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Wreck of emotions

Mer 31 Aoû 2022 - 8:10

Il était là. Paisible, innocent, sage, silencieux. Il était là. Takeo était encore là, dans son berceau, endormi et bercé par un rayon de lune qui venait englober son berceau tel un halo de protection. Il était là et, même en l'observant attentivement, je ne décelais aucun trait physique qui le faisait ressembler de près ou de loin à Luke. Ce gamin ressemblait toujours à sa mère et ça me rassurait. Pourtant... Mes mains ne desserraient pas les rebords en bois du lit de mon fils. Un cauchemar, un de plus, avait pourri ma nuit. Cette fois encore, j'entendais Luke me réclamer Tori et Takeo, je l'entendais crier et encore une fois, je voyais Nova s'écrouler devant moi, bougeant les lèvres pour me supplier de lui venir en aide, avant que l'éclair de feu vienne m'exploser les tympans lorsque le taré appuyait sur la gachette, me faisant sursauter et donc me réveiller au passage. Mon coeur explosait encore dans ma poitrine, à mesure que je tentais de récupérer mon souffle, pour me calmer. Ca faisait déjà des jours entiers que j'étais rentré, qu'on nous avait accueillis avec beaucoup d'inquiétude et de soulagement. Tous les Fuckers étaient rentrés mais ce n'était pas le cas pour les S.T.A.R.S et chaque heure s'écoulant, je me sentais coupable. Je n'étais pas parvenu à sauver Nova alors qu'elle se sacrifiait pour protéger ce petit garçon endormi. Et les monstres couraient encore les rues.... Ces deux échecs me faisaient trembler de rage, comme des blessures faites au fer rouge, aussi visible que mes différents tatouages ou que la blessure par balle à mon épaule, aussi douloureuses que mes côtes pas encore guéries. Et maintenant ? Le roi devait reprendre son trône, gérer son royaume, ses gens, ses ressources, ses alliances. Je devais redevenir le leader, essayer de passer outre ou au moins avancer mais comment ? Comment alors que Luke et Emmett n'étaient pas encore morts ? Si seulement...

Rapidement, toujours appuyé aux barreaux, je laissais mon esprit s'évader sans que ma dernière pensée ait eue le temps de traverser mon cerveau. Les yeux dans le vague, la respiration lentement, je voyais sans voir, le vide de mon âme transparaissant à travers mon regard tand j'étais spirituellement loin d'ici, de tout ça, de ce chaos et de la douleur de mon coeur. Si loin dans les limbes de mon cerveau que je n'entendais pas le léger tintement des peluches du petit garçon qui s'excitait dans son berceau pour qu'on s'occupe de lui. Ce fut une main, douce, hésitante peut-être, qui me tirait de ma divaguation, me faisaint sursauter et cligner des yeux pour retrouver contenance, fermant la bouche et m'écartant d'un pas pour laisser la voix libre à la japonaise afin qu'elle s'occupe du poupon. Je sentais ses pupilles venir jusqu'à moi et, d'un coup, sans réellement comprendre, je sentais une once de culpabilité et de honte s'immiscer sous ma peau, me forçant à détourner les yeux. Tori m'avait récupérer entre ses bras quand je m'étais écroulé à l'annonce de la mort de Clara, d'Edwin et de Saul, elle m'avait laissé pleuré ma fille, mes amis, Nova et Alaska. Elle m'avait aidé à me laver les mains, l'avait fait pour moi alors que j'avais la sensation que le sang de la militaire resterait imprégnée à ma peau. Elle était là. Elle m'avait caresser les cheveux quand les soirées devenaient difficiles et que je pleurais encore.

Elle avait récupérer une épave. Croulant sous les émotions négatives, bloqué devant le bar à vider bouteille sur bouteille, comme avant. Oui, j'étais honteux de ne pas être capable de surmonter ces épreuves, de ne pas être l'homme qui avait promis de la protéger, l'homme qu'elle avait accepter d'épouser. Soupirant profondément face à ma propre réalité, je me détournais pour me diriger vers la fenêtre, m'y accoudant dans l'espoir d'avoir un bol d'air frais, le genre qui apaisait les idées noirs, le coeur et l'âme, sans qu'il ne parvienne jamais à moi. Et maintenant ? Lentement, ma main vint se passer dans mes cheveux alors que je fixais le regard vers l'eau, écoutant attentivement le bruit des vagues. C'était paisible, ici... Assez pour repartir dans une contemplation vide.
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Re: Wreck of emotions

Mer 31 Aoû 2022 - 22:00

Elle ne sait pas comment elle a fait pour trouver le sommeil. Il a fallu le retour de Peter, pouvoir le tenir dans ses bras, panser ses blessures, essayer de retirer la couche de drame et de crasse qui le recouvre pour essayer de... Elle ne comprend pas vraiment. Le sauver de lui-même, peut-être. Mais Tori est épuisée, moralement, physiquement, à avoir tenu si longtemps loin de lui, d'avoir dû éponger ses émotions, les dévorer, pour survivre en son absence. Elle ne veut plus imaginer un monde où il pourrait ne pas être là, avec elle. Elle n'a pourtant pas eu ce choix.

C'est pour ça qu'elle ferme l'oeil, à poings fermés. Qu'elle parvient pour la première fois depuis des semaines, à glaner quelques heures nécessaires à son repos. Son cerveau s'oxygène enfin, ses yeux aussi. C'est pourtant plus tard que, sans sentir la silhouette de son fiancé à côté d'elle, la japonaise est prise d'une vive angoisse. Les paupières se rouvrent, elle tapote sur le matelas à côté, se redresse, ne le trouve pas. C'est discrètement qu'elle se redresse, se dégageant des draps qui la recouvrent, pour partir à sa recherche. La peur au cœur d'avoir rêvé son retour.

Ses pas la mènent jusqu'au couloir, et finalement à la chambre de leur fils. Mais sa forme se découpe au-dessus du lit de leur fils, éclairée par les rayons de la lune, dans cette soirée entamée qu'elle n'a pas vu passer. Elle ne sait pas quand elle a sombré. Elle se rapproche, pose une main sur lui pour attirer son attention, l'interroge du regard. Que fait-il ici ? Pourquoi ne se repose-t-il pas ? Peter fuit la réponse, se détourne pour lui laisser le champ libre, et elle ne ressent qu'un pincement au cœur en saisissant son enfant. Le temps de l'allaiter, de lui tapoter dans le dos, de revenir le poser sur son lit doucement. Elle n'a qu'un regard pour Peter, scrutant ce dos qu'il lui présente.

Il ne parle pas beaucoup depuis qu'il est rentré. De ce qu'il s'est passé, des tortures, de ce qu'il a vécu. Il n'essaie pas, mais il y a des cauchemars qui remontent et qu'elle peut entendre quand elle est à côté de lui. Lèvres pincées, elle borde son fils un instant avant de se mettre sur la pointe des pieds. Puis, elle se rapproche du rugbyman, pour venir se lover dans son dos et l'enserrer fermement. Ses bras autour de sa taille, elle en fait à peine le tour tellement le contraste entre eux reste le même. Elle aimerait lui dire tellement de choses, mais rien qui arriverait vraiment à le soigner des horreurs qu'il a vu.



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Re: Wreck of emotions

Ven 30 Sep 2022 - 7:24

Les bras appuyés contre la fenêtre, j'observais sagement le sable, l'eau, le phare. L'odeur des vagues, la douceur du vent... Ca me rappelait mon chez moi, tout en étant différent. J'étais insousciant, en Nouvelle-Zélande. J'étais différent aussi. En y réfléchissant, mon parcours de vie était chaotique et si je pouvais dire à ma mère comme j'étais désolé de lui en avoir fait voir de toutes les couleurs, peut-être que je me mettrai à genoux pour la supplier de me pardonner ma bêtise. Et mon papa ? Il me manquait. Quant à Hoani... Elle était si proche en étant si loin et je devais trouver un moyen de la ramener jusqu'à moi. Le bruit des vagues apaisaient un peu mon coeur alors que mon âme était encore si lourd... Est-ce que mon dieu de la guerre connaissait ça, lui ? Ce vide, cette tristesse, ce doute ? De toute façon, le doute n'était-il pas le propre de l'Homme ? Le doute ne guidait-il pas nos pas, justifiait nos décisions, nous perdait dans nos réflexions ? Tiens, c'était une étoile filante ? Non, peut-être pas, p'tete que j'avais halluciné. Hm... Le ciel était beau, à cette heure de la nuit. Quelle heure, d'ailleurs ? Sans doute qu'une montre serait pas de trop ou alors apprendre à lire les étoiles. Sur l'instant, je regrettais l'époque où j'avais refusé que mon grand-père m'apprenne à reconnaître les constellations. Ouais, du regret, mélangé à de la mélancolie... Rajoutez de la culpabilité, de la honte, une pointe de colère et ça donne... Moi.

Je faisais ce constat au moment même où je sentais les bras de Tori se refermer autour de moi. Mes mains, liées entre elles, venaient se serrer dans une léger tremblement, cherchant à maîtriser au mieux ma détresse. Mon souffle venait ralentir, mon coeur battant plus fort et soudainement, les larmes remontèrent jusqu'à mon visage. Un sanglot éclatait, le seul que je n'avais pas pu retenir tandis que je me mettais à pleurer silencieusement cette fois, secouant mes épaules. Jusque là, j'avais repoussé cette envie de m'éffondrer. J'avais su tenir bon, j'étais parvenu à me montrer fort, prêt à surpasser les épreuves passées. La vérité était là, pourtant : c'était encore trop frais. Je n'avais pas encore la capacité de passer outre, d'accepter que j'en étais ressorti seul et que je devais vivre avec ça sur la conscience. Dans mon esprit, c'était de ma faute, entièrement de ma faute. J'avais condamné deux innocentes, la paix des miens étaient constamment compromise et mon petit Takeo était un précieux trésor que j'étais incapable de protéger. Une loque. Une merde. Un moins que rien. Je ne valais pas plus que rien...

Au bout de longues minutes, un hoquet vint briser le lourd silence de cette étrange réunion de famille. Les larmes ne coulaient plus. La respiration s'accordait au rythme du coeur et l'épuisement prenait une place importante dans mon esprit. Sans m'en rendre contre, j'avais posé les mains sur celle de la musicienne et je les avais tenu, tout au long de cette crise de détresse émotionnelle. "Pardon..." chuchotais-je à ma compagne alors que mon corps voulait fuir son regard tandis que mon esprit m'intimait de rester auprès d'elle pour soulager mon âme. "Tu dois être épuisée... Tu devrais aller te reposer, je voulais pas te réveiller." que je continuais alors que mes doigts refusaient de lui rendre sa liberté. Petit à petit, sans m'en rendre compte, je calais ma respiration sur la sienne, tout en me demandant a quel point j'étais au plus mal. J'avais envie d'être seul, j'aurais aimé ne pas avoir besoin d'elle mais... La tempête de mes sentiments, la peur de ma face cachée, les souvenirs... Si je ne voulais pas dériver comme un navire sans ancre, il fallait que je me raccroche à la seule personne qui parvenait à me retenir dans ce monde. Est-ce que la japonnaise avait seulement conscience d'à quel point je pouvais dépendre d'elle, de ses sourires, de ses baisers, de sa tendresse et de son amour. Comme une plante, je m'éveillais à sa douceur et comme un animal dompté, je ployais l'échine à ses demandes. Je dépendais d'elle et malgré la monstruosité de Luke, j'avais tenu bon pour qu'elle n'aie plus jamais à le revoir, pour qu'elle continue d'être libre.

Le silence retombait petit à petit entre nous et je reniflais longuement, cherchant à reprendre contenance. "Il m'a dit. Ce qu'il t'a fait." avais-je laissé échapper finalement, sans vraiment être capable de le retenir plus longtemps. Si Tori n'avait rien partagé de son expérience et gardait ça pour elle, moi, je ne savais pas le faire. Le trop plein, ça m'étouffait, ce n'était pas nouveau et à un moment, il fallait que ça sorte. "Il me l'a raconté en détail, avec énormément de plaisir, tu te doutes bien." que je poursuivais en venant ensuite me tourner pour faire face à ma fiancée, une main venant ensuite se coller sur sa joue avec tendresse. "Je comprend... Je comprend maintenant pourquoi tu as perdu la force de parler et pourquoi tu fais tant de cauchemars... Je comprend enfin pourquoi je n'ai jamais pu t'aider et te libérer de son emprise..." déclarais-je dans un murmure désolé, acceptant douloureusement cette réalité à laquelle je devais faire face. S'il s'était fait plaisir en tentant de me briser mentalement à coup d'électrocution, c'était la torture de Nova sous mes yeux qui avait manqué de me faire craquer. Doucement, je soupirais et baissais les yeux sur la nippone. "Je sais plus où j'en suis... Je le déteste, j'ai envie de partir à sa recherche pour en finir une fois pour toute mais... Vous êtes là et j'ai pas envie de... Clara, Ed et Saul et... Je... Je sais plus, Tori... A chaque fois que je veux dormir, j'entend Nova s'étouffer dans son sang et ça coule sur mes mains et..." Je me taisais, les images s'imposant sous mes paupières et je venais cacher mon visage contre l'épaule de la femme, comme si elle pouvait me débarrasser de ce souvenir envahissant...
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Re: Wreck of emotions

Mer 5 Oct 2022 - 21:04

Elle le serre, avec force et ferveur quand elle le sent s'effondrer finalement. Sa prise se fait plus ferme pour se raccrocher à lui, ou du moins qu'il sache qu'elle est là pour lui. Elle sent ses mains venir étreindre les siennes, en même temps que les sanglots secouent ses épaules. Par empathie pour lui, elle entend et prend sa souffrance sans crainte, dans l'espoir de le décharger au moins un peu de la douleur qui est en train de l'étouffer. Tori sait. Elle sait, parce qu'elle est passée par là. Elle sait, parce que ce mal est aussi en elle, aussi violent, aussi traumatisant et marquant. Comme une marque au fer qui ne disparaitra jamais. Une cicatrice. Une plaie chargée de pue.

Les lèvres pincées, elle laisse son fiancé essayer d'évacuer ce chagrin qui l'étouffe et l'accapare. Elle aimerait une solution miracle au moins ça pour réussir à l'aider. Mais ça n'est pas aussi simple. Et un verre brisé, même recollé, garde toujours ses marques, ses brèches. Elle sent elle-même les larmes lui monter aux yeux mais Tori les ravale quand celle de Peter se tarisse finalement. Et la tête posée contre son dos, la japonaise peut entendre sa voix vibrer dans sa poitrine, comme un écho, une cavité profonde où tout résonne étrangement. Elle se redresse, sans le relâcher totalement, elle dessert légèrement sa prise autour de lui.

Et l'écoute.

Lorsqu'il se retourne, elle le regarde et ferme un temps les yeux à sa main posée contre sa joue. Il n'imagine pas à quel point elle souffre par empathie pour lui. Elle souffre de ne pas réussir à le soulager. Elle souffre de ne pas pouvoir répondre à ses questions, lui amener les solutions qu'il espère. Elle ne revient le fixer que pour le regarder profondément, dans le fond de ses pupilles claires.

J'ai l'impression que les émotions sont comme des vases qui se remplissent et se vident progressivement, explique-t-elle dans des signes limpides : Il y a des fois où la colère déborde, parfois c'est la peur... Mais quand je te vois, je ne ressens que de la tendresse et de l'amour, certifie-t-elle simplement à l'égard de son fiancé. Elle s'est raccrochée à ça. Et à chaque fois qu'elle a pensé à lui, n'a voulu lui envoyer que ça. Pour essayer de le soulager. Si c'était seulement possible, dans cet enfer.

C'est pour ça que je veux vous protéger, ajoute-t-elle. Aujourd'hui, je suis soulagée que tu sois rentré. J'ai prié pour ça tous les soirs, je voulais juste que tu me reviennes, qu'ils puissent essayer de reconstruire leur famille. Que Takeo connaisse son père. Parce qu'il lui aurait été insupportable de devoir en parler à travers des mots creux. Je savais qu'il te ferait du mal, parce que Luke ne sait rien faire d'autre. Il ne sait pas aimer, il ne le saura jamais. J'aurais préféré que tu ne saches jamais ce que ça fait, par amour pour lui. On va te reconstruire ensemble, Peter, assure-t-elle en venant poser doucement ses lèvres sur sa joue : On fera au mieux, comme ils pourront.



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Re: Wreck of emotions

Lun 12 Déc 2022 - 13:30

J'étais épuisé. Mentalement épuisé par ce combat interne, contre moi-même, contre Luke, contre les souvenirs. Je ne tenais que par la force des choses, que parce que j'étais enfin chez moi et que je pouvais voir les visages de ceux que j'aimais, en partie. Est-ce que ça suffisait ? Parfois oui, d'autre fois, ce n'était pas assez et l'envie de fuir par la mer me tentait. Et je repensais alors à la femme que j'aimais, à notre enfant, à cette famille bancale que nous avions construit avec tous les autres fuckers. On en avait traversé des épreuves et là encore, c'en était une. Une de plus qu'il nous fallait surmonter aussi mais le doute ne me permettait pas de voir au delà de la difficulté que ça représentait. Tori m'assurait qu'on me reconstruirait, qu'on le ferait ensemble et regrettait que j'ai dû faire face à l'homme qui l'avait déjà brisé. Je comprenais enfin pourquoi elle avait refusé qu'on l'affronte, qu'on le cherche et le retrouve. Je comprenais mais je n'avais pas pu me résoudre à rendre justice. C'est pour ça, aussi, que je ne m'empêche pas de penser à mon ennemi. S'il n'est pas mort, ce dont je doute, alors je le traquerai, un jour pas fait comme un autre et si ce n'est pas demain ou le mois prochain, je finirai pas l'abattre. Je ne pouvais me résoudre à accepter ma défaite. Cependant, je savais que je n'impliquerai plus personne à part moi. La chose était devenue plus personnelle encore...

Néanmoins, pour l'instant, ce n'était pas ce qui comptait le plus. Je venais renifler une énième fois alors que mes yeux se posaient sur la japonaise. Ca ne faisait que quelques nuits que j'étais rentré et je ne me souvenais pas l'avoir regardé aussi longtemps. Pas que je n'éprouvais plus de plaisir à l'observer mais, hanté par mes idées noires, j'avais oublié combien je pouvais l'aimer et la trouvais magnifique. Suivant mon instinct, je venais dégager son visage en rangeant une de ses mèches rebelles derrière son oreille. La fatigue tirait ses traits, ses yeux en amande, parés de cernes creusées ne l'empêchaient pas d'être belle alors que je venais lentement détailler son visage en y glissant les pouces, venant caresser ses tempes jusqu'à ses pommettes pour en faire le tour, allant redécouvrir ses joues, ses lèvres pour les redessiner et ses fossettes qui me faisaient constamment craquer d'amour quand elle souriait... Il nous avait brisé, séparément mais ensemble, on pouvait faire de grandes choses, on en était capablet et ça avait été prouvé plus d'une fois. N'en déplaise au karma, aux dieux ou à tout autre présence nuisible potentiel, on avait tenu bon. Takeo était à côté et montrait à quel point notre couple tenait bon, à quel point il était possible de nous relever, tant qu'on était ensemble. En une seconde, me revint en mémoire notre rencontre particulière, nos moments de silence, nos disputes, nos réconcilliations. Et une certitude. Tori n'était pas comme toutes les autres femmes que j'avais pu fréquenter. Je m'étais si longtemps accroché à elle, j'avais tellement changé pour elle, grâce à elle... Que même dans le contexte actuel de notre relation, je comprenais à quel point je pouvais être chanceux. Dans un élan de désir, je venais l'embrasser, goutant à ses lèvres comme un naufragé qui revenait à la vie, un dément retrouvant la raison. Ce n'était pas que de l'amour mais un besoin, ce genre de besoin qu'on avait de reprendre son souffle, d'affronter la peur et de détourner l'attention. Je n'avais pas besoin que ma future épouse s'apitoie sur mon sort, juste qu'elle oublie, qu'on oublie, qu'on se détourne de cette réalité.

Et alors que je ne quittais ses lèvres, je la repoussais petit à petit jusqu'à notre chambre, la guidais jusqu'à notre couche pour l'y pousser en prenant garde de ne pas la brusquer ou lui faire mal. Un instant, je m'arrêtais, regardais ma partenaire avec intensité et la rejoignais juste après pour un nouvel échange de baisers, plus passionnés les uns que les autres. Pour finalement arrêter. C'était au dessus de mes forces... Un soupir venait s'échapper d'entre mes lèvres et je portais ma main droite à mon visage pour me cacher les yeux, un peu honteux de la situation. "Désolé..." murmurais-je en relevant le regard vers la nippone. "Même ça, j'y arrive pas, là tout de suite..." que j'admettais en m'asseyant sur le lit. Et si tout ça avait détraqué un truc dans ma tête ? Pinçant les lèvres je soupirais encore une fois. "J'ai eu des électrochocs et j'ai... L'impression d'avoir le cerveau en compote. Que... C'est vide et que plus rien marche correctement dans ma tête." admettais-je sans grande peine, conscient que c'était la première fois, depuis mon retour que je parlais de ce que j'avais vécu, tandis que mon épaule redevenait douloureuse et que j'avais la sensation que mes côtes se brisaient à nouveau alors que je faisais attention à ne pas forcer. Lentement, je venais observer mes poignets où la trace de mes liens subsistaient encore et j'avalais ma salive un peu maladroitement. "J'ai du mal à... Reflechir ou a resté concentrer... Et parfois j'crois que j'hallucine parce que j'sais pas ce qui est vrai ou non... Comme si j'étais perdu mais dans mon esprit." disais-je sans être certain de me faire comprendre correctement pendant que je prenais conscience qu'on était réellement dans l'après libération. Physiquement j'étais là, mentalement... Un peu moins et finalement, en y repensant, Luke avait bien réussi a briser un truc en moi, sans que je m'en aperçoive tout de suite...
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Re: Wreck of emotions

Mer 14 Déc 2022 - 11:44

Elle ne pense pas que les mots pourront faire quoi que ce soit pour le soulager. Elle n'imagine pas la quantité de douleur qu'il y a à l'intérieur de lui. Peter peut avoir l'air fort, mais la japonaise est consciente qu'il y a toujours eu chez lui une fragilité qui s'est imposée. Ses addictions en sont la preuve, l'affirmation tangible. Lorsque ça n'était pas l'alcool, ça a été le sexe, et ce point est devenu primordial dans sa vie, au point de laisser ces envies contrôler tout un aspect de sa personnalité. Pour elle, Peter a fait des efforts monstrueux, qui prouvent que sa volonté n'est plus à prouver. Mais pour la première fois depuis le début entre eux, Tori craint que la blessure ne puisse pas être surpassé. Elle craint que ça soit définitif, indélébile, ou qu'elle lui demande encore le double de force pour s'en sortir.

C'est pour ça qu'il y a de la douleur dans ses baisers. Pour ça qu'elle les lui rend en se sentant envahi autant par un amour grandissant que par une peine immense. Elle ne veut pas que son Peter soit brisé, encore. Qu'il ne soit qu'en morceaux, disloqué, en souffrance. Et elle réalise qu'elle ne peut rien faire pour empêcher ça, ou seulement pour réparer ce qui a été cassé. Toute son existence, les brèches existeront, comme lorsqu'on fracasse du verre et qu'on le recolle ensuite, les marques restent comme la preuve d'un passé violent. C'est ce qu'elle a subi. Les stigmates, les cicatrices, elles sont nombreuses et racontent la même histoire à chaque fois. Les mutilations ne sont pourtant pas forcément visibles...

Mais couchée sur le dos, Peter au-dessus d'elle, l'homme se redresse et se stoppe dans ses gestes jusque-là empressés et passionnés. L'inquiétude ne peut que la cerner et l'étouffer alors qu'elle porte sur lui un regard soucieux en s'agenouillant à côté de lui. Elle remet son haut en place pour se couvrir, et l'écoute à nouveau. Sa main caresse lentement ses cheveux, dans un geste rassurant et apaisant, pour le laisser se livrer et lui parler comme il en aurait besoin. Qu'est-ce qu'il se passe ? signe-t-elle tout bas. Jusqu'aux explications, et toute l'horreur qu'elles représentent.

Tori serre les lèvres, envahie par une vive émotion qui vient noyer ses yeux un instant. Son monstre lui a fait du mal. Je suis désolée, lui dit-elle alors en baissant le regard : Tu en as parlé à Faith ? Elle se raccroche à la personne en qui elle a le plus confiance pour ça : Peut-être qu'elle peut faire quelque chose, même si elle n'a aucune idée de si c'est vrai. Si c'est seulement possible. Elle a un soupir de circonstances, ravalant son émotion pour ne pas l'imposer à Peter. Il n'a pas besoin de ça. Il n'a pas besoin qu'elle lui impose ses peurs et l'empêche de se reconstruire comme il le peut en la portant - encore. Toujours. C'est à son tour de fournir un effort.

Je ne sais pas comment t'aider, ou ce que je dois faire pour que tu ailles mieux, Peter, admet-elle alors avant de saisir la main de l'homme pour la placer sur sa joue : Mais c'est nous ta réalité. Là où nous sommes, c'est là où tu dois être, et il n'y a rien de plus réel que ce qu'ils sont. Je suis vraie, signe-t-elle en forçant un sourire, venant embrasser tendrement sa main avant de la poser là où est son coeur. Tout ce que tu vois, ce que tu sens, c'est vrai, et elle pourrait le noyer d'amour pour qu'il réalise qu'il n'y aura rien de moins que ça pour leur famille : Je t'aime et ça n'est pas une hallucination, promet-elle simplement.



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