1er mars 1983 ; 12h45. "Bienvenue au monde, Jonathan Baxter" entendait-on d'une voix douce et pleine d'espoir dans la chambre 402 du mémorial hospital de Portland.  On pouvait y voir la jeune maman qui enlaçait son fils tendrement contre son cœur, son premier né, l'enfant qu'elle avait toujours attendu et le seul enfant qu'elle n'aurait jamais.

Jonathan grandit dans une famille aimante, encadrée par la discipline de fer de son père militaire et la douceur légendaire de sa mère, assistante maternelle. Jon n'a jamais eu de frère et sœur, néanmoins, il a passé son enfance entouré d'autres enfants et de ce fait il ne s'est jamais vraiment senti seul. A l'école, le petit garçon faisait parti non pas des turbulents, ni des premiers de la classe, il faisait parti des rêveurs, occupé à s'imaginer un monde parallèle peuplé d'êtres fantastiques, plutôt qu'à écouter les leçons de son professeur. Autant dire qu'au niveau de ses résultats scolaires, c'était loin d'être excellent et ça ne l'a d'ailleurs jamais été. Heureusement pour lui, Jonathan possédait d'autres atouts dans sa manche, et ces derniers seront déterminants pour son avenir. Au collège puis au lycée, Jon excellait en sport et ses performances lui permettraient certainement d'intégrer plus tard, l'université de son choix. Seulement, un incident terrible vint perturber tous ces projets...

18 mai 1998 ; 22h07. Maison Familiale des Baxter : Allongée dans son lit, la maman de Jonathan, entourée de ses proches, poussa son dernier soupire, avant de quitter cette terre à jamais. Jon ne bougeait pas, il était planté là, assis sur sa chaise, lui tenant la main, la regardant s'en aller, dignement, sereinement... horriblement. Il était livide, aucune expression ne venait s'inscrire sur son beau visage, aucune larme ne coulait sur ses joues. Malgré cela, les émotions venaient se bousculer violemment les unes aux autres à l'intérieur de lui, un mélange de tristesse, de colère, d'amertume, de regrets... Il regarda son père quelques secondes, puis déposa un baiser tendre sur la main de sa mère avant de quitter silencieusement la pièce. Jon et son père étaient au courant depuis des mois de cette dramatique sentence. Tout ce qu'ils avaient pu faire pour leur petit ange pendant le temps qu'il leur restait ensemble, avait été de lui rendre la fin de vie la plus agréable possible.

Une période sombre débuta depuis ce jour. Passé le choc de cette douloureuse perte, Jonathan commença à sortir, fréquentant des mauvais garçons, en en devenant un lui-même parfois. Son père n'arrivait plus à le raisonner, l'école ne l'intéressait plus, il avait même abandonné sa passion depuis son plus jeune âge, le football américain, de même que les activités qu'il avait toujours aimé et qu'il pratiquait avec son père, les randonnées, le camping sauvage, la chasse, la pêche. Non désormais monsieur s'intéressait davantage à l'alcool, aux sorties, aux bagarres, aux filles. Des manières pour lui d'extérioriser le traumatisme qu'il avait vécu, un moyen de penser à autre chose ou de ne plus penser du tout finalement.

Un fossé s'était inévitablement creusé entre lui et son père durant cette période, et l'annonce à laquelle ils allaient faire face tous les deux n'allait rien arranger. En effet c'est lors d'une réunion parents professeurs que Baxter père et fils apprenaient que Jon ne pourrait intégrer aucune université prestigieuse, son comportement et ses nombreuses absences durant cette dernière année avaient réduit ses chances de réaliser son rêve à néant. Lui qui s'était battu pour compenser ses mauvaises notes avec un entrainement acharné, avait gâché toutes ses chances d'être peut-être un jour un sportif professionnel. La déception et la honte pouvaient se lire sur son visage malgré ses gros efforts pour le cacher. Il avait hérité du côté fier et discipliné de son père, pas d'explosion de joie, pas de larmes non plus. C'était entièrement de sa faute, restait maintenant plus qu'à trouver un moyen de réparer ses erreurs.

1er mars 2000. C'est le jour de ses 17 ans que Jonathan s'engagea dans l'armée. Sa première mission à l'étranger arriva rapidement, c'est lui-même qui avait demandé à être envoyé le plus loin possible, et dans la section la plus difficile. Qu'avait-il à perdre ? Au contraire, dans sa tête à ce moment là il avait tout à prouver, surtout à la dernière personne qui lui restait en ce monde. C'est le jour de son départ que son père fit le premier pas et le prit dans ses bras, la première fois depuis bien longtemps. Bien entendu, il n'omit pas de lui donner des derniers conseils essentiels pour survivre en milieu de guerre. Baxter père avait participé à de nombreuses missions en extérieur, aujourd'hui son fils prenait la relève.

4 novembre 2011, hôpital militaire de Portland. "C'est fini Jon, je suis désolé" dit le chef d'un air triste en regardant Jonathan, allongé et impuissant dans son lit d'hôpital. Le jeune homme le savait, il ne retournerait plus jamais en mission extérieure, la dernière en date lui avait laissé des séquelles trop importante. Tous ces sacrifices, toute cette souffrance... pour une fois encore devoir renoncer à ses objectifs. Le beau brun demanda à rester seul, le regard plongé dans le vide, il songea à tout ce qu'il avait pu vivre grâce à l'armée, les personnes qu'il avait rencontrées, les lieux incroyables qu'il avait visités, les émotions intenses qu'il avait ressenties : que ce soit quand il avait sauvé l'un de ses camarades sur le champ de bataille en le portant sur plusieurs kilomètres, et même lors de cette dernière mission, quand cette balle de kalash lui avait traversé le corps. Son père lui avait dit qu'une page se tournait, que maintenant il était destiné à faire autre chose. Peut-être qu'il avait raison.

En effet quelque temps après cet épisode, le temps de se remettre de sa blessure, un des supérieurs de Jon à l'armée vint lui rendre visite pour lui faire une proposition d'emploi. Il lui proposait de devenir instructeur pour les jeunes recrus afin de mettre à profit toutes ses compétences pour la transmettre à la nouvelle génération. Jon étant un militaire plusieurs fois décoré pour ses aptitudes au combat, ses qualités dans le domaine furent tout de suite fortement appréciées et respectées.

C'est une année après que Jonathan a croisé le chemin de Jessica. La plus gentille, la plus douce, la plus belle femme qui lui a été donné de rencontrer. Un véritable coup de foudre s'est produit ce jour là et c'est à peine 6 mois plus tard que Jon demanda sa main. Adieu les conquêtes et les histoires d'une nuit, désormais Jonathan Baxter en était sûr, il avait trouvé la femme de sa vie. Ils s'installèrent dans une jolie maison, la suite logique était d'être heureux et d'avoir beaucoup d'enfants, non ?

Fin octobre 2015. Portland. "Jon qu'est qu'on va faire ??" dit Jessica complétement paniquée en se penchant en avant vers son mari qui conduisait la voiture. "On va faire comme on a prévu." répondit Jon d'un ton assuré, en continuant de scruter la route qui était parsemée de toute sorte d'embuche. Son père qui était assis côté passagé faisait office de co-pilote. La petite famille avait embarqué toutes les premières nécessités, leurs armes et avaient pris la route direction la base militaire ou Jon et son père avaient servis. Depuis la veille, Jon se remémorait sans cesse l'appel qu'il avait reçu d'un de ses anciens camarades militaire, lui sommant de fuir immédiatement avant que la situation ne devienne incontrôlable.

L'entrée de la base était cachée par des centaines de personnes qui essayaient de rentrer à tout prix pour sauver leur vie. Beaucoup trop de monde pour que Jon prenne le risque qu'il arrive quelque chose à sa femme qui était enceinte de 4 mois. Il devait d'abord s'assurer que ses proches et lui auraient une place au sein de son ancienne famille. Il se tourna alors vers son père. "Si quelqu'un s'approche de trop près de la voiture..." son père lui fit immédiatement signe de la tête, exprimant le fait qu'il avait parfaitement compris le message et qu'il  n'était pas nécessaire d'employer des mots... qu'on avait encore peur d'utiliser à cette époque. Jon se tourna alors vers Jess et lui dit : "Ca va aller. Je vais voir si on peut rentrer. Vous vous ne bougez pas d'ici. Je reviens vite." sans perdre de temps il vérifia que son arme était bien chargée, puis il sortit de la voiture, tandis que son père appuyait sur la fermeture centralisée. Plus les minutes défilaient, plus le monde s'amassait devant les grilles, et il était quasi impossible de se frayer un chemin parmi cette foule déchainée. S'étant approché au maximum, Jon aperçu au loin sur les remparts un ancien camarade. Il cria son nom à plusieurs reprises mais avec tout ce bruit comment se faire entendre ? C'est alors qu'une femme se mit à hurler, Jon chercha pendant quelques secondes d'où ce cri venait. C'est là qu'il aperçu un homme, mordre une personne au niveau du cou. S'en suivit un jet de sang qui arrosa les personnes qui se trouvaient à proximité. Jon était abasourdi, choqué... tout ce qu'il avait entendu ces derniers temps, tout était vrai putain. Il se mit à courir vers là ou il avait garé la voiture et remarqua au loin deux hommes qui s'en approchaient. Il se précipita vers eux. "Hey !!!!!" cria t-il tout en brandissant son arme. "Barrez vous ! TOUT DE SUITE !" dit-il d'un ton menaçant et autoritaire. Ni une ni deux les hommes hommes s'enfuirent et Jon pu reprendre place dans le véhicule. Sa femme était en larme, elle et le père de Jon avait eux aussi été témoin de la scène qui venait de se produire. "Je suis là ma puce, respire." dit-il à Jessica pour tenter de la calmer. Il regarda alors son père : "ici c'est pas possible, il faut trouver un autre endroit." Il redémarra sans plus tarder direction... dieu seul savait où.


Janvier 2016. Castle Rock Jon, son père ainsi que sa femme Jessica étaient à pied depuis environ deux semaines. Ils avaient du abandonner la voiture suite à un accident causé par des rodeurs qui avaient envahit la route. Pour couronner le tout, le père de Jon s'était cassé le bras pendant cet accident et Jessica était maintenant enceinte de 7 mois. Les déplacements étaient compliqués et risqués, c'est pour cela qu'après deux semaines de galère ils avaient décidés de s'installer dans une maison reculée, entourée de part et d'autres par de hauts murs. Cet endroit ferait l'affaire en attendant de trouver mieux.

Début Février 2016. C'était un matin tôt, Jon faisait le tour des fenêtres de la maison pour scruter les environs. La rue avait l'air plutôt calme, tant mieux puisque les vivres commençaient à manquer et Jon comptait faire un ravitaillement dans le supermarché qui se trouvait à deux ou trois rues d'ici. Dans le salon, il se dirigea vers sa femme qui était entrain de dormir dans le canapé. Il s'assied à ses côtés, observant son visage angélique endormi, jusqu'à ce qu'en douceur, elle se réveille. Plongeant son regard dans celui de son mari, elle lui sourit, et Jon lui sourit en retour, avant de caresser ses cheveux blonds dorés et de lui embrasser le front. Il l'aimait tellement... il était prêt à tout pour la protéger et lui apporter tout ce dont elle avait besoin. Il lui mit alors la main sur le ventre, il adorait sentir leur bébé bouger et malgré le chaos qui régnait, Jon restait optimiste quant à l'arrivé de leur enfant. Il se devait de rester positif, Jessica était bien assez angoissée quand elle pensait à l'accouchement. Son mari faisait tout son possible pour la rassurer et elle avait tellement confiance en lui qu'il y arrivait plutôt bien. "Je vais aller faire un tour..." dit-il à sa dulcinée qui savait pertinemment que de temps à autre, ils étaient obligé de se séparer pour leur survie à tous. "Tu fais attention... et tu reviens vite..." dit-elle, l'air un peu inquiète tout de même. Jon sourit légèrement à cette remarque, il l'a connaissait par cœur. "Sans toi... c'est fini pour moi." dit-elle, en le regardant dans les yeux. Cette phrase fit l'effet d'une bombe à l'intérieur de Jon. "Toute seule je pourrais pas, je n'y arriverai p..." Jon l'interrompu en mettant deux doigts sur sa bouche. Même si il en avait déja conscience, il se devait de rester en vie pour elle et pour leur enfant, sur ce point il n'avait pas le choix. "Je vais revenir... je te le promet." dit-il avant d'embrasser sa femme et de l'enlacer très amoureusement.
Après ça il rejoint son père qui était dans la cuisine, le bras droit dans une écharpe de fortune construite avec les moyens du bord. Jon lui dit qu'il serait de retour d'ici environ une heure. Pendant ce temps, son père avait pour mission de barricader la maison et de veiller sur Jessica. Ils se serraient dans les bras et Jon prit la route armé d'une hache qu'il avait trouvé une semaine plus tôt, ainsi que du poignard qu'il avait reçu de son père pour ses 14 ans. Malgré le fait qu'ils avaient des armes à feu, il ne leur restait que trop peu de munitions pour qu'il s'en serve. Peu importe, le but était d'être rapide et de ne pas se faire remarquer. Les armes blanches feraient davantage l'affaire pour cette mission.

1h30 plus tard : Jon arriva devant la porte d'entrée de leur nouvelle demeure, qui était grande ouverte. Son cœur se mit à battre très fort et sa respiration s'accéléra. Il posa le sac qu'il avait apporté sans un bruit sur le sol. Il attrapa délicatement sa hache, puis s'avança dans la maison, guettant le moindre mouvement suspect. Il fit le tour du rez de chaussé, personne n'était là. Il commença au fond de lui à paniquer, gardant tout de même son calme pour ne pas attirer l'attention. Il monta alors tout doucement les escaliers, et un bruit étrange se fit entendre, ça avait l'air de venir de la chambre du fond. Il avança doucement dans le couloir, jetant au passage un œil dans les autres chambres. La porte de la chambre du fond était entre-ouverte, une fois devant il l'a poussa doucement pour découvrir ce qui s'y trouvait.

Jon assista alors à une scène de pure horreur. Il vit son père, agenouillé au sol, entrain de dévorer à pleine dents le cadavre de Jessica, sa femme. Jon mit quelques secondes avant qu'une quelconque émotion se fasse ressentir. Puis ses yeux se remplirent de larmes, et il commença à sangloter ce qui attira l'attention de son père. Du moins, de ce qui restait de lui. Ce dernier se leva, difficilement, étrangement, comme si il était désarticulé. Son bras droit pendait et n'était relié que par un bout de chair, laissant entrevoir l'os. Son visage avait changé, son  expression bienveillante et généreuse avait laissé place à des yeux rouge sang, des grognements sortis tout droit de l'enfer et une expression... qui n'avait plus rien d'humain. Les bras en avant, il s'approcha de Jon en tentant de l'agripper et ce dernier le poussa violement pour l'éloigner de lui, tout en continuant de pleurer, totalement impuissant. Il le repoussa, encore, et encore... jusqu'à ce qu'il sorte un couteau (son poignard ayant disparu) pour lui enfoncer dans le cœur, tout en tombant avec lui au sol. Il constata rapidement que c'était un coup d'épée dans l'eau. Cette créature tentait encore de l'agripper, même avec son bras à moitié déchiqueté. Jon le maitrisa puis lui enfonça le couteau sur le côté droit de son crâne. Ses larmes ne cessaient de couler, il se releva difficilement, sachant qu'une autre vue traumatisante l'attendait. Il lutta contre lui même puis doucement se tourna vers l'amour de sa vie, qui était là, allongée, inerte, étendu sur le sol, les yeux encore ouvert et le ventre à moitié ouvert. Jon sanglota encore plus fort puis hurla avant de taper dans les murs. Il n'y arrivait pas... il n'arrivait pas à l'approcher, il n'avait pas envie de voir ça, c'était trop dur. C'est au bout de cinq bonne minutes qu'il s'approcha enfin et se laissa tomber à genoux auprès de sa femme. Il n'osait pas regarder vers son ventre, en tous cas rien ne bougeait, il n'y avait plus aucun espoir pour tous les deux et il le savait. Il ferma les yeux de sa femme avant de relever délicatement le haut de son corps pour la mettre contre lui et pleurer, sa tête contre la sienne.

Mars 2017. En remontant vers Seattle. Jon avait passé cette dernière année à errer tel une âme en peine. Un an à se remémorer le meurtre atroce de son père et de sa femme, à penser aux blessures qu'il leur avait été infligées, à la peur et à la souffrance qu'ils avaient du ressentir. Aux derniers mots qu'ils avaient prononcés, aux dernières pensées qu'ils avaient eut. Jon n'était plus le même, il passait des journées et des nuits entières à massacrer des rodeurs à coup de hache, tentant impossiblement d'atténuer la haine et la douleur qui résonnait en lui depuis ce jour.

Il pleuvait à torrent depuis trois jours entiers quand le soleil décida enfin à rayonner. Jon n'avait rien avalé depuis des jours, il était affamé et épuisé aussi bien physiquement que mentalement. C'est alors qu'au détour d'un sentier, il tomba nez à nez avec deux hommes. Ils avaient l'air assez jeune, peut-être la trentaine. L'un était petit, trapu, l'autre grand et épais comme un clou. Jon attrapa sa hache et se mit en position de défense, tandis que les acolytes tentaient de le calmer en lui affirmant qu'ils ne cherchaient pas d'ennuis. Afin de le convaincre, ils lui montrait les lapins qu'ils avaient attrapés l'après midi même, et l'invitait à se joindre à eux pour un barbeuk en pleine forêt.

Jon dévora ce lapin tel un animal affamé, les deux autres rigolaient en le regardant faire. Toute la soirée la petite bande se racontait, autour d'un bon feu, leur vie depuis que ce virus avait frappé le monde. Comment ils avaient fui le chaos, comment ils survivaient depuis une année déjà. Une petite bouffée d'air frais il fallait bien l'admettre, quand on avait parlé à personne depuis des mois. C'est alors que le plus grand se mit à raconter une histoire qui lui était arrivé à lui et son pote quelque temps en arrière. Quand ils crevaient la dalle depuis presque une semaine et  qu'ils avaient repérés une petite famille, l'air peu menaçante mais bien chargée s'installer dans une maison à la sortie de la ville. Il raconta qu'ils avaient attendu que le plus costaud s'en aille, pour aller dépouiller ceux qui étaient restés. Il admit un peu plus difficilement qu'ils les avaient exécutés, un peu "salement" expliquait-il, mais bon, selon lui c'était une petite erreur de parcours, et puis "avec toute cette merde, normal de devenir fou". Il sortit alors un poignard, trophée qu'il avait gagné ce jour là. Une arme à l'apparence singulière, reconnaissable entre toutes.
"Comment tu les as tués ?" demanda Jon, le regard inexpressif mais persan, le cœur en miette. "Haa t'es un sadique toi tu veux les détails ! T'as de la chance, il se trouve que j'ai pas grand chose d'autre à faire." répliqua la grande asperge. "Le vieux il était coriace, on a eut du mal à le chopper mais un bon coup de marteau derriére le crane ça calme tout de suite !" ajoutait-il en riant avec son pote. "La pétasse elle arrêtait pas de gueuler, fallait la faire taire elle allait attirer toutes les charognes du coin." lâcha t-il, impassible. Le petit gros prit à son tour la parole, lui aussi avait besoin de se confesser on dirait. "Je l'ai étranglée. Ca a été assez rapide, en même normal c'était qu'une femme. Elle était enceinte jusqu'au cou, putain comment on peux penser à pondre dans ce monde de dingue. Je crois qu'en fait je lui ai rendu service." dit-il avant de sourire bêtement.
Un silence pensant s'installa tandis que Jon tentait de maitriser son début de tremblement. Se mordant la lèvre, il réalisait qu'il avait passé la soirée à discuter, parfois à rire, avec les meurtriers de son père et de sa femme. La rage qui était légèrement redescendu ce soir, remonta à la surface tel un tsunami. Il regarda furtivement le grand à sa gauche, et le petit face à lui, qui venaient de capter que quelque chose n'allait pas. Jon se leva alors d'un bond en attrapant sa hache, avant de la planter de toute ses forces dans le crane du meurtrier de son père. L'autre cria et attrapa le fameux poignard, se jetant sur Jon pour essayait de le tuer avant que lui ne le fasse. La bagarre dura quelques minutes avant que Jon ne prenne le dessus, se trouvant sur son adversaire, lui faisant lâcher son couteau. "Tu lui a rendu service hein ?!! C'est ça que t'as dit ?!!!!" hurlait-il en l'assommant de coups de poing et finissant par lui couper un bras. Sa victime poussa un cri terrible, un cri qui ne fit ni chaud ni froid à Jon qu'à cet instant, personne n'aurait pu arrêter. "POURQUOI ?!!! POURQUOI T'AS FAIT CA ?!!!!" hurlait-il encore, ne pensant pas une seconde aux rodeurs qui avaient du entendre tout ce vacarme depuis quelques minutes déjà. Le type tentait difficilement de se relever, et une fois debout Jon lui planta sa hache dans la jambe, sans réussir à la couper totalement. Il tomba à nouveau, pleurant, s'excusant, suppliant Jon de l'épargner. Jon s'approcha de lui, levant sa hache et le regardant droit dans les yeux. C'est alors qu'il vit plusieurs rodeurs arriver. Il regarda à nouveau l'homme. "Va en enfer encu**." Il mit son pied sur le torse de cette sombre merde et le poussa violemment en arrière, offrant sur un plateau un repas 100% frais aux morts vivants. Le visage pissant le sang, Il l'observa quelques secondes se faire bouffer, avant de récupérer son poignard, leurs affaires, et de s'enfuir loin d'ici.

Automne 2018. Capitol State Forest. Jon dormait tranquillement, dans une cabane perdu dans les bois, lorsqu'il sentit un point froid sur le front. Il ouvrait les yeux et vit un canon de revolver avec au bout une femme qui le tenait fermement. C'était sa façon à elle de dire bonjour. Ce fut sa première rencontre avec elle, sa petite amazone comme il l'appelait désormais. Il n'avait jamais rencontré une femme comme elle, déterminée, sûr d'elle et sans pitié. Au fil des jours, elle était devenu sa compagne de route, au fil des mois, elle était devenue son amie. Une amie avec qui il partageait tout, nourriture, vêtements, armes, rigolades, confidences, et désires primaires. Ils pouvaient rester ensemble durant des semaines, puis se séparer pour mieux se retrouver des mois plus tard. Elle connaissait beaucoup de survivants et de petits groupe par ci par là. Jon lui n'était pas encore prêt à voir du monde, préférant pour le moment rester loin de tout ça. Ils avaient un endroit où se retrouver si ils voulaient se voir, et malgré le fait qu'il faille parfois attendre longtemps, ils finissaient toujours par se retrouver.

Début 2020, Sud de Seattle. Jon ouvrait difficilement les yeux, il se sentait faible et ressentait une douleur importante au niveau des côtes. Il vit en premier lieu un plafond couleur bois, puis tournant doucement la tête en grimaçant, il aperçut une femme, qui était de dos, face à une table, entrain de manipuler quelque chose. Malgré la douleur qui était vive, Jon tenta de se relever jusqu'à s'apercevoir qu'il était attaché et qu'il ne pouvait aller nul part. Le bruit des sangles attira l'attention de la jeune femme qui se tourna rapidement vers lui. "S'il vous plait ne  bougez pas. Vous êtes blessé, nous vous avons trouvé et ramené ici pour vous soigner." Jon tenta en quelques secondes de se souvenir de ce qui s'était passé, et peu à peu des images lui revenaient en tête. Il était tombé face à plusieurs rodeurs qui n'avaient rien à voir à ceux qu'il avait croisé depuis le début de l'épidémie. Il se souvenait avoir couru sur une longue distance, avoir escalé plusieurs obstacles, et avoir du sauter d'un pont pour leur échapper. Jon fronça les sourcils, mais qui étaient ces créatures ? d'où venaient-elles ? La jeune femme s'adressa de nouveau à lui en lui donnant son prénom, afin qu'il fasse de même. Après une petite hésitation il accepta les présentations.

Deux semaines plus tard, Jon était à nouveau sur pied mais encore bien affaiblit. Résultat de son petit plongeon : plusieurs côtes cassées, une entorse à la cheville et un hématome au crane, ce qui lui a valut deux jours de profond sommeil. On pouvait le dire, ce groupe lui avait certainement sauvé la vie. Sa sauveuse était resté près de lui pendant les deux mois ou il était resté ici. Elle lui avait fait visiter le camp, lui avait présenté certains des membres de son groupe à qui elle avait fait des pieds et des mains pour qu'il puisse rester. Jours après jours, elle tentait d'en savoir plus sur Jon qui était resté très mystérieux sur son passé. Toutefois, sans savoir vraiment pourquoi, elle lui faisait confiance. Ses gestes, son attitude, son regard... elle était persuadée qu'il n'était pas quelqu'un de mauvais, juste quelqu'un de très seul depuis trop longtemps.

"Encore en mode loup solitaire" dit la jeune femme, s'approchant par derrière de Jon, qui était assis face à une étendu d'eau et qui aiguisait sa hache. Jon sourit légèrement, continuant de faire ce qu'il avait commencé. "Tu sais demain tout le monde se réunit pour manger ensemble, tu devrais venir." dit-elle d'une voix douce et chaleureuse, en s'asseyant à côté de lui. Jon posa sa hache au sol et  regarda l'horizon quelques secondes avant de lâcher brutalement : "Il faut que je parte." La jeune femme changea d'expression, ne comprenant pas cette soudaine annonce. Tentant de le faire changer d'avis, elle exposa le fait qu'il avait beaucoup aidé la communauté et que c'était des personnes comme lui dont ils avaient besoin. Certes il s'était montré assez sauvage au  départ, mais avait démontré avec le temps qu'il était inoffensif et surtout qu'il pouvait être un atout important du groupe. De plus elle lui dit que vivre seul n'était pas une vie, qu'ici au moins il pourrait avoir peut-être pas des amis mais au moins des alliés. Elle qui s'était attachée à lui pendant ces deux mois n'avait en réalité tout simplement pas envie de le voir partir. La seule réponse de Jon était qu'il ne pouvait pas rester. Est ce qu'il avait peur de s'attacher à nouveau à quelqu'un et prendre le risque de le voir disparaitre ? Est-ce qu'il avait peur de retomber amoureux ? Il n'en dira jamais plus à ce sujet. Cette dernière nuit, Jon et sa belle la passeront ensemble, à discuter, à rigoler, à s'enlacer, à faire l'amour. Le lendemain matin il lui disait adieu.

Jon s'est rendu plusieurs fois au store pour des échanges ou pour dormir entre 2019 et début 2022, mais ces passages étaient furtifs, il ne restait jamais longtemps.

Début janvier 2023. Nord de Seattle. Il y a quelques jours, Jon a fait la connaissance d'un homme qui recherchait des survivants pour intégrer son groupe. Jon avait hésité à accepter de le suivre. Mais après trois jours de marche sous une pluie battante et le ventre vide, pourquoi refuser l'invitation de ce nouveau potentiel camarade qui lui vendait en plus clairement du rêve : Une équipe soudée, des hommes et des femmes qui luttent ensemble, dans une cohérence parfaite pour leur survie. Une ambiance solidaire et conviviale, selon son point de vue. Et surtout, un bon stock de bouffe ! Jon n'avait pas encore conscience du merdier dans lequel il avait mit les pieds. Mais peu importe ce qu'il vivait, la mort ne lui faisait pas peur, il était prêt à tout endurer puisqu'il avait déjà vécu le pire.

La ligne de conduite de Jon depuis le début de l'épidémie, a toujours été de bouger, tout le temps, tous les jours. Monsieur Baxter ne reste jamais au même endroit très longtemps, afin de couvrir un plus large périmètre et fouiller toutes les habitations ou lieux autrefois occupés, pour trouver armes, vêtements, nourriture... et tout ce qui pourrait lui servir pour survivre. Du matériel qu'il lui arrive d'échanger contre d'autres objets lorsqu'il rencontre des personnes ou quand il croise et re-croise des inconnus devenus maintenant des connaissances.

Jon se nourrit la plupart du temps du gibier qu'il a attrapé grâce à des pièges que lui avait appris son père dans sa jeunesse, ainsi que sa formation militaire un peu plus tard. Il lui arrive de pécher bien qu'il trouve cela ennuyant et qu'il ne soit pas fan de poissons. Vous pourrez le voir s'entrainer au lancer de couteau dans la forêt, discipline qu'il maitrise très bien après des années d'entrainements. Quand il y a un rayon de soleil, il aime s'allonger et fermer les yeux pour se relaxer et penser à ce qu'il fera demain. Prévoyant et ordonné sont deux mots qui résument bien les principes et habitudes de Jon qui se refuse à se laisser aller. Il aime être utile à lui même et aux autres bien qu'il ait besoin de recul après avoir côtoyer du monde trop longtemps.

Sept ans. Sept que toute cette merde a commencé. Jon en avait fait du chemin depuis tout ce temps. Il avait marché, encore et encore, visitant diverses villes et forêts, découvrant toujours plus de morts. Il était seul la plupart du temps mais avait croisé plusieurs personnes durant ces sept années. Des gens qui l'avaient accueilli au sein de leur groupe pendant des semaines, des solitaires, avec qui il s'était sorti de galère monumentale, d'autres avec qui ça ne l'avait pas fait du tout. Jon avait eut aussi plusieurs "aventures" avec des femmes, les codes de séduction ayant bien changés avec le temps. Des rencontres passionnantes, inquiétantes... mais humaine, c'est tout ce qui comptait. Sauf qu'en parfait solitaire, Jon avait toujours fini par partir. Il avait réussit à remonter la pente après la perte de ses proches mais cela lui avait beaucoup couté. Désormais il ne comptait que sur lui même et ne faisait confiance à personne.