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the sun also rises

Mar 20 Déc 2022 - 10:53

Le rafraichissement de la chambre pour son fils avançait à son rythme. Tori et Faith avaient fait un travail titanesque en débarrassant le vieux mobilier et nettoyant la pièce à l’abandon. Gabriel et Nobu avaient aidé pour la peinture. Et petit à petit, au gré des sorties, Richard, Camila, Emily ou même Keira ramenaient de quoi la meubler et la décorer pour accueillir d’ici moins de trois mois un nouveau venu dans la famille des Fuckers. L’implication et le soutien des siens touchaient la grecque plus qu’elle ne saurait jamais l’exprimer. Toutes ces attentions qu’ils lui témoignaient lui rappelaient combien ces individus, aussi différents les uns des autres, étaient sa famille. Ils étaient là pour elle, à chaque étape, comblant les absences de Connor par leur présence, leur affection et l’investissement dont ils faisaient preuve sans compter, s’employant à rendre cette grossesse moins pénible.

Pour autant, impossible d’échapper aux doutes et aux craintes qui se cristallisaient dans le huit clos nébuleux de son esprit. Le caractère inédit de la situation rendait l’expérience plus terrifiante encore. A chaque jour, sa nouvelle appréhension, comme un cycle infernal sur lequel elle n’avait aucune sorte d’influence. Elle subissait les aléas tumultueux et répétés de son humeur mouvante, soumis aux impulsions hormonales de son corps en captivité. C’était ainsi qu’elle s’était retrouvée en tailleur, à même le parquet brun, tournevis dans une main, et notice dans l’autre, complètement démunie et dépitée face à sa propre médiocrité.

« C’est pas possible… » pesta la brune, tâchant de visser une planche à une autre avec l’habilité d’un marcassin. Pour la quinzième fois au moins, celles-ci s’entrechoquèrent bruyamment avant de heurter dans un même tumulte la sol. La patience émiettée, la brune balança le tournevis de l’autre côté de la chambre, en sentant aussitôt les larmes affluer à la lisière de ses yeux. Elle était incapable de monter une foutue commode, comment pourrait-elle seulement s’occuper d’un enfant ? Le constat la percuta violemment et elle se prit la tête entre les mains pour craquer nerveusement.

Ce ne fut qu’à la surprise de pas derrière elle, qu’elle redressa le menton prestement, s’essuyant les joues. Elle ne se retourna pas immédiatement pour éviter soigneusement le regard de celui ou celle qui était dans son dos. « Oui ? »
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Re: the sun also rises

Mer 28 Déc 2022 - 16:19

La situation est complexe. Parce que mon humeur est… difficile. Parfois bonne et apte à être entouré des gens que je considère maintenant comme mes amis. Quand parfois je ne veux voir personne et ma tête n’est qu’un amas complexe de vérité difficile à avaler, de souvenir douloureux ou de constat affligeant. Faith m’a bien dit qu’il était normal de ne pas me sentir bien quand des souvenirs complexes remontent à la surface. Pour autant, je ne me souviens pas avoir été aussi bas dans mes émotions. Aussi profondément ancré dans une tornade que je n’arrive pas à contrôler du tout. Aujourd’hui c’est un moment où la solitude est plus agréable pour moi. Alors, je m’arrange pour aider à des tâches qui ne nécessitent aucune discussion, aucune autre présence.

Mais c’est un peu compliqué parce qu’on est tous préoccupé par la grossesse d’Elena. Est-ce qu’elle va bien ? Est-ce que tout sera finalement prêt à l’arriver ? Et je dois beaucoup à Elena, à Peter et Faith. Alors, malgré cette envie de me renfermer considérablement comme une huitre, je passe la porte de la maison. Je sais que certains meubles sont encore à monter.
Alors que je passe la porte de la chambre, le mouvement d’Elena assise au sol est bien perceptible. Si je ne la vois pas de face. J’ai bien compris qu’elle n’est pas bien à cette façon de frotter son visage. Je jette un œil au tournevis qui est loin dans la pièce et au planche qui ne sont finalement pas monté.  

- Je me suis dis que je pourrais t’aider…

Que j’ajoute simplement. Je rentre dans la chambre et me dirige finalement vers le tournevis pour l’attraper. Je m’installe finalement au sol, juste en face d’elle avant de glisser les doigts sur la notice. J’affiche juste un sourire dans sa direction. Qui n’est sûrement pas aussi grand et franc qu’en temps normal.

- Est-ce que tu veux en parler ?

Les yeux rivés sur le papier, je lui laisse le choix. Parce que je ne veux pas l’obliger à quoi que ce soit. Mais si elle a besoin de parler, alors je serais là pour écouter. J’attrape la planche pour la glisser à ma gauche.

- J’ai besoin des vis à ta droite et de la petite planche là. Tu me les passes ?




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Re: the sun also rises

Jeu 16 Fév 2023 - 19:28

Les manches humides, imbibés des sillons salés, elle renifla tout en essayant de retrouver un semblant de contenance. C’était de plus en plus fréquent ces derniers jours, et c’était insupportable. Elle fronça les sourcils en reconnaissant le timbre de voix d’Evan résonner derrière elle, et se retourna vers lui en le dévisageant avec un air curieux. Elle ne s’attendait pas à le voir ici, à vrai dire. Le jeune homme était présent à Telve depuis suffisamment longtemps à présent pour qu’ils se connaissent, il avait même gagné la confiance de la grecque et sa place parmi eux, mais depuis qu’elle était assignée à résidence, elle ne le croisait qu’à peine lorsqu’elle se joignait aux repas en commun. « Je… » Elle avisa le tournevis plus loin, en se pinçant les lèvres. Elle aurait voulu le congédier poliment, lui dire qu’elle pouvait gérer toute seule, mais la vérité ? Elle n’était même pas sûre de pouvoir se redresser… Elle baissa les yeux en fixant le parquet du sol, un peu honteusement, alors que le brun s’installait en face d’elle.

Elle n’essaya même pas de protester lorsqu’il attrapa la notice, incapable de le faire de toute façon. Elle releva vers lui un regard confus quand il lui demanda si elle voulait parler. Elle secoua la tête silencieusement, les yeux encore écarlates. Le nœud dans sa gorge contenait péniblement les larmes qui menaçaient d’affluer à tout moment, mieux valait ne pas le détricoter dans l’immédiat. Quelque peu désarçonnée, elle marqua un temps d’arrêt avant de tendre les outils au pâtissier. « Merci… » souffla-t-elle à l’instant où elle laissa rouler les vis à l’intérieur de sa paume ouverte. Elle croisa brièvement ses orbes sombres sans savoir les soutenir. Cet embarras palpable était tout à fait inédit pour quiconque connaissait la tempétueuse méditerranéenne sous son habituelle assurance inébranlable. « Tu n’es pas obligé, tu as sans doute des tonnes de choses plus importantes à faire. » fit-elle, inquiète qu’il ne lui accorde trop de temps quand il pourrait sans doute l’employer à meilleurs desseins.

Pudiquement, elle l’observait assembler les pièces avec la dextérité et la patience qui lui faisaient défaut. La présence d’Evan, sans qu’elle ne se l’explique, avait quelque chose de rassurant, d’apaisant à cet instant précis. « Tu t’y prends nettement mieux que moi. Je n’ai jamais été assez patiente pour ça… Et avec ce ventre énorme, j’ai l’impression que le moindre mouvement est une épreuve. » soupira la brune la main posée contre ce dernier. « Il y a tellement de choses à préparer pour l’arrivée d’un bébé. Ce n’est pas le premier qui arrive dans le groupe, et pourtant je ne m’en étais jamais vraiment rendue compte. » Sans doute parce qu’il était plus simple à l’époque d’écumer les villes, les magasins, à la recherche de tout ce qui était noté sur une liste. Parce qu’il lui suffisait ensuite de livrer la marchandise sans vraiment se soucier du reste.
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Re: the sun also rises

Lun 20 Fév 2023 - 12:06

Je vois bien les yeux rougis de larme d’Elena. Mais je me dis que je ne veux pas l’obliger à parler si elle n’en a pas l’envie. Alors, je pose tout de même la question. Qu’elle sache simplement que je suis présent si elle a besoin d’une oreille attentive. Lorsqu’elle agite la tête, je me contente d’hocher la mienne, un simple sourire sur le visage. Alors, je change de sujet, réclame finalement la planche et les vis dont j’ai besoin pour pouvoir monter le meuble en question.

Les yeux rivés sur la notice, je me redresse finalement pour poser la planche devant moi et glisser la seconde au-dessus. J’installe les vis en face de chaque trou sans pour autant les visser. Juste pour être sûr qu’il ne m’en manque aucune.

- J’en ai envie. Faire quelque chose qui m’empêche de réfléchir pour l’instant, ça me fait du bien. Et puis, ça me fait plaisir.

Parce que c’est un heureux événement mine de rien. Ça n’est pas tous les jours qu’un enfant débarque. Du moins, beaucoup moins maintenant qu’avant. Je fixe les vis de la première planche et me met finalement à rire un peu. Son ventre ne doit l’aider en rien, c’est une certitude.

- Avec un peu de patience, on arrive à tout. Mais je peux comprendre que ça doit être complexe et ça doit pas mal te fatiguer en plus.

Et sans vraiment que je ne pose la question, j’ai l’impression qu’Elena parle un peu de ce qui la préoccupe. Mais je ne vais pas lui indiquer. Je n’ai jamais été parent alors à sa place, ou celle de Connor du coup, je serais probablement paniqué. Je craindrai d’oublier un peu tout et n’importe quoi. En vrai, si ça m’arrivait, je serais déjà en train de me poser cent questions à la seconde. Est-ce que c’est une bonne idée ? Est-ce qu’il y a tout ce qu’il faut ici. Alors, je peux aisément comprendre cette peur chez elle.

- C’est normal ce que tu ressens. Mais tu as l’avantage d’être entouré d’une bande de fou prêt à tout pour t’aider. C’est ton premier enfant ? C’est normal de craindre d’oublier quoi que ce soit. Voir d’avoir peur, tout court.

Dis-je avec un sourire compatissant. J’installe la troisième planche et continue les coups de tournevis pour pouvoir fixer correctement le tout. Je ne pense pas être le plus doué pour détendre les gens ou les calmer de leurs peurs. Alors, je ne sais pas si je réussi qui que ce soit avec Elena.

- Mais vous allez être de bons parents, je n’en doute pas. Et puis, les meubles qu’il reste, ce n’est qu’une question de temps. Je pense que je peux t’en monter déjà deux ou trois.





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Re: the sun also rises

Jeu 23 Fév 2023 - 15:55

« Je peux comprendre ça. » répondit-elle avec un sourire en coin. Elle avait toujours essayé d’exorciser ses démons à travers un travail acharné et ininterrompu. C’était précisément en l’absence d’activité pour distraire son esprit torturé, confinée entre ces quatre murs, piégée dans son propre corps qu’elle sentait les digues de sa raison céder dangereusement. « Moi, ce n’est pas franchement l’assemblage de meubles mon truc pour décompresser. » admit-elle sans en avoir besoin. Sa réaction en disait long. Son truc c’était plutôt les sorties à l’extérieur, les entraînements musclés et tout ce qui ne nécessitait pas de conjuguer patience et minutie dans la même activité. « A l’époque déjà, j’appelais mon père à la rescousse pour qu’il vienne m’aider avec mes meubles. » se souvint la brune en ayant un ourlet tendre à l’évocation de ces vestiges du passé.

Elena souffla par le nez avec un sourire coupable. « C’est justement ce qui me fait cruellement défaut ces derniers mois : la patience. » Ce qui était paradoxal dans son état. Attendre était tout ce qu’elle pouvait faire. Attendre neuf longs mois pour rencontrer son fils. Attendre le retour de Connor. Attendre que d’autres lui rapportent des nouvelles de l’extérieur. « J’aimerais pouvoir dire que ma grossesse m’aide à faire un travail sur moi-même sur ce sujet-là, mais je crains de n’être qu’une cause perdue. » Elle ne prenait aucun plaisir à végéter durant des heures interminables. Elle n’appréciait en rien cette grossesse qui l’invalidait plus qu’elle ne lui offrait de bonheur. Cette étape-là, pourtant indispensable lui faisait parfois regretter – non sans culpabilité – de s’être lancée dans pareille aventure. Elle peinait à trouver le moindre point positif à sa condition actuelle, à dire vrai. La complaisance dont elle pouvait bénéficier l’incommodait toujours. L’inquiétude qu’elle pouvait faire naître chez ses proches l’embarrassait, et son inaptitude dans à peu près tous les domaines la contrariait très sérieusement.

La brune écouta Evan en fixant un point invisible dans la chambre. Il n’était pas le premier à prétendre que la peur qu’elle ressentait était légitime. Pourtant, pourquoi n’arrivait-elle pas à s’en convaincre ? Elle haussa vaguement les épaules. « Tu as sans doute raison, mais… » Les larmes affluèrent à nouveau à l’orée de ses yeux, incontrôlables. « Si je ne suis même pas capable de monter une malheureuse commode, comment je vais faire pour tout le reste ? » Le pragmatisme d’ordinaire inébranlable d’Elena subissait les assauts répétés et virulents d’une armée d’hormones particulièrement agressive et manifestement peu encline à envisager une réédition raisonnable…

« Je ne peux pas compter sur vous tous en permanence, et Connor n’est pas là, et il avait promis d’aimer cet enfant pour deux si je n’étais pas à la hauteur, et je crois que je ne suis définitivement pas à la hauteur… » Elle désigna les pièces de la commode comme s’il s’agissait d’une preuve irréfutable de son illégitimité au rôle de mère. Les barrières fragilisées étaient rompues. Et comme un torrent libéré, les craintes les plus ou moins fondées de la jeune femme s’articulaient à toute vitesse, entre deux sanglots. « Je n’aurais jamais dû poursuivre cette grossesse, je le savais pourtant, j’ai toujours su que je ferais une mère épouvantable, et je n’arrête pas de le prouver. » Et son fils avait cinquante pour cent de chances d’être aussi incapable qu’elle maintenant. Il allait la détester, c’était éclatant d’évidence à cet instant. La brune se prit les tempes entre les mains.

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Re: the sun also rises

Jeu 16 Mar 2023 - 12:05

Je ne peux m’empêcher de sourire à la remarque d’Elena. Non, je pense que son truc, c’est de frapper, détruire probablement. Beaucoup ont ce réflexe. Disons qu’il est plus simple de faire ça. Et la patience n’est pas vraiment requise dans un acte de destruction. De mon côté, hors moment de colère, je suppose que je préfère le calme et la patience. Même si elle peut être complexe par moment.

- Ah oui ? Ça devait être un bon moment entre vous, en plus de ça.

On faisait la même chose chez moi. Enfin, avant de se prendre la tête parce qu’un con à perdu une vis. Mais c’était toujours bon enfant et j’adorais ça. Dans tous les cas, je m’applique sur le montage de son meuble. Elena ne semblait pas être quelqu’un doté de patience. Ce n’était pas forcément négatif mais je sais que ma patience est parfois suffisamment élevée pour compenser l’absence des autres. Visiblement, la grossesse n’aidait en rien la jeune femme à s’y faire.

- Je crois que si on n’est pas doté de patience au départ, peu de chance qu’elle apparaisse même avec la grossesse. Je crois que ça doit être pire même, non ?

J’essaye de la rassurer. Mais je me doute que tout son entourage avant moi à du prononcer ces mots. A du tenter de lui faire entendre raison, de l’épauler. Aussi, je ne sais pas vraiment si ce que je dis va aider plus que ça. Mais je suis honnête et c’est ce qui importe, je suppose. En revanche, j’avoue que je ne m’attendais pas à une telle émotion de sa part. Je sais que les hormones et les émotions sont un peu sans dessus dessous avec la grossesse mais… alors quand les larmes coulent sur les joues d’Elena, que ses mots ne sont finalement qu’une armée de doute et de remise en question, je repose la planche pour pouvoir me rapprocher d’elle.

- Pourquoi tu juges ta capacité à être mère en sachant monter un meuble ou non ?

Parce que beaucoup ne serait pas parent si c’était le cas. Homme ou femme d’ailleurs. Elena avait des tonnes de qualité. Et la voir dans cet état n’était que douloureux. Je glisse finalement ma main sur son dos pour essayer de la réconforter au mieux.

- Je ne pense pas que tu seras une mère pitoyable. Tu sais, beaucoup de femmes et d’hommes d’ailleurs, n’avaient pas beaucoup d’attachement à l’enfant avant qu’il naisse. Ça ne veut pas dire qu’ils sont des parents pitoyables. Tu as de nombreuses qualités, tu es une bonne personne.

Je ne sais pas vraiment si mes mots l'aident ou pas. J'ai plutôt l'impression de la tirer vers le bas. Je suis quelqu'un de pessimiste qui essaye de passer pour un optimiste. Alors, ça n'aide pas beaucoup.

- Ne pas savoir monter un meuble ne fait pas de toi une mauvaise mère. Et puis, c'est pas inné d'être parent. Ca prends du temps, ça s'apprend aussi. Tu n'es pas seule. Et si Connor n'est pas présent dans l'immédiat, d'autres sauront t'epauler.





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Re: the sun also rises

Mer 29 Mar 2023 - 16:45

« Ça l’était. » confirma la grecque en esquissant un bref sourire, empreint d’une tendre nostalgie à l’évocation de souvenirs si lointains et si chers à la fois. Elle aurait tout donné pour que son père soit là aujourd’hui, avec elle. Il aurait été tellement ému de la savoir enceinte, tellement fier de pouvoir l’aider à monter les meubles pour son petit-fils. Ce moment-là n’existerait jamais malheureusement. Son fils n’aurait jamais l’immense privilège de connaître l’homme exceptionnel qu’était son grand-père. La jeune femme se promit cependant de lui raconter l’histoire de cet être humain remarquable qui l’avait élevée, de le faire vivre à travers ses précieuses réminiscences qu’elle partagerait sans retenue dans l’espoir qu’il suscite autant d’amour et de respect chez son enfant. Dans l’espoir fou qu’il lui survive à travers son héritage...

Elena inclina la tête ; Evan marquait un point. La patience n’était pas sa première vertu bien qu’elle semble sérieusement amoindrie depuis sa grossesse, en effet. « C’est fort probable oui. C’est juste que tout semble décuplé dans mes émotions, c’est… » Elle soupira, résignée par sa condition qui semblait interminable. « C’est vraiment pénible et frustrant. » Cette sensation de frustration permanente était ce qui résumait le mieux ces derniers mois. L’impression de n’être plus capable de rien, d’être forcément dépendante de quelqu’un d’autre et d’être trahie en permanence par les limites restreintes de son propre corps. Et d’ailleurs…

Les larmes coulaient sans que la grecque ne sache concrètement pourquoi. Elle renifla doucement, un léger rire secouant sa poitrine alors que le pâtissier s’aventurait courageusement vers des sentiers inconnus et obscurs en abordant l’absurdité des craintes infondées de la future mère. « Dit comme ça, ça semble ridicule oui. » lui accorda-t-elle en appréciant la sollicitude du jeune homme. « Ce n’est pas seulement les meubles, c’est tout le reste… Surtout le reste. Je ne me sens pas prête. » L’était-on vraiment un jour ? « Je vais être responsable de cette vie. Pas seulement pour un mois ou un an, mais pour toujours. Et ce n’est pas comme gérer un groupe cette fois… » Il ne s’agissait pas seulement de logistique et de management. C’était bien plus que ça. « Je ne dois pas seulement le protéger et le nourrir, j’ai la responsabilité de l’homme qu’il deviendra. Je dois m’assurer de lui donner toutes les cartes pour survivre mais aussi pour devenir quelqu’un de bien. » Ils étaient tous définis par leur passé. Forgés par leur éducation, leurs expériences. Et c’était à elle qu’incombait la charge de son enfant. Elle devait lui montrer la voie, mais qu’en était-il quand elle-même n’était pas certaine de progresser sur le bon chemin ? « Mais concrètement, aujourd'hui, c'est quoi quelqu'un de bien ? »

Les mots d’Evan touchèrent la grecque, plus qu’il ne pouvait le soupçonner. La notion de bien et de mal avait toujours été abstraite, source de débats. Aujourd'hui, elle l'était plus que jamais. Toujours était-il que la promesse de pouvoir bénéficier du soutien des siens était d’un réconfort incomparable. Elle pourrait toujours se raccrocher à cette idée. Elle lui offrit un sourire. « C’est rassurant de savoir que cet enfant sera bien entouré, quoi qu'il arrive. » souffla-t-elle, avant d’essuyer ses joues humides d’un revers de manche. « Je ne t’ai jamais posé la question. Tu… Tu étais marié ou fiancé à New Eden ? J'ai cru comprendre que le célibat n'avait pas sa place très longtemps là-bas... » Elle aborda le sujet en donnant l’air de marcher sur des œufs. Elle connaissait la politique singulière du groupe de Walla Walla…
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Re: the sun also rises

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