Les journées étaient devenues glaciales. Les thermostats affichaient des températures négatives et annonçait comme chaque année qu’il fallait craindre un hiver qui ne ferait pas peur de clémence. Il avait fallu faire preuve d’inventivités pour isoler et réchauffer les chambres de la maison. Eden avait du mettre ses états d’âmes au placard. Comme d’habitude en réalité, elle n’avait pas le luxe de se lamenter aussi longtemps qu’elle ne l’aurait, peut-être, souhaité.

L’ordre du jour était clair, il fallait se mettre en relation avec une faction voisine, récemment installée dans les environs, et quand on parlait d’environs, Eden n’avait pas la moindre idée d’où ils avaient pu élire domicile. Elle doutait, certainement à raison, qu’elle n’obtiendrait pas cette information tout de suite, ou du moins seulement si leur prise de contact et leur négociation se passait sans accrocs.

Leur petite communauté pouvait passer l’hiver en matière de vivres et de nourritures, mais elle avait tout de même de très gros doute sur leur capacité à se défendre face à l’envahisseur. Leur stock de munitions n’était pas au beau fixe. En se liant, de près ou de loin avec les Expendables, ils réussiraient peut-être à passer un hiver serein. Celui-ci avait déjà fini par pointer le bout de son nez. Plus personne n’avait le luxe du temps de flottement qui venait parfois avec le froid. Il fallait penser à tout, mais surtout au pire.

C’est accompagné de Jayden, qu’Eden fait la route pour se rendre à Olympia et plus précisément « The Store » une sorte de no man’s land de taille plus modeste et qui, il fallait l’espérer, n’attirait pas l’attention de communauté aux dents longues et aux murs hauts montés. Puisque le temps est mauvais, The Store n’avait pas son visage des beaux jours, marchés à ciels ouverts, où chacun pouvait venir y faire ses achats. Le temps maussades et nuageux avait obligé les quelques exposants à plus de sobriété. Eden regarde son collègue pour la journée.

Tu connais les types que l'on rencontre ?   demande t-elle.

Spoiler:

Cela ne fait qu’une semaine que je suis de retour a Enchanted Island et je porte toujours les séquelles de cette errance de plusieurs mois privée de tout. Je suis maigre, affaiblie, épuisée, le bras en écharpe mais étrangement sereine et apaisée. Savoir que tout ce qu’Aaron et moi nous avons enduré a permis de sauver Derek, Hope et Otis a été une délivrance après des mois a les penser morts ou pires.

J’ai eu le droit a passer plusieurs jour au lit à juste me faire cajoler par mon époux et profiter de mes enfants avant que la réalité ne se rappelle a nous. La nourriture va devenir un sujet, je n’ai pas eu a passer trop de temps sur l’etat des stocks pour le voir. Nous n’arriverons pas, même avec l’aide d’Arthenais a avoir des cultures avant que le froid ne s’invite et que nos réserves s’évapore.

C’est la raison pour laquelle, avec l’accord de Connor et escorté de Derek ainsi que de Daemon, nous avons fait la route vers le fameuse Store dans l’espoir fou de trouver de quoi troquer les munitions contre de quoi passer l’hiver. Depuis mon retour, j’ai développé une certaine phobie et être loin de Daemon est anxiogène. Je ne sais pas si mon époux l’a compris ou ressenti, mais il ne me quitte pas et c’est ma main dans la sienne que nous pénétrons dans ce qui est le remplaçant du NML. J’ai presque disparu dans le manteau chaud qu’il m’a trouvé, le nez dans une écharpe verte pale tricotée par son frère et la tête dans un bonnet assorti.

« On reste ensemble et on essaye de trouver des personnes qui ont de la nourriture a échanger… vous en pensez quoi ? »

Daemon me sourit et semble en accord avec moi, comme toujours, aussi, mon regard se porte sur Derek, qui est surement le plus débrouillard de nous trois ici. J’ai peur qu’avec la saison froide, on ne soit pas les seuls, mais avec les temps qui courent, ce que nous avons a troquer a pris, aussi, pas mal de valeur.

« Tu es déjà venu ici Derek ? »

Matos:

J'ai cru qu'elle était morte. Je l'ai sincèrement cru, et inutile de mentir, ça m'a détruit. J'ai mis des semaines, de très longues, trop longues semaines à me remettre de notre mission suicide. Bras en écharpe, attelle au poignet, j'avais dû en prime rester alité un long moment à cause de mes vertèbres touchées.
Heureusement que Milow avait été là pour me soutenir, et jouer les infirmiers.
Mais face à l'absence prolongée des Expendables pensés -par moi en tout cas- morts, le moral avait flanché. Je m'étais traîné misérablement sans être capable de faire mon deuil de celle que j'aimais désormais comme ma propre famille.

Alors son retour avait été presque littéralement un retour à la vie. J'avais eu tout le mal du monde à lui laisser un peu d'air et d'intimité avec son mari et ses enfants, probablement bien plus heureux encore que moi de la retrouver. Pour autant j'avais passé un temps non-négligeable à son chevet, lui racontant les derniers potins de la faction et de ses alentours.

Et quand on avait proposé une sortie "négociation", en compagnie des deux amoureux plus unis et collés que jamais, je m'étais évidemment proposé pour les accompagner. C'est pas que j'ai pas confiance en eux, mais question débrouille, une paire de mains pas trop nulle en plus n'est pas négligeable.
Non, aucun rapport avec le fait que je ne veux plus quitter la brune d'une semelle. Bon, faut aussi dire que j'ai besoin de sortir un peu de temps en temps, et que là j'ai vraiment besoin de nouveauté.

Après le trajet qui m'a pourri le dos même si je fais genre de rien, nous voilà à avancer vers le fameux Store. Je reste un peu en arrière du duo, les mains dans les poches de mon gros manteau d'hiver. Par chiantisme je tire le bonnet d'Alex sur ses yeux quand elle prend la parole avant de lui offrir un insolemment innocent sourire.

- Toute façon on est là pour ça, on va pas repartir les mains vides. On a pas tellement le choix. Je secoue le nez ensuite, reportant les yeux vers notre objectif. Jamais venu jusque là. J'en déduis que vous deux non plus ?

Au loin, une silhouette fine se dessine. Mais pas que. Autour de nous certains commerçants nous jettent des regards en biais, surveillants nos échanges. J'en fixe quelques-uns pour leur faire baisser les yeux, et me rapproche d'Alex pour murmurer.

- J'ai l'impression qu'on nous surveille. Ou alors notre tête leur revient pas.

Spoiler:

« C’est la première fois pour nous aussi. »

Je me sens vraiment d'humeur joyeuse. Je souris a Derek qui s’est révélé être un soutien précieux depuis mon retour et ne peux m’empêcher de lui dire, alors que je me sens bien avec lui et Daemon.

« On dirait une sortie de famille. »

Cette famille qui m’avait tant manquée, pour laquelle je m’étais tant inquiéter durant notre chemin de croix avec Aaron. En fait je suis vraiment ravie de cette sortie tous les trois, au-delà des enjeux, pouvoir mettre un pied hors du camp, avec des personnes chères, pour une mission aussi simple que sure me rassure un peu après la violence de Colleville.

Mon sourire se meurt rapidement sous ma grosse écharpe quand celui que je considère comme mon fils se rapproche pour me confier ses doutes. D’autres que Dameon et moi pourrait douter, lui rire au visage en le traitant de parano ou j’en passe… mais je ne suis pas la seule a avoir appris a connaitre Derek. Mis a part pour choisir a qui voler une voiture, il a l’œil sur et un instinct a toute épreuve. Aussi, je regarde discrètement autour de nous, notant qu’effectivement il semble se passer quelque chose.

Je ne manque pas certains gestes, ou regards des commerçants rapidement tout semble converger vers un nouvel arrivant. Brun, mal rasé, de la taille de Connor a peu près, autant dire un géant a coté de moi. Je note rapidement que sa veste est bien trop légère pour ne pas garantir rapidement une hypothermie. Autrement dit : soit il vient de sortir d’une échoppe, soit d’une voiture. Dans tous les cas, il n’a rien du badaud qui vient troquer des pieds de tomates.

Instinctivement je prends la main de Derek dans la mienne et la serre pour le tirer doucement vers nous dès que je devine qu’il porte un fumigène sur lui. D’ailleurs c’est moi ou les commerçants ont tous l’air armés et de mèche. D’une petite voix je suggère :

« On va essayer de s’éloigner derrière les échoppes… »

Et contacter Connor. Sebastian nous avait bien alerté sur le fait que le store comptait des Oblivions, certaines rumeurs parlent aussi d’un groupe qui ne faisait pas rêver, les Brotherhood. Connor n'en savait pas grand chose la dernière fois que nous avions échangé a ce sujet. Que ca soit eux ou d’autres, je n’ai pas envie de m’attarder plus que raisonnable et espère encore que nous ne sommes pas les cibles de ce qui est en train de se passer.

Eden aurait préféré rester avec ses enfants. Il y avait peu de choses qui la faisait sortir des murs d’enceintes. Mais la nécessité de trouver des munitions se faisait de plus en plus grande. La mère de famille regarde autour d’elle, elle ne connaissait que très mal The Store. Seulement des échos et des rumeurs, et le reste en réalité, elle n’en savait rien. Les quand dira t-on n’avaient pas fait que présenter le lieu comme un marché bon enfant où l’harmonie régnait. L’utopie était peut-être à la mode, mais la réalité venait bien souvent taper à grand coup.

Parmi les informations qui tournaient sur le sujet, Eden savait qu’il était préférable de se méfier. Baisser la garde à l’extérieur ne faisait pas partie des réflexes ou des capacités de la coréenne. Quand la bise arrive, le désespoir peut vite pointer le bout de son nez. Mais ce serait sous estimer la nature humaine qu’il suffisait de désespoir pour causer panique, chaos et souffrance. Mais voilà, il n’était pas l’heure des pensées philosophiques. Elle et Jayden avaient à faire, et le plus vite ce serait régler le mieux.

Un grand brun mal rasé entre, une veste légère sur le dos. Eden le remarque avec le froid de canard qui régnait dehors, l’homme ne pouvait venir de l’extérieur. Mais ce qui était certains c’est ce qu’il n’était pas là pour compter fleurette à la maraîchère. Sous sa veste elle remarque ce qu’elle reconnaît comme une grenade fumigène. L’atmosphère change quand l’homme arrive. Eden remarque alors que des armes semble se cacher entre les  pommes de terres qui font grise mine et les oignons en fin de vie. La coréenne se tourne alors vers Jayden et pointe du doigt le comportement suspicieux de l'inconnu à la veste un peu trop légère.

Ce type n’annonce rien qui vaille, soyons prudent. Je ne crois que tous soient des commerçants, restons vigilants. J’aimerais que l’on survive à ces fêtes de fins d’année.

Spoiler:

Il ne fait aucun de doute, vous êtes bien observés. Vous semblez à peu près propre et à peu près en bonne santé. Pour eux, vous avez ce qu’ils le manquent. La tension monte d'un cran. Qui est cet homme, fait-il partie d'un des groupes dont vous avez potentiellement entendu parlé ? Tout reste encore à découvrir, surtout si vous voulez garder vos chaussettes et vos pulls.

Il est  possible de lancer un dé sur votre perception, pour savoir combien de commerçants sont complices dans ce guet-apens qui semble se préparer.

Pour obtenir un peu plus d’informations sur les tenants et les aboutissants de l’entrée de l’homme dans The Store, vous pouvez lancer dé spécial.

En cas d’ÉCHEC vous vous adressez à la mauvaise personne et vous soulever un peu plus les suspicions. L’information circule alors que vous posez trop de questions arrive aux oreilles de l’individu qui vient d’entrer.

En cas de REUSSITE, vous trouvez un commerçant qui subit ce guet-apens autant que vous et vous donnera l’identité de l’homme en question et de peut-être un moyen de désamorcer la situation. Venez me voir en PV dans le cas échéant.

C’est de pire en pire et je commence a paniquer a cette montée de tension subite. Ou que je pose les yeux, je ne vois que des menaces au point de m’en donner le tournis. La peur me fait une boule au ventre, je ne supporterais pas de revoir Derek dans une marre de sang comme a Colleville ou Daemon blessé. D’ailleurs, mon époux s’est déjà mis entre nous et le nouvel arrivant et cela me fait frémir d’angoisse. L’idée qu’il se prenne une balle, qu’il meure devant mes yeux, qu’il me soit arraché alors que je viens a peine de le retrouver m’est insupportable. C’est presque suppliante que je demande aux deux hommes.

« Il ne faut pas rester ici… »

Daemon nous pousse un peu plus derrière lui. Quoiqu’on décide, il voudra nous protéger, et ca je ne peux pas l’admettre. Plus vite on partira, plus vite il pourra se mettre en sécurité. J’attrape la main de Derek pour l’entrainer avec moi.

« Viens !! »

Et je commence a m’éloigner non sans avoir demandé a Daemon de nous suivre Je vois une sorte d’échoppe rudimentaire qui semble vide, le bon endroit pour ce cacher. Je bondis dedans, sans hésiter, et m’assomme a moitié contre le torse d’un type que j’ai réussi a ne pas voir. étourdie et chancelante, je me recule avant de lever un regard de petit chiot perdu sur le visage de l’homme en face de moi qui n’a pas vraiment une façon de me regarder rassurante :

« heu… salut… je… je cherchais les toilettes… mais ca ne doit pas être ici… je vais.. je ne vais pas vous embêter plus longtemps.. bonne journée…»

Tout en parlant je recul prête a prendre la fuite.

Spoiler:

Et voilà, à peine arrivés que ça sent déjà je roussi. Maintenant j'en suis sur, y'en a qui nous regardent de travers, et le mec qui s'avance vers nous avec sa sale gueule confirme nos craintes.
Je sens Alex se mettre à paniquer dans la demi-seconde. Peut-être qu'on n'aurait pas dû venir ici, pas encore. Peut-être qu'elle est encore trop fragile. Mais c'est plus le moment de m'en vouloir de pas l'en avoir dissuadé. Daemon se place devant nous et la brune m'attrape par la main pour me rapprocher d'eux. Je tangue un peu et me libère d'un coup sec pour attraper mon couteau, que je garde planqué dans ma manche.

- Alex faut que tu te calmes avant t-..
« Viens !! »
- Mais maman !!

Mais quelle tête de mule, bordel ! Faut toujours qu'elle en fasse qu'à ses idées ! Et elles sont pas toujours bonnes, y'a pas à dire ! La preuve, elle nous envoie direct dans un espèce de cagibi qui, pas de bol, renferme un autre mec à la sale gueule. Je fais quelques pas sur le côté pour l'avoir en ligne de mire quand Alex commence à balbutier quelques mots pour tenter de fuir. Ça va marcher..? sans rire ?! Ah non.
L'homme tente de l'attraper d'un geste un peu trop vif à mon goût, et je me jette sur lui aussitôt, l'obligeant à changer de cible.

- La touche pas sale con ! Je l'attrape par le col et avec de l'élan lui colle mon genou entre les cuisses. Vu le couinement qu'il lâche en se pliant en deux, il est pas prêt d'avoir une progéniture, lui. Ne t'approche... Il tombe à genoux et j'attrape une poignée de cheveux pour l'immobiliser rapidement. .. pas d'elle ! Et BIM ! je lui décroche ma plus belle patate. Juste là, sur la tempe. Le pauvre se fait sécher direct. Je sais pas s'il va rester longtemps dans les vapes mais en tout cas il ne bronche plus.

J'ai pas le temps de reprendre mon souffle qu'un nuage de fumée vient nous envahir, m'arrachant au passage une quinte de toux. Ne manquait plus que ça. Pour le principe je recolle un coup de pied au mec par terre, et j'attrape les poignets des tourtereaux pour essayer de sortir de cet enfer.
Pourquoi faut toujours que ça tourne mal, hein ?

Spoiler: