Les anniversaires sont toujours quelques choses d'importants. Parce que les années passent et qu'il est toujours bon d'avoir un évènement festif malgré tout. Beaucoup ont fait le chemin jusqu'à IF ces derniers temps. Des voix connues, d'autres un peu moins. Mais personne n'a l'air vraiment méchant. Pour autant, je n'arrive pas à me sortir de cette certaine méfiance.

Je travaille beaucoup avec Faith depuis quelques mois et j'ai l'impression de faire quelques progrès. Petit à petit, j'arrive à passer outre les moments où je ne me sens pas bien du tout. Mais aujourd'hui, je vais pouvoir reprendre ce que je pouvais faire de plus en plus souvent. Un gâteau d'anniversaire. En compagnie de Mary-Abigail et Tori. Si je ne connais pas trop la première, elle ne me parait pas bien méchante. Et je fais confiance aux têtes de groupe quand à l'entrer des personnes ici.

Je passe finalement la porte de la cuisine avec mon carnet de note. Parce que c'est pas si simple que ça de trouver quoi faire en terme de gâteau d'anniversaire dans un environnement comme le notre. Mais je sais que Mary-Abigail a rapporter deux ou trois choses.

- Hey.

Un signe de la main vers mes deux acolytes et je leurs fait signe de s'approcher. Je ne connais pas autant Richard que les deux demoiselles et autant faire quelques choses qui lui plait. Parce que c'est quand même un gâteau d'anniversaire. Si on ne fait pas plaisir au principal intéressé, je pense que c'est raté.

- Qu'est ce qu'aime Richard ? J'ai vu que tu as apporté du lait, de la farine et des oeufs. Merci. J'ai pensé à des choses relativement simple. On a pas mal de fruit. Donc des gâteaux aux fruits seront simples à faire.

Ce qui permet de faire pas mal de goût en terme de gâteau. Je repose les yeux sur Tori puis MA. Histoire d'avoir leurs propres avis sur la chose. Puisque je ne suis pas le mieux placé dans l'histoire. Je sais exécuté. Mais de là à taper dans le mille sur ses goûts. Pas trop.

Alors j’avoue, j’suis trop contente de faire un gâteau d’anniversaire pour Richard. J’veux dire, la dernière fois qu’on a fêté son anniversaire c’était… bon j’me rappelle même plus de quand ça date. En vrai, j’me souviens même plus de la dernière fois où j’ai mangé un gâteau d’anniversaire. Forcément, je regarde le pâtissier les yeux ronds quand il passe la porte, comme si c’était genre un magicien ou un truc aussi improbable. « Juste… pour être sûre… ton métier d’avant c’était de faire des gâteaux. Genre TOUT LE TEMPS ? Non parce que si c’est ça, c’est trop cool. » Pour de vrai.

Ptet que j’aurais pas dû poser cette question parce que ça me fait passer pour la dernière des cruches. Mais c’est totalement improbable. Des cuisiniers ouais, j’ai pigé le principe. Mais un type qui fait que des desserts quoi ! Je bats des cils, assimilant l’information, avant de rendre un sourire à Tori qui vient aussi de débarquer. Je lui dis même bonjour en langue des signes. C’est le seul truc que j’ai appris, mais c’est déjà mieux que rien. J’imagine. Ou alors je lui ai dit d’aller se faire cuire un œuf, c’est pas totalement impossible. Hem.

Par contre, quand Evan m’interroge, j’ai un temps d’arrêt, sans savoir quoi répondre, attrapant une spatule plus pour me donner une contenance qu’autre chose. « Je… euh… » Je plisse le nez, pensive, avant de finir par grimacer. « J’en sais rien du tout. » Il aime fumer, mais j’ai un vieux doute sur le fait que ce sera réellement utile pour faire un gâteau. « … ça craint sérieux. » Je pique du nez, honteuse, alors que j’évite le regard des deux autres personnes présentes dans la pièce. « C’est juste que… » Que quoi au juste ? Que ça fait 6 ans qu’il fait plus partie de nos vies ? Ou alors juste de temps à autre, quand on arrive à se croiser ? Que je l’appelle même plus papa, c’est dire. Et au final, j’suis incapable de dire quel est son gâteau préféré. Bon, en vrai, on me demanderait le mien, j’aurais aucune réponse à donner non plus de toute façon. « … on mange pas de gâteau. Pas depuis des années. »  Là, c’est une explication qui tient la route à peu près, non ?

La grossesse a un peu trop modifié ses goûts, et elle adresse un regard troublé à Evan. Les odeurs ont subi le même sort, devant l'étalage d'ingrédients devant elle, Tori a l'impression qu'elle ne reconnaitrait rien si elle ne les avait pas déjà vu par le passé. Le problème étant que là, c'est vraiment compliqué. Elle n'a pas la nausée et c'est déjà un bon point, même si pour le coup, elle n'a pas très faim non plus. Qu'importe, elle tire au moins toujours du plaisir dans l'idée de rendre heureux les autres, même avec les moyens du bord.

Ses yeux se tournent vers l'adolescente avec eux, qui semble déjà fascinée par le fait qu'Evan ait été pâtissier. Un sourire amusé et un regard complice vers son ami, la japonaise souffle un petit rire avant de se reprendre quand la rouquine semble dépitée soudainement. Elle ne sait pas quoi répondre au sujet de Richard, et ça s'entend. Ce n'est pas grave : si eux ne savent pas très bien qui sont les filles de cet homme, elles ne doivent pas savoir plus que ça qui est leur père, non ?

Et puis, il n'y a aucun jugement dans son attitude : On a qu'à faire quelque chose de simple qui plaira à tout le monde, pourquoi pas un quatre quart ou quelque chose de ce genre-là. Avec de la farine de noix, notamment. Il va falloir user du pilon pour ça mais bon, rien d'insurmontable s'ils s'y mettent tout de suite, ils auront des résultats dès ce soir ! Et faire quelque chose d'original en sculptant quelque chose pour la bougie ? Suggère-t-elle. Bon, ça va demander de taper dans les stocks de cire mais qu'importe, ils peuvent se donner du mal pour Richard : Il va avoir quel âge, là ? Demande-t-elle à sa fille, avec un sourire. Elle laisse le gâteau aux autres, elle se chargera de sa bougie : On peut faire fondre de la cire et amener plusieurs couleurs, ça sera joli, ajoute-t-elle.

Mary-Abigail semble, en tout cas, être plus qu’enthousiaste à l’entente de mon métier. Ce que je trouve réellement adorable. Je ne sais pas l’âge qu’elle a. Mais il y a une innocence certaine derrière ses propos. Une innocence qui me fait rire et qui est attendrissante. Et je ne peux, finalement, qu’hocher la tête en lui souriant, partageant un certain amusement en jetant un œil à Tori.

- C’est ça. Des gâteaux et toutes sortes de pâtisseries. Je voulais mon propre endroit pour ventre avant 2015. Tu as raison, j’adorais faire ça. Et j'adore toujours autant, d'ailleurs.

J’avais trouvé ma passion et la possibilité de l’exercer. Si les rôdeurs n’étaient finalement pas apparus, est-ce que j’aurai continué jusqu’à avoir ce que je voulais ? Un endroit à moi où vendre tout ce que je pouvais bien faire. Ma propre pâtisserie ou boulangerie. Mon indépendance financière aussi. Mais la question ne se pose plus à présent. Puisque maintenant, tout est une question de survie plus que de développement d’une carrière quelconque. Je vois bien que mes questions n’obtiendront pas forcément de réponse. Et je comprends, malheureusement un peu tardivement, qu’ils ne se connaissent pas tellement. Tori est la première à réagir et j’acquiesce rapidement ses dires.

- Ne t’en fais pas. Tori a raison. On va choisir un truc simple.

D’ailleurs, je regarde Tori de temps en temps juste pour m’assurer qu’elle se sent bien. Je sais que les odeurs sont parfois complexes alors dans une cuisine. Mais l’idée de la cire pour pouvoir faire des bougies ou des décorations me paraient excellente.

- Très bonne idée ! Du coup, en simple, on avait fait quelques trucs avec Tori. Quatre quart, gâteaux aux noix aussi… Un truc vous emballe plus que d’autres ?

Personnellement, je peux te manger tout et n’importe quoi en termes de pâtisserie alors je me range généralement du coté des autres. Même si, dans le cas de Tori, pas sûr que ses goûts soient similaires à ceux d’avant sa grossesse. Parce que j’ai vu que la nourriture, ça n’est pas trop ça depuis quelques temps.

- Tu préfères t’occuper des bougies, Tori ?

C’qui se passe a quelque chose d’improbable en vrai. Faire de la pâtisserie, discuter et tout. C’est carrément cool. Et ça donnerait presque envie d’un peu d’normalité dans ma vie. J’sais que j’ai fait un choix en refusant de rejoindre d’nouveau un groupe après la chute du RoV, mais des fois, ça m’travaille. La vie serait bien plus facile et j’pourrais ptet mieux m’occuper de Johanna si j’avais pas à m’soucier tous les jours de notre simple survie.

Et puis, j’me rappelle aussi le mal que ça peut faire de perdre son groupe. J’ai pas envie que ça r’commence. J’me suis déjà attachée à trop de monde depuis que c’est arrivé, ça aurait pas dû. J’secoue la tête, préférant m’focaliser sur l’moment présent. Profiter de faire des gâteaux, m’extasier devant le job de rêve d’Evan. C’est carrément cool. « Et t’avais fait des études pour ça ? Tu sais faire d’autres trucs ? Genre du pain… ou des pizzas ? » Ouais, ptet que j’ai les yeux qui brillent l’espace d’une seconde. « Tsais que si t’ouvres une boutique aujourd’hui, tu ferais fortune. Y a tellement plus d’gens qui savent faire ça. » J’me tapote le nez, songeuse, avant que la réalité m’retombe dessus.

Parce que ouais, j’ai pas la moindre idée des goûts d’mon père. Et ça, ça craint. J’pige pas trop ce que raconte Tori, mais elle pose un regard bienveillant sur moi, alors j’me sens pas trop stressée. Et j’vois bien qu’elle m’interroge. J’lance un regard un peu perdu à Evan qui m’traduit et j’plisse les yeux, calculant à voix haute. « Alors euh… il avait 32 ans quand j’suis née. J’ai eu 16 ans y a quelques jours Donc ça lui fait 48 ! » Pour la peine, j’lève les deux bras en signe de victoire en faisant un tadaaaa avec un large sourire. Au moins un truc dont j’suis sure.

Voilà qu’il m’explique que Tori veut faire une bougie avec une forme particulière. « Oh, ce serait trop cool. Ca lui ferait plaisir. » Enfin, que les gens d’son groupe pensent à faire ça, ça lui fera plaisir non ? J’imagine. Hum. « Mais j’ai pas envie d’épuiser vos stocks. » J’me mordille la lèvre avant de hocher la tête aux propositions d’Evan. « Oui ! » Et j’bats des cils. « Ah euh… faut choisir un truc hein… moi tout me va. Au cas où t’aurais pas pigé. » Hem. Dans l’genre estomac sur pattes, j’me pose là. Super les premières impressions Mary. « J’peux aider comment ? » Les bougies, mouler la farine ou je sais pas quoi encore. J’suis au taquet. Au ta-quet.

Avec Evan qui fait le passe-plat entre la fille de Richard et elle, Tori est au moins sûre qu'elle sera comprise. Bon, le pâtissier n'en est pas encore au point de comprendre absolument tout ce qu'elle signe mais c'est un bon début entre eux. Et elle est fière de ses progrès. Interrogeant la rouquine du regard, cette dernière calcule pour l'anniversaire de son père et elle lui offre un sourire. Il ne se fait plus tout jeune, mais elle est contente quand même de l'avoir parmi eux pour l'occasion. Richard mérite bien de souffler une bougie en bonne compagnie.

C'était ton anniversaire aussi alors ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils, laissant Evan la traduire doucement : Tu as pu le fêter aussi ? Tu veux un petit gateau à côté et une petite bougie ? N'est-ce pas l'occasion de faire les deux, pour eux ? Elle n'en sait rien, ça n'est qu'une proposition, à prendre ou à laisser. Quoi qu'il en soit, elle pince les lèvres et devant la jeune fille qui ne sait pas vers qui se tourner pour commencer, elle lui fait signe de se rapprocher d'Evan. Ce que fait le pâtissier semble bien plus la passionner que ce qu'elle fait elle, ça lui convient très bien comme ça : Laisse-la t'aider ! Demande-t-elle à Evan.

Elle offre un sourire : Je m'occupe de la bougie oui, je vais essayer de faire un beau quarante-huit pour Richard ! Elle rit un instant : Si j'ai besoin d'aide, je vous ferais signe, promet-elle avant de s'esquiver pour récupérer de la cire. Il faut qu'elle vienne la faire fondre dans un premier temps pour glisser une cordelette dedans qui sera allumée. Ensuite une fois la cire sèche, elle va pouvoir la sculpter. Tout ça va prendre un peu de temps mais la japonaise est armée de patience, d'autant plus avec la bande de lurons avec laquelle elle vit. Impossible de ne pas être préparé à tout, et surtout au pire, avec eux.

Je vois bien que Mary-Abigail semble contente d'en apprendre plus sur mon métier. Elle a cette naïveté que j'apprécie. D'ailleurs, répondre à ses questions me détourne un peu de tout ce qui peut se passer autour de nous. Je dois avouer que ça m'aide pas mal. Pour le pain, je sais. Heureusement.

- Bien sûr ! Parce qu'on vendait du pain donc j'étais un peu obligé d'apprendre à le faire ! Je pourrais te montrer comment faire. J'ai fais des études, oui. Je voulais ouvrir une boutique il y a des années. Ouais, je pense que je ferais fortune mais tu me vois tenter de vendre du pain à des rôdeurs ?

Je pouffe de rire. Non parce que les rôdeurs veulent mon cerveau, pas mon petit pain au chocolat, quoi. Mais il y a tellement d'ingrédient qui ne sont plus disponibles que la chose serait bien trop compliqué. Dans tous les cas, j'essaye d'avoir quelques informations mais c'est un peu complexe étant donné le visage de MA. Mais je ne juge pas, c'est un peu compliqué. Mais je retiens, quarante huit ans. Tori à de bonnes idées. J'oublie parfois que tout le monde ne la comprends pas. Il faut dire que maintenant, la langue des signes est suffisamment simple pour moi. Disons plutôt que ça va déjà mieux. Je peux comprends m'améliorer.

- Tori demande si c'était ton anniversaire aussi. Et si tu as pu le fêter ? Si tu veux une bougie et un gâteau à côté pour faire d'une pierre deux coups.

Je souris en direction de Tori qui indique à MA de se rapprocher plus de moi pour faire le gâteau. Vu la passion qu'elle semble ressentir par le métier que je pouvais faire. Je me tourne vers Tori parce que je ne veux pas qu'elle s'isole non plus. Je lui signe donc une chose. De rester à côté de nous. MA ne veut pas épuiser le stock et j'agite la main de droite à gauche.

- Si Tori le propose, c'est que le stock est ok. Ca nous ferait plaisir, t'en fais pas. Donc, on part sur le quatre quart, si tu veux. Déjà, on peut rassembler les ingrédients. Oeuf, farine, sucre, beurre.. Au vu du nombre de personne.... quatre... peut-être huit oeufs. Ca fera deux quatre quart.

Un pour l'anniversaire de Richard, l'autre pour celui de MA. Quoi qu'il arrive, on passera un bon moment.