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Re: To all the things we've lost on this
Mer 3 Mai 2023 - 13:36
J’ai un bref hochement de tête à ses paroles. Envoyer des troupes, en espérant que ce ne soit pas trop tard, qu’il y aura encore quelque chose à sauver, des survivants à retrouver. Le poids de la culpabilité commence à peser sur mes épaules, en plus du reste. D’avoir pu me tirer de cet enfer, alors que d’autres ont dû y rester. D’être là, propre, nourri, en sécurité. D’avoir survécu, tout simplement.
Mais les propos d’Armand balaient tout le reste en un claquement de doigts. J’ai du mal à cacher mes émotions, je n’y arriverais pas de toute façon, même si j’essayais vraiment. Ca fait trop, surtout après la nuit que je viens de traverser. Mon ami me donne quelques détails en plus, comme pour me confirmer que tout ça est bien réel. L’idée que l’armée ait la mainmise sur Walla-Walla n’est pas pour m’enthousiasmer mais, si elle obéit aux ordres d’Armand, ça devrait aller. J’ai envie de m’en convaincre ou, plutôt, j’ai besoin de m’en convaincre.
Il y a quand même quelque chose qui m’interpelle dans ses propos. Et je relève la tête, prenant une grande inspiration pour retrouver mon sang-froid. Même si j’ai les mains qui tremblent, même si la situation me parait totalement surréaliste et que je me sens plus épuisé que jamais, j’arrive tout de même à reprendre une contenance, alors que j’essuie mes larmes avec ma manche trop grande. «Il sait… et qu’est-ce qu’il t’a dit ? » Je le fixe un instant, non sans froncer les sourcils, me demandant à quoi ce moment a pu ressembler.
Avant d’esquisser un sourire sans joie. «Mon crime… » Je secoue la tête, laissant filer un silence. Avant de reprendre, d’une voix presque neutre. «Je suis ravi de savoir que ce n’était pas le pire. Il faudra penser à le dire à ceux qui voulaient ma tête en me traitant de terroriste il y a quelques heures à peine. » Je me frotte la nuque avant de reprendre, les yeux légèrement écarquillés, non sans tirer sur ma manche pour lui montrer la marque que j’ai à l’épaule. «Tu veux connaitre les crimes des gens qui étaient à Colville ? Chacun a son petit marquage pour bien le dissocier des autres tu sais. Comme du bétail. C’est pratique. Ca, c’est pour les pires criminels, les traitres. La plupart se sont retrouvés là parce qu’ils étaient juifs, musulmans ou encore homosexuels. Ou parce que c’était des femmes qui avaient eu l’audace de ne pas baisser les yeux au mauvais moment. Ou parce qu’ils ont juste posé les mauvaises questions. » Les criminels de droit commun étaient rares, pour autant que je me souvienne. Si tant est que les crimes pour lesquels ils étaient accusés avaient vraiment du sens. C’était surtout un endroit pour tous ceux qui ne rentraient pas dans le moule qu’ils voulaient fabriquer. «Je me fous d’être réhabilité et qu’on me tape sur l’épaule parce que j’ai lutté contre un régime que je trouvais injuste. Mais je veux que tu me promettes une chose Armand. Que ça, ça n’arrivera plus. » Et je tape sur cette marque. Je tremble des pieds à la tête et je sais que je suis à rien de m’écrouler pour de bon, l’adrénaline n’étant plus suffisante depuis longtemps pour m’aider à tenir. Mais j’ai besoin de cette promesse. Pas uniquement pour moi, mais pour ceux qui attendent à quelques kilomètres de là.
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Re: To all the things we've lost on this
Jeu 11 Mai 2023 - 22:52
- Pas grand-chose, admit l’afro-américain au sujet de Richardson et de sa réaction. Il ne confia pas à son ami ce que lui-même avait pu lui dire. C’était à ses yeux de l’ordre du secret…
Mason en profita pour remettre une couche sur l’injustice de Colville. Il insistait sur l’innocence vraisemblable de tous ces gens sensément persécutés. Il ne voulait probablement que décrire une réalité, sans jugement, mais Armand ne put s’empêcher de prendre ces mots personnellement. Comme si le disgracié lui rappelait sa complicité. Une complicité dont il s’était lui-même détaché en ralliant le clan des martyres. Cela l’agaça. L’ancienne politique de New Eden était pleine de contradictions. Des ennemis avérés au groupe - comme Ela en tant que Remnants ou Amalia, des Scarecrows - se mêlaient librement à la population, quand de simples confessions différentes souffraient la torture et la misère ailleurs ? Le Grand Général voulait croire son ami, mais au fond de lui, il savait que ça ne faisait pas réellement de sens. Que Mason avait perdu son objectivité aussi depuis longtemps sur le sujet. Pour lui, il extrapolait.- Personne ne te tapera sur l’épaule Mason. La rébellion prônait les actions violentes. Tu n’auras jamais de médaille pour ça, déclara-t-il simplement. Ne nous emballons pas ! Il rappelait à l’ancien milicien que si leur cause était commune, ils avaient tout de même emprunté des chemins différents. Et quand Mason croupissait dans le bidonville de Colville, comme une bonne partie de ses petits copains à Walla Walla, par loyauté ou bêtise, c’était son ami qui faisait bouger les choses. Tout seul. Ce n’était pas présomptueux, c’était un simple fait.Je suis sincèrement désolé de ce qui t’es arrivé, reprit-il en toute honnêteté.Je ne peux que promettre de faire de mon mieux.
Il n’irait pas lutter contre l’essence même de la barbarie. Il restait un militaire, un guerrier. Il était depuis plus de trente ans un tacticien. Qui n’œuvrait pas pour que tout le monde fasse la ronde en se jetant des fleurs, mais pour que ses valeurs gagnent, au détriment de ceux qui ne les partagerait pas. Il avait lui-même tué. Il avait lui-même torturé. Le reste n’était souvent qu’une question de subjectivité. Le Bien, le Mal, tout ça. L’homme poussa un soupir.- Tu as besoin de repos. Je vais revenir, avec la carte de Colville, pour que tu nous montres les derniers mouvements dont tu as eu connaissance. On doit lancer l’opération dans l’heure. Pour la suite, nous nous reverrons, annonça-t-il. Il ne pouvait prendre le loisir de continuer à faire des heures la conversation. Il devait mener son opération et dans son état, Mason donnait l’impression qu’il pouvait s’effondrer à tout instant. Il fit un hochement de tête.C’est bien que tu sois vivant, conclut-il.
Il reviendrait comme promis, ainsi que juste avant son retour à Walla Walla. Pour lui donner des nouvelles de l’opération. Les rescapés de Colville seraient rapatriés ici pour les deux prochaines semaines. Mis en quarantaine pour la peste, et interrogés sérieusement au sujet de ce mystérieux soulèvement. Puis ils retrouveraient leur QG. Avec un statut intermédiaire de réfugiés, mais de délinquants tout de même. Avant l’ouverture de tous leurs dossiers.
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