29 Juillet 2022,
tôt le matin

D'humeur bougonne, Emma regarda le soleil se lever sans vraiment le voir, n'y prêtant qu'une attention relative. Elle savait que la porte de sa chambre n'était pas fermée à clé, mais chaque fois qu'elle essayait de se faufiler à l'extérieur, chaque fois qu'elle arrivait à se glisser dehors, Valerian surgissait et la ramenait à l'intérieur en la houspillant. La petite commençait même à se demander s'il n'était pas robotisé, à tout savoir et deviner ainsi. Ou alors, il était...quel était le mot, déjà ? Les sourcils froncés, Emma se concentra sur sa pensée, à la recherche du mot qui lui manquait. Elle se souvenait qu'il y avait eu une fête et qu'elle avait en vu un, faire ses tours...Un magicien !  Voilà, c'était sans doute un magicien qui devinait tout. Mais même la pensée incongrue de voir Valerian sortir un lapin d'un chapeau ne dérida pas la petite.
Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là, ni pourquoi le barbu ne voulait pas la laisser dormir dehors. Ni pourquoi il avait l'air d'être constamment en colère. Lâchant un profond soupir, Emma se pencha légèrement en avant et colla son front contre le carreau frais de la fenêtre. La barrière était si mince pour qu'elle réussisse à sentir le vent la frôler doucement, comme d'habitude. C'était ainsi qu'elle s'était endormie et réveillée ces dernières années, et la petite ne comprenait vraiment pas cette lubie qu'avaient les humains de se couper de cette façon. Elle se souvenait bien avoir vécu dans une de ces maisons, elle aussi, mais les choses avaient changé depuis. A présent, Emma n'arrivait pas à dormir dans un lit, et même le sol ne parvenait pas à la rassurer. L'odeur de la terre et de la mousse, le vent qui sifflait entre les branches de son petit abri, tous les petits bruits indiquant la présence d'une vie nocturne étaient devenus autant de repères rassurants qu'elle avait brutalement perdus.
Emma redressa brusquement la tête, fâchée contre sa propre stupidité. Elle avait testé la solidité des murs, mais pas des fenêtres ! Celles-ci semblaient plus fines que les murs, et la petite réussirait sûrement à la briser, laissant ainsi le vent venir jusqu'à elle ! Ragaillardie par cette pensée, Emma fouilla la pièce du regard, à la recherche d'un objet suffisamment solide pour accomplir cette tâche, et avisa une statuette sur une étagère. La petite la prit et la soupesa et satisfaite de son choix, la leva à deux mains au-dessus de sa tête. Objectif : se débarrasser de cette fichue fenêtre et laisser enfin l'air rentrer !
Au moment même où elle allait jeter la statue contre la fenêtre, la porte s'ouvrit derrière elle et Emma sursauta dans un glapissement surpris. Elle lâcha l'objet qui vint s'écraser à ses pieds, les manquant de peu, et par réflexe, retroussa les lèvres pour montrer les dents dans un grognement qui se voulait terrible. En apercevant Dana, Emma fit un pas en arrière et planqua ses mains instinctivement. Pas question qu'elle l'attache encore une fois et la prive de ses bras. L'observant avec méfiance, la petite attendit la suite, tendue et aux aguets.