Tu peux y aller. Souffle t-elle à Nahale alors qu'elle termine de stopper la structure, avisant les tronçons de bois ralentir leur course avec l'envie de les relancer. Mais la journée à été longue, éprouvante, et si elle ressent le besoin de s'attarder ici encore une heure ou deux, elle ne doute pas une seule seconde que Frances saurait venir la trouver pour la traîner dans son propre tipi. Secouant doucement la tête à l'idée, récupérant wogligleye pour l'attacher à sa hanche, alors que des pas se font deviner dans son dos. Léger, et bien différents de ceux qui fréquentent pourtant l'endroit, alors qu'elle tourne la tête pour reconnaître Lara, hochant la tête dans sa direction.

Ce n'est pas un peu tard, pour une balade nocturne ? s'enquit la brune en guise de bonjour, hochant néanmoins la tête pour la saluer avec respect, alors que la blonde vient à sa rencontre. Et à sa présence ici, alors que le soleil se couche ? Elle se contente de hausser les épaules, indiquant le ciel carmin à l'horizon. La vue est plus belle, d'ici. Elle à quelque chose d'apaisant, quand la réserve se prépare pour la nuit. Et que le silence reprend ses droits, sitôt que la plupart des feux sont éteints pour ne pas se faire repérés de nuit. Tendant les doigts pour récupérer une tige de nicotine dans son étui, en proposant une à Lara.

J'ai l'impression que ça fait une éternité, que ça ne nous est plus arrivé. De prendre le temps, quelques minutes de répit sans être interrompues. Avisant la mère de famille avec un regard entendu, se doutant sans mal que Lara devinait ce qu'elle observait à l'horizon. Le convoi sera bientôt de retour. Et elle doit bien admettre qu'un mois ressemble à une éternité, quand une partie de sa famille n'est pas là.

La journée a été longue, comme bien d’autres depuis leur arrivée sur la réserve. Bien que fatigantes, elles n’en deviennent pas moins plus… agréable en un sens. De voir l’évolution du camp, de voir la réorganisation de leur groupe, cette solidité encore nouvelle, mais plus forte qu’avant… Ça a quelque chose d’inspirant, de motivant.

Bien sûr, la plupart des pensées de Lara sont tournées vers sa fille. Vers Isalin aussi dont elle n’a pas non plus de nouvelles. Lara espérait peut-être naïvement que cette dernière reviendrait. Regretterait son choix. Pour autant, elle ne lui en veut pas. C’est très bien qu’elle explore le monde et qu’elle se découvre aussi en tant que jeune adulte.

Mais ce soir, l’Australienne a eu besoin de souffler un peu. De prendre une pause et de simplement… vivre. Respirer l’air frais du printemps, profiter du sol chaud sous la semelle de ses chaussures, d’admirer le ciel carmin un petit instant. Ensuite… ensuite elle reviendra à ses inquiétudes.

Apercevant Nihima au loin qui termine un entrainement, Lara prend sa direction instinctivement. Elle sait que son amie ne prend jamais assez de temps pour se reposer et c’est là l’occasion de l’y forcer un tout petit peu, songe la blonde avec un sourire.

- C’est plus tranquille, tu ne trouves pas ? Répond du tac au tac la quarantenaire d’un timbre enjoué. Je n’aurais pas dit mieux. Apaisant, oui. Il faut prendre le temps et je viens t’obliger à le faire. Plaisante à moitié de nouveau Lara.

Quant au convoi… oui, force est d’admettre qu’elle s’inquiète pour eux. Qu’elle a hâte de les savoir de retour. Elle espère aussi que sa lettre a pu être transmise à Zelda…

- Je crois que je serai du prochain. Souffle simplement la blonde.

Un rire soufflé s'échappe de ses lèvres à la remarque de la blonde, et de cette volonté de l'inciter à prendre le temps. Si les journées étaient doublées, aurai-je d'avantage le temps de le faire. Et elle n'exagère qu'à moitié, en faisant la remarque. Sans doute parce qu'elle peine à lâcher prise, à accepter l'idée de ne pas avoir le contrôle ne serait-ce que quelques minutes. Moins encore, quand les charniers des Croatoans semblent poindre à chaque nouveau lieu découvert. Et d'y songer assombrit son regard, quoi qu'elle ne vienne croiser le regard clair de Lara, hochant la tête à sa remarque.

Pourquoi pas ? Si c'est cher à ton coeur. Elle ne pouvait que comprendre, après tout. Entre Isalin, ou sa fille biologique, la région devait lui manquer atrocement. Pas comme elle, qui n'y voyait que regrets d'un autre temps, qu'elle s'efforçait de chasser constamment de son esprit.

Je m'assurerai que tout aille bien ici en attendant. Tes filles te manquent, je suppose ? s'enquit-elle avec son habituelle franchise, tendant sa cigarette à la blonde pour qu'elle puisse en profiter à son tour.