Je grimpe, du coup, ruminant un peu les dernières paroles de ma soeur par rapport à la panique. Enfin, je ne considère pas que j'ai réellement cédé à la panique, en réalité. Autrement, je ne serais pas de retour avec de l'aide, et nous ne serions pas activement à la recherche d'une solution. Vi n'est vraiment bonne qu'à râler, putain. Tout ce que je fais n'est jamais assez bien pour elle, de toute façon. Et moi je me casse le cul à essayer de la sortir de là, parce que madame est trop occupée à vouloir protéger tout le monde sauf elle. Je soupire. J'ai de la difficulté à la comprendre, parfois. Mais j'arrive bientôt au sommet, non sans manquer de me planter quand mon pied glisse trop vite. Je me rattrape, relevant le torse en inspectant ce qui m'entoure.

Et c'est particulièrement décevant. Je ne suis incapable de repérer une ouverture, ni même une possibilité de m'introduire quelque part pour éventuellement faire bouger les choses. C'est pas de chance, bordel. Tout ça pour rien, finalement. Je marmonne un peu, énervée, avant de respirer un grand coup. Je ne suis d'aucune utilité, ici - aussi bien redescendre plus tôt que tard. Sauf que mon pied glisse à nouveau sur les cailloux, et cette fois, je n'arrive pas à éviter la chute. Ma cheville craque, roulant vers l'intérieur alors que je tombe sur quelques mètres.

Je lâche quelques jurons, posant immédiatement la main sur ma cheville en fermant les yeux de douleur. Bordel, qu'est-ce que ça fait mal. Quelque chose de chaud coule sur mon menton, d'ailleurs, et je réalise que je saigne en posant les doigts sur mon visage. Du sang. Mais rien de bien grave. Ma cheville est définitivement plus inquiétante. Je tente de la bouger, et je hurle aussitôt. Par réflexe, je flanque ma main sur ma bouche, pour ne pas faire de bruit. Le triste constat est que je dois quand même redescendre, ce n'est pas comme si j'avais le choix. Quelle belle merde.

Je fais de mon mieux pour ne pas mettre de poids sur mon articulation blessée - mais c'est vachement difficile. J'ai des sueurs froides tant la douleur me coupe la respiration, mais je ne m'arrête pas. Je dois m'assurer que Vi puisse sortir de là, et que Quinn ne finisse pas en repas pour les décérébrés. Je suis concentrée sur mes pas, les billes fixées sur mes pieds, quand j'arrive finalement en bas. « Alors, je ne veux alarmer personne, mais une jolie petite horde est en train de faire son chemin vers - » Je la ferme trop tard, levant les cils sur Vi - hors de sa cave - et Quinn, mais surtout sur nos cinq copains que je viens d'attirer vers moi en parlant comme une idiote.

Mon regard vogue entre Shepard et ma soeur un instant, ne sachant pas quoi faire, sur le coup. Je ne veux surtout pas faire paniquer la blonde - et je sais qu'elle va se poser des questions en voyant le sang à mes traits, et la façon dont je me tiens sur une seule patte. Alors je prends une grande inspiration, je m'empare de mon bâton de ski aiguisé et je l'enfonce dans l'oeil du premier moche qui s'approche. Ce n'est pas simple de rester debout, je grimace,  mais j'encaisse la douleur en retenant mon envie de gerber. Mais quand le deuxième arrive près de moi, et que je l'empale dans la tempe, je tombe avec lui. Il est hors d'état de nuire, mais il m'empêche de bouger et de m'occuper des autres - là, sur moi, comme si j'étais son matelas personnel. Immobilisée, aveuglée, je ne sais pas quoi faire.

Et putain, l'odeur est presque pire que la douleur, là, tout de suite.

Au moins, la blonde semble en forme, et c'est un sourire sincère qui naît sur ses lèvres en réalisant qu'elle est indemne. Contente de te revoir. Assure Quinn non sans un sourire rassuré, avisant le reste de la pénombre qui ne donnait en rien envie de s'y attarder plus. Ne restait qu'à réceptionner Harper, et rentrer à la maison. Au moins, la sortie aurait été plus rapide que prévu, et avec leur peu d'équipement ? Ce n'était pas plus mal, elle ne pouvait pas le nier.
Mais son entrain se fait de trop courte durée, à son regret.

Les rôdeurs. Merde. L'annonce de Vi la fait légèrement blêmir avant de faire volte face vers les dépouilles ranimées, pestant en venant se saisir du pied de biche en haussant les épaules. Ca n'était pas une batte, mais ça ferait l'affaire pour aujourd'hui, hein.

Et on est même pas lundi... Soupire la rouquine, reprenant à l'attention de Vi. Elle cherchait une issue par le haut, au moins elle est en secur- Ah non. Non, vraiment pas, vu comment Harp revient vers elle deux en boitillant et annonçant une autre bonne nouvelle. Oh et puis merde. Voilà, un dollar dans la boîte à injures pour la peine. Harper, ne bouges p- Mais c'était un monde ! Pourquoi personne ne l'écoutait ici ? Avisant d'un air interdit la blessée se jeter sur les premiers rôdeurs et s'écrouler avec l'un d'eux, croisant le regard de Vi d'un air proche du dépit.

Relève là et fous la dans la voiture ! C'est bon, c'était dit assez fort cette fois ci ? Venant relever le pied de biche avec vivacité pour venir frapper la tempe du premier mort à sa portée avec force, se remémorant les entraînements de Connor. Mains fermement posées sur le pied de biche, tout juste incliné, au même titre que sa batte en aluminium. Comme à l'entraînement. Se répète la rouquine, alors que le second cadavre à sa portée rejoint rapidement le sol et qu'elle ne tourne la tête vers les deux soeurs.

Allez, avant que la horde arrive ! Combien, d'ailleurs ? Aucune idée. Mais assez pour lui donner envie de ne pas s'attarder ici pour le savoir, ça c'est une certitude...

Me tuer une fois qu'on sera de retour à la maison? Mais quelles conneries! Vi devrait laisser les sans cervelles me dévorer, tant qu'à faire. Mais certes - je ne discute pas. J'ai à peine le temps de m'abstenir de gerber quand elle me propulse sur son épaule comme un vulgaire sac de patates. Je résiste quelques secondes, tapant de mes poings dans son dos pour contester cette décision complètement loufoque. Sauf que je réalise que je pourrais lui faire perdre l'équilibre, et la douleur à ma cheville vibre toujours dans toute ma jambe. Je me calme un brin, du coup, jusqu'à ce qu'on me dépose dans la bagnole. Je tente de voir dehors, de repérer Quinn, mais je rencontre seulement le doigt de ma soeur et son visage en rogne. « Comment ça, pas de commentaires? Je tentais seulement de trouver une solution à un problème, enfin - » Violet n'a pourtant pas besoin de parler pour que je la ferme. Elle a raison. Si je veux rester en vie, je crois que je devrais m'abstenir de tout commentaire. Quelle putain d'emmerdeuse.

De toute façon, les morts sont partout autour. Quinn pose son cul du côté passager, tandis que Vi nous conduit loin d'ici. Je ne dis rien, les traits fermés, passablement frustrée par tout un tas de trucs. Ma cheville qui fait mal, oui, mais surtout le fait qu'on me prenne encore une fois pour une gosse qui ne sait pas ce qu'elle fait. Tout le monde fait des erreurs, merde. Je ne faisais qu'explorer nos options, ne serait-ce que pour sortir ma soeur d'une situation délicate. Et elle se fâche, évidemment. Quinn ne mentionne pas le moindre mot, le pire. Elle est sûrement de son côté. Comme tous les autres au sein de ce groupe.

On s'arrête finalement dans ce qui ressemble à une morgue - joyeux, quand même. Je n'ai pas le droit de m'extirper de la voiture avant que la blonde nous fasse signe que l'endroit est sécuritaire. Enfin, relativement sécuritaire, pour l'instant. Et ma très chère soeur s'empresse de me dire que je devrais me préparer à mourir, pour suivre le thème. Je soupire, vachement agacée. « Okay, tu veux bien arrêter, sérieux? T'es toujours là à te frustrer pour absolument rien alors que tu devrais passer à un autre appel. Je suis en vie. J'ai rien fait de mal. Tu me casses les couilles. C'est bon, tu peux fermer le dossier? » que je lui demande sans mettre de gants blancs alors que je passe à côté d'elle. Je tente de minimiser ma blessure, évidemment, même si chaque pas m'arrache une subtil grondement de douleur.

Je pose mon sac sur une table de métal poussiéreuse, regardant un peu autour en cherchant des yeux quelque chose qui puisse attirer mon attention. Rien. L'endroit est mort - sans mauvais jeu de mots. « Quelques heures dans une morgue avec toi - le rêve. » que je lâche à Vi avec un sourire profondément faux, le ton sarcastique. Je l'ignore ensuite, me préoccupant plus de ce qui se trouve autour de moi que de sa personne. Je cherche quelque chose pour immobiliser un peu l'articulation qui me fait mal - sans succès, mais je ne suis pas médecin, bordel. Alors je la ferme - et j'endure. Super ambiance.