Le regard posé sur la pile de dossiers qui me fait face, je lisse à nouveau ma robe. Non, je ne me lèverai pas pour les replacer correctement et les aligner. Ce serait déplacé, et inutile. Le tictac régulier de l’horloge est terriblement agaçant non ? Suis-je quelque peu stressée ? C’est fort possible. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir dire, ni comment le dire pour que cela ne paraisse ni importun, ni trop moralisateur. Même s’il faut bien avouer qu’il se comporte un peu comme un idiot en nous évitant tous autant que possible… Et je ne parle même pas de son épouse.

J’ai longuement hésité avant de venir. Et quand je dis longuement, je veux dire durant des semaines. Dire que je n’ai pas vraiment envie de m’en mêler serait un euphémisme. J’apprécie énormément Neela, et tout autant Min-Oh. On pourrait croire que ce dernier est plus difficile d’accès, ce qui est sans doute vrai à la réflexion, mais j’ai parfois quelques difficultés à suivre la jeune femme et son exubérance. Pour autant, j’ai effectivement appris à les connaître et ils sont devenus des personnes auxquelles je tiens énormément. Ce qui ne m’autorise pas pour autant à me mêler de ce qui ne me concerne pas. Ce qui ne me donne donc pas pour autant envie de le faire.

J’ai malgré tout envie de les aider. Ce qui est quelque peu contradictoire et problématique je sais. Je pourrais arguer que  je ne suis pas venue à la clinique pour essayer de voir Min-oh. Enfin si. Mais pas à ce sujet. Ce ne serait que la vérité. J’ai du mal à me reposer. Cette fatigue entraîne sans doute les maux de tête et les vertiges que j’ai depuis quelques temps. Je ne sais depuis quand, mais il faut croire que je me suis suffisamment plainte pour que Benjamin insiste pour que je prenne rendez-vous. Peut-être a-t-il aussi remarqué que je ne mangeais guère… Et s’il est toujours mécontent – c’est peu de le dire – de mon intervention face au général McCoy, je vois bien qu’il s’inquiète pour moi. C’est bien pour cela que je suis ici. Pour le rassurer. Pour pouvoir lui dire qu’il n’y a qu’un peu de stress et de fatigue, rien de plus.

Je retire sagement mes mains des dossiers que je rangeais – oui je me suis levée - en voyant Min-Oh arriver. Un dernier petit geste pour finir de les remettre correctement et je le rejoins avec un sourire. « Bonjour docteur. » Je le suis sagement jusqu’à son bureau, le laissant refermer la porte avant d’hésiter et de finalement le prendre brièvement dans mes bras. « Je suis contente de te voir. »