Un énième soupir alors qu’il remarque le chantier qui lui sert de cuisine. Jamais il n’aurait dû croire Madisson sur parole quand elle lui a dit que ce serait simple de faire une petite soupe. Il a l’impression d’avoir affronté les douze travaux d’Hercule à lui tout seul. Surtout en voyant tout ce qu’il va devoir nettoyer. Et voilà le test final. Autant dire qu’il appréhende un peu – beaucoup. Toutes ces heures pour rien, voilà qui aurait de quoi passablement l’agacer.

Mais, alors qu’il goûte, il se rend compte que c’est… potable. Oh, ce n’est pas la soupe de l’année mais là, au moins, il a fait quelque chose de plus que mangeable. Un vrai miracle. Ne reste qu’à nettoyer, ce qui lui prend un temps considérable, surtout avec Dynamite qui essaie d’attraper des pelures de carottes et autres joyeusetés. Finalement, il balance l’éponge dans l’évier, prêt à sortir de chez lui pour aller rendre visite à Zi. Il est à peu près sûr qu’elle notera l’effort, à défaut de réellement apprécier le plat. Et il n’est pas prêt de recommencer à cuisiner. D’autant qu’il a même fait un gâteau en plus du reste. Quelle idée saugrenue lui a pris en début d’après-midi ? Il serait bien incapable de le dire pour être honnête. Un besoin de se vider la tête, de faire quelque chose de concret, tangible, pour ne pas trop avoir à réfléchir. Difficile à dire et il n’a pas envie d’y réfléchir plus que ça.

Une grimace, alors qu’il attrape la casserole et se rend en direction de la maison de son ex-femme. Il se sent, l’espace d’un instant, passablement ridicule, et se demande si elle ne va pas penser la même chose. S’ils ont continué de se voir régulièrement, presque toutes les semaines, pour leur repas habituel, il y a bien des choses qu’il n’a pas vraiment osé aborder avec elle. Parce qu’il ne sait toujours pas vraiment comment gérer tout ça, parce qu’il a eu l’impression de prendre trop de coups et de ne plus vouloir se confier à qui que ce soit, Zi incluse. Il imagine qu’elle a bien dû s’en rendre compte, elle est celle qui le connait le mieux après tout, mais elle n’a pas tenté de le pousser pour avoir des réponses.

Sans compter la maladie qui a envahi le camp. Dire qu’il s’est inquiété pour elle est un euphémisme. Il a eu peur de la perdre, une fois de plus. Parce qu’elle a une place toute particulière dans sa vie, même s’il n’y a rien de romantique entre eux. Après tout, elle reste sa meilleure amie, même s’il n’a pas vraiment mis de mots dessus depuis qu’ils ont recommencé à réellement se parler.

Finalement, il toque à la porte et esquisse un sourire à l’attention de la brune. « Une fois n’est pas coutume, j’ai tout préparé avant de venir. J’espère que ça te plaira. » Il attend qu’elle le laisse entrer et ajoute, non sans la fixer avec attention. « Comment tu te sens ? » La question n’est pas anodine et il attend une réponse sincère, autant pour la rassurer que pour savoir réellement de quoi il en retourne. Mais elle va déjà mieux, c’est visible. Ca le rassure et pas qu’un peu.

Elle se passe une main sur la tempe, la pressant doucement pour venir passer cette drôle de sensation. Comme si son crâne était habité. Elle ne parvient pas à s'expliquer, même si elle a fait part immédiatement de ces symptômes aux soignants qui se sont occupés d'elle durant les premiers temps. Cependant, ça n'est pas parti. Ca ne s'est pas atténuer. C'est comme une migraine qui n'est pas vraiment douloureuse, mais qui l'empêche de se concentrer néanmoins sur ce qui importe vraiment. Elle n'arrive pas à le définir, pas aussi bien qu'elle le voudrait en tout cas.

Elle est tirée de sa torpeur quand on frappe à la porte. Elle se redresse, s'attend à voir Locklan débarqué - même si ce dernier a plutôt pris ses aises dernièrement lorsqu'il vient lui rendre visite ici. C'est Yuan cependant de l'autre côté, à qui elle offre un sourire sincère. Merci d'avoir tout fait, souffle-t-elle en le laissant rentrer, et en lui indiquant de poser ce qu'il tient : Je ne me sentais pas de cuisiner, admet-elle finalement. Il faut dire qu'elle n'a pas très faim actuellement, c'est un peu frustrant. En fait, le passage a vidé semble avoir sappé toutes ses forces et sa volonté.

Elle donne le change néanmoins, comme on lui a toujours appris. L'énergie est un moteur qui s'auto-alimente. Elle ne peut jamais vraiment tomber à plat... N'est-ce pas ? Oui, ça va mieux, souffle-t-elle. C'est à moitié vrai. Donc à moitié faux. Mais a-t-il besoin des détails ? Honnêtement, Zi n'en sait rien. Elle n'est même pas sûre de pouvoir définir pour elle-même sa situation actuelle, alors si c'est pour raconter n'importe quoi à Yuan, elle préfère encore s'abstenir de tout commentaire. Et toi alors ?

Elle le scrute, lui fait signe de se servir un verre. Ou une tasse. Peut-être de lancer un thé. A peine est-elle debout pour sa part qu'elle se sent déjà à bout de souffle donc très honnêtement, elle va sans doute s'abstenir d'en rajouter. Tu passes quasiment toutes les semaines, ces moments me sont précieux, souffle-t-elle en le scrutant, le suivant des yeux : Mais tu ne parles jamais vraiment, poursuit-elle en pinçant les lèvres : J'attends depuis plusieurs mois que tu le fasses pour bon, et plusieurs mois, c'est long : Tu es décidé, cette fois ?

Son regard s’attarde longuement sur la psychiatre, alors qu’il essaie de déceler des signes. De quoi au juste ? Difficile à dire. Qu’elle va mieux. Que cette maladie qui a affecté beaucoup trop de monde a enfin fini par la lâcher. Par exemple. Et puis, il y a toujours cette part de lui, qui ne le quittera jamais, qui n’aura de cesse de s’inquiéter pour elle, quelle que soit la relation qu’ils pourraient tous les deux avoir. Pour dire que c’est au point de cuisiner pour elle, même si le résultat peut sembler un brin mitigé. Il parait que c’est l’intention qui compte alors, pour une fois, il va s’en contenter.

Et il se fend d’un sourire quand elle le remercie. « On verra si tu as toujours envie de me remercier après avoir mangé. » Soufflé d’un ton qui se veut léger, avec cette complicité qu’ils ont développée en tentant d’améliorer leurs compétences culinaires. « Je me disais que tu avais encore besoin de repos, mais j’avais quand même envie de passer. Ca me paraissait un bon compromis, à défaut de tenter une nouvelle recette. »

Du reste, il l’avise quelques secondes. « Ca va vraiment mieux ou c’est plus pour essayer de nous convaincre tous les deux que c’est le cas ? » Et, à sa question, il a un bref haussement d’épaules. « Je ne suis pas tombé malade. » Il se doute que la question est un peu plus lourde de sens que ça, surtout venant de Zi, mais pour l’heure, s’il peut encore se permettre d’éluder un peu, il prend. Une fois à l’intérieur, il arque un sourcil en voyant qu’elle semble déjà fatiguée. « Tu veux un thé ? Je connais la cuisine maintenant, je peux t’en faire un sans risquer de me perdre, promis. »

Finalement, elle se lance, bien plus tôt et plus directement qu’il ne l’aurait cru. Ce qu’elle dit lui fait du bien, mais, quand elle termine, il reste un temps, sans bouger, les deux tasses dans les mains. « Ces moments sont précieux pour moi aussi tu sais. Je ne pensais pas que nous y aurions encore droit il y a quelques années de ça. Et j’ai de la chance de t’avoir dans ma vie. » Il lui a déjà dit et il ne voit rien qui pourrait lui faire changer d’avis de toute façon. Ca ne rend pas la suite plus facile pour autant. Et il a un froncement de sourcils, laissant filer un silence, alors que son regard se perd un instant dans le vide. Il finit par poser les tasses, s’active à mettre l’eau à chauffer. Avant de lâcher, la mâchoire serrée. « Maxine est enceinte. » Le pire ? C’est qu’il n’arrive même plus à ressentir cette espèce de joie totalement délirante qu’il a pu éprouver quand il l’a su. Oh, ça n’a pas duré évidemment, mais depuis, il est juste… inquiet. Angoissé. Il ne sait même pas ce qu’elle a pu devenir ces dernières semaines et ça le rend complètement dingue en plus du reste. Pour autant qu’il sache, elle a pu décider de partir vivre en Californie sur ses rollers sans même se retourner. Après tout, rien ne l’en empêche. Et c’est à peine s’il se rend compte que sa main tremble quand il prépare la boule à thé.

Tu aurais quand même été obligé de tout cuisiner, de toute façon, souffle-t-elle avec un sourire aussi poli qu'amusé. A l'imaginer lui rendre visite et devoir quand même assurer derrière les fourneaux, parce qu'elle n'est pas capable de grand-chose. Manger est déjà une épreuve, pire que d'ordinaire. L'appétit ne lui vient pas, l'humeur n'est pas au beau fixe, elle ne donne le change que pour que Locklan ne se fasse pas de soucis pour elle, pas plus que d'habitude en tout cas. Un soupir lui échappe, et à la question de son mari, pince les lèvres.

Si je dis "un peu des deux", tu n'insistes pas ? Questionne-t-elle simplement en haussant les épaules. Elle aimerait pouvoir lui dire mieux que ça mais à dire vrai, Zi n'est pas une menteuse. Je suis toujours fatiguée, c'est le symptôme qui ne veut pas s'évacuer, malheureusement. Mais Bonnie et Locklan s'occupent bien de moi, assure-t-elle, comme si ça donnait clairement le change pour tout ça. Ils m'obligent à me reposer, manger, et... Ne pas travailler constamment, j'imagine, c'est un point qui a de l'importance.

Elle regrette en revanche de ne pas pouvoir aider Ivy autant qu'elle le voudrait. La jeune femme a besoin d'assistance au dispensaire, les deux sont tombées malades malheureusement, et c'est difficile de tenir la barre malgré tout le renfort qu'ils peuvent avoir. Elles s'épuisent, doivent gérer plus qu'elles ne le peuvent. Les journées ne sont plus assez longues pour ça, et parfois, les échecs sont douloureux. Elle le scrute et force un sourire : Volontiers, pour le thé. Il s'applique, et elle hoche la tête à son propos.

Avant de se figer. Sans être sûre d'avoir bien compris. Maxine est...? Un silence passe. Ses yeux scrutent son ami, comme si elle essayait vraiment de comprendre. Enceinte. Oh, articule-t-elle en se redressait : Félicitations, souffle-t-elle alors en forçant un sourire. Maxine est enceinte. Il va être père. A nouveau. Elle ne peut s'expliquer pourquoi elle se sent soudainement envieuse, et d'autant plus désespérée. C'est une... Une bonne nouvelle, n'est-ce pas ? Lui demande-t-elle simplement avec un sourire plus mitigé devant sa réaction mesurée : Tu es... Tu es content ? Questionne-t-elle doucement.

Il lui rend un sourire, hochant la tête. « Tu marques un point en effet. Là au moins, tu as été épargnée par l’agacement provoqué durant ma lutte avec les légumes. » Fort heureusement, il l’avait emporté. Sinon son égo ne s’en serait probablement pas remis. Ou quelque chose du genre. Peu importe, tant que ça reste mangeable. Ce sera une victoire de plus.

Du reste, il a un bref haussement d’épaules. Est-ce qu’il ne va pas insister ? Tout dépendra de ce qu’elle va lui dire. « Hum. Je vois. Je suppose que je vais devoir m’en contenter. » Elle a déjà parlé, un peu. A une époque, il se dit que la conversation aurait rapidement tourné court. « Je suppose que te reposer davantage n’est pas dans tes options. » Même s’il est rassuré de savoir qu’on s’occupe bien d’elle. « Je sais que ton travail est très important pour toi, mais tu dois encore te ménager. »

Il est pourtant bien conscient que la maladie a particulièrement sollicité les personnes travaillant au dispensaire. Et que beaucoup sont tombés malades également, ce qui n’est pas pour le rassurer. S’il n’y connait, il aurait bien besoin d’entendre que ce qui leur arrivé n’aura pas de conséquences sur le long terme, mais il a bien compris que c’était une donnée encore inconnue pour eux. Il compte sur leur équipe de scientifiques, ils ont déjà fait des prouesses par le passé, alors, sait-on jamais.

Et s’il s’affaire à préparer le thé avec toute l’application dont il est possible, c’est surtout pour éviter d’avoir à réellement répondre à ses interrogations. Mais il n’a pas envie de lui cacher ce genre de choses. C’est surtout que la situation est passablement complexe à gérer et qu’il ne sait pas quoi en penser. Cet espèce de tourbillon dans lequel il a le sentiment de se noyer depuis des mois. Depuis qu’il sait. Il sent Zi se figer à l’annonce et il acquiesce brièvement pour confirmer sa question silencieuse. « Je… merci. Je suppose. » Mais il a un profond soupir quand elle continue et finit par poser la tasse devant son ex-femme, laissant filer un silence. « Je ne sais pas. » Au moins, ça a le mérite d’être honnête. « J’étais… j’ai été heureux quand j’ai appris la nouvelle. Avant qu’elle ne me dise qu’elle ne voulait pas le garder. Puis finalement elle a voulu y réfléchir. Puis le garder. Pour moi. En me disant que c’est moi qui m’en occuperais. Avant de me dire que je ne saurais pas faire ce qu’il faut pour sa sécurité et sa survie. » Il se rend à peine compte qu’il parle bien plus rapidement que d’ordinaire. Et il a un nouveau soupir, se frottant le visage à deux mains. « On s’est… beaucoup pris la tête la dernière fois qu’on s’est vus. Et je n’ai plus de nouvelles depuis des semaines. Pour autant que je sache, elle est partie s’installer en Californie. Ou elle a trouvé un moyen de se débarrasser du bébé. » Cette incertitude le rend dingue. Mais peut-être moins que d’apprendre que ça pourrait être vrai.

Pourtant, après un nouveau silence, il reprend, non sans une grimace. « Mais elle a raison. Cet enfant… Ce n’était pas une bonne idée. » Il ne saura pas assurer sa sécurité et il le perdra. Comme il a perdu Tao. Parce qu’au final, il est tout sauf le père qu’il aurait aimé être.

J'ai déjà l'impression de ne faire que ça, soupire-t-elle alors en scrutant Yuan avec un sourire contrit. Me reposer, à l'évidence. On le lui demande, constamment. On l'exige d'elle, puisqu'elle doit se ménager. En même temps, elle a l'obligation de suivre aussi au dispensaire, d'aller, venir, aider, elle doit effectuer son travail et sauver des vies, canaliser cette épidémie, assurer les arrières d'Ivy alors qu'elle aussi sort de cette crise. Tout juste. Pour en garder des séquelles de toute façon. Honnêtement ? Zi n'est pas mieux lotie que les autres, et oui, comme tout le monde : elle est épuisée moralement. Physiquement.

Son cerveau est toute une machinerie au ralenti, grippée par les effets d'une bonne poignée de sables dans les rouages. Elle pense à l'envers, parfois, elle ne pense pas par elle-même. Mais comment le dire aux autres ? Comment en témoigner ? Zi pince les lèvres, tentant comme elle peut de ne pas en parler et surtout, de ne pas faire paniquer celui qui est probablement son seul ami. Elle lui offre un sourire, à sa confession, tandis qu'il lui parle de ce bébé qui est en route apparemment, ou peut-être pas, elle n'en est pas bien sûre actuellement.

Pour ce que tu en sais, si c'est en effet en Californie qu'elle se trouve et qu'elle a avorté, ce n'est rien qui soit concrètement en ton pouvoir, il ne peut rien y changer, rien du tout. Un soupir échappe à l'asiatique, tentant de comprendre, de canaliser, d'expliquer. Mais Yuan la prend de court, alors qu'il semble agité et peiné en même temps : Pourquoi ça n'est pas une bonne idée ? Demande-t-elle. L'excitation des premiers temps a laissé place a des incertitudes difficiles pour lui, notamment dans la stabilité de ce qui ressemble à son couple. Elle l'a prévenu : rien n'est facile avec ce genre de personnalité. Mais l'homme semble goûter à pire que prévu, à plus compliqué à l'évidence.

Elle en a de la peine pour lui. Forcément, que peut-elle faire de plus ? A combien de mois en est-elle ? Demande-t-elle avec prudence, en le fixant toujours. Est-ce que tu dois toujours t'en occuper, ou compte-t-elle le faire ? Elle est curieuse, pose trop de questions, mais elle a besoin de comprendre le schéma qui s'impose. Je pensais qu'elle vivait dans des conditions difficiles, ici, tu peux l'accueillir et le garder en sécurité, n'est-ce pas tout ce dont il a besoin pour être bien ? L'interroge-t-elle simplement.

Il a une grimace compatissante à sa remarque et à son sourire contrit. « Tu sais que je ne prendrais pas ton parti dans cette affaire, n’est-ce pas ? Même si ça t’agace, c’est nécessaire. Recommencer comme avant trop rapidement pourrait avoir des effets bien plus néfastes que de te reposer une semaine de plus. Et tu le sais bien mieux que moi. » Il ajoute alors, non sans une œillade malicieuse. « Mais les médecins font de bien mauvais malades parait-il. » Il n’y a rien d’étonnant à ce que Zi ne fasse pas exception, elle qui ne supporte pas d’être inactive de la sorte. Et il le comprend très bien. Lui-même déteste ne rien faire, il a le sentiment de perdre son temps. « Et je suis à peu près sûr que tu ne fais pas que ça. Je me trompe ? »

Au reste, il a un profond soupir, laissant filer un silence à la remarque très pragmatique de Zi. Elle a raison. Si Maxine décide de disparaitre de son existence, il ne pourra absolument rien y faire. Et se triturer le cerveau à ce propos ne changera absolument pas la donne. Elle sait ce qu’il éprouve, ce qu’il pense de tout ça, il ne peut guère faire plus qu’espérer qu’elle lui fasse confiance. Ou quelque chose d’aussi ridicule. « Je sais. Ca ne rend pas la situation supportable pour autant. » Soufflé avec une pointe d’amertume qu’il n’essaie même pas de cacher, alors qu’il se fige un instant au reste. Et il est bien incapable de lui répondre, parce qu’il est parfaitement conscient que ça pourrait la blesser elle. Ce dont il n’a pas la moindre envie.

Alors, il se focalise sur ses autres questions, plus concrètes, plus simples à gérer. « Ca va faire dans les six mois. Le bébé est un peu petit du fait de ses habitudes de vie, mais il va bien. » Et il a un bref haussement d’épaule, avant de reprendre, son visage d’une neutralité tout sauf naturelle. « Je n’en ai pas la moindre idée. La situation était très… tendue, la dernière fois où nous nous sommes parlés. Elle considère que de vivre ici ne permettra pas au bébé d’être armé à ce qui l’attendra dehors. Que le quotidien au camp nous rend faibles. » Et, à la réflexion, il ne peut pas entièrement lui donner tort. « Mais elle n’avait pas l’air d’avoir envie de s’en occuper non plus. » Un profond soupir lui échappe, alors qu’il attrape son mug, fixant le liquide fumant quelques secondes. « Elle vit dans une casse automobile qu’ils sont en train de réaménager. A mon sens, les conditions sont plus que difficiles. Mais elle est terriblement têtue. » C’est aussi pour ça qu’il est tombé amoureux d’elle. Ou malgré ça. Dans l’immédiat, il ne sait plus vraiment.

Il finit par boire quelques gorgées avant de souffler, d’un ton plus doux. « Je suis navré de te parler de ça Zi. Je sais que c’est un sujet complexe. » Pour elle comme pour lui. « Mais paradoxalement, je ne me vois pas en parler à quelqu’un d’autre. » Leur lien est tout aussi complexe et important. Et rien ne peut démentir l’affection qu’il a pour celle qui reste, même s’ils sont séparés, sa femme.