25 novembre.

L’esprit de Valérian était balloté par des vagues indomptables qui, par intermittences, s’écrasaient en violents rouleaux d’écume avant de se rassembler de nouveau pour s’ériger vers les méandres de l’éveil. Elles ne l’atteignaient cependant jamais, ou seulement brièvement, si bien que le grec ne percevait en ces occasions qu’une partie de son environnement : des bruits étouffés de voix, l’odeur rance des onguents qu’on appliquait sur son corps, la peinture blanche du plafond...

Les jours qui s’étiraient interminablement n’étaient pas des jours pour lui, mais des périodes décousues de veille entrecoupées de rêves tremblants. Rongé par la fièvre, ses impulsions pour en émerger s’avéraient bien souvent vaines ; mais, lorsqu’il lui arrivait d’éprouver quoi que ce soit, allongé dans un lit de l’infirmerie, le grec était plongé dans une affreuse hébétude. Les souvenirs de cette nuit-là le martelaient comme une grêle de pierres. Alors, terrifié, Valérian rebroussait chemin pour replonger dans les méandres rassurants de l’inconscience.  

Plus les jours passaient, et plus il avait cependant conscience de la faiblesse de son corps et de la douleur qui s’y propageait comme une déflagration. Le grec était incapable de maîtriser les vagues de tremblements qui l’agitaient et qui éveillaient à chaque passage cette souffrance. À une occasion, il avait faiblement tâtonné son ventre. Ses doigts avaient rencontré les fils rêches des points de suture dont il était couvert. Ses épaules lui cuisaient affreusement. Il avait tenté de se redresser, mais s'était heurté à la résistance des liens qui le clouaient à son lit...

Les jours se décousaient les uns des autres. Une nuit, alors que l'infirmerie était plongée dans un silence où seule la faible respiration de Ruby, allongée dans un lit à l’opposé du grec, était perceptible, la porte émit soudain un bref grincement. Tenaillé par la fièvre, l’esprit du grec balaya néanmoins cette information, si bien qu’il sursauta faiblement lorsqu’une main froide, mais empreinte d’une infinie douceur, attrapa la sienne.

Il ouvrit les yeux, et s’efforça péniblement d’accommoder sa vision. « Qui est là ? » haleta-t-il d’une voix affreusement rauque qu’il reconnut à peine. Dans la pénombre, il distingua peu à peu les traits du visage d’Allïa. Un sanglot sec le convulsa alors. « Allïa ? C’est bien toi ? »

Combien de temps s'était-il passé depuis que les pirates avaient débarqué dans la baie de Crescent ? Quelques jours... trop, durant lesquels elle était restée cachée dans la forêt, à les espionner de loin pour que leurs ennemis ne la repèrent pas. Elle n'avait rien pu faire quand ils avaient réussi à attraper Anton. Elle avait assisté à son passage à tabac sans pouvoir intervenir. Si elle se montrait, nul doute qu'elle aurait subit le même sort.

Elle survit comme elle peut, chasse avec son arc de petits rongeurs, des lapins le plus souvent et ne s'autorise à les cuir que lorsque le vent est dans son sens et en pleine journée, pour qu'ils ne puissent pas la repérer. Elle est pas mal aidée par Echo aussi. A deux, ils se soutiennent. Ils ont observé les allers et venus des pirates pendant suffisamment longtemps pour commencer à connaitre leur routine et petit à petit, ils sont parvenus à mettre un plan en place.

En pleine nuit, Allïa se glisse donc le long des bâtiments qu'elle connait bien pendant qu'Echo monte la garde un peu plus loin. Elle peste en silence lorsqu'elle constate les maisons pillées, retournées, mais elle ne s'y attarde pas. Lorsqu'elle entend un bruit, elle s'arrête, interdite, suspendue de peur qu'un des pirates ne la surprenne ici. Elle patiente de longues minutes et ne reprend la route que lorsqu'elle est certaine d'être à nouveau seule. Ses pas la conduisent directement à l'infirmerie où elle espère trouver Valérian et les autres : Katlynn, Gin entre autres.

Elle pousse la porte qui grince et une nouvelle fois, elle s'arrête, guettant un signe ou un mouvement suspect mais il n'en est rien. Elle avise alors deux personnes allongées sur des lits. La première est Ruby, visiblement blessée. Elle semble dormir profondément. La seconde est Valérian et il bouge légèrement. Elle se rapproche et vient attraper sa main pour la serrer. « Oui, c'est moi » souffle-t-elle quand il la reconnait et prononce son nom. « Ne fais pas de bruit » murmure-t-elle avant de vite reprendre :  « Echo est avec moi, caché dans la forêt. Les pirates ne nous ont pas trouvé. Axelle, Maes, Emilie, Yulia, Cesare, Dana et les enfants sont partis loin d'ici. Ils sont en sécurité. » Au moins, il peut déjà se rassurer là-dessus.

Allïa l'observe plus particulièrement. Valérian est blême, blessé. Son corps semble recouvert de bandages. Bon sang, que lui ont-ils fait ?  « Que s'est-il passé ? Où sont les autres ? » Kaitlyn, Gin ?  « Pourquoi s'éternisent-ils ici ? » Elle a encore trop de questions mais elle a peur de presser un peu trop son ami.

Les pensées du grec se diluaient dans son esprit enfiévré. Il en perdait invariablement le fil qui, tortueux, serpentait dans des méandres insondables. Il était balloté au gré d’une houle puissante dont la main d’Allïa l’extirpa tout à coup. Valérian perça brusquement la surface de cet univers effervescent. Il émergea dans son lit, trempé de sueur. Hébété, il papillonna des yeux et accommoda péniblement sa vision : le visage de son amie, penché au-dessus de lui, se précisa dans l’obscurité. Un sanglot le convulsa brusquement. « Tu es vivante ? » dit-il d’une voix qui s’apparentait à un râle. Les peurs qui l'avaient dévoré tout ce temps, comme des corbeaux se seraient acharné sur un animal mourant, se rétractèrent pour laisser place à un vague espoir. Il avait longtemps craint que sa trahison ait condamné les Exilés - qu’ils aient été massacrés pendant qu’il était cloué au mât de l’Arrogante, aussi, l’apparition d’Allïa était-elle inespérée à ses yeux.

Ses larmes affluèrent tout à coup, et Valérian se raccrocha désespérément à la main de son amie. « J’ai cru… j’ai cru… » sous l’émotion, sa langue natale ressurgit, et il bredouilla des paroles incompréhensibles. Dans un murmure, la jeune femme l’implora de ne pas faire de bruit. Le flot inintelligible qui s’écoulait des lèvres du grec cessa, et il l’écouta, suspendu au fil fragile de l’éveil. Ses explications pénétrèrent l’épaisse confusion qui régnait dans son esprit. En réalisant que les siens étaient à l’abri, loin de Crescent Bay, le grec hoqueta. « Ils sont en sécurité. » croassa-t-il, terrassé par le soulagement. « Les enfants, Yulia, Lex… ils sont vivants. » Pas une seule fois il n’avait lâché la main d’Allïa. Il s’y agrippait comme un naufragé à une planche de bois au milieu d’un océan déchainé.

Les Exilés étaient vivants. Ils avaient réchappé à l’attaque des pirates sur Crescent Bay. Ils étaient vivants. Ils étaient vivants.  

Une vague de tremblements agita brusquement Valérian. Elle réveilla la douleur à ses plaies. Le visage blême, il serra les paupières en attendant que la crise passe. « Est-ce que… est-ce qu’ils vont bien ? » haleta-t-il en claquant des dents. « Est-ce qu’ils ont été blessés ? Les pirates ne leur ont pas fait de mal ? » Il peinait à croire en sa bonne fortune : qu’elle lui sourit finalement après toutes les atrocités qu'ils avaient endurées était parfaitement inespéré. Un gémissement lui échappa à la question d’Allïa. « Elles ont été emmenées. Reese, Gin, Kait… ils les ont prises. » Une angoisse lancinante le suffoqua soudain. Reese. Son sort l’obsédait depuis qu’elle avait été emmenée par ces salopards. Quels outrages subissait-elle entre leurs mains ? Était-elle seulement en vie ? Ils n’avaient aucun moyen de s’assurer que ces pirates tiennent parole. Peut-être était-elle violentée au moment même où ils parlaient. Cette pensée hantait Valérian. Elle était comme une tumeur nichée dans un coin de son esprit qui se nourrissait peu à peu de ses forces.
     
« Ils les ont prises. » répéta-t-il d’une voix faible. « Ils veulent que nous travaillions pour eux. Si nous ne le faisons pas, ils les tueront. »

« Oui, je suis vivante et les autres aussi. » répète-t-elle encore une fois. Valérian donne clairement l'impression d'avoir vu un fantôme. Les a-t-il cru tous mort ? Probablement et en réalité, il s'en était fallu de peu. Si Cesare et Maes n'avaient pas repéré le bateau des pirates, leurs ennemis les auraient cueilli dans leur sommeil. Elle a un frisson rien que d'imaginer ce qu'ils auraient pu faire à Maya ou Logan. « Ils ont seulement réussi à attraper Anton, mais il est vivant lui aussi  » Lorsque le grec se raccroche à sa main, Allïa serre la sienne aussi fermement. Il murmure ensuite des mots qu'elle ne comprend pas et elle jette un coup d’œil nerveux vers la porte. Elle s'attend à tout moment à voir apparaitre des pirates et vu le sort qu'ils ont réservé à Anton, elle ne veut pas passer entre leurs mains. « Ils sont tous vivants et en sécurité » répète-t-elle une nouvelle fois.

Valérian insiste et l'archère prend le temps de tout lui expliquer. « Maes et Cesare ont vu arriver le bateau des pirates. Ils l'ont reconnu et ont donné l'alerte suffisamment tôt pour que tout le monde puisse s'échapper à temps. Je pense qu'ils vont rejoindre une faction ou un groupe alliés. Ils ne nous l'ont pas dit, au cas où nous nous ferions attraper. » Ainsi, même sous la torture, ils ne risquaient pas de lâcher une adresse ou un nom. « Ils ont réussi à prendre quelques affaires aussi. Ne te fais pas de soucis pour eux, ok ? » Ils se portaient surement tous mieux que Valérian et les autres à ce moment précis. Allïa a toute confiance en Maes pour Maya en tout cas. Elle est assez sereine, beaucoup moins en ce qui concerne Crescent Bay et ses occupants.

Quand Valérian lui dit que certaines des femmes des leurs ont été prises, elle a un moment d'indécision. Effectivement, elle ne les a pas croisé sur le campement. Elle se mord nerveusement l'intérieur de la joue. « Où les ont-ils emmené ? » demande-t-elle d'une voix précipitée. «  Est-ce qu'il y a eu des victimes ? » Ses yeux se posent sur Ruby, toujours profondément endormie, à l'autre bout de la pièce. « Que lui ont-ils fait ? » Les questions se pressent, s'enchainent, mais elle a peu de temps. L'archère ne peut s'éterniser ici sous peine qu'on ne la trouve. Ses yeux se reportent sur Valérian tandis qu'il parle du travail qu'ils doivent faire pour les pirates. « Des otages... » chuchote-t-elle. « Que devez-vous faire pour eux ? » demande-t-elle alors, appréhendant un peu sa réponse.

« Tu n'es pas tout seul Valérian » murmure-t-elle alors. « Je suis là, Echo est là aussi. Et les autres sont surement partis chercher de l'aide » Allïa l'espère en tout cas.

Valérian était aspiré par l’inconscience. Chaque fois qu’il se sentait partir à la dérive, il s’éveillait en sursaut et s’efforçait de garder le fil des explications d’Allïa. Dans la pénombre, il distinguait à peine le visage de celle-ci. « Anton ? » répéta-t-il de cette voix rocailleuse, éraillée, qu’il reconnaissait à peine. « Ils l’ont attrapé ? » Cette information pénétra dans son esprit embrumé, comme la pointe d’une flèche dans la chair. « Qu’est-ce qu’ils lui ont fait ? » L’inquiétude gagna soudain Valérian. Il était évident que le géant n'était pas sorti indemne de cette altercation. Il était forcément arrivé quelque chose !

S’il était terrifié à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose aux siens, Allïa dissipa ses craintes, lui relatant le récit de l’arrivée des pirates à Crescent Bay. Accroché au mât de l’Arrogante, en proie à une fièvre hébétante, le grec avait alors été dans un état second. Il avait eu à peine conscience de l’agitation qui avait régné sur le pont, ou encore des rugissements de colère des pirates lorsqu’ils avaient constaté, en retournant le camp sens dessus dessous, l’absence des femmes qu’ils recherchaient frénétiquement. La tête pendant mollement en avant, les yeux mi-clos, Valérian avait eu le sentiment de flotter à la surface de ce remue-ménage, constitué d’ombres fuyantes et d’écho de conversations incompréhensibles.    

« Ils faut mettre les enfants à l’abri… » marmonna le grec à la fin du récit de son amie. « Les pirates n’ont eu aucune pitié. (le souvenir des cris de Ruby le fit soudain frissonner) Ils sont encore pires que ce que nous craignions, Allïa… et ils recherchent Yulia et Lex. S’ils les trouvent, ils les massacreront. » Ça ne faisait aucun doute. L’acharnement dont faisait preuve Ulrich pour les retrouver confinait à une sordide obsession. Il avait été nimbé d’une aura de folie tout au long de la soirée, comme de relents vireux, pestilentiels. Cette folie, lorsqu’elle avait brutalement explosé, avait agrandi démesurément ses yeux - au point de les rendre déments. Elle avait en outre déformé les traits de son visage albe. Ulrich avait alors éructé d’une rage blanche, viscérale. « Ulrich va les massacrer… »    

Avec un soupir, Valérian laissa sa tête retomber contre l’oreiller. Une pesante fatigue referma à ce moment-là ses bras sur lui et tenta de l’entraîner par le fond. Ce furent les questions pressantes d’Allïa qui, telle une nuée de piqûres, le suspendirent à l’éveil. Il rouvrit les yeux, et fit un effort considérable pour s’extraire de cette pesante somnolence. « Je ne sais pas… » gémit-il dans un souffle éprouvé. Pour une raison qu’il ignorait, certains de ses souvenirs lui étaient inaccessibles. Lorsqu’il essayait de retracer le fil de la soirée, le grec se heurtait parfois à des barrières invisibles, infranchissables. Devait-il mettre ces failles sur le compte de la fatigue, ou de la fièvre ? Probablement. « Je ne me souviens pas exactement. » admit-t-il à contrecoeur. Ses yeux se posèrent sur la silhouette de Ruby. « Je les ai entendus dire qu’elle n’était pas encore tirée d’affaire. Elle a été salement amochée. Ces salopards ne l’ont pas loupée. » Il ignorait ce que ça éveillait en lui. De la colère ? Oui, certainement.

« Ils viendront prélever une part de nos ressources tous les mois. Ils ont dit qu’ils viendraient régulièrement à l’improviste… ils nous considèrent à leur service. Nous sommes leurs bons toutous, en échange de quoi, ils garderont les otages en vie. Enfin, c’est ce qu’ils prétendent… » Les mots de Valérian suintaient l’amertume. Il n'accordait aucun crédit à la parole de ces pirates. « Ils sont partis chercher de l’aide. J’en ai la certitude. » ajouta-t-il ensuite avec ferveur au sujet des Exilés. Il ne pouvait en être autrement. Il ne pouvait pas le concevoir.

« Oui, ils l'ont attrapé » souffle l'archère à propos de Anton. Allïa secoue la tête « Je ne sais pas ce qu'ils lui ont fait exactement... Ils ont du le battre. Il est toujours vivant » De ce qu'elle en avait vu, de loin, en tout cas, mais impossible de parler avec les siens, ni même avec les Stars ou les Gentle Bastards. Elle est isolée et a dû prendre de gros risques pour venir jusqu'à Valérian. Elle aimerait pouvoir le rassurer davantage, mais elle ne le peut pas, pour le moment. « J'essaierais d'en savoir plus sur son sort, mais rassure-toi, il est costaud... T'en sais quelque chose.. » Anton a plus d'un tour dans son sac, c'est certain. Il a pas mal de ressources pour tenir face au plus coriace des adversaires. Il l'a déjà montré par le passé. Nul doute qu'il en ressortira encore plus haineux et plein de rage envers les pirates.  

Quabd Valérian évoque les enfants, le regard de la brune se pose sur son visage. « Ils seront à l'abri » affirme d'une voix ferme la chasseuse. Il n'y a pas d'autres alternatives possibles : les enfants seront en sécurité avec les Exilés, le contraire n'est pas envisageable. « Maes, Emilie et Yulia feront tout pour, j'en suis certaine. » Aux yeux de son papa, Maya est tout, son époux donnerait sa vie pour la vie de sa fillette. Elle ne connait pas leurs plans, mais ils vont surement rejoindre des alliés, un refuge, n'importe quoi, c'est ce qu'elle ferait à leur place. Ne pas savoir où est la chaire de sa chaire à ce moment-précis est un déchirement, mais elle garde espoir. Allïa a un frisson quand Valérian évoque la cruauté des pirates. Elle en avait eu un vague aperçu par le récit de Yulia, d'Axelle, de Maes ou de Cesare, mais là, c'est encore pire que ce qu'ils imaginaient visiblement. « Ulrich ? c'est leur chef ? » demande-t-elle alors. L'archère tente de reconstituer le puzzle de cette soirée et des jours qui ont suivis. « Est-ce que tu as d'autres noms ? » Elle l'encourage à continuer, sans le brusquer. Il est tellement affaibli.    

Ses yeux quittent Ruby pour se reposer sur le grec. Visiblement, ils n'ont pas loupé son amie. Si un instant, elle a hésité à venir la réveiller pour avoir de ses nouvelles et connaitre sa version des faits à elle aussi, l'archère y renonce vite. Mieux vaut la laisser se reposer et se remettre correctement de ses blessures, sans risquer de subir un nouveau choc ou de replonger dans des souvenirs douloureux. « J'espère que ça ira... » chuchote-t-elle. « Vous avez suffisamment de ressources pour vous soigner ? » En l'absence d'Emilie, elle n'est pas certaine qu'ils aient les soins approprié. Les Gentle Bastard ont bien un infirmier et les Stars un médecin, mais sont-ils présents sur place ?

AInsi, les pirates vont revenir régulièrement leur prendre une partie de leurs ressources. Allïa hoche doucement la tête, il faudra qu'elle soit vigilante à ce moment précis. Quand Valérian évoque les exilés, elle détourne le regard. Ils sont surtout partis se mettre à l'abri. Est-ce qu'ils parviendront à trouver des alliés pour leur venir en aide ? Elle l'espère. « Oui, c'est certain » ment Allïa. Non, il n'y a rien de certain. Valérian n'a pas besoin d'avoir des doutes concernant les siens. Il doit pouvoir se raccrocher à ses espoirs. Allïa sait que les exilés ne les oublieront pas, mais elle doute qu'ils puissent les aider dans l'immédiat.