L'été, c'est toujours plaisant comme saison, même si la survie n'est pas simple. Mais au moins les jours sont plus long. Orion n'a rien contre, c'est plutôt appréciable. Il préfère cette saison aux autres, même si l'automne lui plaît aussi avec les changements de couleurs dans les arbres. Mais il n'aime pas cette flotte qui rentre dans les vêtements et le gèle. C'est désagréable.
Malgré son exode dans les forêts et montagnes du coin, il est bien obligé de revenir au camp avec lequel il troque le plus souvent. Min est en rupture de vivres, du moins, les baies et fleurs comestibles ne suffisent plus à nourrir sa carcasse. Les oiseaux sont pas terribles non plus, ses pièges ne fonctionnent pas toujours, puis il n'est pas très doué pour la chasse il faut le dire et être franc avec soi-même.

Alors il a passé en milieu de journée les portes du fort, sale, mais les dents nickel. C'est bien ça l'ironie, le métisse prend soin de sa dentition, s'il veut continuer à manger, à parler correctement, puis se choper une infection ça n'est pas tentant du tout. Il a demandé s'il pouvait se faire un brin de toilette, au moins laver son visage, faire une toilette de chat. Puis il irait aider les autres. C'est ainsi quand on doit être chez eux, si on veut recevoir il donner. Tout se vend, rien ne se perd désormais, tout compte. C'est comme revenir des millions d'années en arrière mais avec la connaissance plus que la découverte. Ca change pas mal la donne.

Tout en marchant vers le potager et le verger, il prend un panier en osier tressé et va rejoindre ceux travaillant déjà plus ou moins sous le cagnard de l'été. Il plis ses genoux, se baisse et commence à récolter des fraises : son fruit préféré. Il sourit légèrement faisant la besogne, ça ne le dérange pas, c'est comme un temps de pause dans une vie tourmentée. Puis, il entend une voix qu'il connaît, voit un visage qu'il reconnaît. Le jeune traveler sourit alors doucement et salut Félix. "Tu viens aider ?" Demande simplement le brun, avant de se redresser et faire craquer ses articulations, puis se baisser à nouveau pour la cueillette. "Ca fait longtemps qu'on s'est pas croisé. Tu vas bien ?" Demande le gamin, histoire de faire la causette avec quelqu'un qu'il connaît au moins un petit peu et ne pas trop passer pour une sorte de rapiat qui vient là juste quand ça l'arrange.

Tout en cueillant il s'autorise à piquer une fraise pour en croquer un morceau. Bordel que c'est bon ! C'est vraiment son fruit préféré. Il gobe au final le fruit et le savoure tranquillement en hochant la tête tout en écoutant Félix. Puis il remarque son rictus, sa grimace quand il parle du mois dernier. "Kitsap ? J'y suis jamais allé, c'est quoi en fait ?" Il s'en doute bien qu'il semble être né de la dernière pluie, mais ça lui est bien égal. Orion vit au jour le jour, il fait ce qu'il peut, quand il peut, il survit seul ou plus ou moins accompagné. Mais une chose est sûre, il se refuse de survivre dans un groupe ad vitam aeternam. Il en a de trop mauvaises expériences, pour lui c'est comme une prison. Il supporte quand il vient ici quelques jours, après il est sûr et certain de repartir, c'est ce qui le rassure. Mais à côté de cela il ne connaît pas grand chose aux lieux dont on peut lui parler. Il n'a pas forcément envie d'aller y mettre les pieds.

Ramassant les fruits signes d'un bel été ensoleillé, il les met délicatement dans le panier qu'il a disposition, avant de relever la tête en arquant un sourcil au changement brutal de sujet de discussion. Il ne s'attendait pas à cela. Orion se racle la gorge, pose une fraise dans le panier. "Même moi je peux y aller ? Mais je vis pas ici... Je pensais que c'était juste réservé aux résidents." Explique le jeune asiatique un peu mal à l'aise de sa propre naïveté. Il observe donc son comparse et sourit doucement. Ça le tente bien oui de lire autre chose que des manuels de plantes, de survies, de comment se construire un abri dans la forêt...

Il déglutit, puis souffle légèrement, hausse les épaules. Comment il se sent ? Épuisé. Mais ça il ne le dira pas. "Ça va, j'ai été en montagne et dans la forêt un peu." Il ne s'étale pas plus sur le sujet, il n'y a pas grand chose à en dire en réalité. S'il est là, c’est parce qu'il aurait finit par crever de faim, de soif et qu'on aurait sûrement jamais retrouvé son corps. Il inspire et cueille quelques fraises avant de passer une main dans sa tignasse. Il regarde son panier, fronce les sourcils quand une idée lui vient. "On a accès à la cuisine ici ? Tu crois qu'on peut prendre des fraises pour faire genre un gâteau aux fraises ?!" Drôle d'idée certes, il ne sait même pas vraiment de quoi dispose le camp en matière première pour ce genre d'idée loufoque, mais au moins il tente, comme Félix et les livres. Puis vraiment, autant profiter des fruits rouges sous toutes leurs formes vu la récolte présente sous ses yeux.