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Re: Are you alive ?
Sam 6 Mai 2023 - 21:16
J'aime toujours, ça, quand quelqu'un vient m'écouter en silence. Ça me donne un peu l'impression de communiquer avec lui sans avoir besoin d'ouvrir la bouche, comme si je gérais la conversation, sans faute de langage, et qu'on m'écoutait. À cet instant … l'échange est pensif, lointain. Torturé. J'aimerais bien que ma peine puisse s'envoler au même titre que les notes de musique. Elles sonnent dans l'air, s'y suspendent un instant, et c'est terminé, même si elles peuvent marquer leur passage.
La mélodie s'arrête et je me redresse pour mieux observer Chris. Dans son regard, c'est mon reflet que je vois. On est pas si différent, je crois, lui et moi. Deux épaves.
Mon visage oscille de bas en haut quand il me répond, une réponse basique et sans saveur, automatique, comme on doit se forcer à faire pour faire comme si on continuait notre vie si on était pas brisé. Je cherche sans envie de quoi lui répondre sur la même intonation, mais il choisit de bifurquer de route. Entre nous, pas besoin de ces faux semblants. On sait très bien qu'on va pas bien.
Je me fige partiellement quand il approche sa main, refoule mon réflexe qui me ferait reculer. C'est pas contre lui, j'ai toujours cette habitude depuis que j'suis sorti du trafic.
Pour autant, sa question est comme un vent froid qui me traverse des pieds à la tête. J'ouvre la bouche, ma main se sert contre ma guitare. Ça m'en coupe presque le souffle.
Me faire … peur … ?
Mes yeux se baissent, se dérobent à son regard si singulier comme si j'avais peur qu'il puisse lire en moi. J'ai un bref soufflement de nez, un rire refoulé un peu nerveux, et je secoue la tête. J'ai envie de pleurer.
Non … non, Chris. Je …
Je déglutis, marque une pause.
Tout me fait peur, Chris, je souffle. Tout, tout le temps. Même me regarder dans le miroir, ça me fait peur.
Je ne mens pas, pour autant. Mais … en effet, Chris a changé. Je ne sais pas tout ce qu'il a pu vivre. Je sais pas jusqu'où les Oblivions ont pu rentrer dans sa tête. Je sais que ce n'est pas sa faute quoiqu'il se passe, et je ne veux pas qu'il se sente seul ou qu'il ait l'impression que je le regarde comme s'il était un inconnu. Ce serait horrible. Mais … je n'arrive pas à refouler mon inquiétude. Le temps de réapprendre à le connaître.
Mes poumons se remplissent d'air. J'ai pas envie de jouer ce jeu-là avec lui. De mentir. Mais la vérité me tord le ventre. Je veux pas lui faire de mal. Je veux pas être de ces gens-là.
J'ai peur ... que tu ais changé. Que tu sois ... plus le Chris que je connaissais. Que tu ... Qu'ils ... t'aient changé. Profondément.
Ma main se porte à mon visage, et je me mets à grignoter nerveusement la peau autour de mon pouce déjà bien malmené.
La mélodie s'arrête et je me redresse pour mieux observer Chris. Dans son regard, c'est mon reflet que je vois. On est pas si différent, je crois, lui et moi. Deux épaves.
Mon visage oscille de bas en haut quand il me répond, une réponse basique et sans saveur, automatique, comme on doit se forcer à faire pour faire comme si on continuait notre vie si on était pas brisé. Je cherche sans envie de quoi lui répondre sur la même intonation, mais il choisit de bifurquer de route. Entre nous, pas besoin de ces faux semblants. On sait très bien qu'on va pas bien.
Je me fige partiellement quand il approche sa main, refoule mon réflexe qui me ferait reculer. C'est pas contre lui, j'ai toujours cette habitude depuis que j'suis sorti du trafic.
Pour autant, sa question est comme un vent froid qui me traverse des pieds à la tête. J'ouvre la bouche, ma main se sert contre ma guitare. Ça m'en coupe presque le souffle.
Me faire … peur … ?
Mes yeux se baissent, se dérobent à son regard si singulier comme si j'avais peur qu'il puisse lire en moi. J'ai un bref soufflement de nez, un rire refoulé un peu nerveux, et je secoue la tête. J'ai envie de pleurer.
Non … non, Chris. Je …
Je déglutis, marque une pause.
Tout me fait peur, Chris, je souffle. Tout, tout le temps. Même me regarder dans le miroir, ça me fait peur.
Je ne mens pas, pour autant. Mais … en effet, Chris a changé. Je ne sais pas tout ce qu'il a pu vivre. Je sais pas jusqu'où les Oblivions ont pu rentrer dans sa tête. Je sais que ce n'est pas sa faute quoiqu'il se passe, et je ne veux pas qu'il se sente seul ou qu'il ait l'impression que je le regarde comme s'il était un inconnu. Ce serait horrible. Mais … je n'arrive pas à refouler mon inquiétude. Le temps de réapprendre à le connaître.
Mes poumons se remplissent d'air. J'ai pas envie de jouer ce jeu-là avec lui. De mentir. Mais la vérité me tord le ventre. Je veux pas lui faire de mal. Je veux pas être de ces gens-là.
J'ai peur ... que tu ais changé. Que tu sois ... plus le Chris que je connaissais. Que tu ... Qu'ils ... t'aient changé. Profondément.
Ma main se porte à mon visage, et je me mets à grignoter nerveusement la peau autour de mon pouce déjà bien malmené.
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Re: Are you alive ?
Jeu 11 Mai 2023 - 21:12
J'ai beau agir avec toute la douceur du monde, il a ce réflexe de retrait, systématique, lorsque je m'approche. Est-ce qu'il l'avait encore avec moi, avant que je disparaisse ? Je fouille dans ma mémoire, mais je ne trouve rien. Je ne sais plus. Ça fait partie de ce que mon esprit a fini par effacer pour se concentrer sur le principal.
Capuche remise en place, je ne m'attarde pas et laisse retomber mon bras, main sur ma cuisse, bien en évidence. J'ai toujours eu l'impression d'avoir à faire à un petit animal sauvage, avec Dany. Un animal qu'il faut du temps, beaucoup de temps à apprivoiser. Je pense au renard du Petit Prince. Je n'ai rien de cet enfant innocent, mais lui a tout de ce renard craintif qui ne demande qu'à être apprivoisé. Du moins, je crois.
Ma question semble le figer, peut-être trop brutale, ou trop juste ? Est-ce que c'est ça que ça signifie ? Qu'il me craint désormais comme un étranger ? Comme un danger ? Ma gorge se serre mais je ne dis rien de plus, lui laisse tout le temps de répondre. Je dodeline doucement à ses mots. Bien sur qu'il a peur, de tout.. je le sais, j'en ai conscience et c'est pour ça que j'ai toujours pris soin de ne pas l'effrayer. Mais là n'est pas le centre de la question et... il le sait très bien, puisqu'il finit par y venir.
A mon tour je baisse mes vairons, douloureusement. Je m'y attendais. Mais peut-être espérais-je que ça ne vienne pas de lui. Pas de celui que j'aime plus qu'un frère. Mes doigts s'entremêlent et se serrent entre eux, comme pour me rassurer. A quoi tu t'attendais ? Qu'il t'accueille comme si de rien n'était ? Qu'il fasse l'impasse sur cette année d'absence, de captivité, d'errance, durant laquelle il t'a cru mort ? Idiot. Abruti.
- Je.. J-Je comprends. J'inspire pour reprendre. Je m'y attendais un peu. Peut-être pas.. De ta part, mais c'était forcément illusoire. Je me voilais la face. La vérité. On s'est tacitement promis la vérité, aussi douloureuse soit-elle, alors je ne mens pas, à mon tour. D'un nouveau mouvement lent, je saisis sa main meurtrie pour l'éloigner de ses lèvres et de ses dents, et la garde enveloppée entre les miennes, sans force.
- Ils m'ont changé.. C'est vrai. Des semaines parmi eux, je ne peux pas dire que je suis resté le même, c'est l'évidence, tu as raison. Je suis devenu un monstre qui a tué des innocents pour ne pas être tué par eux. Je décide de m'ouvrir un peu à lui, plus que je ne l'ai fait jusque là envers quiconque. Il y avait une arène. Au début, j'ai du me battre contre des rôdeurs. Puis.. Voyant que je me débrouillais, ce sont d'autres survivants qui m'ont fait face. De pauvres gens comme moi, tout aussi décidés d'en découdre pour sauver leur vie. Je n'ai pas perdu un seul combat. Tout ça pour leur bon plaisir. Tout ça.. Parce que ça les amusait. Je serre les dents, ferme les yeux pour refouler une salve de larmes. Le reste du temps, j'étais dans une.. cage. Comme un animal. On m'a privé de nourriture, d'eau, de sommeil. Ils m'ont brisé, à les supplier pour quelques gouttes d'eau. Je garde les yeux baissés. Je ne veux pas croiser son regard. Alors, tu as raison. Ils m'ont changé. J'ai fait des choses atroces pour survivre. Mais tu sais quoi ? C'était votre souvenir à tous, qui m'a fait tenir. C'était pour vous.. Pour Aamir, pour toi, que je me réveillais et refusais de me laisser mourir.
Un lourd soupir s'échappe de ma poitrine. Ça fait autant de bien que de mal de lâcher tout ça. Et puis, je me terre dans ma coquille. Je crains sa réponse. Sa réaction. Je crains qu'il ne s'échappe, qu'il me repousse.
- C'est moi qui ai peur, désormais..
ANAPHORE |
- Chris Edison
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