L'anti-chambre de la Faucheuse
Mer 1 Mar 2023 - 0:42
Jusqu'aux marges du monde connu
Kira & Alice
Cette sortie improvisée la changeait de ces incessantes et obscures expéditions, en un sens l’adolescente l’avait choisi. Ruby n’avait jamais vendu une vie casée où les préoccupations se résument à l’entretien de la terre nourricière. Elle n’avait jamais fait mystère qu’ils étaient tous des enfants sans terre, condamner à errer au gré des opportunités et des dangers. Arraché par les aléas de l’existence, ne pouvant s’identifier que par l’absence, la négativité de leur condition. S’ils se suivaient tous, si leurs propres migrations les conduisaient tous dans la même direction c’était parce qu’ils partageaient ce funeste manque d’attaches. D’autres clans, au contraire, cherchaient désespérément à se trouver un chez soi. Un de ces endroits où les souvenirs finissent par imprégner et définir les lieux. Ils s’obstinent ainsi à voir dans des lieux dissemblables, le moindre élément familier. L’inclinaison d’un arbre, la peinture d’une maison sont d’autant signes qu’ils utilisent pour se persuader que cette fois, c’est le bon endroit, c’est la terre promise.
Hélas personne en ces temps chaotique ne peut se réclamer d’un peuple élu. Alors jours après jours, mois après mois; les Hommes sont arrachés à la terre. Sans cesse repousser par ce Mal qui autrefois s’incarnait dans les colons puritains de la côte Est. Peut-être qu’au final, il vaut mieux ne rien avoir pour ne jamais rien perdre.
On ne peut regretter ce qu’on n’a pas, on ne se rend compte de sa chance seulement lorsqu’on la perd. Autant d’adages populaire qui résument sans le vouloir, la terrible misère, la fragilité de notre condition. Salem expérimenta sûrement ce sentiment de manque lorsqu’elle perdit l’usage de sa jambe pour quelques semaines. Complètement alité, devenu inutile à la communauté, il fallait régler cette situation de toute urgence. La jeune fille était accompagné d'Alice qui s'inquiétait - à raison - pour l'adolescente.
Elle arrivèrent enfin en vue d’une maison de retraite en marge de Port-Angeles. Le bâtiment sur un seul étage, aux grandes baies vitrés devenu opaque sous l’effet conjugué de la poussière et de la mousse se faisait petit à petit ronger par la forêt tentaculaire. Ses immenses arbres ne cessaient de s’avancer sur le monde des Hommes l’engloutissant peu à peu.
- C’est là, dit l’impertinente jeune fille en consultant le plan qu’elles avaient emporté avec eux, on fait ça rapidement je n’ai pas envie d’rester longtemps dans l'coin.
Ces antichambres de la mort lui avaient toujours filé la frousse…
Hélas personne en ces temps chaotique ne peut se réclamer d’un peuple élu. Alors jours après jours, mois après mois; les Hommes sont arrachés à la terre. Sans cesse repousser par ce Mal qui autrefois s’incarnait dans les colons puritains de la côte Est. Peut-être qu’au final, il vaut mieux ne rien avoir pour ne jamais rien perdre.
On ne peut regretter ce qu’on n’a pas, on ne se rend compte de sa chance seulement lorsqu’on la perd. Autant d’adages populaire qui résument sans le vouloir, la terrible misère, la fragilité de notre condition. Salem expérimenta sûrement ce sentiment de manque lorsqu’elle perdit l’usage de sa jambe pour quelques semaines. Complètement alité, devenu inutile à la communauté, il fallait régler cette situation de toute urgence. La jeune fille était accompagné d'Alice qui s'inquiétait - à raison - pour l'adolescente.
Elle arrivèrent enfin en vue d’une maison de retraite en marge de Port-Angeles. Le bâtiment sur un seul étage, aux grandes baies vitrés devenu opaque sous l’effet conjugué de la poussière et de la mousse se faisait petit à petit ronger par la forêt tentaculaire. Ses immenses arbres ne cessaient de s’avancer sur le monde des Hommes l’engloutissant peu à peu.
- C’est là, dit l’impertinente jeune fille en consultant le plan qu’elles avaient emporté avec eux, on fait ça rapidement je n’ai pas envie d’rester longtemps dans l'coin.
Ces antichambres de la mort lui avaient toujours filé la frousse…
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Re: L'anti-chambre de la Faucheuse
Jeu 9 Mar 2023 - 20:54
Cette expédition était étrange. Alice avait déjà passé quelques temps avec l’adolescente, pour lui apprendre à pécher mais aussi à naviguer, même si elle avait un long chemin à faire pour réellement maîtriser un navire. Mais elle était volontaire, motivée et attentive à ce qu’on lui disait, pour peu que le sujet l’intéresse. Alice suspectait malgré tout que l’idée de l’excursion dans une maison de retraite, qui devait très certainement avoir l’air d’une maison d’horreur maintenant – encore plus qu’avant l’apocalypse du moins – l’enthousiasmait davantage que la recherche d’une d’attèle pour leur mécano.
Mais ce n’était pas tant de partir avec Kira qui sortait de l’ordinaire, c’était l’objet même de leur mission, le lieu où elle se rendait. c’était tellement… normal, ou presque, comparé à ces derniers mois. La menace que représentaient les potentiels cadavres dans la résidence qui les attendait avait quelque chose de complètement risible et dérisoire à ses yeux. Elle ne comptait pas le prendre à la légère par excès de confiance pour autant – a fortiori en compagnie de Kira.
«On doit pouvoir repérer le bureau des infirmières ou quelque chose comme ça, indiqué à l’entrée. Avec un peu de chance, on y trouvera des indications sur l’endroit où ils stockaient les médicaments, sans avoir à parcourir tous les étages. » Prenant les devants, fronde en main, regrettant de ne pas avoir une arme plus létale, elle s’avança vers l’entrée. Elle avait tout de même pris un couteau, à défaut d’autre chose. «On ne se sépare pas. » jugea-t-elle bon de préciser en voyant Kira s’élancer vers une fenêtre. Qu’elle le veuille ou non, c’était elle l’adulte responsable et décisionnaire. Elle s’approcha malgré tout, observant la fenêtre désignée par la jeune fille. «Je suis pas sûre que ça soit la meilleure solution. L’ouverture est trop petite, pas dit qu’on puisse la forcer sans attirer tous les morts du coin. On peut tenter la porte principale, si elle est ouverte ? » Il était peu probable qu’elle soit verrouillée, après tout. Même si elle écouterait l’avis de Kira, quitte à ne pas opter pour le choix qu’elle faisait malgré tout.
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Re: L'anti-chambre de la Faucheuse
Lun 27 Mar 2023 - 0:18
Jusqu'aux marges du monde connu
Kira & Alice
Autant qu’elle lui hérissait le poil, ces antichambres l’attiraient inexorablement. Comme si une force, une insatiable curiosité la poussait malgré elle à s’aventurer en ces lieux qui ont toujours senti la mort. Peut-être parce qu’elle ne comprenait pas comment on pouvait se laisser mourir dans une espèce de retraite forcé parmi les congénères de sa génération. La vieillesse était presque abstraite pour cette jeune fille qui avait vu trop de personnes disparaître avant même que des pattes d’oies ne se forment aux coins de leurs yeux. Mourir de vieillesse, de causes naturelles avaient paradoxalement une aura de surnaturel, de mystique. Comme si le seul destin des survivants étaient de finir embrocher, mordu, brûlé, troué.
Alors la navigatrice avait raison de se méfier de l’enfant qu’elle avait à charge car l’attelle de Salem n’était qu’un prétexte pour assouvir cette irrésistible besoin. Peut-être intimidé par la grandeur des arbres s’avançant sur les terres des hommes ou tout simplement impatiente, la tchétchène s’élança vers l’une des fenêtres.
Bien vite arrêter par l’injonction de sa tutrice improvisée, elle grogna comme un petit chien avant de s’en retourner vers les portes d’entrée persuadé que c’était une fausse piste. Par expérience, les accès étaient toujours dérobés. Rien ne pouvait être simple en ces terres désolées pas même rentré dans un édifice aussi banale qu’une maison de retraite.
- Regarde, dit-elle en secouant un peu trop les vantaux, c’est fermé. Ils ont dû vouloir protéger les couches des pépés et aussi leurs résidents, lâcha la gamine dans un trait d’humour aux relents de cynisme.
C’était une règle générale ! Lors de la Chute, les commerçants, les particuliers, les soignants ; tout le monde verrouilla les portes comme si l’épidémie était passagère. Dans l’étroite perspective de protéger ses bien matérielles, des réflexes minables et futiles qui ont souvent mené à leurs pertes d’honnêtes gens.
- Je vais t’ouvrir, je pense que c’est juste un meuble, expliqua la gamine s’improvisant cambrioleuse. Avant de s’en retourner une nouvelle fois à la fenêtre, elle tenta de savoir si un bruit métallique retentissait lorsqu’on violentait l’un des vantaux. Rien, la vie de ces pauvres retraités ne devait pas valoir plus que de pousser quelques meubles…
Plutôt agile et profitant de sa taille, la jeune fille se faufila dans l’ouverture. Elle savait que la navigatrice aurait très bien pu s’en charger mais c’était hors de question qu’elle s’occupe de toute la besogne. Fier comme un paon, Kira éprouvait le plus grand mal à accepter son âge et les traitements dû à celui-ci. L’image qu’on lui revoyait alternait entre l’indifférence pratiqué entre les adultes et l’attention comme si elle pouvait se briser à la moindre bousculade.
Elle se retrouva dans la chambre d’un des résidents, le lit était fait à part le lierre qui commençait à ronger les coins de la pièce et ce pot de fleur fané. Tout était calme, bien trop calme. Rendu méfiante par cette pièce carré épargné par la folie de ce monde, la tchétchène progressa dans le couloir. Tout avait été laissé là, les journaux sur les fauteuils, le sol composé de cette espèce de plastique dont le bruit irritait au plus haut point la jeune fille. Même les affiches et le planning des activités étaient encore cloué au mur affichant ce funeste mois d’octobre 2015.
En tournant à droite, elle tomba sur l’atrium et la double-porte alors qu’elle dépassait le comptoir recouvert de dossiers, de dessins d’enfants et de bibelots ; ses sens se mirent en alerte. Elle avait entendu quelque chose, une créature qui se traînait misérablement. Le chuintement de sa chair putréfié produisait un bruit de succion pathétique. Elle n’eut aucun mal à repérer cette chose, ce bout de corps réduit presque à rien. Les derniers bouts de vie se raccrochait à cette épave qu’elle acheva sans tarder.
Rendu devant l’empilement de chaises et d’un bureau, elle s’appliqua à dégager un espace assez grand pour que sa tutrice puisse se faufiler. Lui faisant une révérence cérémonieuse, présentant à elle l’atrium débarrassé de son terrible monstre.
- Pas besoin de me remercier c’était un jeu d’enfant, j’aurais fait une bonne cambrioleuse. S’il y avait encore des choses à voler, poursuivit elle se faisant une réflexion en apparence idiote.
Alors la navigatrice avait raison de se méfier de l’enfant qu’elle avait à charge car l’attelle de Salem n’était qu’un prétexte pour assouvir cette irrésistible besoin. Peut-être intimidé par la grandeur des arbres s’avançant sur les terres des hommes ou tout simplement impatiente, la tchétchène s’élança vers l’une des fenêtres.
Bien vite arrêter par l’injonction de sa tutrice improvisée, elle grogna comme un petit chien avant de s’en retourner vers les portes d’entrée persuadé que c’était une fausse piste. Par expérience, les accès étaient toujours dérobés. Rien ne pouvait être simple en ces terres désolées pas même rentré dans un édifice aussi banale qu’une maison de retraite.
- Regarde, dit-elle en secouant un peu trop les vantaux, c’est fermé. Ils ont dû vouloir protéger les couches des pépés et aussi leurs résidents, lâcha la gamine dans un trait d’humour aux relents de cynisme.
C’était une règle générale ! Lors de la Chute, les commerçants, les particuliers, les soignants ; tout le monde verrouilla les portes comme si l’épidémie était passagère. Dans l’étroite perspective de protéger ses bien matérielles, des réflexes minables et futiles qui ont souvent mené à leurs pertes d’honnêtes gens.
- Je vais t’ouvrir, je pense que c’est juste un meuble, expliqua la gamine s’improvisant cambrioleuse. Avant de s’en retourner une nouvelle fois à la fenêtre, elle tenta de savoir si un bruit métallique retentissait lorsqu’on violentait l’un des vantaux. Rien, la vie de ces pauvres retraités ne devait pas valoir plus que de pousser quelques meubles…
Plutôt agile et profitant de sa taille, la jeune fille se faufila dans l’ouverture. Elle savait que la navigatrice aurait très bien pu s’en charger mais c’était hors de question qu’elle s’occupe de toute la besogne. Fier comme un paon, Kira éprouvait le plus grand mal à accepter son âge et les traitements dû à celui-ci. L’image qu’on lui revoyait alternait entre l’indifférence pratiqué entre les adultes et l’attention comme si elle pouvait se briser à la moindre bousculade.
Elle se retrouva dans la chambre d’un des résidents, le lit était fait à part le lierre qui commençait à ronger les coins de la pièce et ce pot de fleur fané. Tout était calme, bien trop calme. Rendu méfiante par cette pièce carré épargné par la folie de ce monde, la tchétchène progressa dans le couloir. Tout avait été laissé là, les journaux sur les fauteuils, le sol composé de cette espèce de plastique dont le bruit irritait au plus haut point la jeune fille. Même les affiches et le planning des activités étaient encore cloué au mur affichant ce funeste mois d’octobre 2015.
En tournant à droite, elle tomba sur l’atrium et la double-porte alors qu’elle dépassait le comptoir recouvert de dossiers, de dessins d’enfants et de bibelots ; ses sens se mirent en alerte. Elle avait entendu quelque chose, une créature qui se traînait misérablement. Le chuintement de sa chair putréfié produisait un bruit de succion pathétique. Elle n’eut aucun mal à repérer cette chose, ce bout de corps réduit presque à rien. Les derniers bouts de vie se raccrochait à cette épave qu’elle acheva sans tarder.
Rendu devant l’empilement de chaises et d’un bureau, elle s’appliqua à dégager un espace assez grand pour que sa tutrice puisse se faufiler. Lui faisant une révérence cérémonieuse, présentant à elle l’atrium débarrassé de son terrible monstre.
- Pas besoin de me remercier c’était un jeu d’enfant, j’aurais fait une bonne cambrioleuse. S’il y avait encore des choses à voler, poursuivit elle se faisant une réflexion en apparence idiote.
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Re: L'anti-chambre de la Faucheuse
Dim 9 Avr 2023 - 20:00
Kira semblait plus grave que d’habitude, plus sombre que d’habitude, en finalité, alors qu’Alice craignait qu’elle ne prenne cette excursion à la légère. L’enjeu était évidemment moindre, mais ça n’en rendait pas le danger moins présent – surtout dans un endroit qui regroupait des personnes âgées et malades. Le seul espoir qu’elle pouvait avoir était que, si la résidence se trouvait pleine de morts, ils soient trop usés et pas assez alertes pour opposer une réelle résistance. Mais elle préférait envisager le plus complexe et la configuration la plus difficile, pour ne pas tomber des nues. Toujours être préparée, toujours envisager le moins favorable, et en profiter si ça n’était pas le cas. Kira l’apprendrait sûrement, au fil du temps. Alice ne pouvait que lui souhaiter, en tout cas.
Elle s’amusa tout de même de sa mine et de ses exclamations contrariées, alors qu’elle l’intimait d’attendre pour a minima vérifier la porte. «Ou alors ils se sont barricadés de l’intérieur parce qu’ils se savaient tous contaminés, et voulaient empêcher qui que ce soit d’entrer. » Ça ne serait ni les premiers, ni les derniers. «Reste sur tes gardes. » Elle allait sûrement penser qu’elle n’était qu’une vieille trop prudente, mais c’était pour ça qu’elle était encore en vie actuellement, alors Alice ne se comporterait différemment pour rien au monde. «Et tu devrais faire attention aux pépés et à leurs dentiers, aussi. Ils paraient que certains étaient de sacrés mordeurs, avant tout ça. » Elle esquissa un léger sourire, essayant malgré tout de détendre l’atmosphère. Même si l’idée d’être mordu par un vieux mordeur ne l’enthousiasmait pas du tout.
Elle la suivit malgré tout vers la fenêtre qu’elle avait remarquée, la laissant faire – même si, pas beaucoup plus grande que Kira, elle aurait tout à fait pu emprunter l’ouverture aussi. Ouvrir dès maintenant les portes principales pourrait leur être utile, si elles devaient fuir, de toute façon. Elle leva les yeux au ciel, exagérément, devant la révérence de Kira, malgré le léger amusement perceptible dans ses yeux. «Allons-y, Bonnie. » Aurait-elle la référence ? Alice en doutait, même pour elle cette histoire était nébuleuse. «Tu serais surprise des choses que les gens peuvent laisser derrière eux, pensant que c’est inutile. » Ou parce qu’ils n’ont pas l’opportunité de les récupérer sur le moment.
S’avançant prudemment, elle se dirigea directement vers les murs, dans l’optique d’y repérer le plan nécessaire à la sortie en cas d’incendie et de, peut-être, avoir une indication sur l’endroit où se rendre. Il ne fallut que peu de temps pour distinguer les lettres effacées, dont certaines semblaient piétinées au sol, indiquant le bureau des administratifs. Est-ce que ceux des aides-soignantes et des infirmières étaient dans le coin ? Probablement. «Allons-y. » Elle lui désigna d’un geste le panneau, avant d’en prendre la direction. Elles n’avaient pas de temps à perdre, au cas où des morts-vivants seraient réellement enfermés ici. Regardant tout autour d’elle, Alice ne put que constater le chaos ambiant : des fauteuils roulants abandonnés dans les couloirs, d’autres renversés, des brancards aussi. Des meubles poussés par terre, des livres et autres magazines répandus sur le sol. Tout n’avait pas toujours été paisible ici. «Reste sur tes gardes. » Elle avait elle-même sorti sa fronde. Tant qu’elles n’affrontaient que des rôdeurs, cela suffirait.
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Re: L'anti-chambre de la Faucheuse
Ven 5 Mai 2023 - 22:47
Jusqu'aux marges du monde connu
Kira & Alice
Plus grave, Kira l’était assurément. La naïveté, la fougue, l’espièglerie de l’adolescence la quittait à toute vitesse comme une rivière se retirant précipitamment des berges qu’elle avait inondé. Abandonné par ces sentiments motivés par l’âge, la jeune femme se sentait apaisé mais aussi dépouiller. Comme si tout virait à un gris dépressif, le monde, les gens, ses pensées perdaient des couleurs éclatantes de l’adolescence pour vêtir ces teintes ternes et désabusé.
Puisqu’à quoi bon ? Pourquoi se démener dans cette non-vie ? Ces pensées dangereuses s’invitaient parfois dans ses moments de déprime, elles lui jouaient une mélodie tendancieuse qui risquait de l’attirer d’un côté de la vie dont on ne revient pas. Le dépouillement de l’âge adulte était surement à l’origine de ces désillusions…
Enfin, pour l’heure Alice et Kira étaient dans cette maison de retraite à l’orée de la civilisation, abritant ceux qui furent aux marges de l’éternité froide avant qu’une maladie ne les maintiennent vicieusement dans cette non-mort encore plus affligeante que la non-vie des rescapés.
- S’tu veux mon avis, t’as pas trop l’attitude pour être Clyde, expliqua-t-elle narquoise connaissant vaguement cette histoire qui avait tant marqué les esprits, puis je suis plus grande que toi, poursuivit la perche qui dépassait de loin son compère, c’est plutôt moi qui mérite d’être Clyde. Puis la valeur des trucs apparaît seulement lorsqu’elles manquent, autrement, c’est tellement acquis qu’on n’y pense même pas, compléta avec sagacité l’adolescente qui se retourna pour s’enfoncer dans les méandres de la maison de retraite.
Après avoir inspecté l’un des plans, elles comprennent qu’elles ne pourront atteindre leur objectif qu’en explorant une des deux ailes de la maison de retraites pour rejoindre le côté opposé du rectangle. Une perspective qui n’était pas réconfortante, allongeant par la même leur visite dans cet environnement si imprévisible. Qui sait ce que les chambres des anciens résidents ne renferment ? Alors les deux survivants progressent, l’un armée de la même façon que David lorsqu’il confronta Goliath et l’autre tenant avec grâce un long couteau aux relents d’Orient qui rappelait sans peine ces confréries d’assassins des montagnes iraniennes.
La première moitié du chemin se fit sans encombre, à l’exception du mobilier et du matériel systématiquement par terre comme s’ils avaient été soufflés par un esprit malfaisant, elles n’entendirent rien et ne remarquèrent rien d’anormal. C’était comme si les non-morts avaient délaissé les couloirs tapissés de plastique de la résidence.
Mais le calme précède la tempête, la plaine précède le ravin. En effet, elles tombèrent nez à nez avec un effondrement de l’étage supérieur. Ils étaient tout simplement impossible de traverser cet amas de débris même avec le gabarit menu de l’ancienne navigatrice. Se résignant vite, ne faisait pas preuve de prudence, la jeune femme alla vers une double porte munie d’une vitre floue. Elle ne vit que trop tard les silhouettes floues et tomba nez-à-nez avec ce qui s’apparentaient à une salle de repos. Des tables ici et là étaient encore accaparé par des jeux dont les parties ne se finiront jamais. Mais le plus étrange c’était tous ces confettis au sol et ces ballons de baudruche crevé qui gisait, misérable cadavre plastique d’une époque d’abondance. Une grande banderole avait été dressé, traversant de part en part la salle, « Bonne anniversaire Roger, à peine 95 ans ! ». En dehors de ce décor hors-sol, se tenait une dizaine de rôdeurs qui se tenait mollement debout. Leurs regards éteint vers le sol, ils avaient l’air dans un état inerte faisant partie du mobilier. Les créatures n’avaient pas l’air d’avoir entendu, ni remarqué les deux survivantes comme s’ils étaient dans un état de veille. Un seul coup d’œil suffisait à comprendre ce qu’il s’était passé…
En effet, parmi tout ces cadavres qui de leur vivant croulaient déjà sous l’effet du temps se trouvaient ce qui fut une femme dans une tenue d’infirmière. Le blanc de ses habits avait été maculé par de larges taches de sang séché qui semblaient aussi s’être incrusté dans la peau flasque de son visage. En y regardant plus près, l’on pouvait remarquer que les retraités avaient été rongé par quelque chose. De larges traces de morsures leur donnait l’air de bout de viande ressuscité, certains avaient perdu jusqu’à la moitié basse de leur visage.
Cette vision fit tellement frissonner la jeune femme qu’elle recula par instant portant son index sur ses lèvres en regardant un peu alarmé la timonière.
Puisqu’à quoi bon ? Pourquoi se démener dans cette non-vie ? Ces pensées dangereuses s’invitaient parfois dans ses moments de déprime, elles lui jouaient une mélodie tendancieuse qui risquait de l’attirer d’un côté de la vie dont on ne revient pas. Le dépouillement de l’âge adulte était surement à l’origine de ces désillusions…
Enfin, pour l’heure Alice et Kira étaient dans cette maison de retraite à l’orée de la civilisation, abritant ceux qui furent aux marges de l’éternité froide avant qu’une maladie ne les maintiennent vicieusement dans cette non-mort encore plus affligeante que la non-vie des rescapés.
- S’tu veux mon avis, t’as pas trop l’attitude pour être Clyde, expliqua-t-elle narquoise connaissant vaguement cette histoire qui avait tant marqué les esprits, puis je suis plus grande que toi, poursuivit la perche qui dépassait de loin son compère, c’est plutôt moi qui mérite d’être Clyde. Puis la valeur des trucs apparaît seulement lorsqu’elles manquent, autrement, c’est tellement acquis qu’on n’y pense même pas, compléta avec sagacité l’adolescente qui se retourna pour s’enfoncer dans les méandres de la maison de retraite.
Après avoir inspecté l’un des plans, elles comprennent qu’elles ne pourront atteindre leur objectif qu’en explorant une des deux ailes de la maison de retraites pour rejoindre le côté opposé du rectangle. Une perspective qui n’était pas réconfortante, allongeant par la même leur visite dans cet environnement si imprévisible. Qui sait ce que les chambres des anciens résidents ne renferment ? Alors les deux survivants progressent, l’un armée de la même façon que David lorsqu’il confronta Goliath et l’autre tenant avec grâce un long couteau aux relents d’Orient qui rappelait sans peine ces confréries d’assassins des montagnes iraniennes.
La première moitié du chemin se fit sans encombre, à l’exception du mobilier et du matériel systématiquement par terre comme s’ils avaient été soufflés par un esprit malfaisant, elles n’entendirent rien et ne remarquèrent rien d’anormal. C’était comme si les non-morts avaient délaissé les couloirs tapissés de plastique de la résidence.
Mais le calme précède la tempête, la plaine précède le ravin. En effet, elles tombèrent nez à nez avec un effondrement de l’étage supérieur. Ils étaient tout simplement impossible de traverser cet amas de débris même avec le gabarit menu de l’ancienne navigatrice. Se résignant vite, ne faisait pas preuve de prudence, la jeune femme alla vers une double porte munie d’une vitre floue. Elle ne vit que trop tard les silhouettes floues et tomba nez-à-nez avec ce qui s’apparentaient à une salle de repos. Des tables ici et là étaient encore accaparé par des jeux dont les parties ne se finiront jamais. Mais le plus étrange c’était tous ces confettis au sol et ces ballons de baudruche crevé qui gisait, misérable cadavre plastique d’une époque d’abondance. Une grande banderole avait été dressé, traversant de part en part la salle, « Bonne anniversaire Roger, à peine 95 ans ! ». En dehors de ce décor hors-sol, se tenait une dizaine de rôdeurs qui se tenait mollement debout. Leurs regards éteint vers le sol, ils avaient l’air dans un état inerte faisant partie du mobilier. Les créatures n’avaient pas l’air d’avoir entendu, ni remarqué les deux survivantes comme s’ils étaient dans un état de veille. Un seul coup d’œil suffisait à comprendre ce qu’il s’était passé…
En effet, parmi tout ces cadavres qui de leur vivant croulaient déjà sous l’effet du temps se trouvaient ce qui fut une femme dans une tenue d’infirmière. Le blanc de ses habits avait été maculé par de larges taches de sang séché qui semblaient aussi s’être incrusté dans la peau flasque de son visage. En y regardant plus près, l’on pouvait remarquer que les retraités avaient été rongé par quelque chose. De larges traces de morsures leur donnait l’air de bout de viande ressuscité, certains avaient perdu jusqu’à la moitié basse de leur visage.
Cette vision fit tellement frissonner la jeune femme qu’elle recula par instant portant son index sur ses lèvres en regardant un peu alarmé la timonière.
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