvons tous les trois avec David. Je n’ai pas a demandé d’aide pour qu’il vienne au-devant de moi, avec cette patience a toute épreuves et ce soutient si précieux. En fait, je suis une femme et une maman comblée par une famille que je n’aurais même pas osé espérer, je suis avec le plus merveilleux des maris… et je n’arrive pas a être heureuse. Je m’en veux tellement.

Ce matin, il est allé visiter le domaine avec les deux plus grands et Sebastian. J’ai préféré que Mateo reste avec moi et David, même si, depuis le réveil, j’ai des regards noirs et des piques de provocation. Mais impossible moralement de le laisser avec ces deux hommes qu’il a déjà attaqués. Je me souviens un peu de ce que m’avait expliqué Faith et c’est la mort dans l’âme, David en écharpe et Mateo qui me suit, de mauvaise grâce, que je pars a la recherche de la jeune femme. Je finis par la trouver dans son infirmerie. Avec un sourire aussi brisé que mon âme, j’essaie d’avoir l’air enjouée en arrivant :

« Bonjour Faith ! Ca va ? Dis moi, tu crois que tu aurais de la place dans tes rendez vous pour une consultation ? Je crois que j’aurais besoin de tes services.
- Pourquoi je devrais me farcir un rdv pour le baveux…
- Parce que tu restes avec moi aujourd’hui.
- C’est facile ca, tu m’abandonne et maintenant tu m’emprisonnes !!!
- Ce n’est pas le moment !»

Mon frère se referme en bougonnant dans sa barbe qu’il n’a pas. Du haut de ses 8 ans il peut etre terrible. Je le pousse un peu devant moi-même s’il peste et montre Bucky à Faith.

« J’en profite, voici mon petit frère Mateo, mais j’imagine qu’Elena et Sebastian t’en ont déjà parlé et voici David, que tu n’avais vu qu’en échographie. »

Horation dans les mains, elle vint déposer rapidement une cendre dans le crâne prévu à cet effet, avisant l'extérieur de sa fenêtre. Petit à petit, l'espoir prenait la place sur le deuil. Doucement, au rythme de l'été qui s'achevait doucement. Mais au moins, les choses commençaient à se remettre. La grossesse d'Elena allant bon train, le retour d'Aaron, ou encore Peter qui se remettait doucement mais sûrement de ses blessures, quoi que le temps serait plus long pour les sévices psychologiques qu'il avait dû encourir avant de pouvoir revenir chez eux. Dans ce nouveau domaine qui était devenu leur, après avoir remis en place ce que la tempête avait manqué de leur prendre.

Tirant une nouvelle fois sur sa cigarette avant que la porte ne s'ouvre dans son dos, et que la voix d'Alex ne l'intime à écraser prudemment le mégot de la cigarette pour y revenir à plus tard, offrant un sourire sincère à la seconde des Expendables, visiblement accompagnée d'un petit comité. Dont un gamin qui semblait visiblement se prendre pour plus âgé qu'il n'était.

Montre moi cette petite merveille. qu'elle demande avec un sourire en venant aviser le bébé, puis Matteo. Conservant son calme malgré son envie de faire remarquer au gamin qu'il n'était pas encore le chef des lieux, l'avisant d'un sourire poli.

Salut Matteo. Je suis Faith, ravie de te rencontrer... Ou pas. Mais elle n'avait jamais été réputée pour être mère de l'année. Préférant plutôt se concentrer sur le sourire d'Alex sans trop savoir pourquoi il semble factice, mettant ça sur le compte de la fatigue lié à son accouchement, reprenant à son égard sans chercher à se formaliser des répliques acerbes du môme à ses côtés.

Installe toi donc. En quoi je peux t'aider ? Histoire qu'elle puisse terminer la phrase qu'elle avait commencé avant d'être interrompue, par exemple. Contournant le bureau pour s'installer à son fauteuil, déposant finalement le crâne non loin, cigarette résolument éteinte pour éviter à Alex de l'assassiner pour avoir empoisonné l'air, reprenant.

Ton frère peut s'installer à côté de toi, ou la-bas. qu'elle propose à l'intéressé, désignant le lit d'auscultation. Anya à laissé traîner quelques bandes dessinées, si jamais. Et au moins, ça permettrait peut-être à la toute jeune maman de se confier un peu plus sans avoir l'impression d'être observée ?

J’essaye de garder la façade la plus enjouée possible mais le cœur n’y est pas, c’est même pire avec Mateo qui ne fait aucun effort pour se montrer aimable ou poli. Je me sens comme une écorchée vive sur laquelle il jetterait du vinaigre. C’est d’autant plus douloureux que je l’ai élevé du mieux que j’ai pu, que je l’ai protégé plus qu’il n’a l’air de s’en rendre compte. Ca n’a pas été parfait, j’ai fait des erreurs, beaucoup, mais il me les fait payer le prix cher sans jamais s’attarder sur le reste. Il préfère rester sur la version des Divas plutôt que de me demander la nôtre, a Daemon et moi. Peut être a-t-il raison, peut etre pas, a force d’entendre en boucle a quel moins je suis pathétique, je crois que je ne sais plus trop, moi-même, qui croire.

Je le vois bien renifler avec un air de mépris quand Faith gratifie David d’un petit compliment. Est-ce la jalousie ? Autre chose ? Je préfère me concentrer sur le plus jeune de la pièce pour le moment, redoutant tellement la suite. Si Ana était toute petite a la naissance, arrivée avant terme après une grossesse éprouvante de son début a sa fin, David, lui, a bien profité. Il a d’adorables petits boulets et des petites joues craquantes. Ana est un subtil mélange entre mon bourreau et moi, seuls ses yeux sont la copie conforme de ceux de son géniteur, mais pour le reste, c’est une petite blonde au visage doux et je me plais a me dire qu’elle ne ressemble qu’a elle-même. Par contre, David, c’est le clone de son papa. Reste a savoir la couleur de ses yeux définitives, pour le moment, ils sont du bleus laiteux des bébés, mais cela ne changera pas le fait que j’ai fait un mini Daemon plus potelé. J’ai un sourire tendre en regardant ce petit être :

« Il a changé depuis la dernière écho ou tu l’as vue. »

Je me mordille la lèvre inférieur, déjà bien abimée, quand elle me demande en quoi elle peut m’aider alors que Mateo a déjà un rictus ironique quand elle lui propose de s’installer a coté de moi.

« Moins je suis avec cette folle, mieux je me porte, tu devrais en faire autant avant qu’elle te plante dans le dos. Et les bandes dessinées c’est pour les bébés ! alors merci mais non merci, je vous laisse gérer l’enfant chéri et parfait qui a pas été encore abandonné entre vous. »

Je soupire en adressant des excuses muettes a Faith, horriblement gênée qu’elle soit le témoin de ce déchéance familiale.

« Mateo, pour le moment reste ici s’il te plait…
- Pourquoi faire ? Pour entendre l’éloge de la « merveille » ? Parce que tu veux me garder pas loin au cas ou tu aies besoin de me mettre une balle dans la tête ? »

Je ferme les yeux une seconde, inspirant fort pour rester calme et parler avec le plus de douceur possible alors que oui, je rêve de lui en coller une tellement il est insupportable. C’est a Faith que je m’adresse, décidée a ignorer les provocation de mon petit frère comme je le peux.


« En fait j’aurais besoin de tes services de médecin parce que je suis dépassée. Mateo a été gardé en otage et torturé. Je l’ai pensé mort et les retrouvailles sont quelques peu tendues…
- QUOI ?? ATTENDS !!! TU FAIS QUOI LA ??? JAMAIS DE LA VIE J’AI BESOIN DE MEDECIN !! C’ETAIT UN PIEGE ?!! C’EST CA !! TRAITRESSE UN JOUR… C’EST NON !! TU PEUX CREVER !! »

J’ai à peine dit ca que Mateo explose dans une colère rare. Je reste droite et stoïque, sans lui prêter la moindre attention, fixant les yeux de Faith en craignant qu’elle ne refuse, a juste titre. Puis avec un calme olympien qui ne reflète absolument pas ce que je vie :


« Mateo, assied toi et laisse-moi finir s’il te plait ! Papa n’aurais jamais accepter que tu parles comme ca !
- T’as pas le droit de parler de lui !!! Et puis, lui aussi m’a abandonné !! Tout le monde l’a fait !! Toi, lui Daemon !! Je veux retourner avec Asuka au lieu de rester avec une psychopathe et ses amis !! »

J’ai les yeux rouges, David grogne dans son sommeil, surement incommodé par le bruit et le fait que je suis plus tendue qu’un élastique lors d’un saut. Mes yeux restent dans ceux de Faith, si mon masque de poupée souriante est là, il est assez craquelé pour se rendre compte que mon vrai visage est loin d’ere aussi posé.

« Je comprendrais que tu refuses, c’est un peu compliqué »

J’ai les larmes au bord de mes yeux marqués par les cernes, ma lèvre inférieur est enflée a force d’être mordillée, ma pâleur ne fait que creuser un peu plus mes joues déjà bien amaigries par mon manque d’appétit. C’est avec un accent de détresse alors que Mateo continue de protester dans des termes peu élogieux pour moi que souffle :

« J’ai besoin d’aide, je crois que n’y arrive plus… »

Il avait en effet, bien changé. Souriant avec tendresse au nouveau né, avant que la tension ne change drastiquement quand Mattéo reprends la parole avec une voix sèche qui fait changer son regard en une seconde, avisant la silhouette de l'adolescent. Si il semblait déjà peu amène, le ton qu'il emploie aussitôt avec Alex à le don de le faire basculer de petit con à véritable tête à claque dans son esprit, alors qu'elle secoue doucement la tête vers Alex qui lui adresse des excuses muettes, signe qu'elle n'a en rien à s'excuser. Ce n'était pas elle le problème, après tout. Dépassant le duo de frère et soeur pour accéder à son bureau, alors que la jeune mère de famille évoque le besoin visiblement urgent de ses services, et que la discussion se transforme rapidement en tempête avec un mélange de mots qui en aurait fait pâlir plus d'un. Menace de balle dans la tête, menaces de morts, et surtout, surtout. Comparer à Alex à une psychopathe, vraiment ?

C'est une infirmerie ici, pas un ring de boxe. qu'elle souligne froidement à l'attention du gamin qui à la manière des Lockwood maintient son regard. Tant mieux. Au moins, il ne voit en rien la seringue prête à usage qu'elle vient de glisser dans sa manche, revenant à leur niveau comme pour les séparer, alors qu'Alex s'inquiète immédiatement d'un potentiel refus de sa part, et de cet appel à l'aide qui lui brise le coeur en silence, alors que l'autre monstre continue d'être aussi insultant.

Allez. Rideau, fin de l'acte. Il ne lui faut qu'une demi seconde pour passer dans son dos, saisir sèchement la de l'ado sèchement pour lui tirer la tête vers le haut, et enfoncer l'aiguille dans son cou pour appuyer sur la pompe pour laisser le liquide faire son oeuvre. Et si Mateo tente de se débattre, sa poigne reste ferme. Elle en avait maté des plus énervés niveau gabarit, après tout. Si tu pense qu'elle est psychopathe, dis toi bien que je suis pire. qu'elle vient lui souffler froidement à l'oreille alors que son regard devient déjà vitreux, le maintenant pour l'empêcher de s'écrouler à même le sol. C'est qu'il pesait son poids le bougre, en prime.

Alex, si tu veux bien t'asseoir, j'arrive dans une minute. Juste le temps de hisser le gosse sur le lit à sa portée, émettant un soupir de soulagement alors que le calme revient enfin dans la pièce, revenant vers la jeune maman. On en à pour une bonne heure de paix. Qu'elle la rassure avec douceur, venant poser une main contre son épaule en la dépassant pour venir s'installer à son bureau, ramenant enfin ses yeux bruns sur elle, mêlée d'une inquiétude qu'elle peine à masquer.

Je t'aiderai. Mais pour ça, j'ai besoin que tu me racontes tout depuis le début. D'accord ? Elle n'allait pas s'excuser d'avoir mis un terme à une crise de colère qui aurait fait des dégâts, assurément. Venant plutôt tendre un mouchoir pour que la petite brune puisse s'éponger les yeux, venant serrer avec douceur sa main dans la sienne le temps de l'échange.

Allez. Explique moi tout, s'il te plaît...