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A la pêche aux mouleumouleumouleu | ft. isalín lokisdóttir

Mer 7 Sep 2022 - 0:52

Le temps se rafraîchissait doucement. L’aube était humide, une fine rosée se déposait chaque matin sur sa tente, empêchant sa combinaison de bien vouloir sécher. C’était une sensation assez peu agréable que de devoir enfiler l’épais lycra encore mouillé et particulièrement froid. Si cela n’avait tenu qu’à elle, sans doute qu’elle se serait contenté de se mettre dans l’eau dans un appareil un peu plus simple. Seulement elle ne s’apprêtait pas à prendre un bain dans une source chaude, mais bien à rester dans l’eau de la baie pendant plusieurs heures. Elle ne s’en plaignait pas trop en vérité. Là-bas, elle n’avait pas à affronter les regards lourds de reproches, de jugement. Sous et sur l’eau, son esprit se vidait et elle pouvait s’abandonner à sa tâche sans que de sombres pensées ne viennent s’attaquer à son esprit déjà blessé. Il n’y avait plus que le bruit du sang battant contre ses tempes alors qu’elle retenait tant bien que mal son souffle, brûlant ses poumons. A tâtons, elle passait sa main entre les rochers à la recherche de quelques imposants crustacés, mollusques ou autre. Chaque cavité était explorée, totalement à l’aveugle. Betsy ne comptait plus les fois où elle avait manqué de se faire couper un doigt par quelque homard ou crabes. Mais la sensation qui entourait son bras était bien différente. Avec la disparition du trafic maritime la faune locale avait repris ses droits, et l’épais masque d’encre qui se répandait dans l’eau était typique de ce que la jeune femme pouvait trouver ici. Les imposantes tentacules s’accrochait à son bras, ultime menace de l’énorme pieuvre qui ne souhaitait pas quitter son logement. Pourtant son éviction était inéluctable, mais l’invertébré résistait, allant même jusqu’à enfoncer son bec pointu dans l’épaisse combinaison, obligeant Lizbeth à laisser échapper quelques précieuses bulles d’oxygène sous la douleur. La peau lisse de son adversaire ne lui laissait aucune prise. Remonter pour prendre de l’air était synonyme de défaite, et surtout d’abandonner sa proie qui tâcherait de trouver une meilleure cachette. Finalement, la pieuvre géante du pacifique se décida à sortir de son repli, s’accrochant fermement à son bras et même à tout son buste, recouvrant presque complètement la canadienne. Remontant aussi vite que possible à la surface, elle tâcha de remplir sa cage thoracique autant que possible. Une tâche rendue compliquée par le tentacule de presque deux mètres qui venait se coller à son visage, tirant sur ses cheveux. Heureusement, la terre ferme était à portée. Une fois sortie de l’eau, l’invertébrée n’avait plus pour objectif que d’y retourner, abandonnant donc sa prise. L’occasion idéale pour la jeune femme de planter son couteau dans l’étrange tête de sa pêche à plusieurs reprises, tâchant de trouver les trois cœurs du mollusque.

Ainsi, elle se trouvait à genoux, éreintée par cette première et seule prise. L’animal, encore agité par quelques derniers spasmes, gisait dans le sable. Lizbeth faisait peine à voir, son visage était encore marqué des ventouses de la pieuvre et de l’encre qui ne tarderait pas à sécher, la marquant pour plusieurs jours. Une cicatrice de guerre dont elle se serait bien passée, d’autant plus que cela risquait d’attirer bon nombre de regards. Son avant-bras saignait abondamment et les épaisses gouttes venaient sécher à côté de son trophée, témoin de l’âpre bataille qui venait d’être livrée. L’eau salée n’aidait pas vraiment à adoucir sa souffrance. Elle le savait, cette plaie mettrait un long moment à cicatriser et peut-être même qu’elle mériterait quelques points de sutures. Pour autant elle ne pouvait pas se permettre de se reposer sur ses lauriers. Bien que cela faisait déjà plusieurs mois qu'elle se trouvait au sein des Havens, elle continuait de faire son possible pour montrer qu'elle méritait sa présence ici bas. Ou du moins tentait-elle de se racheter du coût qui avait été payé.

Là où d'aucun avaient retrouvé un semblant de vie normal dans leur camp respectif, Lizbeth continuait de survivre, tant bien que mal, ne sachant pas vraiment de quoi le lendemain était fait. Cette solitude dans laquelle elle se cloitrait n'avait rien de sain, au contraire. C'était un mutisme toxique, triste au possible. Elle se sentait insignifiante, lamentable et pathétique. Finalement, sa santé mentale ne s'était pas franchement améliorée depuis son départ du trou à rat dans lequel elle servait d'esclave. Comme pour saper encore un peu plus son moral, quelques gouttes de pluie commencèrent à s'abattre sur le sommet de son crâne, annonçant le début d'une averse. Sur le principe cela aurait sans doute dû lui en toucher une sans faire bouger l'autre. Mais elle était à fleur de peau, et un rien l'aurait fait craquer à cet instant. Toujours les genoux dans le sable, les bras ballants et son énorme pieuvre devant elle, elle releva la tête, la penchant en arrière, comme pour faire rentrer les quelques larmes qui faisaient leur apparition dans le fond de ses yeux. Son attitude changea cependant en un instant lorsqu'une branche rompit le petit bruit de la pluie qui s'abattait sur les feuilles des arbres alentour. Debout sur ses jambes, couteau en main, elle s'apprêtait à faire face au moindre rodeur qui serait passé entre les lignes. De son bras libre, elle s'essuya le visage, reniflant pour dégager ses narines.

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Re: A la pêche aux mouleumouleumouleu | ft. isalín lokisdóttir

Jeu 8 Sep 2022 - 10:02

Nouvelle nuit, nouvelle insomnie. Joachim s’est absenté sans elle, et elle commence à regretter de ne pas s’être portée volontaire également. Le vide qu’il laisse ravive les souvenirs trop récents du printemps, où elle angoissait chaque jour, chaque heure et chaque seconde de le savoir peut-être en train d’agoniser entre les mains de New Eden. En théorie, tout va bien : il est partie entouré, il se rend simplement à Gig Harbor pour quelques jours, mais… elle n’est plus si à l’aise qu’elle l’était avant, seule ici. C’est comme si la parenthèse passée dans le monde avait cassé quelque chose en elle qu’elle ne savait pas comment réparer.

Il ne fait pas encore jour quand l’Islandaise commence ses exercices de souplesse, bercée par les va-et-vient de l’océan. Elle a gardé cette habitude, pour ne rien perdre de son agilité – ou si peu – comme si demain risquait d’arriver une lettre la conviant aux prochains JO d’hiver. Si ses calculs sont exacts, ils sont dans une année olympique. Ce monde gâché par les adultes vient donc officiellement de lui voler une sa chance d’être championne…

En dépit de la fraîcheur de cette matinée, le front d’Isalín perle de sueur quand elle termine. Son débardeur colle à sa peau moite, elle s’essuie rapidement la tempe avec le dos de sa main et jette sa courte chevelure noire en arrière. Tandis qu’elle époussette le sable accroché à son leggin, elle entend du bruit provenant de la mer, probablement quelques mètres en amont de sa position. On dirait quelqu’un qui se noie, ou un monstre qui se débat pour s’extirper des flots. Dans les deux cas, c’est un problème ; et elle est pile entre deux postes de surveillance, possible qu’ils n’aient rien vu.

Quelques instants plus tard, ce qu’elle découvre est surprenant. C’est Betsy en plein combat avec… une pieuvre ?! La jeune femme observe son aîné achever l’animal une fois sortie de l’eau et le laisser s’échouer sur la plage. A son tour, elle tombe à genoux, blessés et marquée au visage. C’est impressionnant ! Dans tous les sens du terme. Malencontreusement, Isalín piétine une branche dont le craquement trahit sa position. La réaction ne se fait pas attendre, alors elle lève les bras en signe de paix et clame :

- C’est juste moi ! Désolée, ouais, c’est con d’espionner en fait, c’est le manque de sommeil qui lui fait perdre les pédales, j’m’étirais juste à côte et j’t’ai entendu et… bref. C’était dément ! Grave ! Mais son enthousiasme ne semble pas partagé par la navigatrice, alors son sourire se transforme en grimace de compassion, t’as besoin d’aide pour euh… quelque chose ? T’veux qu’j’aille chercher Nolan ou…
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