Cela fait déjà quelque temps que Rebecca marche dans la direction que l’un des hommes qu’elle a rencontré lui a donné.   Le chemin est long, les informations imprécises et la jeune femme qui a préféré marcher le long de la mer sur ce qui était la grande route. La végétation avait bien pris le dessus sur la route, des arbustes poussaient et nul doute que la pluie accompagnait Valentine allait les aider à pousser. Les véhicules abandonnés, rouillés toujours en place sur le bitume mais abimés par le temps, les accidents et les pilleurs.

La vue sur la mer est toujours agréable, cela rappelle ces vacances avec Claudia juste avant que tout dérape. Des moments calmes, des moments doux et loin de tout ce monde post-apocalyptique. Rebecca est vite coupée par le bruit d’un rôdeur, se baladant dans le fond, n’ayant vu personne. L’ancienne agricultrice se cache discrètement et continue son chemin. Son ventre gargouille, c’est justement pour cela qu'elle a pris la décision de donner un coup de main ce jour à The Haven comme lui avait proposé Lee Huang lors de leur rencontre. Valentine n’avait qu’une envie, un bon gros repas, un vrai, autre que ces pommes qui est quasiment son seul repas. Il y a bien eu ce serpent, qui était des plus dégueulasse à manger mais bon,  au moins c’était autre chose que de la pomme.


C’est en continuant le chemin et en s’enfonçant en direction de l’ancien musée que Rebecca commença à se rappeler qu’on lui avait conseillé de faire attention aux pièges en s’approchant du lieu.  S’il y en a bien un qui n’a pas vu le piège, c’est ce rôdeur, au fond d’un trou et percé par ces multiples bâtons taillés.  Celui-ci ne faisait que faire du bruit,  ne pouvait pas se déplacer… la jeune femme lui planta son couteau dans la tête pour repousser le corps un petit peu plus loin et remettre du feuillage au dessus du piège afin que celui-ci soit de nouveau opérationnel.

La direction que prend la jeune femme n’est pas précise, celle-ci va de droite à gauche, de gauche à droite sans trouver vraiment jusqu’au moment de voir une barricade à travers les arbres. Rebecca s’approche lentement du bâtiment et voit qu'à l'angle se trouve une tour de surveillance avec une personne dessus, ça doit bien être l’endroit recherché.

C’est en mettant son arme dans son sac puis en levant les mains que la jeune femme approche de la barricade d’un air sur d’elle.  Elle n’a aucune idée d'où elle va mettre les pieds mais celle-ci ne veut pas montrer qu’elle peut douter d’elle,  ne veut pas montrer la moindre faiblesse. Puis, il faut se rendre à l’évidence aussi, Rebecca se rend compte qu’elle ne peut vivre seule,  c’est d’ailleurs le premier jour ou elle n’attendra pas le possible retour de sa compagne autour du lieu de l’accident. Ce n’est même pas vers la porte mais en direction de la tour qu’elle se dirige pour parler à la personne qui la surveille en train d’arriver.  

R.V - “ Bonjour, je m’a’... “  

Valentine est coupée directement par la personne dans la tour qui lui indique la porte d’entrée du fort.  A cette porte se trouve un homme armé, méfiant.  L’ancienne agricultrice se rend donc dans sa direction en se présentant à lui, toujours les mains en l’air.  

R.V - “ Bonjour, je m’appelle Rebecca Valentine.  J’ai croisé Lee Huang et certains de ses compagnons il y a quelques jours.  Il m’a invité à venir ici pour rendre des services en échange de provisions où autres choses “

Le grand brun qui était à la porte demanda à la jeune femme de ne pas bouger, lui demanda si elle était armée et lui dit d’attendre que Lee Huang arrive.   Une fois celui-ci présent, il fit signe à son camarade que c’était bon et les deux commencèrent leur discussion.

R.V - “ Bonjour Lee,  comment tu vas ?   Je me suis dis que vous auriez peut-être besoin d’un coup de main aujourd’hui pour quelque chose comme tu m’en avais parlé. “

Le grand gaillard qui retire ses gants, montrant qu’il était en plein travail lui aussi et la vue de la transpiration sur son front confirmait cela.  Il semblait tout de même fatigué mais à l’agitation que la jeune femme pouvait voir dans le camp en y entrant, celui-ci

L.H - “ Salut Rebecca,  ça va merci, j’espère que toi aussi. Hmm, on est un petit peu en plein déménagement, c’est un petit peu le bordel mais je pense justement qu’il y a du travail à faire du coup.  Donnes moi tes armes et suis moi “

Pendant que Reb’ donne son sac à Luan et que celui-ci lui indique où elle pourra le récupérer, le duo avance dans le camp et au fil des pas la jeune femme peut voir leur organisation et tout le materiel qu’ils ont.  Valentine se dit que si elle n’avait pas encore espoir de retrouver sa compagne, elle s’inviterait peut-être à rejoindre le groupe mais bon, on ne sait jamais si Claudia revient dans le coin.  Son accompagnateur lui explique un petit peu ce qu’il a en tête pour elle.

L.H - “ De mémoire aujourd’hui il y a bien la petite Kaya qui a une énorme machine d'entraînement à démonter.  Pour t’expliquer, elle a été amputée de l’avant bras donc ton aide ne sera pas de trop à la taille de la machine que sa mère a créé “

L’ancienne agricultrice écoutait tout en admirant ce qui se passait autour d’elle, elle voyait des enfants jouer, des camions de l’armée en état de fonctionnement, de la vie.  Ca lui faisait un petit peu pensé au temps qu’elle a passé dans le groupe de la caserne, un petit sourire s’affiche sur son visage.  Celui s’agrandit encore plus en voyant le Ford F-150 dans le garage,  son père possédait le même à la ferme,  la jeune femme s’arrêta deux secondes le temps de le regarder au loin, à 20 ou 30 mètres d’elle.    

R.V - “ Oui, oui pas de soucis, je peux l’aider à faire ça sans problème.  Je travaillais dans une ferme et j’ai eu l’habitude de monter ou démonter des barrières, des bâtiments à la ferme.  Ca vie ici, ça fait plaisir à voir ! “

En passant à côté du Stand de tir qui se faisait démonter,  Lee Huang lui répondit rapidement.

R.V - “ Oui, on apprécie toujours de voir toute cette vie autour de nous,  ça nous fait oublier ce qui se passe derrière les barricades.  Tant mieux si tu peux gérer avec Kaya,  tu sais ,c'est un sale caractère celle-ci mais au fond, c’est une jeune fille vraiment agréable.  Si tu veux, en échange de ton coup de main, ce soir tu dors ici, on a bien un mobil home de disponible et on t’offre les couverts.   Je pense que ça peut te faire du bien de voir du monde. “

Il avait totalement raison,  la solitude commençait à taper sur le moral de Rebecca,  l'obscurité de son camion frigorifique aussi c’est pourquoi ce genre de “ week end “ lui ferait le plus grand bien.  Juste de socialiser, voir la lumière du jour,  de la vie… d’ailleurs une enfant vient en courant vers Valentine pour lui demander tout innocemment qui elle était.  Rebecca s’arrête et lui répond en lui donnant son prénom et dans un élan de gentillesse lui propose sa pomme.   Ce n’était rien pour elle, sûrement rien pour la petite  mais c’est simplement tout ce qui restait à Reb’ mais qu’elle voulait partager avec la petite.

Les deux reprennent le chemin jusqu'à arriver à côté d’un entrepôt.  Il y a en effet des sortes de grand pilones en bois installés et la jeune femme ne comprends vraiment pas ce que c’est.  Elle jette un oeil au loin et en se rapprochant vit une jeune femme de dos. Une petite brune, en train de regarder la machine qui paraissait encore plus grande à côté d’elle, sous cette pluie qui ne s'arrêtait pas. Rebecca s’approche et se présente à elle directement.

R.V - “ Salut, Rebecca. Il semblerait que tu aies besoin d’aide pour démonter cette machine ? “

Lee Huang était à côté de l’ancienne agricultrice, les deux se tenant côte à côte.

La pluie continue de tomber, le temps n’est vraiment pas au beau fixe et là, ce qui ferait juste plaisir c’est un bon feu de cheminée dans une maison correctement isolée.  En toute sécurité, juste fermer les yeux et sécher avec un bon chocolat chaud…    Quelque chose qui n’existe plus depuis un bon paquet d’années maintenant.

K.S - Ah oui ?  Il semblerait ?

Rebecca allait répondre coup sur coup, que c’est ce Lee Huang lui a dit en arrivant sur le camp puis pour être honnête, que la jeune femme aie besoin d’aide ou non ce n’était pas le problème de Valentine, celle-ci voulait juste faire ce qu’on lui demande pour avoir un bon repas à la fin de la journée, les fruits ne lui suffisaient plus.  Une bonne tranche de bœuf, la cuisson marquée par la grille… accompagnée de ses frites bien salées…   C’est bien beau de rêver, un ragoût bien chaud ferait clairement l’affaire.

La jeune femme à qui vient porter main forte Rebecca est entrain de regarder l’immense machine face à elle. Les yeux de l’ancienne agricultrice vont dans la même direction et les deux doivent se dire la même chose, c’est qu’il y a du boulot et pas qu’un peu.  Valentine constate que c’est du solide comme machine,  elle ne sait pas ce que ca peut être et n’ose pas vraiment poser de questions, elle n’est pas là pour ça.  Rebecca jette un œil à droite, à gauche pour voir si des haches où des scies sont à portée de main.

K.S - Et tu es qui, Rebecca ?

Cette phrase sort Rebecca  de ses pensées et de sa recherche d’outils pour venir coucher cette immense construction.  Valentine regarde donc cette inconnue qui l’interpelle sur son identité, s’apprête à lui répondre, regardant la pluie couler sur son visage,  ses propres cheveux dégoulinants aussi.  Temps de merde..  

K.S -La dernière recrue ?

Rebecca attrape la hache qui se trouvait à côté, commence à vérifier le fil de la lame qui est bien entretenue. Elle commence à répondre à son interlocutrice :

R.V - " Une sim.. "

La petite brune n’a pas dû l’entendre et coupe la parole en donnant les directives rapidement,  le bruit de la pluie et des mouvements autour d’eux ayant dû couvrir la voix de Rebecca.

L'idée c'est de la démembrer, de récupérer les pièces métalliques et de faire du petit bois du reste. L'ennui, c'est qu'on risque un peu d'se faire écraser si la machine tombe pas comme on l'a prévu !

K.S - " Oh et moi c’est Kaya, si jamais ! "

Ah, enfin un prénom à mettre sur cette personne !  La jeune femme lui tend la main pour une poignée à laquelle Rebecca réponds avec plaisir et fermement comme à son habitude.  Nullement une provocation, juste une poignée de main pleine de respect et d’autorité naturelle, le tout accompagné d’un signe de la tête.

R.V - “ Enchanté,  j’ai croisé Lee Huang et des amis à vous lors d’une sortie au niveau des pommiers le long de l’autoroute à l’Est.  Je leur ai donné un coup de main pour sécuriser un petit peu autour d’eux et on m’a un petit peu parlé des services rendus par des personnes comme moi contre un peu de confort, un peu de nourriture.  En échangeant, il m’a parlé d’entreprendre quelques tâches contre une bonne nuit de repos et confortable. “

Rebecca regarde la machine de bas en haut et se dit qu’une journée ne suffira clairement pas puis repense à ce que vient de dire Kaya.  Celle-ci ne semble pas vraiment avoir la technique mais Valentine ne veut pas non plus la brusquer. A son âge c’est quelque chose de plutôt normal puis bon, ne sachant pas depuis quand celle-ci a été amputée,  l’ancienne agricultrice se doute que ce n’est pas à elle qu’on demande habituellement de couper un arbre.  Après tout, ce n’est pas parce qu’elle a un handicap qu’on ne doit pas lui apprendre les choses qui peuvent servir à la survie, c’est pourquoi l'expérience de la vie à la ferme va changer


R.V - “ Pour la direction de la chute de l’arbre où la d’un des troncs,  ce qu’on faisait à la ferme,  on coupait en forme de triangle pour donner une direction à la chute.  Vu que je suppose qu’aucune tronçonneuse n’est disponible, ce sera soit à la scie pour que ça tombe et qu’on perde le moins de bois.  Soit, on tape à la hache du même côté en forme triangle pour que ça tombe dans le sens.   Tout dépend du matériel à notre disposition. "

Valentine reprend la hache et porte un premier swing de hache, puis un second, le tout plein d’entrain et de façon bien bourrine.  Tout en tapant,  Rebbeca explique, au rythme des accouts

R.V - “ Tu, vois, en, forme, comme, ca, pour, que, ca, tombe, la ! AAAARHH “

Le cri est celui de Reb’ qui s’autorise enfin à évacuer ces deux, trois semaines de frustration, pression et relâche tout dans la violence de ses coups.[/color]