Début décembre 2022.

Installé à son bureau, dans le silence le plus total, l’attention d’Elijah est encore et toujours plongée sur le dossier Crawley. Peu importe s’il s’en occupe en dehors de ses horaires de travail, ou qu’il ferait sûrement mieux de se laisser un peu de temps pour lui et sa famille, le milicien est bien trop plongé dans son travail pour y prêter attention. Trois mois se sont écoulés, depuis qu’il est allé rendre visite à Neela, au sujet de son début d'enquête: et… il y a eu peu d’avancées, il faut bien l’avouer. Quelques noms sont ressortis, mais entre celles qui ne sont plus en vie, et d’autres qui n’osent pas témoigner…

Papa ? Les légers coups à la porte, suivie par l’ouverture de cette dernière, le sort de sa réflexion: Mia se tient au niveau de l’encadrement, portant Lucy dans ses bras. Désolée de te déranger, elle a une moue désolée, sincère, avant de reprendre. On… On va y aller, il est bientôt dix-sept heures. Déjà ? Le cinquantenaire jette un coup d’oeil à sa montre, avant d’avoir un soupir silencieux: effectivement, le temps est passé bien plus vite qu’il ne le pensait. Oui, ce ne serait pas correct de faire attendre Ela. Cette dernière avait proposé à Mia de passer un peu de temps ensembles, en famille, avec Lucy. Normalement, Elijah était lui aussi convié, mais… trop occupé pour y être, disons.

J’ai laissé le gâteau sur la table, le prévient elle en posant finalement la plus jeune à terre, se rapprochant d’Elijah. Ne l’oublie pas. L’adolescente enlace un instant son paternel, avant de s’éloigner de nouveau. Le gâteau ? Il ne se rappelle pas pour quelle occasion précise elle a décidé d’en faire un, mais soit… Tu ne dois pas aller rendre visite à Anjali ? Je… je me disais que ça leur ferait plaisir, que tu leur en donnes un. Depuis qu’ils ne sont plus… Elle ne finit pas sa phrase: l’adolescente ne sait de toute façon presque rien sur le sujet, mais l’absence de Mason n’est pas passé inaperçue pour elle.

Je ne l’oublierai pas. Un sourire vient orner son visage, comme pour rassurer Mia: mais intérieurement, dans le flux incessant de ses pensées, il se remémore bien assez rapidement de la raison de cette visite prévue… Pour voir Anjali et les enfants, certes. Savoir comment ils vont, depuis qu’ils vivent… dans un autre district. Mais aussi, car il se sent peut-être coupable de leur situation actuelle. Tout en sachant bien qu’il n’aurait rien pu faire d’autre, ce fameux jour. Rien…

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Si le district cinq paraissait déjà plutôt défavorisé, avec le temps la situation ne semble pas s’être arrangée, bien au contraire: la pauvreté et le manque de moyens sont visibles à chaque coin de rue, dans lesquelles Elijah s’engage en allant vers la nouvelle habitation d’Anja, suivi de près par Clover. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour trouver l'endroit en question, faisant désormais face à une modeste maison. Rien n’est entretenu, et autant dire que cela contraste totalement avec leur ancien lieu de vie au district trois… Le milicien a un énième soupir, avant de finalement toquer à la porte.

L’agitation est palpable, derrière les murs: et il lui faut attendre un petit temps, avant que la porte ne s’ouvre réellement, sur la mère de famille. Bonjour Anjali. Sa fatigue est palpable, lisible sur chacun de ses traits. Je viens… prendre de vos nouvelles. Des enfants autant que d'elle. Ou constater dans quelle situation tu les as toi-même mis, n’est-ce pas ? A ses côtés, Clover reste sagement assis, néanmoins intrigué par le fait de rencontrer de nouvelles personnes.

Tu es sûre que ça va avec le bébé ?
Elle relève les yeux vers Charlie, loin d'être dupe. Devinant dans son regard cette maturité subite qu'il avait dû encaisser sitôt qu'ils avaient été jetés dans ce district, terminant de bercer Esperanza dans ses bras pour qu'elle s'endorme et rejoigne rapidement Dimitri et Keneka dans leur sieste de l'après midi, haussant les épaules.

Si ça ne va vraiment pas... Je te le dirai. Promis. Assure t-elle à son fils adoptif, qui ne parvient même pas à esquisser un sourire. Venant poser sa main sur la joue de son aîné, lui offrant un sourire tendre. Tu sais, Joker... Il à recommencé les crises de panique. Et l'annonce lui fait pincer les lèvres. Il veut pas en parler, mais ... Il en fait pas mal en ce moment. Bien sûr, qu'elle savait. Et qu'elle s'efforçait de rester silencieuse, quand elle entendait Charlie prendre le relais car Joker refusait qu'on appelle de l'aide.

Ce soir, vous dormez avec moi. Tous les deux. Comme quand on était à Seattle, d'accord ? Au moins Charlie pourrait se reposer, et elle ne doutait pas que Joker serait apaisé. Bien plus que dans cette chambre miteuse, qui aurait presque pu rappeler les ruines de leur première demeure, avant d'atterrir ici.

J'vais ouvrir. Annonce finalement l'intéressé alors que des bruits se font entendre à la porte, se relevant avec difficulté. Non, laisse. Amène Esperanza dans sa chambre, plutôt. Exige l'indienne en venant lui mettre le bébé dans les bras, glissant une main dans les boucles éparses de son fils pour venir accueillir l'arrivant.

Elijah ?

Elle ne peut s'empêcher de froncer les sourcils avec une suspicion certaine, en le voyant venir. S'il était avant tout un ami, il faisait également partie de ces milices qui lui avaient arraché son mari, et amené ici sans sommations aucune. Mais ses mots adoucissent son regard, alors qu'il évoque la volonté de venir prendre de ses nouvelles, hochant la tête avant d'ouvrir un peu plus la porte pour s'effacer et l'inviter à entrer.

A l'intérieur alors. Je suis fatiguée de mes collabo de voisins. Les curieux, qui la désignaient comme la femme d'un traître à son rang. Si elle gardait la tête haute, il n'empêchait. Elle ne leur ferait pas le plaisir de les laisser piailler en voyant un milicien sur le pas de sa porte.

Tu m'excusera le désordre ambiant. un rire sans joie s'échappant de ses lèvres en avisant ce qui lui servait de salon. Entre les jouets des enfants, et les rares vivres qu'elle avait ramené des dernières courses, tout ici clamait qu'il s'agissait d'un taudis. Esquissant un sourire moqueur, façade requise pour masquer son anxiété, avant de l'inviter à s'asseoir ou il le souhaitait, avisant Joker et Charlie sur le pas de l'entrée.

Dans vos chambres. Je vous appelle tout à l'heure, promis. Qu'elle leur demande fermement, les laissant disparaître de la pièce avant de revenir à Elijah.

Excuse les. C'est un peu ... Compliqué, en ce moment. souffle la brune en venant le dépasser, prenant place à son tour sur l'une des chaises autour de l'unique table de la maison.

Caressant le chien de l'homme avec tendresse, avant de relever un regard vers Elijah, reprenant.

C'est gentil de venir. Mais comme tu peux le voir... Nous avons une certaine ressource. Sa survie en extérieure n'était pas si loin, après tout. Il en faudrait plus pour l'abattre définitivement.

A ses mots, ou plutôt en expliquant la raison de sa venue, Elijah remarque un certain changement dans le regard d’Anja: il s’adoucit, d’une certaine manière, estompant par la même occasion une certaine méfiance. Tant mieux. Bien évidemment, commente-t-il ensuite à ses propos, ne se faisant pas prier avant de rentrer. Ce n’est qu’une fois la porte refermée, qu’il reprend de nouveau la parole. Ce sont des vautours, rien de plus, rien de moins. Puis il a un soupir. Les nôtres ne sont pas tellement différents. Ils nous scrutaient sans cesse, depuis que… Hoani s’est faite disgracier. Le temps avait estompé ces comportements, mais pour autant, lui n’oubliait pas. Loin de là.

Ce n’est rien, tu n’as pas à t’excuser pour ça. Le milicien avise la pièce et le désordre se présentant face à lui, silencieusement: s’il pense sincèrement les mots qu’il prononce, en revanche, certaines pensées commencent à affluer un coin de son crâne. Il faut ranger ça. Tout ça. Éviter à tout prix le moindre désordre. Fort heureusement, il n’en est pas au point où cela deviendrait irrépressible… tant que cela reste dans un coin de sa tête. Et si jamais tu as besoin d’aide… N’hésite pas, ajoute-t-il, s’asseyant finalement à l’une des chaises autour de l’unique table disponible. C’est une manière pour lui de se montrer poli, mais aussi de proposer de manière désintéressée son aide… Vraiment ? Ne le fais-tu pas aussi à cause d’une certaine culpabilité, Elijah ?

Son regard se pose sur les deux garçons, toujours au niveau du pas de l’entrée, qui se dirigent ensuite vers leur chambre. Ils le sont déjà, ne t’en fais pas. Lorsque Anja parle ensuite d’eux, une fois disparus dans une autre pièce. Si son attention se pose une nouvelle fois sur elle, et Clover l’en détourne un instant, le chien semblant particulièrement apprécier la tendresse que lui accorde la jeune femme, avant de revenir à ses côtés. Mia ne pouvait pas venir aujourd’hui, mais elle tenait à vous offrir ça. Le vous désignant bien évidemment l’ensemble de la famille. Puis il pose finalement ledit paquet dans ses mains sur la table: un plat plus précisément, recouvert d’un tissu et protégeant un gâteau.

Il laisse filer un temps de silence. C’est normal. Avant d’avoir un léger hochement de tête. Tant mieux… Parce qu’ici, s’ils sont encore à mille lieux du bidonville, il n’empêche que le manque de moyens se fait d’autant plus ressentir ces derniers mois. Anja, écoute… Je pense qu’il faut que tu saches ce qui est arrivé à Mason. Elle doit savoir, être mise au courant de ce qu’il s’est passé… même si cela signifie s’autodésigner, par la même occasion.

Est-ce que tu as des nouvelles d'elle ? Hoani. Elle n'avait pas eu le temps de beaucoup la fréquenter, mais avait apprécié son franc caractère, et sa vision des choses. Et toi ? Comment le vis tu ? Son coeur se serrant en apprenant qu'elle était toujours au bidonville, avant de reprendre, en pinçant les lèvres à cette proposition pourtant si charitable.

Tu sais Elijah, je pourrai être à la rue à mendier, que je ne te demanderai même pas l'heure qu'il est, par pur principe de contradiction. Sa fierté parlait pour elle, dans l'immédiat. Mais ... J'apprécie que tu le propose, dans tous les cas. précise la brune sur un ton plus doux, esquissant un sourire bref, mais présent. Quand au gateau de Mia ? Elle ne peut qu'être sincèrement touchée par le geste.

Mia est une sainte. Concède clairement la brune, son regard venant s'adoucir devant le présent. J'adorerai la revoir, mais ... Je doute que ce soit bien vu, qu'elle vienne ici au vu des récents événements. Elle préférait ne pas causer de problèmes à la jeune fille, et ce malgré toute l'affection qu'elle pouvait lui apporter.

Quand au reste ? Son regard se fige une seconde, avisant Elijah sans mot dire, alors qu'il évoque son époux. Quoi ? Ne pouvant s'empêcher de se redresser sur sa chaise, ses yeux bruns venant s'ancrer dans ceux du milicien. Se faisant silencieuse, jetant un bref regard vers l'escalier pour s'assurer qu'aucun enfant ne s'amuse à écouter aux portes, venant refermer cette dernière pour leur offrir un semblant d'intimité.
Pas une seule seconde, elle n'avait semblé qu'Elijah puisse être présent, avoir des informations sur lui. Pourtant, ils travaillaient dans le même secteur, il avait forcément dû avoir des retours. Quelle imbécile.

Je t'écoutes. Avec attention. S'il y avait la moindre possibilité d'en savoir plus, elle prenait. Fronçant brièvement les sourcils d'inquiétudes, posant une main contre son ventre dans un réflexe protecteur, avant de revenir à lui avec sérieux.

Je suis prête à tout t'entendre, alors n'ai pas peur de me dire les choses avec franchise.

Plus ou moins régulièrement oui. Il est difficile pour Elijah de faire mieux, malheureusement, tout en devant désormais s’occuper de leur famille seul. Mais il n’est clairement pas à plaindre, comparé à Anja. Loin de là. Je suis allé la voir, quelques fois, aussi. Pour lui apporter son aide, à elle mais aussi aux autres survivant eux aussi dans cet enfer permanent. Quand elle lui demande ensuite comment il vit la situation, son regard se pose de nouveau sur elle, un instant: c’est bien la première fois que quelqu’un lui pose la question, du moins de manière aussi explicite.

Mal, avoue-t-il finalement, après un temps de silence. Le milicien ne cesse de maintenir les apparences, cette apparence d’inébranlabilité et de constance, une fois en dehors de sa maison: la réalité, elle, est toute autre. L’impression d’une immense perte de repère, au départ, n’était peut-être pas le sentiment le plus compliqué à gérer: la suite le fut d’autant plus. La tristesse, l’incompréhension, cet éloignement entre eux deux et… la colère. Et ça ne risque pas de changer. Parce qu’il ne pourra jamais accepter la situation, c’est impensable. Impossible. Mais il ne rentre pas plus dans les détails, et bien assez rapidement il lui propose son aide, autant avec sincérité que pour guider la conversation vers autre chose.

Je comprends totalement, dit-il, concernant son refus. Pour être honnête, j’ai tendance à faire la même chose. Refuser l’aide proposée. Ce qu’il a déjà fait avec Nader et Louisa, lorsque ces derniers lui ont proposé de garder ponctuellement Lucy en cas de nécessité: non, c’est à lui de s’occuper de sa fille adoptive. Personne d’autre. Qu’importe si la tâche n’est pas simple tous les jours. Elijah a un sourire, lorsqu’ils se mettent finalement à parler de Mia. Elle l’est, effectivement. Et il ne dit pas ça par orgueil, ou e fait qu’elle soit sa fille: non, justement, il l’affirme en connaissance de cause. Elle est ce qu’il ne sera certainement jamais. Tu sais, même avec ça elle trouvera le moyen de venir.

Car elle se préoccupe réellement de la situation d’Anjali et de sa famille, qu’importe les rumeurs. Le sujet est néanmoins laissé de côté, sans plus tarder, lorsqu’Elijah précise enfin les raisons de sa venue: il regarde l’indienne se figer un instant, sans mot dire, tandis qu’elle se redresse et jette un coup d’oeil vers les escaliers. Clairement, il ne vaut mieux pas que les enfants soient témoins de cette conversation, et la porte de la pièce principale fermée est une chose bienvenue: l’attention de son amie revient rapidement sur lui, tandis qu’elle affirme pouvoir tout entendre. Vraiment ? Lui n’en serait pas aussi certain, en toute connaissance de cause.

Très bien, acquiesce-t-il cependant. Malgré ça le milicien fera tout de même en sorte de la ménager, par soucis de sa santé et celle du bébé. Ce jour là plusieurs miliciens ont été appelé à venir pour une opération importante, pour compléter les effectifs. Mason y était… et moi aussi. Tout comme certains de nos collègues, aussi. Un aveu clair et net de sa présence, mais qu’il ne pouvait de toute façon pas éviter: pas en ayant autant de détails sur l’enchainement des événements. Nous n’avions pas été mis au courant qu’il s’agissait d’une descente à l’hôtel des King. Mais apparemment, il y avait des soupçons sur une potentielle planque à l’intérieur… de la rébellion.

Son regard se pose de nouveau sur Anja, scrutant ses réactions, aussi minimes soient elles. Elijah aborde un sujet épineux, et très clairement, il ne sait pas vraiment de quelle manière se placer à ce sujet, face à elle. Après tout, même s’il sait désormais que l’époux de son amie était impliqué là-dedans… est-ce que cela signifie pour autant qu’elle a été mise dans la confidence, comme lui l’était avec Hoani ? Difficile de le savoir. Il y en avait bien une. Et les rebelles qui s’y trouvaient ont eu le temps de fuir par les égouts, mais pas suffisamment pour avoir une réelle avance. Les faits sont décrits pragmatiquement, ni plus ni moins. Alors nous les avons poursuivis.

Mason m’a devancé, en courant après l’une d’entre eux. Bien plus rapide que lui, et il n’a aucun doute sur le fait que cette avance a été un avantage, pour son ex collègue… Je l’ai retrouvé seul, un instant plus tard. Sans qu’il ne puisse lui donner la moindre explication là-dessus. La fuyarde s’était cachée légèrement plus loin. Et c’était… son ex-femme. Une nouvelle fois, son attention revient sur Anja. Il s’est interposé, entre elle et moi. Il voulait… que je ferme les yeux là-dessus, que je fasse comme si de rien n’était. En mentionnant Hoani, notamment. Il se tend légèrement, en y repensant: non, ce passage ci, il ne l’a peut-être toujours pas digéré.

Mais c’était trop risqué. Surtout pour eux deux, tant ils auraient alimenté les soupçons.  Je lui ai assuré que je ne dirais rien le concernant, s’il n’entravait pas l’arrestation. Sauf qu’entre temps, un homme a déboulé, tentant de m’attaquer. Théodore. Le nouveau compagnon de Felicity, donc. Et à ce moment-là, Mason m’a assommé. Il les a ensuite laissés partir. Le laissant au passage à moitié inconscient au sol, pour ensuite se faire passer pour innocent de cette attaque. Je comprends ce qui l’a mené à faire ce choix. Après tout, qu’aurait-il fait à sa place ? Mais… ça l’a mené à sa perte. Après ça, le couvrir était impossible.

A cause de leur fuite, Benjamin Blackbird et moi avons été interrogé. Ils ont ensuite fait parler les rebelles arrêtés, tout comme les propriétaires de l’hôtel. Et je n’ai pas eu d’autres choix que de dire la vérité. Soit le dénoncer. D’autant plus que sa version, au delà des accusations des autres interrogés, ne tenait pas la route. Une attaque d’un rebelle sans qu’il n’ait une seule égratignure ? Improbable. Sinon… ils m’auraient retiré la garde de Mia et Lucy, et ça… c’est inenvisageable. Pas alors que leur sécurité est sa priorité. Bien avant la sienne. Et sans aucun doute, en plus de cela, il aurait fini dans la même situation que Mason. Puis il regarde de nouveau Anja. Je suis désolé. Et il l’est. Sincèrement.

Une sainte, c'est bien ce que je dis. Fait remarquer l'hindou avec une esquisse de sourire, avant que l'ambiance ne change radicalement. L'incitant à la plus grande concentration, alors qu'Elijah semble sur le point de lui avouer quelque chose de douloureux, fronçant les sourcils à l'idée. Le laissant évoquer cette opération ou les miliciens avaient participé, son regard s'ancrant dans le sien quand le nom de Mason est évoqué. Pinçant les lèvres imperceptiblement, alors qu'il évoque l'hôtel des King et la rébellion, ne cherchant pas à laisser transparaître la moindre émotion sur son visage durci par les vérités qui s'échappent des lèvres de son interlocuteur. Fermant les yeux en comprenant mieux ce qui avait incité Mason à vouloir tenter le tout pour le tout, quoi que sa colère ne vienne bouillonner silencieusement dans ses veines, détournant le regard pour masquer à Elijah à quel point ces révélations peuvent lui faire mal à l'instant.

Je vois.

Il l'avait balancé. Pour défendre sa propre famille. Une part d'elle rêve pourtant de le gifler avec force à l'instant précis, quand une autre ne peut que comprendre. N'avait-elle pas fait le maximum, pour protéger sa famille ? Se relevant pour se détourner de lui, mû part ces émotions contraires qui semblent sur le point de la dévorer en l'instant. Coupant l'air qui parvient à sa poitrine, quand son ventre se tord de douleurs à l'idée. Voilà, d'ou venait cette appellation de traître.

Tu as défendu tes proches. Et ça ... Elle ne pouvait en rien le lui reprocher. Ne se détournant que pour venir accrocher son regard au sien, avant de reprendre. Mason n'a pas su le faire. Pas sur l'instant, pas comme il aurait dû. Je ne peux pas t'en vouloir. Tu as essayé de le défendre. Ce n'était pas juste, de rabattre sa colère et sa douleur sur lui. Pas ici, pas comme ça. Et en l'état ? Ca ne lui apporterait que des problèmes supplémentaire, de toute façon.

Quand à ses excuses ? Un rire sans joie s'échappe de ses lèvres. Je comprends mieux, cette volonté viscérale de vouloir me donner un coup de main. Parce qu'il se sentait responsable de son sort, sans doute ? Mais elle n'en a cure pour l'instant.