Elle marche, inspire profondément, essaie de faire passer cette nausée éprouvante qui l'empêche d'être au mieux de sa forme. Cette grossesse a déjà décidé de devenir pesante, et peu importante les traitements de Min-Oh, Neela ne parvient pas à se dispenser de cet écœurement actuellement. C'est frustrant mais, elle n'y peut rien, lui non plus, personne à dire vrai. Ses pas la mènent jusqu'à chez son amie, qu'elle a promis de visiter ce jour, notamment pour rencontrer son enfant tout juste né. L'occasion ne s'est pas présentée avant pour elles malheureusement, pas faute d'avoir essayé.

Une dernière profonde inspiration, et la voilà qui frappe à la porte en attendant de voir la petite silhouette de la fleurir l'accueillir. A la place, un grand dadais se dessine derrière la vitre, et lui ouvre finalement. Elle fronce les sourcils, a un moment d'absence avant de se reprendre. Certes oui, Steve est son mari, c'est donc... Normal, qu'il vive chez elle. Il est également le père de son enfant, par la grande sagesse de la fleuriste, qui a décidé d'accorder une chance à un homme aussi misérable de s'améliorer à son contact.

Bon, peut-être peut-elle également lui offrir le bénéfice du doute. Leur dernière discussion a laissé un flottement entre eux, source d'autant d'incompréhension que de cliché. Neela doit l'admettre : elle s'est vite fait un avis sur Steve, sur le personnage en lui-même, sans chercher plus loin. Il y a une case pour tous les amis de son ex-mari : celle des enfoirés de première qui ne mérite que de se faire cracher à la figure.

Hey, le salut-elle rapidement sans vraie chaleur dans la voix. Voilà qui change affreusement de quand elle parle à Nell, qui a par défaut toute son affection et sa tendresse. Nell n'est pas là ? Demande-t-elle simplement en pinçant les lèvres, un peu contrariée de ne pas la voir elle. Si elle revient dans pas longtemps, je peux attendre à l'intérieur ? Poursuit-elle alors simplement avec un sourire, un brin forcé.

Nell n'est pas là, avec son père dit-il. Mais elle peut rentrer, pour quand elle reviendra. Neela force un sourire, ça la contrarie forcément mais ça n'est pas autant la mer à boire qu'elle l'imaginait. Merci, souffle-t-elle alors en s'approchant, se permettant d'entrer et de suivre l'homme jusqu'à la cuisine. Sa remarque lui arrache un froncement de sourcils, alors qu'elle vient le fixer longuement : Moi qui comptais me mettre à hurler et lancer des assiettes, je vais fournir un effort, fait-elle.

Bon, un effort qui lui en coûte évidemment, le fait de fracasser des objets sur Steve est toujours une activité passionnante et utile pour les nerfs. Elle aimerait en proposer l'attraction cependant une part d'elle aimerait garder ça égoïstement. Mais tu m'en serais redevable, ajoute-t-elle alors avec un sourire presque complice, très amusée de sa propre répartie. L'homme capte évidemment le rebond de son ventre et en vient à parler immédiatement de sa grossesse.

A quel point imagine-t-il que les femmes aiment ces neuf mois, au juste ? Hmm... Elle fait mine de réfléchir. En temps normal, elle serait rationnelle, et dirait, face à un homme, qu'elle rêve évidemment d'être mère, qu'elle raffole de l'idée de pouponner, parce que c'est ce qu'on attend d'elle ici. Mais Neela n'en est plus à la rationalité, ni à la prudence. Elle suinte l'ironie par tous les pores de la peau et s'impatiente que les évolutions soient si discrètes quand elle a tant d'ambition pour le monde.

C'est une vraie purge, je ne souhaiterais pas ça à mon pire ennemi, le pire est sans doute de sourire constamment en faisant mine que c'est l'accomplissement d'une vie et la certitude d'une réussite familiale alors qu'à chaque escalier que je croise, je rêve de me jeter dedans pour régler la question, admet-elle d'une traite. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir la grossesse de Nell, avec des licornes et des papillons, il faut s'appelle Nell pour ça, elle était si proche d'y avoir droit aussi, à deux lettres près, en fait. Dommage ! Il parait que tu ne fais pas un trop mauvais père, glisse-t-elle alors sur le même ton, en le scrutant.

Elle écoute les mots de Steve qui, étrangement, se montre... Ouvert à la discussion. Et prêt à se confier. Elle s'en étonne parce que ça n'est pas avec lui qu'elle peut imaginer ça arriver. Steve est peut-être un peu moins pire que River dans l'idée, mais il reste un soldat, non ? Un proche de son ex mari, qu'il admire et apprécie toujours malgré ses violences. Ou alors, le monde n'est sans doute pas aussi clivé qu'elle ne le pense. Surtout depuis quoi ? Insiste-t-elle en fronçant les sourcils, surprise qu'il aille aussi loin. Elle pince les lèvres avant de soupirer un instant.

Comment le lui dire ? Elle ne sait pas. Elle pince les lèvres avant de reprendre : Un bébé ne vient pas au monde avec une brochure pour t'expliquer comment bien t'occuper de lui. C'est ce qu'on essaie de te faire croire ici, mais c'est clairement de la connerie, ajoute-t-elle en se rendant compte de son langage : Excuse-moi du terme, elle s'agace trop facilement de tout dernièrement de toute façon. En fait... Ce n'est pas inné, faut apprendre, et au moins essayer de faire au mieux. Toi, tu essaies, c'est plus que la grosse majorité ici, difficile d'en demander plus.

Elle le scrute néanmoins : Je dois bien dire que je ne m'attendais pas à ça venant de toi, c'est le seul aveu qu'elle fera. Une sorte de compliment, qui trahit son étonnement à son sujet. Quoi qu'il en soit, l'indienne a un soupir de circonstances : Il est déjà père, Min-Oh ne s'est pas caché de le lui rappeler à l'annonce de la grossesse : Il a un fils, en Corée, trop loin pour le revoir désormais, surtout vu la situation mondiale. Et c'est une nouvelle épreuve, de ses propres mots, il n'était pas très doué pour le premier, admet-elle.

Peut-être pourront-ils se faire un groupe de paroles tous les deux pour en discuter si ça leur chante. Pour sa part, Neela s'en moque, ils font bien ce qu'ils veulent. Connaissant Min-Oh, il n'y a pas un monde de toute façon où il l'évoquera clairement à haute voix. C'est une proposition pour que je vous l'abandonne dès que je n'en peux plus ? Sourit-elle, moqueuse : Tu crois que Nell acceptera d'en être la marraine ? Demande-t-elle à son mari. C'est l'occasion d'y réfléchir, je ne venais pas pour ça à la base mais elle est la mieux placée pour prendre ce rôle, ajoute-t-elle en haussant les épaules : Je ne te propose pas le rôle du parrain ?