“Anya ! C’est l’heure du bain !”

Une porte claqua.
Une silhouette fila sur le chemin et à travers le domaine. La maisonnette dans son dos, elle continua de courir sans se retourner comme si le diable lui même était à ses trousses.
Bientôt, la silhouette de l’immense bâtisse que formait l’infirmerie se détacha du ciel devant ses yeux. La cachette idéal !
C’est sur cette idée qu’une Anya paniquée et, disons le, un peu espiègle, entra dans le bâtiment qui lui servait la plupart du temps de lieu d’apprentissage, et le reste de cachette loin des gens. Bon… C’est vrai que d’ordinaire c’était des inconnus qu’elle fuyait, pas ses propres parents adoptifs. Mais pour échapper au rituel difficile du bain, elle pouvait changer ses habitudes !

Elle entra en trombe dans l’infirmerie de Faith et ferma tout aussi précipitamment la porte derrière elle, reprenant sa respiration.
Elle n’était pas encore tirée d’affaire !
Les yeux écarquillés, elle regarda autour d’elle pour chercher la meilleure cachette possible.
Ce n’était un secret pour personne dans la faction : elle avait toujours eu une relation compliquée avec les douches et particulièrement les bains. Et si souvent, pour ne pas décevoir Peter et Tori, ou simplement échapper au courroux de Faith, elle se pliait au rituel d’hygiène, il arrivait parfois que son esprit névrosé se bloque sous l’effet d’une mauvaise humeur soudaine. Et de mauvaise humeur, elle l’était vraiment ce jour là.
La nuit avait été courte et très agitée, l’enfermant dans un tourbillon de cauchemars où des êtres sans visage la poursuivaient dans les montagnes, les mains crochues tendues vers elle. Tout ça pour se réveiller très tôt dans la mâtinée… et se rendre compte que la pousse de geraniums qu’elle avait mis à la fenêtre était presque morte… Alors même qu’elle avait tenté de s’en occuper seule pour prouver à Peter qu’elle avait compris ses conseils en botanique. Et alors qu’elle était sortie en catastrophe dehors le pot en mains, profitant de l’heure très matinale pour aller arroser discrètement la plante et tenter de la sauver, voilà qu’elle avait la malchance de tomber sur Markus qui l’avait taquinée sur sa piètre qualité de jardinage.
C’était donc dans un état renfrogné et stressé qu’elle avait commencé sa journée, restant murée dans le silence insistant qu’elle montrait lorsqu’elle sentait d’humeur sombre.
Alors un bain ? Non ! Pas question ! C’était la goutte d’eau !... Littéralement pour le coup…

La petite sauvageonne détala rapidement dans le couloir de l’infirmerie après quelques secondes. La plupart des chambres étaients occupées, ou fermées, mais elle savait qu’il y en avait une dans le fond où Reed se remettait des blessures qu’elle avait subit lors de l’attaque des pirates. L’adolescente lui avait déjà apporté à manger sous demande de Faith.
Ca restait la cachette la plus évidente ! Reed la connaissait, et elle n’était sans doute pas au courant pour le bain ! Et puis elle pourrait être là pour lui apporter à boire personne ne saurait…
Convaincue par ce plan, elle se rapprocha de la dernière porte à gauche au fond du couloir et entra précipitamment sans prendre le temps de frapper. Avant même de regarder la patiente présente dans la pièce, elle se retourna pour fermer à nouveau la porte des deux mains.
Un rapide coup d’oeil à Reed, puis elle fonça vers le lit adjacent au sien et se glissa en dessous comme un chat en dessous.
Plaquée avec Teto dans la cachette improvisée, elle jeta un nouveau regard à Reed qu’elle apercevait depuis le dessous du lit et osa enfin parler dans un souffle.


“J..je-e s-suis pa-as là !” prétendit-elle.

Consciente du manque de raison qu’elle donnait sur sa présence, elle ajouta après un temps d’hésitation.

“...J-je vé-éri..ifie qu’i-il y a-a p..pas de p..pu-uces pour t’a..a-atta-a-aquer s-sous le l-lit…”