novembre

Comme un peu tout les jours où elle n'était pas à l'extérieur du camp, Elizabeth se ramène dans son petit coin paumée par loin derrière sa maison. Loin des regards, enfermé dans une sorte de clairière entre les arbres qui font respirer l'île, très éloigné du brouhaha du peuple. Il commençait à faire froid mais peu importe, elle était bien vêtue, et s'était même démerdée pour trouver une couturière qui acceptait de faire quatre sortes de petits chaussons à Vodka qui l'accompagnait, histoire qu'il se gèle pas les pattes sur le goudron et l'herbe qui commençaient à geler le matin.

Son élève du jour, ça sera lui du coup. Elle en profite d'ailleurs sur le chemin pour réviser quelques bases : la marche au pied, l'attention, d'autres ordres dits basiques pour un chien qui l'accompagnera sur le terrain. S'arrêter, se coucher, ramper.. Sur place, elle utilise une maison en pierre partiellement détruite qui est parfaite pour une simulation de terrain. Mais avant : petit dej. Si Elizabeth se contente d'un café bien chaud, Vodka a la joie de se faire les dents sur un os de cerf.

Elle réfléchit beaucoup depuis qu’elle est ici. A son passé, à son présent, à son futur. Il y a des doutes et des certitudes ; des envies et des possibles. Et marcher lui permet un peu de faire le tri ; chose qu’elle ne peut pas faire en compagnie de Kaya, ou en rodant dans le dispensaire. Ses pans l’emmènent assez loin dans le cœur boisé du camp. C’est assez dingue de voir l’espace qu’ils ont ici ; dire qu’elle trouvait que Nisqually était grand…

Au détour d’un sentier, dans une clairière qui s’ouvre comme un mirage au milieu du désert, Isalín découvre une présence inattendue. Une femme, sirotant visiblement une boisson chaude, et un chien rongeant un os. Un chien à la carrure impressionnante, mais aux pattes protégées par des espèces de chaussons.

- C’est trop mignon ! S’exclame-t-elle en guise de salutation – et curieuse comme elle est, la jeune femme ne peut s’empêcher de poursuivre, comment il s’appelle ?

Au cas où, elle s’arrête à bonne distance dès que le molosse lève le museau dans sa direction.

Alors qu'elle prenait doucement une gorgée de son café en prenant soin de ne pas su brûler la langue, l'éducatrice manque de s'étouffer en sursautant, lorsqu'une jeune voix beaucoup trop enjouée la surprend. C'est bien le seul endroit où elle ne s'attendait pas à voir une gamine, et qui plus est, une gamine qui ne semble pas du coin ; ou alors une nouvelle ? La dévisageant de haut en bas, Elizabeth mène son poing devant sa bouche pour toussoter, avant de se redresser.

Vodka. Lâche-t-elle comme simple réponse. C'était son nom, ça l'a toujours été, et si sa véritable maîtresse n'était pas là il n'était pas nécessaire de lui trouver un autre nom. Surtout en étant habitué à celui-là. Le chien d'ailleurs redresse quelques secondes sa lourde tête pour fixer la nouvelle, agitant sa queue avant de se concentrer de nouveau sur son os. C'était plus intéressant. T'es qui ?

- C’est un drôle de nom, commente Isalín avec un sourire.

Elle a envie de le caresser, mais l’animal est bien plus intéressé par son os – et vu la taille de sa mâchoire, elle ne va pas le déranger. L’Islandaise conserve donc ses distances et pose ses prunelles de jade sur la femme qui l’interroge en deux mots. Un peu économe en parlotte elle…

- J’m’appelle Isalín. J’ai euh… j’ai été blessée, on m’a emmenée ici pour m’soigner, résume-t-elle. Soudain, ses yeux s’arrondissent de surprise ; zut, elle a fait une connerie ? merde, euh… j’suis pas censée être ici, c’est ça ? J’peux m’en aller si jamais…

Ou juste poursuivre sa route et laisser cette personne à son breuvage. Tout ce qu’elle veut justement, c’est de ne pas s’attirer d’ennuis avec les locaux…blockquote>