Providence St-Mary Medical Center.


Une heure du matin. Les lieux sont plutôt calmes, au beau milieu de la nuit: dans cette aile de l’hôpital, plutôt éloignée des urgences et de leur constant remue-ménage, il y a peu de passages dans les couloirs. Un silence presque continu, normalement plutôt propice au sommeil: pour autant, Elijah ne cesse de rester éveillé. Un soupir lui échappe, quand il remarque l’heure indiquée par l’horloge non loin, avant de s’asseoir: depuis combien de temps essaie-t-il de s’endormir, au juste ? Bien assez pour qu’il perde le compte des heures, faute au bourdonnement incessant à l’intérieur de son crâne… Dont l’intensité semble être décuplée, une fois la nuit venue.

Ce n’est pas faute de vouloir se reposer, pourtant: mais depuis le coup de matraque asséné sur son oreille gauche, suivis du bruit assourdissant des multiples explosions au bidonville… son ouïe fait des siennes. Dire qu’il n’entend plus très bien serait aussi un euphémisme: après tout, combien de fois n’a-t-il pas remarqué la présence d’Hoani ou d’Harper dans la même pièce que lui, à moins de les avoir vues au préalable ? Combien de fois les appels de Lucy sont-ils passés inaperçus, à moins qu’elle ne crie vraiment pour qu’il s’en rende compte ? A maintes reprises sûrement, bien trop pour qu’il ne s’en inquiète pas.

Peu importe le vertige ressenti en se levant, le milicien est bien décidé à se lever: de toute façon, à quoi bon rester ici s’il est incapable de fermer l’oeil ? Une fois ses habits de sommeil troqués contre d’autres plus appropriés, il se faufile en dehors de sa chambre, parcourant désormais le couloir: à cette heure-ci personne ne devrait être réveillé, hormis le personnel soignant dont les passages sont rares. S’il boitille encore légèrement à cause de sa blessure par balle, cela ne l’empêche pas pour autant de marcher: assez rapidement, il se retrouve dans un espace de repos, où plusieurs sièges ont été mis à disposition. Quelques fenêtres laissent pour unique vue une obscurité totale, masquant le petit parc attenant au bâtiment.

Malgré tout tourné vers cette absence de lumière, le regard posé dessus, Elijah ne remarque pas de suite l’arrivée d’une autre personne. River. A vrai dire il ne l’entend pas arriver, le bourdonnement à l’intérieur de son crâne parasitant en partie son ouïe déjà bien diminuée. Jusqu’à ce que sa voix, un peu plus forte, ne le fasse sursauter: en se retournant, le milicien aperçoit finalement le trône non loin, lui faisant désormais face. River ? Une fois la surprise passée, il est malgré tout un peu étonné le voir: que fait-il ici ? Mia lui avait parlé de sa présence au festival, mais il ne semble pas avoir été blessé… A moins qu’il ne soit resté pour veiller sur sa femme. Désolé, je ne t’avais pas entendu.

Peut-être est-ce à ce moment précis qu’un détail important lui revient: la chute de Richardson et la fin de sa politique totalitaire, ayant eu lieu il y a déjà plus d’une semaine. Lui-même a encore du mal à y croire par moments, à vrai dire. Mais justement, comment River vit-il ça de son côté ? Après tout, le militaire paraissait être totalement persuadé du bien fondé de la caste dirigeante, et des Lois imposées à la population… Alors, est-ce toujours le cas ? La situation est d’autant plus particulière qu’ils ne sont pas réellement recroisés depuis son interrogatoire, après la descente du Parlour… Comment va Jena ?