Prépare-toi, on va voir ce que tu vaux sur le terrain dans une heure, l'annonce était tombée comme un couperet et la pauvre Marissa n'avait pas vraiment eu voix au chapitre sur ce coup-là. Pourtant, Connor respirait la bonne humeur. Il ne savait pas pourquoi, mais ce jour était à lui : comme beaucoup d'autres avant, et il l'espérait, beaucoup d'autres après. Prend un bon petit déjeuner, un truc qui tient au ventre au maximum, lui fit-il fermement : Alex te préparera ce qu'il faut si tu lui dis, en tout cas, elle s'arrangerait pour que Marissa ne manque de rien !

Il partit sur autre chose avant de rejoindre la zone qu'ils consacraient aux entrainements. Celle-ci avec quelques poids d'ailleurs, des équipements en mauvais état. Il faudrait qu'ils se réapprovisionnent, mais en soit, les Expendables avaient surtout tendance à improviser sur ces questions-là. Il patienta, en profitant pour s'échauffer. Un long moment avant que la jeune fille n'arrive finalement, clairement à reculons. T'es en retard, lui fit-il remarqué en fronçant les sourcils. Il y avait-il une raison à ça ? Est-ce qu'Alex l'avait retenu - comme pour beaucoup ?

Non, c'était autre chose ! Marissa avait l'air anxieuse à côté de lui, en fait. Pourquoi tu stresse ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils. Le genre de question qui pouvait faire seulement monter le stress de toute évidence mais bon, c'était dit, désormais. Il s'approcha, posant les poids qu'il tenait pour se mettre face à l'adolescente. Elle était maigrichonne, les traits marqués par la fatigue et la faim. Si elle se remplumait doucement mais sûrement au sein du campement, ça n'était pas encore miraculeux à son sens. Et puis, elle n'était pas bien épaisse de base.

T'avais quel âge quand tout ça a commencé, Mari ? Demanda-t-il. Tu pratiquais des activités, ou des trucs du genre ? T'as fait partie de certains camps où tu as pu contribuer à la vie sur place ? Ouais, il enchainait les questions, sans précaution. Tu sais te servir d'une arme ? Fronçant les sourcils, et eut un soupir en réalisant que ça pouvait être intimidant : Je sais que ça fait un peu interrogatoire toutes ces questions, mais c'est pour voir surtout avec quoi on part, expliqua-t-il. Je ferais sans doute pas d'toi une brute épaisse, mais si je peux t'apprendre à te défendre un peu mieux pour qu'tu saches t'en sortir sans trop d'peine, c'est mieux, poursuivit Connor.

Il la scruta longuement, en cherchant à déduire dans son attitude tout ce qu'elle cachait. Marissa apparaissait sous ses yeux comme une jeune fille secrète, discrète, qui ne voulait pas attirer l'attention. Il n'avait qu'une vague idée de ce qu'elle avait vécu avec les Sinners. Ces semaines enfermée avec Mateo, à devoir souffrir. Bien sûr que ça laissait des marques. Et il était un homme, du genre de ceux qui lui avaient fait du mal, alors c'était sûr qu'elle n'avait pas vraiment envie de lui parler. C'était un point qu'il comprenait, évidemment. En fait, il ne pouvait que comprendre, et se taire.

Un soupir lui échappa. Il avait encore bien des questions, et surtout dans le genre sensibles : Tu sais où se trouve ta mère avec tout ça ? Demanda-t-il avec précaution. Son timbre était doux. Elle parlait de cette femme comme si elle vivait toujours. Marissa devait avoir la conviction qu'elle était encore en vie quelque part, mais ou ? Aucune idée. Si elle avait été prise avec la jeune femme, il y avait fort à parier qu'on l'avait refourgué quelque part, et pour apprendre où concrètement, ça serait sans doute plus difficile encore de le déterminer...

Il fronça les sourcils et lui offrit un sourire : Mais toi, tu es quoi ? Médecin aussi du coup ? C'est ce que tu veux être en tout cas ? Parce que le cas échéant, bien sûr qu'il lui donnerait tout ce qu'il fallait pour qu'elle accomplisse son objectif. Depuis le temps, l'homme se posait d'avantage comme une passerelle pour les autres, vers leur avenir, que comme un leader. Il devait voir le futur se réaliser, avec les bonnes personnes. Lui était déjà une cause perdue, ou pas loin de l'être. Qu'importait. C'est pas une question piège, assura-t-il.

Il hocha la tête quand la jeune fille demanda pour le poids : Ouais... il la laissa faire et une fois avec l'objet en main, lui fit un nouveau signe du chef : Viens, suis-moi, lui demanda-t-il alors pour venir se placer à l'ombre d'un arbre. Tu peux le poser dès que ça te tire de trop, il portait les siens propres, plus épais et plus lourds que pour Marissa. Et il lui montra les exercices. Des flexions avec des poids, il lui demanda de ne pas se forcer. Dès qu'elle sentait que ça chauffait, elle arrêtait et ils passaient à autre chose : Qu'est-ce que tu sais faire d'autres ?