T'es sage, hein. Qu'elle demande à Samhain sitôt qu'elle sort de chez elle pour rejoindre le Revenge, avisant l'absence d'Echo. Enfonçant son tricorne sur sa tête pour se protéger du soleil, laissant tomber ses affaires à même le pont pour venir s'approcher du mât et y grimper rapidement, avisant l'océan. Ici, au moins, c'était comme si les cauchemars à bord du navire d'Ulrich disparaissaient, avalés par le remous des vagues, lui conférant une sérénité qu'elle peinait de plus en plus à trouver sur terre. Inspirant les embruns en venant tirer sur sa cigarette, ne tournant le dos qu'en entendant les pas d'Echo remonter sur le ponton, descendant de son perchoir à l'aide de l'une des cordes de la voilure.

T'es à la traîne, j'allais partir sans toi. Bon, elle risquait pas d'aller si loin que ça, à dire vrai. Elle avait beau comparer le bâtiment d'Echo à une grosse moto... Il n'empêchait. La différence la ferait presque bégayer, parfois. Mais le vent était bon, et la mer calme. En théorie, tout devrait bien se passer, donc. J'ai la liste, prévenu les autres, retour à Crescent dans trois jours. Histoire de bouger un peu, ramener un peu de poisson, et surtout, espérer longer les côtes au cas ou un peu de matériel serait dans le coin. Si elle n'y croyait que peu, ça valait toujours le coup d'y jeter un oeil, non ?

Les voiles sont prêtes, y'a juste à l'ver l'ancre, et on dégage quand tu veux. Qu'elle précise aussi pour la forme, esquissant un sourire. Et j'ai pensé au rhum. Avant qu'il le demande. Ca ne le ferait pas de mal, de décompresser un peu sitôt qu'ils trouveraient un endroit ou mouiller de toute manière. Tu t'souviens la vieille épave qu'on avait trouvé au nord ? Qu'elle s'enquit d'ailleurs, venant coincer sa clope entre ses dents pour venir l'aider à larguer les amarres. Ca t'dit on va voir s'il reste des trucs dessus ?

« Et merde ! »

Je me relève d’un bond, alors que j’me rends compte que le soleil est déjà bien haut dans le ciel. Enfin, tout est relatif hein. Vu qu’on est en genre en plein été et que le soleil se lève super tôt. Mais j’suis clairement à la bourre quoi. J’manque de me vautrer alors que je saute de mon lit, attrapant une chaussure pour l’enfiler à l’arracher, puis l’autre. Et mon t-shirt, alors que j’me précipite en direction du bateau.

J’ai même pas pris le temps de tenter vaguement de me coiffer – on sait tous qu’en ce moment, c’est peine perdue de toute façon vu la longueur de mes tifs. Et c’est mon t-shirt toujours en main que je finis par me rapprocher, comme si de rien était, laissant filer un sifflement quand je la vois descendre de ton perchoir. « On dirait que t’as fait ça toute ta vie dis donc. J’suis épaté. » Soufflé avec un clin d’œil, alors qu’elle m’annonce qu’elle allait partir sans moi. « T’aurais fait trois mètres et j’aurais dû aller te récupérer comme un chaton perché sur un arbre qui sait pas descendre. »

Un hochement de tête au reste, alors que j’finis par enfiler mon t-shirt et par faire mes lacets. Que je me casse la gueule serait du plus bel effet, j’ai aucun doute là-dessus, mais j’ai encore un minimum d’amour-propre pour éviter que ce soit devant Lex.

… ouais ou pas. Elle m’a déjà vu dans des sales états, pas la peine d’imaginer que j’ai encore une image de marque à garder avec elle. C’est aussi ce qui me plait dans notre relation, le fait que j’peux être moi sans avoir à réfléchir à quoi que ce soit. « Trois jours en tête à tête avec moi ? Lequel des deux passera par-dessus bord en premier à ton avis ? » Je lui décoche mon plus beau sourire, me rappelant que j’ai quand même été prévoyant et ramené mes affaires hier. Heureusement soit dit en passant. « C’est le moment où j’me pose les doigts de pieds en éventail et que j’te regarde faire pour voir si t’as tout retenu, c’est ça ? » Quoi ? On peut toujours essayer non ? Et elle a droit à un clin d’œil quand elle parle du rhum. « Toi, tu sais me dire des mots d’amour comme je les aime. » Une virée en mer, du rhum, que demander de plus ? Ah ouais, quelques poissons, ça serait pas mal. Hum.

Bon, quand même, j’commence à me bouger les fesses, avant qu’elle me balance un truc à la gueule. « J’me rappelle ouais. Et… j’aime bien le plan. » Beaucoup même. L’idée qu’on trouve un truc cool là-bas m’emballe et, même si on fait chou blanc, on aura fait une jolie balade.

Ouais abuse pas non plus, c'est l'tricorne qui fait tout le taff. Réplique t-elle avec un sourire franc, quoi que touchée par le compliment. Un rire bref s'échappant de ses lèvres à sa pique, haussant les épaules. Merde, moi qui espérait une disquette de qualité d'ta part, j'suis un peu déçue. C'est à son tour de lui offrir un clin d'oeil amusé, alors que la question fatidique est posée, lui arrachant un haussement de sourcil.

C'est une vraie question ça, capitaine ? Qu'elle s'enquit en venant à sa portée sans se départir de son sourire provocateur, main sur les hanches. Nous deux. Parce qu'on est des connard, et qu'on sera incapable de se lâcher au moment d'jeter l'autre à l'eau. Confirmant sa demande à l'idée de rester sans rien faire, venant se saisir de la barre. Profites de la vue Echo, laisse moi conduire cette grosse moto vers d'nouveaux horizons. Juste pour le plaisir de le voir s'étouffer devant la comparaison, haussant les épaules.

Désolée, mais j'jurai que par les Harley avant. Laisse moi me persuader que ça se conduit pareil, sinon je serai incapable de manoeuvrer un tel batiment sans t'appeler au secours dans la foulée. Le pire ? C'est qu'elle y prenait goût, en fait. A cet air marin sur sa peau, cette mer qui avait l'appel d'une liberté, et les conseils avisés de l'afro américain à chaque fois qu'elle se sentait hésiter. Surtout quand la virée promettait en prime un peu de rhum pour eux deux, et de quoi s'autoriser à rêver aux meilleurs lendemains possibles. Ne reprenant son sérieux qu'à l'évocation de la vieille épave, alors qu'Echo valide aisément son plan, glissant la barre sur le côté pour amener le voilier dans le sens du vent et leur accorder une meilleure rapidité.

On trouvera probablement que des cadavres et de la rouille, mais j'reste persuadée qu'il y à des trucs à fouiller la-bas... fait-elle remarquer d'un air songeur, tant pour elle même que son partenaire de bord. Toi qui maîtrise ça mieux que moi, ce serait quoi les raisons pour que l'épave se soit échouée de la sorte ? De ce qu'ils en avaient vu, du moins.

J’ai un bref hochement de tête à sa répartie, faisant mine de réfléchir deux secondes. « Ouais j’confirme, sans le tricorne, tu pourrais même pas faire deux pas sur le pont sans te casser la gueule. Oublie tout ce que j’ai dit alors. » Et je lui rends un large sourire quand elle continue. « Déjà, toutes mes disquettes sont de Qualité. Avec un Q majuscule. Qu’on soit bien d’accord. Ensuite, on sait tous les deux que tu t’en remettrais pas si je te bombardais de disquettes Muldoon. » Bon, je serais en vérité totalement incapable de tenter de la draguer et ce serait juste ridicule. Mais on va pas s’arrêter à ce genre de détails hein.

« Faut pas me le dire deux… quoi ? Tu… c’est pas une grosse moto ! » J’roule des yeux et je secoue la tête, dépité, non sans m’accouder au bastingage, fermant les yeux un instant pour profiter de l’air marin sur ma peau. J’ai beau avoir eu envie, dans une autre vie, de faire autre chose, j’ai vraiment ça dans le sang, c’est définitif. « Mmmmh ? » J’rouvre un œil au reste de ses propos. « Tu veux imaginer que c’est une Harley ? Euh… okay, on peut tenter. » Pas convaincu ? Si peu. Mais si ça peut lui faire plaisir.

J’lui file à peine quelques conseils çà et là quand elle prend la barre, laissant filer un sourire satisfait à voir qu’elle a très bien retenu tout ce que j’ai déjà pu lui dire. « Redresse un peu la barre, sinon tu vas perdre en vitesse. Faut vraiment que t’apprennes à jouer avec le courant, c’est ton allié, en toutes circonstances. » Mon regard se perd un instant à fixer l’horizon, alors que des envies d’ailleurs se font entendre, comme bien souvent. Oh, j’sais bien que jamais je les mettrais à exécution, j’en ai pas réellement envie. C’est juste que ouais, quand on est là, comme ça, au milieu de l’eau, on s’dit que tout est possible. Et qu’on pourrait aller au bout du monde. En tout cas moi, c’est ce que je me dis.

A l’évocation de l’épave, j’lui rends un sourire absent, imaginant évidemment monts et merveilles. « On sait jamais. Ca se trouve, y a un vrai trésor à l’intérieur. Va savoir. » Soufflé avec un clin d’œil, avant de me faire un brin plus sérieux. « Vu le coin, y a pas mal d’options. T’as vu les courants comme ils peuvent être chiants ? Suffit d’une tempête, d’un mec à la barre pas trop expérimenté et c’est le drame. Ils ont ptet aussi été coulés par des… » J’prononce pas le mot pirate, alors que je sens mes mâchoires se contracter, mais je reprends, retrouvant un large sourire. « Ptet aussi qu’ils ont tous été bouffés par des rôdeurs, qu’il s’est éclaté contre un récif et qu’il a fini par sombrer après avoir dérivé. » Ouais, beaucoup de théories à la con, je sais, je sais. « J’pense qu’on pourra vraiment en savoir plus quand on aura bien examiné la coque. » Voire l’intérieur, si on a l’occas’ de pouvoir vraiment plonger. Sinon, on boira du rhum en regardant l’épave de loin, c’est bien aussi.

Ouais d'accord, et moi j'ai une queue. qu'elle réplique dans un rire à sa remarque sur sa façon de draguer, roulant des yeux. Mais vas-y, j'suis bonne joueuse. Dis moi tout joli coeur. Propose la brune en venant s'accouder face à lui, tête penchée sur le côté en lui offrant son plus beau sourire de provocation. Hâte d'voir comment le grand Capitaine Harris drague ses conquêtes, tiens. Ne pouvant s'empêcher de rire à sa tête consternée à l'idée qu'elle compare son navire adoré à une moto, haussant les épaules. C'est gros, imposant, et on en prend soin dans les deux cas j'te ferai remarquer ! A son sens, en tout cas. Ne se faisant plus sérieuse que pour écouter ses nouveaux conseils, redressant la barre pour que le vent vienne leur faire prendre en vitesse, attendant une confirmation silencieuse d'Echo sitôt la leçon appliquée. Avisant l'horizon avec l'envie de s'y perdre un peu plus, pour ne plus avoir à songé au regard d'Ulrich, esquissant un bref sourire à sa remarque.

Après, tous les trésors sont pas faits d'or et d'argent... Peut-être des grenades, ou un truc qui fasse boom. Ca lui irait très bien, par exemple. Ses yeux bruns venant aviser en silence sa silhouette quand il n'ose pas prononcer le mot, le faisant pour lui. Par des pirates. Ulrich avait déjà fait assez de dégâts, pour qu'elle n'ose pas en prime le dire à voix haute. Même si son regard s'en assombrit quelques secondes de plus, la ramenant malgré elle dans son enfer personnel. D'toute façon, elle se dessine déjà. L'épave. A l'horizon, la carcasse semi enfoncée dans l'eau semblait presque lugubre, d'ici. Malgré le soleil qui illuminait la mer, ou le ciel relativement clair pour la région. Le trajet se faisant dans un silence religieux, laissant la barre à Echo pour lui permettre de prendre le relais et aviser chacun de ses faits et gestes avec un sérieux rare, jusqu'à enfin pouvoir observer de plus près ce qui restait encore hors de l'eau.

C'est peut-être le côté immergé de la coque qui est hs... soupire la brune en avisant la rouille qui commençait déjà à dévorer la quille, pinçant brièvement les lèvres. Et le Revenge les empêchait de s'approcher au delà de dix mètres, au risque de heurter quelque chose sous l'eau. Bon. T'aimes nager ?

Autant y aller au plus rapide, hein. Venant jeter sa veste sur le pont au même titre que son sac, ne venant garder sur elle que son poignard et toute vêtement qui ne risquerait pas de la gêner pendant la nage.

J’la regarde de bas en haut à sa réplique, comme si j’essayais d’voir à travers ses fringues. « Nan, j’te dis, t’es pas prête pour ça. J’veux pas d’emmerdes avec Anton en plus de ça. » Au reste, j’roule des yeux, plus pour le principe qu’autre chose. Elle sait aussi bien qu’moi que mes conquêtes bah… y a que dalle. Nada. Niet. C’est pas tant que j’suis mauvais – bon ptet un peu okay – mais c’est aussi parce que j’ai toujours du mal à me détacher d’Aleesha. J’pense toujours à elle, quoi que j’dise. Et pourtant, j’sais bien ce qu’elle me dirait. Que ça sert à rien d’passer le reste de ma vie à la pleurer, que j’dois vivre, être heureux. Ce genre de conneries qu’elle balancerait avec son éternel sourire et qui fait que, quand j’pense à elle, j’ai toujours envie d’chialer comme un gamin.

… ouais, heureusement que personne est dans ma tête hein.

J’chasse ça dans un coin de ma tête, avant d’ricaner à sa comparaison avec sa moto. « Ah, ça explique pourquoi j’suis aussi bon marin alors. » Un hochement de tête pour approuver mes propos et une esquive pour anticiper la taloche qui manquera pas d’arriver plus tard, on s’y remet. Parce que bon, on est pas là pour enfiler des perles mais pour qu’elle s’améliore en navigation. Et j’vais pas le crier sur les toits, mais possible qu’elle se débrouille vraiment très bien pour une débutante. C’est le côté tête de mule acharnée ça j’parie.

J’laisse filer un silence quand on s’met à parler de l’épave, fixant l’horizon à mon tour. « Toi, t’as encore envie d’faire exploser des trucs. Mais ouais, y a toujours moyen d’trouver des trucs utiles, même pour retaper le bateau. » Je préfère éviter d’rebondir sur les pirates. Elle est plus courageuse que moi à ce propos, mais ça, c’est pas une surprise non plus. Alors j’continue, d’un ton léger. « J’crois que le truc le plus cool que j’ai remonté avec mes filets de pêche, c’était un vieux plateau, tsais pour servir les repas. J’l’avais offert à ma mère, elle l’a nettoyé et elle l’utilisait pour les repas du dimanche. » J’ai un sourire nostalgique à ce souvenir, avant de plisser les yeux à sa remarque. « Ouais, on va pas voir grand-chose de plus ici. »

J’lui lance un regard en coin quand elle m’demande si j’aime nager. « T’es sérieuse Muldoon ? J’aurais quand même pas l’air con si j’étais un marin qui aime pas ça. » Tout en parlant, j’vire mon t-shirt et mes chaussures, histoire de pas couler comme un con et j’tente ma chance, attrapant Lex pour la lancer par-dessus bord. Sauf que, bien évidemment, fallait qu’elle ait des réflexes de ninja en cet instant précis. La vie est une peau de vache, j’vous le dis moi. Et c’est moi qui finis par basculer en lâchant un « aaaaaaah » retentissant. J’coule un peu et j’ressors. « Elle est super bonne ! Tu peux venir, sauf si t’as peur de foutre en l'air ton brushing ! »