Can I love again ?
Mer 31 Aoû 2022 - 8:06
Ce matin, mon sommeil avait encore été coupé par un cauchemar dont je ne me souvenais plus mais il avait été assez douloureux pour me faire quitter les bras de Morphée. J'avais déambulé dans la maison, à l'extérieur, avait fait des rondes, visiter l'infirmerie et finalement j'étais revenu à cette maisonnée où ma famille reposait, en milieu d'après-midi. Je comptais rejoindre mon lit, recommencer à me reposer un peu en vue d'une petite nuit à venir, encore mais étrangement, la porte de la chambre de Clara était ouverte et m'avait appelé. J'avais passé la tête, prêt à l'appeler pour lui demander ce qu'elle faisait mais les mots restèrent bloqués dans ma gorge, prenant immédiatement conscience de la réalité. Clara n'était plus là... Ma fille était morte loin de moi et je n'avais pas pu être là pour la rassurer, pour essayer de trouver de quoi la soigner, pour simplement la tenir contre moi jusqu'à son dernier souffle alors que j'avais promis de toujours être là pour elle. Immédiatement, je venais renifler alors que je sentais les larmes me monter dans la gorge.
Péniblement, je venais poser un pied dans la chambre, bougeant la tête pour y voir si la petite locataire, qui avait remplacé ma fille, était présente. Rien, pas l'ombre d'un chat. Me mordant la lèvre inférieure, je venais m'asseoir à côté de la porte et attrapait une des rares peluches que nous avions pu récupérer pour Clara. Elle les adorait ses foutus peluches et plus d'une fois je l'avais grondé pour qu'elle les range... Cette gosse en avait vécu des choses et pourtant elle souriait tout le monde et quand elle était triste, elle préférait aller voir ceux qui étaient plus tristes qu'elle, pour leur rendre le courage qu'ils avaient paumés. Depuis que Jeff l'avait ramené... Mon coeur l'avait instantannément aimé. J'avais beau être juste un oncle ou un parrain, le peu de temps où j'avais fait d'elle ma fille... Ce temps m'avait comblé de joie et elle prenait son rôle de grande soeur tellement au sérieux, veillant parfois sur Takeo avec tant d'assiduité... Ces souvenirs renforcèrent mon envie de pleurer et aussitôt le constat fait, un profond sanglot venait s'emparer de mon corps, secouant mes épaules alors que mon visage s'enfonçait dans la peluche de l'enfant disparu, respirant son odeur, m'attendant à sentir ses mains sur mes épaules et dans mes cheveux alors que sa petite voix me disait qu'elle s'occuperait des méchants à ma place, pour me soulager. Ma guerrière n'était plus, ma princesse me manquait, ma fille s'en était allée... Et quid de cette nouvelle couche de culpabilité qui s'accrochait à ma cheville comme un nouveau boulet qu'il me faudrait tirer jusqu'à la fin des temps ? Elle pesait déjà si lourd dans mes bras, dans mon ventre.
Au final, j'arrêtais de pleurer quand mon corps n'avait plus assez d'eau pour fournir mes larmes. Mon corps entier était lourd, mon cerveau vide, ma peine était encore présente cependant, une plaie béante qui ne guérirait jamais ou alors dans tellement d'années que j'ignorais moi-même le temps que ça prendrait... Ma voix enraillée se mit alors à fredonner une chanson, dans la langue de mon pays. Une berceuse néo-zélandaise qui m'avait accompagné et Hoani après moi, chantée par notre mère durant tellement de nuits que les paroles étaient ancrées dans ma mémoire, le tout en venant caresser la peluche dans mes mains. Un bruit dans le couloir me fit relever mes yeux gonflés par les perles salées, sans apercevoir personne pourtant. Un léger sourire naquit sur mes lèvres alors que je me souvenait des propos de ma compagne et de mon bras gauche. Anya était une gentille fille mais très peureuse. "C'est l'histoire d'une petite tortue bercée par la mer qui lui dit de dormir confortablement dans son panier d'osier et d'être rassurée parce que sa maman reviendra bientôt." déclarais-je simplement, sur un ton las, pour lui expliquer ce que j'avais baragouiné juste avant. "Clara aimait bien cette chanson et elle chantait souvent la berceuse à mon fils en lui tapotant le dos. Ma gamine me manque et je voulais..." Je voulais récupérer une peluche, un vêtement, un dessin, quelque chose qui m'empêcherait de l'oublier et qui me permettrait de la pleurer dans mon coin, sans avoir besoin d'aller jusqu'à sa tombe puisque je n'étais pas prêt, pour l'instant. Je ne parvenais plus à parler, cette fois, trop dur d'accepter la perte de ma fille adoptive.
Péniblement, je venais poser un pied dans la chambre, bougeant la tête pour y voir si la petite locataire, qui avait remplacé ma fille, était présente. Rien, pas l'ombre d'un chat. Me mordant la lèvre inférieure, je venais m'asseoir à côté de la porte et attrapait une des rares peluches que nous avions pu récupérer pour Clara. Elle les adorait ses foutus peluches et plus d'une fois je l'avais grondé pour qu'elle les range... Cette gosse en avait vécu des choses et pourtant elle souriait tout le monde et quand elle était triste, elle préférait aller voir ceux qui étaient plus tristes qu'elle, pour leur rendre le courage qu'ils avaient paumés. Depuis que Jeff l'avait ramené... Mon coeur l'avait instantannément aimé. J'avais beau être juste un oncle ou un parrain, le peu de temps où j'avais fait d'elle ma fille... Ce temps m'avait comblé de joie et elle prenait son rôle de grande soeur tellement au sérieux, veillant parfois sur Takeo avec tant d'assiduité... Ces souvenirs renforcèrent mon envie de pleurer et aussitôt le constat fait, un profond sanglot venait s'emparer de mon corps, secouant mes épaules alors que mon visage s'enfonçait dans la peluche de l'enfant disparu, respirant son odeur, m'attendant à sentir ses mains sur mes épaules et dans mes cheveux alors que sa petite voix me disait qu'elle s'occuperait des méchants à ma place, pour me soulager. Ma guerrière n'était plus, ma princesse me manquait, ma fille s'en était allée... Et quid de cette nouvelle couche de culpabilité qui s'accrochait à ma cheville comme un nouveau boulet qu'il me faudrait tirer jusqu'à la fin des temps ? Elle pesait déjà si lourd dans mes bras, dans mon ventre.
Au final, j'arrêtais de pleurer quand mon corps n'avait plus assez d'eau pour fournir mes larmes. Mon corps entier était lourd, mon cerveau vide, ma peine était encore présente cependant, une plaie béante qui ne guérirait jamais ou alors dans tellement d'années que j'ignorais moi-même le temps que ça prendrait... Ma voix enraillée se mit alors à fredonner une chanson, dans la langue de mon pays. Une berceuse néo-zélandaise qui m'avait accompagné et Hoani après moi, chantée par notre mère durant tellement de nuits que les paroles étaient ancrées dans ma mémoire, le tout en venant caresser la peluche dans mes mains. Un bruit dans le couloir me fit relever mes yeux gonflés par les perles salées, sans apercevoir personne pourtant. Un léger sourire naquit sur mes lèvres alors que je me souvenait des propos de ma compagne et de mon bras gauche. Anya était une gentille fille mais très peureuse. "C'est l'histoire d'une petite tortue bercée par la mer qui lui dit de dormir confortablement dans son panier d'osier et d'être rassurée parce que sa maman reviendra bientôt." déclarais-je simplement, sur un ton las, pour lui expliquer ce que j'avais baragouiné juste avant. "Clara aimait bien cette chanson et elle chantait souvent la berceuse à mon fils en lui tapotant le dos. Ma gamine me manque et je voulais..." Je voulais récupérer une peluche, un vêtement, un dessin, quelque chose qui m'empêcherait de l'oublier et qui me permettrait de la pleurer dans mon coin, sans avoir besoin d'aller jusqu'à sa tombe puisque je n'étais pas prêt, pour l'instant. Je ne parvenais plus à parler, cette fois, trop dur d'accepter la perte de ma fille adoptive.
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Re: Can I love again ?
Jeu 1 Sep 2022 - 1:25
C’était un jour gris.
L’une de ces journées où l’air ambiant était lourd et chargé de peine.
C’est cette sensation qui avait poussé Anya à ne pas sortir ce jour-là. Aller à l’infirmerie pour s’y cacher comme souvent aurait pû être une idée, mais, sans savoir pourquoi, elle avait senti qu’elle ne devrait pas quitter la maison. Il y avait… comme quelque chose de pesant, une sorte d’ombre qui planait sur son esprit sans qu’elle en connaisse l’origine.
C’est ainsi qu’elle avait traîné une partie de la journée dans sa chambre. Cette chambre que Tori lui avait proposé d’habiter depuis la disparition de Clara. Elle était jolie et spacieuse et si Anya avait eu du mal au début à s’y sentir à l’aise, acceptant tout de même par soutien envers la tentative de Tori de faire revivre les lieux, elle avait finalement accepté au fil des jours ce nouveau constat. Elle se sentait… bien ici. Loin d’avoir l’impression de remplacer Clara, elle avait plutôt cette sensation d’honorer la mémoire de sa cadette.
Elle n’avait connu la petite qu’une semaine tout au plus après être parvenue à sortir de sa sauvagerie. Mais elle s’était très rapidement attaché à elle et pendant un temps, Tori et elle avaient été les seules personnes à qui elle avait parlé et même qu’elle avait côtoyé. Il faut dire que le caractère bien trempé de Clara et sa façon de la rabrouer dès qu’elle se montrait sauvage ou agressive l’avait grandement aidée à sortir de la crainte naturelle.
Et maintenant… Elle n’était plus là…
Au final, loger dans son ancienne chambre donnait un peu l’impression à Anya de sentir encore la présence de la fillette ici. Certains auraient trouvé cette sensation malsaine, mais la petite sauvageonne la trouvait rassurante au contraire, comme lorsqu’elle regardait les étoiles en imaginant que sa mère la regarde de là haut.
La matinée passée à dessiner dans un coin de la chambre où à regarder pensivement par la fenêtre le ciel envahi de nuages, il avait fallu que la faim vienne la tirer de ses rêveries pour qu’elle se décide enfin à quitter l'abri de la pièce, laissant la porte entrouverte.
L’après midi était déjà avancée et Tori s’occupait de Takeo dans le salon en bas. Anya les avait salués d’un petit signe, observant un instant le visage de la femme pour voir si la sensation pesante venait d’elle - … non ça n’avait l’air. Puis elle avait attrapé une assiette avant de se servir une portion de la salade qui avait été laissée sur la table. Enfin, prise d’une envie, elle était sortie par la porte de derrière et s’était installée sur les marches du perron pour manger en regardant la mer.
Manger lui avait fait du bien, Tori était décidément une incroyable cuisinière. Elle se sentit aussitôt mieux, bien que la sensation étrange et lourde soit toujours là. Laissant un léger soupir s’échapper, elle s’était finalement levée pour aller cueillir une fleur sauvage un peu plus loin. Peut être que c’était Clara qui était triste ? Une jolie fleur en pot dans la chambre la consolerait sans doute.
Motivée par cette idée, elle rentra et trottina vers l’escalier pour remonter à l’étage. Néanmoins sur le palier, elle se stoppa. La porte de la chambre où elle dormait, elle était ouverte. Mais plus que ça… Une voix lui parvenait…
Une chanson, douce et entraînante, dans une langue qu’elle ne comprenait pas.
Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour reconnaître la voix de Peter et calmer un peu l’angoisse qui faisait battre son coeur.
Cela faisait deux semaines environ que le chef de la faction était revenu. Elle n’avait pas très bien compris où il avait été, mais la tristesse qu’avait exprimée Tori à ce sujet l’avait persuadée que ça ne devait pas être en vacances à la mer…
Son retour avait bien entendu automatiquement réveillé la méfiance maladive de la fillette qui avait d’abord eu du mal à approcher l’inconnu malgré les remontrances de Tori. Mais rapidement, face à la gentillesse de Peter et les conseils de sa compagne, Anya avait fini par accepter la présence de l’homme, comme un animal se faisant à l’arrivée d’un nouveau membre de la famille.
Intriguée par la mélodie qu’elle entendait, la fillette se rapprocha doucement de la porte et passer sa tête à l’intérieur pour jeter un coup d’oeil.
Peter était là, assis à même le sol contre le mur sous l’étagère où se trouvaient les peluches de Clara. Surprise, Anya remarqua ses yeux rougis et les sillons sur ses joues. Il avait… pleuré ?
Une étrange boule se forma dans sa gorge, la sensation de mal être de ce matin devenant de plus en plus forte. Finalement, ce n’était peut être pas l’esprit de Clara qui était si triste…
L’homme, qui avait cessé de fredonner sa mélopée sitôt qu’elle avait passé sa tête dans l’encadrement, lui adressa un léger sourire qui ne cachait en rien sa mélancolie.
“C'est l'histoire d'une petite tortue bercée par la mer qui lui dit de dormir confortablement dans son panier d'osier et d'être rassurée parce que sa maman reviendra bientôt.”
Il avait parlé comme s’il devinait les pensées de la nouvelle venue.
La curiosité d’Anya prit rapidement le dessus sur toute forme d’angoisse. Peter n’avait fait que résumer l’histoire qu’il chantait, mais elle devait admettre qu’elle mourrait d’envie d’en savoir plus. Elle avait toujours aimé les histoires imaginaires et tannait souvent sa mère pour qu’elle lui en raconte avant d’aller dormir. Maintenant que Jody n’était plus là, en entendre lui manquait horriblement…
C’est sans doute ça qui lui fit pousser la porte et s’avancer timidement dans la chambre pour se rapprocher du chef de la faction. Ou peut être était-ce la peine qui émanait de l’homme et qui réveillait son empathie revenue de l'au-delà depuis la mort de Clara.
Sensation qui se renforça lorsque Peter reprit la parole, expliquant que la petite disparue adorait cette chanson et qu’elle lui manquait vraiment…
Anya s’arrêta face à lui, à quelques mètres seulement, s’asseyant en tailleur sur le plancher de la chambre pour l’observer. Le chef de faction s’était tu, frappé par l’émotion et sa tristesse était contagieuse. Le coeur serré devant cet homme impressionnant qui paraissait soudain si vulnérable, la fillette le regarda en penchant légèrement la tête, une lueur de mélancolie passant à son tour dans son regard. Elle serra contre elle la marguerite qu’elle avait cueilli et s’interrogea. Naturellement, elle se sentait empathique envers cet homme qui semblait plus marqué encore que tous par la perte de Clara et aurait voulu l’aider à calmer cette douleur qu’elle ressentait émaner de lui. Mais elle ne savait vraiment pas quoi dire ou faire pour l’y aider.
A défaut, elle ouvrit la bouche et, galvanisée par son empathie, parvint à articuler difficilement :
“...L..L-la-a t…t-tor-or..t-to-or-tue… I-Il l..lui-i arr-arr-rive qu-qu-quoi ? E…E-elle re-ret-trouve sa-a ma..ma…aman ?”
Drôle de changement de sujet... Mais c'était la seule question qui était venue à l'esprit de la fillette à cet instant précis.
L’une de ces journées où l’air ambiant était lourd et chargé de peine.
C’est cette sensation qui avait poussé Anya à ne pas sortir ce jour-là. Aller à l’infirmerie pour s’y cacher comme souvent aurait pû être une idée, mais, sans savoir pourquoi, elle avait senti qu’elle ne devrait pas quitter la maison. Il y avait… comme quelque chose de pesant, une sorte d’ombre qui planait sur son esprit sans qu’elle en connaisse l’origine.
C’est ainsi qu’elle avait traîné une partie de la journée dans sa chambre. Cette chambre que Tori lui avait proposé d’habiter depuis la disparition de Clara. Elle était jolie et spacieuse et si Anya avait eu du mal au début à s’y sentir à l’aise, acceptant tout de même par soutien envers la tentative de Tori de faire revivre les lieux, elle avait finalement accepté au fil des jours ce nouveau constat. Elle se sentait… bien ici. Loin d’avoir l’impression de remplacer Clara, elle avait plutôt cette sensation d’honorer la mémoire de sa cadette.
Elle n’avait connu la petite qu’une semaine tout au plus après être parvenue à sortir de sa sauvagerie. Mais elle s’était très rapidement attaché à elle et pendant un temps, Tori et elle avaient été les seules personnes à qui elle avait parlé et même qu’elle avait côtoyé. Il faut dire que le caractère bien trempé de Clara et sa façon de la rabrouer dès qu’elle se montrait sauvage ou agressive l’avait grandement aidée à sortir de la crainte naturelle.
Et maintenant… Elle n’était plus là…
Au final, loger dans son ancienne chambre donnait un peu l’impression à Anya de sentir encore la présence de la fillette ici. Certains auraient trouvé cette sensation malsaine, mais la petite sauvageonne la trouvait rassurante au contraire, comme lorsqu’elle regardait les étoiles en imaginant que sa mère la regarde de là haut.
La matinée passée à dessiner dans un coin de la chambre où à regarder pensivement par la fenêtre le ciel envahi de nuages, il avait fallu que la faim vienne la tirer de ses rêveries pour qu’elle se décide enfin à quitter l'abri de la pièce, laissant la porte entrouverte.
L’après midi était déjà avancée et Tori s’occupait de Takeo dans le salon en bas. Anya les avait salués d’un petit signe, observant un instant le visage de la femme pour voir si la sensation pesante venait d’elle - … non ça n’avait l’air. Puis elle avait attrapé une assiette avant de se servir une portion de la salade qui avait été laissée sur la table. Enfin, prise d’une envie, elle était sortie par la porte de derrière et s’était installée sur les marches du perron pour manger en regardant la mer.
Manger lui avait fait du bien, Tori était décidément une incroyable cuisinière. Elle se sentit aussitôt mieux, bien que la sensation étrange et lourde soit toujours là. Laissant un léger soupir s’échapper, elle s’était finalement levée pour aller cueillir une fleur sauvage un peu plus loin. Peut être que c’était Clara qui était triste ? Une jolie fleur en pot dans la chambre la consolerait sans doute.
Motivée par cette idée, elle rentra et trottina vers l’escalier pour remonter à l’étage. Néanmoins sur le palier, elle se stoppa. La porte de la chambre où elle dormait, elle était ouverte. Mais plus que ça… Une voix lui parvenait…
Une chanson, douce et entraînante, dans une langue qu’elle ne comprenait pas.
Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour reconnaître la voix de Peter et calmer un peu l’angoisse qui faisait battre son coeur.
Cela faisait deux semaines environ que le chef de la faction était revenu. Elle n’avait pas très bien compris où il avait été, mais la tristesse qu’avait exprimée Tori à ce sujet l’avait persuadée que ça ne devait pas être en vacances à la mer…
Son retour avait bien entendu automatiquement réveillé la méfiance maladive de la fillette qui avait d’abord eu du mal à approcher l’inconnu malgré les remontrances de Tori. Mais rapidement, face à la gentillesse de Peter et les conseils de sa compagne, Anya avait fini par accepter la présence de l’homme, comme un animal se faisant à l’arrivée d’un nouveau membre de la famille.
Intriguée par la mélodie qu’elle entendait, la fillette se rapprocha doucement de la porte et passer sa tête à l’intérieur pour jeter un coup d’oeil.
Peter était là, assis à même le sol contre le mur sous l’étagère où se trouvaient les peluches de Clara. Surprise, Anya remarqua ses yeux rougis et les sillons sur ses joues. Il avait… pleuré ?
Une étrange boule se forma dans sa gorge, la sensation de mal être de ce matin devenant de plus en plus forte. Finalement, ce n’était peut être pas l’esprit de Clara qui était si triste…
L’homme, qui avait cessé de fredonner sa mélopée sitôt qu’elle avait passé sa tête dans l’encadrement, lui adressa un léger sourire qui ne cachait en rien sa mélancolie.
“C'est l'histoire d'une petite tortue bercée par la mer qui lui dit de dormir confortablement dans son panier d'osier et d'être rassurée parce que sa maman reviendra bientôt.”
Il avait parlé comme s’il devinait les pensées de la nouvelle venue.
La curiosité d’Anya prit rapidement le dessus sur toute forme d’angoisse. Peter n’avait fait que résumer l’histoire qu’il chantait, mais elle devait admettre qu’elle mourrait d’envie d’en savoir plus. Elle avait toujours aimé les histoires imaginaires et tannait souvent sa mère pour qu’elle lui en raconte avant d’aller dormir. Maintenant que Jody n’était plus là, en entendre lui manquait horriblement…
C’est sans doute ça qui lui fit pousser la porte et s’avancer timidement dans la chambre pour se rapprocher du chef de la faction. Ou peut être était-ce la peine qui émanait de l’homme et qui réveillait son empathie revenue de l'au-delà depuis la mort de Clara.
Sensation qui se renforça lorsque Peter reprit la parole, expliquant que la petite disparue adorait cette chanson et qu’elle lui manquait vraiment…
Anya s’arrêta face à lui, à quelques mètres seulement, s’asseyant en tailleur sur le plancher de la chambre pour l’observer. Le chef de faction s’était tu, frappé par l’émotion et sa tristesse était contagieuse. Le coeur serré devant cet homme impressionnant qui paraissait soudain si vulnérable, la fillette le regarda en penchant légèrement la tête, une lueur de mélancolie passant à son tour dans son regard. Elle serra contre elle la marguerite qu’elle avait cueilli et s’interrogea. Naturellement, elle se sentait empathique envers cet homme qui semblait plus marqué encore que tous par la perte de Clara et aurait voulu l’aider à calmer cette douleur qu’elle ressentait émaner de lui. Mais elle ne savait vraiment pas quoi dire ou faire pour l’y aider.
A défaut, elle ouvrit la bouche et, galvanisée par son empathie, parvint à articuler difficilement :
“...L..L-la-a t…t-tor-or..t-to-or-tue… I-Il l..lui-i arr-arr-rive qu-qu-quoi ? E…E-elle re-ret-trouve sa-a ma..ma…aman ?”
Drôle de changement de sujet... Mais c'était la seule question qui était venue à l'esprit de la fillette à cet instant précis.
- Anya Sullivan
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Re: Can I love again ?
Ven 30 Sep 2022 - 7:24
Anya avait tout d'un petit chat qui découvrait sa nouvelle maison ou une nouvelle personne et c'était mignon, en soi. Elle se gardait à distance puis s'approchait, petit à petit, vraiment comme un chaton qui découvrait le monde. Ca changeait de Clara et de son caractère audacieux et, un peu bourrin, sans doute à cause de moi. Cette gamine m'en avait fait voir de toutes les couleurs et sa petite langue, elle ne l'avait jamais dans la poche, sauf durant les conversations importantes. La fillette de Jeff nous avait tous impressionnés de par sa maturité et son franc parlé, sans oublier sa curiosité. Elle ne s'intéressait pas à la botanique mais elle aimait particulièrement les livres et ce qu'ils contenaient, assez pour qu'il ne soit pas rare de la croiser avec un bouquin dans les mains ou à côté de quelqu'un qui pourrait lui expliquer un mot ou juste l'aider à le lire. Et puis elle impressionnait par son energie débordante en toute situation, son optimisme et sa vaillance... Clara était devenue ma fille depuis la disparition de Jeff et je comprenais pourquoi il avait aimé cette petite de tout son coeur. Elle dégageait un truc, ce genre de truc qui rendait fier d'elle, qui faisait qu'on voulait la protéger de tout et de tout le monde, qui faisait qu'on avait envie de lui offrir le monde. Je l'avais aimé comme ça. Comme si elle était de ma chair et de mon sang, je l'aimais comme j'aimais Takeo, sans aucune distinction entre les deux. Mon coeur battait pour ces deux petits, comme il battait pour Tori. Sans eux, je savais que j'étais perdu et aujourd'hui, plus que les autres jours, je l'étais.
Clara n'était plus là. Takeo n'aurait jamais la chance de rencontrer sa grande soeur, celle qui veillait sur lui à la première agitation, qui avait apprit à faire les biberons et a changer les couches, celle qui venait le border avant nous et qui passait toujours par sa chambre au réveil. Elle n'était plus là et j'avais l'impression qu'on m'avait arraché le coeur et qu'on me le piétinait furieusement. Dire que je n'avais meme pas pu l'embrasser une dernière fois, la tenir dans mes bras une dernière fois, que je n'avais pas pu la rassurer en lui disant que quoiqu'il puisse arriver, je serai toujours à ses côtés et que je l'aimerai bien au delà de tout ce qu'elle pouvait connaître. Je n'avais même pas pu la protéger, comme je l'avais promis à Jeff. Qu'aurais-je pu faire contre la Terre Mère, de toute façon ? Tout ce qu'il me restait, c'était mes souvenirs et cette peluche entre mes doigts...
C'est la petite voix d'Anya qui me ramenait à la réalité. Lentement je venais m'essuyer les yeux et reniflais sans classe en essayant de comprendre ce qu'elle me disait. J'avais pas vraiment eu l'occasion de l'entendre parler, la voyant plutôt signer comme le faisait Tori et la majorité des gens dans ce groupe. Toutefois, je comprenais que j'étais parvenu à capter son attention avec mon histoire. Souriant avec tendresse, je calais la peluche contre moi et inspirais profondément. Clara me manquait atrocement mais Anya était a part, je la découvrais tous les jours et je trouvais sa curiosité adorable alors, me réinstallant un peu mieux, j'haussais les épaules. "Malheureusement non, la maman tortue n'est pas rentrée tout de suite." que je commençais en me redressant pour récupérer les autres peluches afin d'illustrer mon histoire. Un petit cheval pour faire le rôle de la maman tortue, un petit chat pour être le bébé tortue et une couverture pour la mer. "La petite tortue a attendue toute la journée pour revoir sa maman mais comme elle n'était pas là, elle s'est mise à pleurer très longtemps." que je continuais en mimant les pleurs d'un animal en détresse avant de l'enrouler dans la couverture. "La mer était triste de la voir comme ça, alors elle a mit la petite tortue dans son panier d'osier et l'a bercé en lui promettant que sa maman reviendrait bientôt. La petite tortue s'est endormie en étant toute triste." que je continuais en animant les éléments et les personnages, m'emparant ensuite du cheval que je faisais revenir lentement jusqu'au chat. "Le lendemain, la petite tortue s'est réveillée et s'est remit à pleurer parce qu'elle ne voyait pas sa maman. La mer s'est rapprochée et lui a demandé pourquoi elle était triste. La tortue a répondu que sa maman lui manquait beaucoup et qu'elle voulait un câlin. La mer était triste et lui a fait un câlin en lui disant que sa maman reviendrait bientôt et qu'il fallait l'attendre sagement mais la tortue était trop triste alors elle a pleuré toute la journée et à la fin, la mer l'a encore bercé pour la calmer et l'endormir."
Enfin, je venais coller les deux peluches ensemble et levais les yeux vers Anya pour lui sourire. "Le lendemain, la petite tortue se réveillait et allait pleurer mais la mer lui fit le signe de regarder à côté d'elle. Là, il y avait la maman tortue qui dormait. Trop contente, la petite tortue se mit à pleurer mais de joie. 'Maman, te revoilà enfin ! J'ai cru que tu m'avais oublié !" disait la petite tortue et sa maman de répondre 'Je ne pourrai jamais t'oublier parce que je t'aime et même si je pars, même si je suis perdue, je reviendrai toujours à tes côtés ma petite tortue' avant de lui faire un énooooooorme câlin." que je concluais en gardant les deux peluches enlacées, emmitoufflées dans la couverture que je tendais ensuite à la petite demoiselle. "En fait, la chanson veut dire que même si on est loins, on aime nos enfants." dis-je en fixant la brunette d'un petit sourire, suivi d'une caresse sur la peluche que j'avais gardé contre moi, comme si je signifiais à Clara, encore une fois, que je l'aimais malgré tout. "Tu as aimé l'histoire ? Tu veux une autre ?" proposais-je après avoir reniflé une nouvelle fois.
Clara n'était plus là. Takeo n'aurait jamais la chance de rencontrer sa grande soeur, celle qui veillait sur lui à la première agitation, qui avait apprit à faire les biberons et a changer les couches, celle qui venait le border avant nous et qui passait toujours par sa chambre au réveil. Elle n'était plus là et j'avais l'impression qu'on m'avait arraché le coeur et qu'on me le piétinait furieusement. Dire que je n'avais meme pas pu l'embrasser une dernière fois, la tenir dans mes bras une dernière fois, que je n'avais pas pu la rassurer en lui disant que quoiqu'il puisse arriver, je serai toujours à ses côtés et que je l'aimerai bien au delà de tout ce qu'elle pouvait connaître. Je n'avais même pas pu la protéger, comme je l'avais promis à Jeff. Qu'aurais-je pu faire contre la Terre Mère, de toute façon ? Tout ce qu'il me restait, c'était mes souvenirs et cette peluche entre mes doigts...
C'est la petite voix d'Anya qui me ramenait à la réalité. Lentement je venais m'essuyer les yeux et reniflais sans classe en essayant de comprendre ce qu'elle me disait. J'avais pas vraiment eu l'occasion de l'entendre parler, la voyant plutôt signer comme le faisait Tori et la majorité des gens dans ce groupe. Toutefois, je comprenais que j'étais parvenu à capter son attention avec mon histoire. Souriant avec tendresse, je calais la peluche contre moi et inspirais profondément. Clara me manquait atrocement mais Anya était a part, je la découvrais tous les jours et je trouvais sa curiosité adorable alors, me réinstallant un peu mieux, j'haussais les épaules. "Malheureusement non, la maman tortue n'est pas rentrée tout de suite." que je commençais en me redressant pour récupérer les autres peluches afin d'illustrer mon histoire. Un petit cheval pour faire le rôle de la maman tortue, un petit chat pour être le bébé tortue et une couverture pour la mer. "La petite tortue a attendue toute la journée pour revoir sa maman mais comme elle n'était pas là, elle s'est mise à pleurer très longtemps." que je continuais en mimant les pleurs d'un animal en détresse avant de l'enrouler dans la couverture. "La mer était triste de la voir comme ça, alors elle a mit la petite tortue dans son panier d'osier et l'a bercé en lui promettant que sa maman reviendrait bientôt. La petite tortue s'est endormie en étant toute triste." que je continuais en animant les éléments et les personnages, m'emparant ensuite du cheval que je faisais revenir lentement jusqu'au chat. "Le lendemain, la petite tortue s'est réveillée et s'est remit à pleurer parce qu'elle ne voyait pas sa maman. La mer s'est rapprochée et lui a demandé pourquoi elle était triste. La tortue a répondu que sa maman lui manquait beaucoup et qu'elle voulait un câlin. La mer était triste et lui a fait un câlin en lui disant que sa maman reviendrait bientôt et qu'il fallait l'attendre sagement mais la tortue était trop triste alors elle a pleuré toute la journée et à la fin, la mer l'a encore bercé pour la calmer et l'endormir."
Enfin, je venais coller les deux peluches ensemble et levais les yeux vers Anya pour lui sourire. "Le lendemain, la petite tortue se réveillait et allait pleurer mais la mer lui fit le signe de regarder à côté d'elle. Là, il y avait la maman tortue qui dormait. Trop contente, la petite tortue se mit à pleurer mais de joie. 'Maman, te revoilà enfin ! J'ai cru que tu m'avais oublié !" disait la petite tortue et sa maman de répondre 'Je ne pourrai jamais t'oublier parce que je t'aime et même si je pars, même si je suis perdue, je reviendrai toujours à tes côtés ma petite tortue' avant de lui faire un énooooooorme câlin." que je concluais en gardant les deux peluches enlacées, emmitoufflées dans la couverture que je tendais ensuite à la petite demoiselle. "En fait, la chanson veut dire que même si on est loins, on aime nos enfants." dis-je en fixant la brunette d'un petit sourire, suivi d'une caresse sur la peluche que j'avais gardé contre moi, comme si je signifiais à Clara, encore une fois, que je l'aimais malgré tout. "Tu as aimé l'histoire ? Tu veux une autre ?" proposais-je après avoir reniflé une nouvelle fois.
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Re: Can I love again ?
Mar 11 Oct 2022 - 14:19
Il y avait parfois de ces instants inexplicablement marquants aux yeux de quelqu’un. Pour les autres, ce n’était qu’un moment banal de la vie, mais pour une personne, il sortait du lot, se gravant dans sa mémoire à jamais.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Anya avait toujours aimé les histoires.
A l’époque, dans l’Alberta, sa mère lui lisait toujours un livre avant de se coucher, lui permettant de s’endormir avec des images de chevaliers, de mammifères magiques et de mondes féeriques plein la tête.
Et même lorsque Judy les avait isolé dans les montagnes, loin de la civilisation, elle n’avait jamais coupé à ce rituel malgré la fatigue de lui raconter une histoire tous les soirs, allant jusqu’à improviser des contes pour pallier à l’absence de nouveaux livres.
Puis était venue la fuite, et il n’y avait plus eu d’histoires. Jusqu’à présent.
Les yeux grands ouverts, captivée par le récit, la fillette écoutait Peter avec attention. Non pas de cette attention polie face à quelqu’un qui avait besoin de parler, mais d’une écoute fascinée et un peu enfantine, celle que pouvaient exprimer les plus jeunes face à une nouvelle découverte..
D’abord attristée à l’idée que la maman tortue ne soit pas rentrée retrouver son enfant, et un peu déçue à la pensée que Peter lâche juste cette conclusion sans lui raconter plus, elle avait été autant surprise que fascinée lorsque l’homme était allé attraper d’autres peluches et une couverture, mettant en scène le déroulement de son histoire.
Anya s’était figée, se retrouvant rapidement plongée dans l’observation des personnages que mettait en action Peter sous ses yeux. La mer… La petite tortue… La maman tortue… L’histoire était simple et pourtant… Elle lui déclenchait une myriade d’émotions variée dans le coeur et l’esprit. De la tristesse mêlée de joie, de l’angoisse mêlée d’excitation, de la nostalgie mêlée d’impatience… Les souvenirs se mélangeaient avec la vision du présent…
Un camping-car dans une clairière… Elle, allongée sur un petit lit, blottit sous un duvet… Une femme décrivant de grands gestes et manipulant Teto pour illustrer l’histoire qu’elle contait. Le renard était quasiment toujours le héro de ses histoires et il y était si fort et courageux qu’aujourd’hui encore la fillette considérait la peluche comme un compagnon plus brave qu’elle ne le serait jamais.
Elle ne parla pas de tout le récit, se laissant emporter par l’histoire de cette petite tortue qui pleurait le départ de sa mère. Lorsque la fin heureuse arriva finalement, la fillette ne souriait pas - elle en était toujours incapable - mais ses yeux rêveurs et brillants exprimaient bien plus que toute expression faciale. Elle releva un regard perturbé vers Peter, ne sachant qui de la tristesse ou de la joie prenait le dessus sur son esprit.
Malgré tout, lorsque la conclusion arriva, elle se sentit un peu rassurée par ces paroles simples mais franches.
“Même si on est loin, on aime nos enfants.”. Ces mots la rendirent pensive en même temps qu’ils lui déclenchèrent une douce et inexplicable chaleur dans le coeur. Elle resta un instant silencieuse, scrutant le regard du conteur comme pour y chercher des réponses à ses interrogations internes.
Puis, finalement, quelques mots hésitants sortirent de sa bouche.
“... M-m-mais d-des-es f-fois, i-i-ils rev-evie..re-re-vie-ennent p-pas…”
Elle ne savait pas vraiment si elle avait parlé pour l’homme ou juste pour elle-même. Elle fit tourner la fleur dans ses mains, l’observant avec un air songeur. Malgré la nostalgie qu’elle sentait alourdir son coeur, l’histoire restait belle. Elle savait bien que Jody, elle, ne reviendrait pas par la mer… Mais peut-être que Peter avait raison tout de même et que, où qu’elle soit à présent, elle l’aimait toujours, autant qu’elle aimait sa mère.
Nerveusement, elle tira sur sa mèche de cheveux souvent malmenée.
La voix de son interlocuteur la ramena à la réalité, lui faisant relever les yeux.
”Tu as aimé l'histoire ? Tu veux une autre ?”
Elle sortit presque aussitôt de sa tristesse, faisant éclater la bulle de doute dans son esprit. Ses yeux brillèrent de nouveau de joie et d’impatience et elle hocha vivement la tête. Une autre histoire !
Mais d’abord, il lui restait quelque chose à faire. Elle se leva rapidement et trottina jusqu’à la fenêtre à l’autre bout de la pièce où trônait le vase qu’elle laissait pour Clara. Elle y retira les fleurs qui étaient en plus mauvais état et y plaça la marguerite au milieu des restantes, arrangeant l’ensemble pour qu’il ait bonne allure.
Satisfaite, elle recula d'un pas et admira son travail. Elle hocha ensuite la tête, convaincue que ça plairait à la petite fille et s'en retourna vers le lit où elle attrapa Teto qui y trônait avant de retourner s'asseoir devant Peter.
Ne parvenant pas à masquer l'impatience qui se lisait sur son visage, elle s'installa en tailleur et, serrant sa peluche contre elle, regarda fixement l'homme, attendant la nouvelle histoire qu'il lui avait proposée.
Finalement, alors qu'elle était entrée pour apaiser la tristesse de l'esprit de Clara puis celle de Peter, voilà qu'à présent c'était elle qui cherchait l'apaisement dans les contes du chef de la faction.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Anya avait toujours aimé les histoires.
A l’époque, dans l’Alberta, sa mère lui lisait toujours un livre avant de se coucher, lui permettant de s’endormir avec des images de chevaliers, de mammifères magiques et de mondes féeriques plein la tête.
Et même lorsque Judy les avait isolé dans les montagnes, loin de la civilisation, elle n’avait jamais coupé à ce rituel malgré la fatigue de lui raconter une histoire tous les soirs, allant jusqu’à improviser des contes pour pallier à l’absence de nouveaux livres.
Puis était venue la fuite, et il n’y avait plus eu d’histoires. Jusqu’à présent.
Les yeux grands ouverts, captivée par le récit, la fillette écoutait Peter avec attention. Non pas de cette attention polie face à quelqu’un qui avait besoin de parler, mais d’une écoute fascinée et un peu enfantine, celle que pouvaient exprimer les plus jeunes face à une nouvelle découverte..
D’abord attristée à l’idée que la maman tortue ne soit pas rentrée retrouver son enfant, et un peu déçue à la pensée que Peter lâche juste cette conclusion sans lui raconter plus, elle avait été autant surprise que fascinée lorsque l’homme était allé attraper d’autres peluches et une couverture, mettant en scène le déroulement de son histoire.
Anya s’était figée, se retrouvant rapidement plongée dans l’observation des personnages que mettait en action Peter sous ses yeux. La mer… La petite tortue… La maman tortue… L’histoire était simple et pourtant… Elle lui déclenchait une myriade d’émotions variée dans le coeur et l’esprit. De la tristesse mêlée de joie, de l’angoisse mêlée d’excitation, de la nostalgie mêlée d’impatience… Les souvenirs se mélangeaient avec la vision du présent…
Un camping-car dans une clairière… Elle, allongée sur un petit lit, blottit sous un duvet… Une femme décrivant de grands gestes et manipulant Teto pour illustrer l’histoire qu’elle contait. Le renard était quasiment toujours le héro de ses histoires et il y était si fort et courageux qu’aujourd’hui encore la fillette considérait la peluche comme un compagnon plus brave qu’elle ne le serait jamais.
Elle ne parla pas de tout le récit, se laissant emporter par l’histoire de cette petite tortue qui pleurait le départ de sa mère. Lorsque la fin heureuse arriva finalement, la fillette ne souriait pas - elle en était toujours incapable - mais ses yeux rêveurs et brillants exprimaient bien plus que toute expression faciale. Elle releva un regard perturbé vers Peter, ne sachant qui de la tristesse ou de la joie prenait le dessus sur son esprit.
Malgré tout, lorsque la conclusion arriva, elle se sentit un peu rassurée par ces paroles simples mais franches.
“Même si on est loin, on aime nos enfants.”. Ces mots la rendirent pensive en même temps qu’ils lui déclenchèrent une douce et inexplicable chaleur dans le coeur. Elle resta un instant silencieuse, scrutant le regard du conteur comme pour y chercher des réponses à ses interrogations internes.
Puis, finalement, quelques mots hésitants sortirent de sa bouche.
“... M-m-mais d-des-es f-fois, i-i-ils rev-evie..re-re-vie-ennent p-pas…”
Elle ne savait pas vraiment si elle avait parlé pour l’homme ou juste pour elle-même. Elle fit tourner la fleur dans ses mains, l’observant avec un air songeur. Malgré la nostalgie qu’elle sentait alourdir son coeur, l’histoire restait belle. Elle savait bien que Jody, elle, ne reviendrait pas par la mer… Mais peut-être que Peter avait raison tout de même et que, où qu’elle soit à présent, elle l’aimait toujours, autant qu’elle aimait sa mère.
Nerveusement, elle tira sur sa mèche de cheveux souvent malmenée.
La voix de son interlocuteur la ramena à la réalité, lui faisant relever les yeux.
”Tu as aimé l'histoire ? Tu veux une autre ?”
Elle sortit presque aussitôt de sa tristesse, faisant éclater la bulle de doute dans son esprit. Ses yeux brillèrent de nouveau de joie et d’impatience et elle hocha vivement la tête. Une autre histoire !
Mais d’abord, il lui restait quelque chose à faire. Elle se leva rapidement et trottina jusqu’à la fenêtre à l’autre bout de la pièce où trônait le vase qu’elle laissait pour Clara. Elle y retira les fleurs qui étaient en plus mauvais état et y plaça la marguerite au milieu des restantes, arrangeant l’ensemble pour qu’il ait bonne allure.
Satisfaite, elle recula d'un pas et admira son travail. Elle hocha ensuite la tête, convaincue que ça plairait à la petite fille et s'en retourna vers le lit où elle attrapa Teto qui y trônait avant de retourner s'asseoir devant Peter.
Ne parvenant pas à masquer l'impatience qui se lisait sur son visage, elle s'installa en tailleur et, serrant sa peluche contre elle, regarda fixement l'homme, attendant la nouvelle histoire qu'il lui avait proposée.
Finalement, alors qu'elle était entrée pour apaiser la tristesse de l'esprit de Clara puis celle de Peter, voilà qu'à présent c'était elle qui cherchait l'apaisement dans les contes du chef de la faction.
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- Anya Sullivan
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