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Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Sam 27 Mai 2023 - 23:09
what i am
Observateur Franc Travailleur Patient Protecteur Sensible Amusant Doué avec les animaux Entêté Dur Résigné Sujet aux addictions Farouche Mélancolique Sarcastique Nul avec les humains | Un fusil semi-automatique Remington, Un couteau de chasse Helle, Un petit transplantoir et des sachets qu’il trimballe partout, pour pouvoir déterrer et déplacer en toute sécurité des végétaux intéressants, Une paire de gants en cuir, qui couvre également les avant-bras, Un sécateur à main, Un vieux lecteur cassette portable Toshiba, et quatre compilations d’un autre âge, enregistrées sur des cassettes, qui tournent en boucle quand il jardine. Lewis a de nombreux tatouages sur tout le corps, à l’encre noire et en couleurs, dont une manche complète sur le bras droit. On voit qu’il a aussi porté un certain nombre de piercings, ses oreilles sont trouées, et en faisant attention on peut discerner la petite imperfection au-dessus de sa lèvre et sur son arcade. Il fait plus vieux que son âge, la faute à quelques excès de jeunesse et un métier éreintant, mais ses yeux sont de toute évidence ceux d’un enfant. Suite à une chute en moto, son genou gauche est faible. |
évolution psychologique
Le survivant a épaissi son cuir, mais à l’intérieur, c’est le bordel. Toujours ce gamin turbulent, cet adolescent fougueux, ce jeune excessif, cet homme romantique, ce père attendri - toute cette vie qui sommeille, se rappelle à lui quand il laisse le quotidien, et les gens, le surprendre. Il n’a pas encore pris ses marques dans son nouveau groupe ; il est peut-être temps de recommencer à vivre ?
Story of survival
Pre-apocalypse
1. S.O.S Gars de la ferme en détresse.
Un bébé grassouillet hurle à pleins poumons contre le sein de sa toute jeune maman, il réveille son père, les bêtes de l’étable attenante à la maison, et sûrement les voisins de l’autre côté du champ tant ses cris sont puissants. Oh, c’est bien simple, ce n’était pour le petit Lewis que le début d’une belle carrière, il deviendrait le roi du bruit, l’amoureux du tintamarre des beuglements, le feu d’artifice au milieu de la prairie.
Il n’y avait jamais rien qui était assez bien pour le garçonnet énergique qui voulait être un super-héros de la ville, devenu un adolescent aux allures punk-rock qui aurait tout donné (à savoir ses parents, sa petite sœur insupportable et la bêche de la marque Fiskars que son père lui avait offert la larme à l’œil pour ses quinze ans) pour quitter sa ville de ploucs perdue au milieu du désert et mettre les voiles vers l’aventure, vers Seattle. Il en rêvait, chantait - mal - son désir d’un ailleurs et gonflait toute oreille s’approchant trop près avec ses ambitions immatures.
À dix-sept ans, c’est autour d’une dinde trop cuite qu’il claqua la porte du foyer en beuglant que personne ne le comprenait dans cette baraque, qu’il allait enfin vivre en ville et qu’il manquerait à personne de toute manière - mots durs d’un garçon impétueux et frustré, incapable de s’imaginer reprendre la ferme de son père et perpétuer une triste dynastie, faite de travail difficile et d’isolement.
2. La ville est mon église.
Bien évidemment, Seattle n’était pas exactement comme il l’avait rêvé.
Elle était m.i.e.u.x.
Il y avait de la lumière aveuglante, de la musique trop forte, des nuits interminables où s’entassaient des centaines de silhouettes à la recherche d’un peu de chaleur et de désir, de l’alcool à ne plus savoir qu’en faire (des tonnes, mais jamais aussi fort que le tord-boyau que son père gardait à la cave), des drogues bien trop accessibles, de la vie - de la vie partout. De la vie à en donner le tournis, à se perdre au milieu de la foule, un anonyme de plus avec un fort accent et trop de rêves idiots dans la tête.
Lewis se roula dans la nouveauté pendant des mois, euphorique, incapable de poser des limites à la fête. Il vivotait, prenait n’importe quel boulot, créchait chez des amis d’un soir - le plus souvent dans leur baignoire, ou sur un bout de tapis avec un torchon roulé en boule comme oreiller. Ça lui convenait bien, l’hilarité constante dans laquelle il était plongé. La vie avait peut-être moins de sens qu’à la ferme, avec des hectares à entretenir, un toit sur la tête, mais bon dieu, qu’elle était belle ! Colorée, scintillante, tellement libre. Après s’être affranchi psychologiquement, il avait entrepris de se transformer physiquement : il était passé sous tous un tas d’aiguilles pour barioler sa peau, percer son arcade, sa langue, le coin de ses lèvres. Adieux ses boucles blondes que sa mère aimait tant, il avait les cheveux rouges, roses, verts, rasés sur les côtés. Il portait des vieilles fringues chinées, des bagues grossières sur chacun de ses doigts, fumait comme un pompier, et fut bien vite incapable de se reconnaître dans un miroir.
3. Les filles c’est pas facile, elles mettent la fièvre.
Bien sûr, il tomba amoureux. Bêtement et éperdument, comme on le fait à vingt ans. Elle était plus maligne que lui, jolie derrière son khôl et envoûtante avec sa clope au bec. Un sacré caractère, le genre de fille qui se rase le crâne devant tes yeux pour prouver qu’elle sera toujours trop belle pour toi - et elle avait raison. Son seul défaut c’est qu’elle était paumée et c’est sans doute cela qui les avait réunis, un jour où elle avait claqué la porte de chez ses parents et s’était précipitée dans ses bras pour un peu de réconfort. Il était partant pour partager son duvet, et sous ses airs de garçon vivant en dilettante, elle avait bien perçu qu’il y avait un petit cœur d’artichaut qui battait pour elle.
Il avait trouvé un boulot dans un fast-food pour subvenir à leurs besoins, Lily dessinait et avait un sacré coup de crayon - hors de question qu’elle abandonne pour trouver un job débile, qu’il avait dit, et il assumait. Elle leur trouva un petit studio pas trop moisi dans le quartier Belltown, il retrouva ses cheveux blonds et mis de côté ses piercings pour tenter de conserver une certaine stabilité - si la Seattle de la nuit l’avait bien accepté, celle du jour se révélait dure et ingrate. Épanouissant n’était pas vraiment le mot pour définir son quotidien, et il buvait trop pour prétendre à mieux. Lily glapissait régulièrement dans le creux de son oreille pour lui dire de se bouger, qu’elle l’aimait et qu’il était qu’un con, et son cerveau anesthésié ne parvenait pas réellement à imprimer ce qu’elle essayait de lui dire - ou alors, il n’avait juste pas envie d’écouter. La conséquence logique qu’il était le seul à ne pas voir arriver survint après plusieurs mois d’idylle, elle le quitta avec pertes et fracas, et le vira de leur appartement.
4. Allo maman bobo.
Il aimait Seattle comme un dépendant affectif, mais la ville ne lui rendait plus ses sentiments. C’est penaud, pathétique et trop maigre qu’il revint dans le giron familial, et plus spécifiquement celui de sa mère, car le paternel l’aurait bien accueilli à coups de fusil. Mais il n’y a pas plus généreux et prompt au pardon que le cœur d’une maman, et la sienne mit toute son énergie pour le remettre sur pied. Avec du temps, des plats équilibrés confectionnés avec de bons produits, du sommeil et beaucoup de soleil (c’est que son père avait l’intention de le faire bûcher dur dans les champs en rétribution), Lewis reprit progressivement des couleurs. Et si la vie n’était pas franchement excitante, elle avait quand même un goût de sérénité qu’il commençait à apprécier.
Avec ça, il n’était pas mauvais pour travailler la terre. Il apprenait vite, après tout sa mère avait bien essayé de persuader son père de l’envoyer faire des études en ville mais la famille n’avait pas les moyens, et il espérait que son unique fils l’aiderait, puis reprendrait l’affaire à sa mort. Une histoire d’héritage et de tradition familiale qui faisait rouler des yeux Lewis, autrefois. Maintenant qu’il avait goûté à autre chose, il trouvait cette hypothèse plus si bête. Son organisme lavé de toutes les substances qu’il avait ingurgité, et l’âge paresseux de l’adolescence étant derrière lui, il se découvrait même une endurance digne d’éloges et une certaine abnégation face à l’effort.
5. Viens, on s’ennuiera à deux, puis trois.
Il n’y avait pas beaucoup de filles à Elmer City, mais il suffit qu’il y en ait une pour vous faire tourner la tête et un garçon pour lui plaire, pour commencer une histoire à deux. Lewis tomba immédiatement sous le charme de Queenie, mais l’inverse fut loin d’être aussi évident. Elle travaillait dans le vieux diner d’Elmer, comme serveuse et elle faisait sauter les meilleurs pancakes qu’il avait jamais mangés. Que le soleil tape à rôtir un mort ou qu’il grêle, il venait invariablement à son comptoir tous les midis, traînant sa gueule de timide au milieu de ses clients, et commandait toujours la même chose : des pancakes au sirop et du bacon grillé. À chaque fois, il se faisait resservir au moins trois fois une pleine tasse de café noir et lui souriait maladroitement, et Queenie avait fini par se demander comment il faisait pour en ingurgiter autant. Jusqu’au jour où elle le surprit à vider discrètement la moitié de sa tasse dans une plante verte. Elle avait trouvé ça mignon.
Queenie avait eu peur de ne pas s’y faire, à cette nouvelle vie - celle de conjointe d’un agriculteur. Elle avait même failli tourner les talons, en voyant le regard effaré du père Neal sur ses cheveux crépus - elle l’aurait sûrement fait si les doigts de Lewis ne s’étaient pas refermés sur les siens. Ce serait faux de dire qu’il n’y avait pas des moments où elle questionnait son choix : quand elle voyait l’état de leur compte en banque après les premières factures du mois, qu’elle reniflait partout où elle allait une vague odeur de bouse de vache - réalisant alors avec effroi que c’est elle qui transportait ce fumet - ou quand son mari, à tout juste vingt-cinq ans, lui cachait qu’il se levait avec le dos en vrac. Il y avait des bas, mais aussi des très hauts. Le jour de leur mariage, où Lewis avait pleuré en l’apercevant au bout de l’allée, la naissance de leur si parfaite petite Gabrielle, la crémaillère de leur maison qu’elle avait imaginé et que Lewis avait terminé avec des copains, quand il prenait une vieille guitare et chantait des mots rien que pour elle, quand il faisait sauter Gabrielle dans ses bras ou qu’il dévalait leur terrain avec elle emmitouflée et secouée de rires dans une brouette, la nuit où il l’avait amené à Seattle pour la première fois et qu’elle avait vu des étoiles dans ses yeux… Cette vie-là, toute simple, était même très jolie, en fait.
Post-apocalypse
1. Il m’a parlé de la guerre, et je ne l’ai pas cru.
C’est lovés les uns contre les autres dans leur canapé avachi sous leur poids et recouvert de plaids, que les Neal suivaient les informations, suspendus aux commentaires du journaliste. Un bras passé autour des épaules de Queenie, Lewis échangeait des regards avec son père, engoncé dans le plus gros fauteuil de la maison. C’était le dernier à être passé en ville, à Seattle, pour acheter des matériaux qu’ils ne trouvaient pas à Elmer et ses alentours. Lewis était le seul à l’avoir vu descendre de sa camionnette ce matin-là, blême et les mains tremblantes, peinant à sortir tout ce qu’il avait acheté : bien plus que ce qu’ils avaient prévu. “J’ai déjà vu ça, fils.” Il avait répété ça dans sa barbe sans répondre à ses questions, déchargeant avec son aide de gros bidons d’eau, d’huile, des filets électrisables, de la quincaillerie, des munitions pour son vieux fusil de chasse, et tout un tas de trucs qui nourrissaient son inquiétude. “Ça va être la guerre”.
Abruti par les images qui défilaient devant l’écran, laissant alors place au visage solennel du Président, Lewis ne pouvait s’empêcher de penser à la peur qu’il avait lu clairement dans les yeux de son père - un sentiment qu’il ne lui avait jamais connu. Alors que l’appel au calme du dirigeant se superposait dans son esprit au récit désordonné de son père, et aux articles lanceurs d’alerte que Queenie faisait défiler sous ses doigts sur sa tablette, Lewis avait raffermit sa prise autour de son épaule et la guida dans le creux de son cou.
Quelques jours plus tard, sa sœur faisait partie des quelques chanceux avec le nez creux : elle avait fui la ville pour se réfugier chez eux, à dos de sa moto pour échapper aux embouteillages monstres qui paralysaient les rues. Elle les avait abreuvés de récits sur les émeutes, les infectés, les vaccins distribués par les militaires. Elle avait rapporté quelques fioles, et si Lewis était parvenue à convaincre Queenie de le laisser la piquer elle et leur fille, il fut incapable de faire entendre raison à ses deux mules de parents. Pour ce que cela changerait à la fin…
2. J’ai pensé qu’on était prêts.
⇢ hiver 2015 - été 2016
Les premiers mois glissèrent sur eux, et ils passèrent l’hiver à se préparer pour la suite. Son père lui montra comment entretenir le générateur qui fournissait un peu d’électricité, ils coupèrent suffisamment d’arbres morts pour se chauffer le soir, et ils utilisèrent leur dernière réserve de carburants pour dévaliser une pépinière abandonnée. Lewis ne savait pas trop quoi en penser, et se raccrochait mécaniquement à l’espoir de jours meilleurs à venir - car ils viendraient, n’est-ce pas ? Son père balayait ses hypothèses d’un haussement d’épaules, et l’instruisait méthodiquement. Il n’avait plus la force, mais il avait les connaissances, l’habitude, la résolution ancrée des anciens - pour la première fois de sa vie d’adulte, Lewis regardait son vieux avec admiration.
Le printemps arriva et avec lui la fin de leur relative tranquillité. Lewis servait en foin les vaches du domaine quand il entendit un odieux et terrible hurlement, de l’autre côté de la maison. Il avait couru aussi vite possible, suivant les cris de sa cadette dont la voix brisée gargouillait des : “Lâche-moi !” paniqués. Une large trainée de sang engluait son cou et le haut de son pull lorsqu’il la trouva, tenant péniblement à distance une femme répugnante dont les exclamations rauques lui filaient la chair de poule. Il n’avait jamais vu ni senti un rôdeur. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Les infectés quittaient la ville ? Est-ce qu’il y en avait d’autres ? Sa sœur criait, ses pensées s’engluaient, il attrapa la première chose contondante qui lui passa sous les doigts - une pelle. Il repoussa l’infectée, tenta de la maîtriser au sol, mais sa force était effrayante, débridée. “Tue-la !” Mary hurla, il tituba. Dans sa vision périphérique, il aperçut la silhouette de Queenie qui tenait le visage de Gabrielle contre sa poitrine, et son cerveau… Cessa simplement de fonctionner. Son poing se crispa autour du manche de son arme de fortune, et le reste fut un mélange abscons de rouge, de noir, de sang, de gémissements, de viscères, et puis tout devint blanc.
Mary mourut en une poignée d’heures malgré les bons soins de leur mère. L’ignorance des Neal quant au mal qui la rongeait était telle qu’ils ne se méfièrent pas quand elle s’éteignit, accrochés les uns aux autres dans leurs sanglots, jusqu’à ce que les cris et l’horreur reprennent. Le bras plissé et fébrile de maman, tendrement enlacé autour du corps de sa fille, fut cruellement mordu dans la confusion qui suivit le réveil de Mary. Ils réussirent à quitter la chambre et à y enfermer l’infectée, en se pensant sauvés, avant que la brutale réalité ne revienne les hanter. Lewis et son père parvinrent à immobiliser la vieille femme devenue démente, laissant à Queenie la tâche inhumaine de l’abattre d’un coup de fusil qui lui déboita l’épaule. La nuit fut horrible. Ils étaient exténués, mais à chaque fois que leurs yeux se fermaient, les râlements sinistres de Mary, toujours enfermée à l’étage, les maintenaient éveillés.
3. Ensemble.
⇢ automne 2016 - automne 2019
Plus le temps passait, plus les arrivés de rôdeurs dans leurs champs devenaient courantes. Pire encore, ils essuyaient les attaques de plus en plus récurrentes de pilleurs alléchés par ce qu’ils avaient cultivé et construit. Un matin, Lewis compta une vache de moins. Puis deux, trois, et bientôt il ne resta plus que trois bêtes dans l’étable qu’ils tentèrent de solidifier avec son père. Il n’était plus que quatre, dont une enfant de quatre ans et un vieillard - ils ne devaient leur survie qu’à leur isolement au milieu des champs, aux pièges et systèmes d’alarme qu’ils avaient bricolé, à l'entraînement de Lewis au fusil qu’il utilisait pour dissuader les curieux et aussi, et surtout, aux cultures qu’ils entretenaient religieusement. Ils étaient autosuffisants, mais clairement pas assez forts pour tenir longtemps en cas d’attaque coordonnée. Toutefois, la chance vint sourire aux Neal, en fin d’après-midi lorsqu’une femme approcha de leur maison ses deux mains en l’air…
Ils auraient sans doute dû se méfier, cela pouvait être un piège. Néanmoins ils accueillirent l’inconnue et baissèrent rapidement leurs armes - une attitude qui la conforta d’une part sur leur tempérament, et lui indiqua d’autre part qu’ils ne tiendraient plus très longtemps ainsi. Elle leur avoua venir en éclaireur pour un petit groupe qui avait repéré leur installation, et espérait pouvoir partager leur foyer en mettant la main à la pâte, et en aidant à protéger l’endroit. La petite famille accepta rapidement : la maison de son père accueillit ainsi deux familles, une de quatre et l’autre de trois survivants, et celle de Lewis et Queenie permit d’abriter trois personnes supplémentaires. Après un démarrage timide, chacun trouva ses marques harmonieusement. Avec quatre jeunes enfants sous leur responsabilité, ils faisaient de leur mieux pour alléger le quotidien - Lewis improvisait des spectacles de marionnettes (particulièrement stupides et donc très appréciés des enfants) et s’était lancé avec eux dans la décoration de tous les murs de la maison, armés de crayons, de craies et de vieilles peintures éventées, la texture épaissie par les années.
Les années passant, les jambes de son père faiblirent et Lewis reprit à sa charge complète l’entretien de leurs cultures et des trois vaches qu’ils arrivaient encore à nourrir correctement, et avec l’aide des autres, il entreprit de troquer ce qu’ils produisaient avec d’autres petits groupes de survivants des alentours.
4. Ne la lâche pas.
⇢ hiver 2019
Il tenait sa petite main si fort dans la sienne, se frayant un chemin parmi les morts. Il la sentait trembler et retenir ses larmes, et sa prise s’était raffermie désespérément autour de ses doigts délicats. Il lui faisait mal, sans doute, mais ce n’est pas son étreinte qui entraîna le désastre. Couverts de sang et boyaux de rôdeur de la tête aux pieds sur les conseils de Maria, la plus expérimentée de leur groupe, ils avançaient lentement, tentant d’imiter l’allure pataude des non-vivants. Un sanglot étranglé échappa à Gabrielle, Maria tourna la tête dans leur direction alors que son père s’agenouillait, son visage en cœur dans ses mains moites. Il ne pouvait pas parler, il tenta néanmoins de lui transmettre toute la force et la confiance nécessaires pour continuer à avancer. Il ne pouvait pas la porter - si seulement ! - il était tombé quelques jours auparavant de la moto de Queenie, en essayant d’attirer la horde qui s’avançait inexorablement vers leur maison. En vain. Il avait juste réussi à s'abîmer sérieusement le genou. Il claudiquait avec peine, il n’avait pas réussi à tenir dans ses bras sa petite de sept ans plus de quelques mètres. Queenie avait pris la moto pour transporter son père, qui n’était plus capable de marcher. Il lui avait juré qu’ils s’en sortiraient sans problème. Il posa un baiser silencieux sur le front sali de Gabrielle et se redressa, l'entraînant doucement dans son sillage. Ils allaient y arriver.
Il avait suffi d’un cri. Un rôdeur qui s’approche un peu trop près, comme curieux, un râle guttural de trop - Gabrielle n’avait pas réussi à contenir sa terreur. Le cercle s’était refermé sur eux, sur elle, Maria avait tiré pour tenter d’éloigner les morts mais c’était trop tard - trop tard - il le savait déjà, les petits doigts avaient vibré dans sa main au moment où la mâchoire du monstre s’était refermée sur son cou. Son cri, son cri horrible qui le hanterait encore des années après, strident et qui meurt dans un borborygme sanguinolent. Elle appelle “papa, papa”, et son cerveau s’arrête. Il se sert de sa hache, crispée au creux de son autre main, alors que c’est déjà fini. Les balles de Maria sifflent à ses oreilles avant qu’elle ne hurle à son tour, attrapée dans le dos, par les cheveux. La petite main ne le lâche pas, contractée dans la douleur, et bientôt dans la mort. Il arrache la sienne, tombe et rampe, il entend d’autres cris - le groupe se disloque, ses amis meurent et leurs enfants pleurent. Il rampe, loin du carnage.
La nuit est tombée quand ils retrouvent Queenie et son père au point de rendez-vous. Il est seul, maculé de boue, hagard.
Pendant des semaines, la chaleur moite des doigts de sa fille resta présente dans le creux de la sienne. Il sentait ses petits ongles rentrer dans sa chair, ses doigts s’agripper à ses jointures dans un ultime effort. Queenie pleurait tous les jours, et toutes les nuits. Il ne pouvait pas dormir. Quand son père partit à son tour dans une longue toux douloureuse, de la grippe ou du chagrin, et qu’il dût l’achever d’une balle dans la tête, Lewis ne put s’empêcher de s’imaginer tourner le canon vers Queenie, puis dans sa bouche, pour que tout s’arrête enfin.
5. Il n'y a plus de chaleur lorsqu'elle s'en va.
Ils erraient, sans savoir où aller. Dans deux sacs juchés de part et d’autre de la moto qu’ils avaient abandonnée derrière eux, Queenie avait emporté toutes les réserves qu’elle pouvait. Majoritairement des bocaux de légumes, qu’ils avaient stérilisés eux-mêmes dans de grandes casseroles. Avoir de la nourriture de qualité était un luxe, mais cela pesait lourd sur leur dos. Ils étaient épuisés, seuls. Ils n’étaient plus que trois de leur ancien groupe. Queenie, Judy - une maman qui avait perdu son époux et leurs deux enfants dans le massacre - et lui. La nuit, alors qu’il essayait de s’endormir, il avait l’impression qu’elles chuchotaient, et planifiaient de le tuer. Ce sale mec qui n’avait pas pu sauver leurs gamins. Elles le détestaient, il le sentait dans ses tripes. Il perdait la tête. Quand il écoutait vraiment, il les entendait - elles pleuraient, le plus simplement du monde, et c’était peut-être encore plus déprimant que de les imaginer comploter contre lui pour se venger. Il avait juste envie de boire, et comme il ne pouvait pas mettre la main sur une goutte d’alcool, il espérait mourir dans son sommeil - vu qu’il n’avait pas eu le courage de partir autrement.
Leur errance prit fin à quelques miles du Barrage de Grand Coulee. Ils partageaient la fin d’un bocal de haricots quand trois grands mecs sortirent de nulle part et les mirent en joue. De force, ils furent intégrés dans un nouveau groupe. Des endurcis, qui jugeaient l’intérêt de nourrir une bouche à ce qu’elle pouvait rapporter. Ils étaient tous les trois en bonne santé, avec un peu de gras sur les os - c’est peut-être ce qui les persuada qu’ils avaient plus de talent que leurs yeux éteints ne laissaient croire. Queenie était douée avec les armes, Judy savait coudre et donner du goût aux choses les plus fades, et Lewis… Au début, ils l’avaient armé et constatèrent qu’il savait comment viser, tirer, entretenir un fusil - ils lui mirent d’autres armes dans les mains pour protéger le camp, jusqu’au jour où Judy laissa échapper que ces mains-là étaient meilleures dans la terre. Faire pousser, cela ne lui disait plus rien, mais ces envies n’avaient aucune importance. On le poussa au milieu d’un carré de terre non entretenu et d’outils en piteux état, et on exigea de lui qu’il en fasse quelque chose.
La tâche était laborieuse et ingrate. Chaque outil qu’il débridait, chaque câblage qu’il entretenait - les bougres avaient des machines mais aucun mécano pour en prendre soin, l’expérience de Lewis allait devoir faire l’affaire - était un cruel rappel des gestes de son père, encore vivaces dans sa mémoire, qu’il imitait en silence. Les larmes menaçaient de couler toute la sainte journée et souvent, après avoir vérifié qu’il était seul, Lewis s’y abandonnait. Queenie l’évitait, ou on la tenait à l’écart de son mari, et cette solitude le mordait plus intensément que tout le reste. Les semaines et les mois passaient avec lenteur, il ne s’intégrait pas, il ne pouvait pas, ses silences s’allongèrent pour n’être plus perturbés que par le maître de camp, qui passait vérifier l’avancée de ses cultures. Ça n’allait jamais assez vite. On lui mit sur le dos un homme et une femme, à moitié pour apprendre, à moitié pour surveiller ses faits et gestes. Peu à peu, il comprit qu’on le soupçonnait de se rendre indispensable, et qu’on le considérait à l’inverse comme de plus en plus dispensable. Qu’importe, après tout ?
C’est Judy qui vint le trouver, un soir, se faufilant près de lui alors qu’il fixait le plafond. “Ils vont se débarrasser de nous.” Et alors ? Il avait envie de répondre, mais même cet exercice était pénible. Les doigts de Judy s’étaient refermés sur son épaule, et il l’entendit, plus qu’il ne la vit pleurer. “Judy, arrête de chialer.” Il reconnaissait à peine sa propre voix, rauque, râpeuse. Les sanglots redoublèrent et elle le supplia de faire quelque chose, avec elle, avec eux. Elle lui raconta qu’il y avait d’autres survivants qui voulaient quitter le camp pour tenter leur chance ailleurs, qu’il y avait un plan, qu’ils pensaient qu’il voulait lui aussi s’enfuir - et que ce serait utile d’avoir quelqu’un comme lui, conclut-il dans sa tête. “Je vais y réfléchir.” laconique, et les doigts de Judy se crispèrent contre lui. “Fais vite, c’est demain soir.”
Le demain soir devait être une évasion discrète, une bande de fantômes échappés avant l’aurore. Un plan sans accroc qui tourna au désastre, et Lewis ne sut jamais pourquoi. Il s’était faufilé dans la réserve accolée au jardin pour récupérer quelques outils, il devait ensuite rejoindre Judy et un certain James qu’il ne connaissait pas bien pour prendre la tangente. Alors qu’il fourrait une serfouette dans une des poches profondes de son pantalon, on l'interpella. Se retournant lentement, il fit face à un gamin d’une vingtaine d’années - un bon garçon, de ce qu’il avait vu. Au mauvais endroit et au mauvais moment. “Lewis, tu devrais retourner dans ta piaule… Maintenant.” Le ton était menaçant, mais la voix tremblait. “Je ne peux pas faire ça.” Retourner dans sa piaule, s’enfuir, se battre… Il ne pouvait pas - ne voulait pas. Le gamin ne comprit pas ses mots, et le désespoir qu’il laissait filtrer, sa main s’abaissa à sa ceinture pour saisir son arme. “Non…!” Il ne s’attendait pas à ressentir cette fureur, à vouloir tellement vivre subitement, à s’y accrocher farouchement alors que plus rien n’avait de sens. Il s’était jeté contre son adversaire, le revolver vola entre eux et les coups de poings partirent dans un désordre absolu. Lewis prit le dessus, plus fort, plus sec, plus nerveux, les doigts serrés autour du cou de ce pauvre garçon. Il n’entendit pas les coups de feu dans le camp, les cris, les pas précipités qui se rapprochaient dans leur direction. Il ne voyait que les yeux clairs du garçon qui le suppliaient en silence, l’air quittant ses poumons, et… Il céda, ses doigts s’écartèrent en tremblant et il laissa tomber ses fesses sur ses talons, à genoux à côté du gamin dont la respiration reprenait en saccades brutales. Pas pour longtemps. James apparut dans son dos, et Lewis comprit trop tard, en voyant les yeux du gamin s’écarquiller et ses lèvres s’ouvrirent - une balle dans la tête, et la main de James l’agrippa par la chemise : “On y va !”
Ils devaient être sept, ils n’étaient plus que trois à prendre la fuite et pas de traces de Queenie. “Où est-elle ?” Personne ne lui répondit, mais il la vit, statue immobile à l’autre bout du camp. Lewis se vit tendre la main vers elle, son cœur persuadé qu’elle allait venir se lover contre lui, sa tête savait déjà. Queenie recula, et Judy l’attrapa par la manche pour l’entraîner à sa suite loin du camp.
6. Seul avec du monde autour.
Les communautés, nombreuses autour de Seattle, étaient souvent heureuses de recruter dans leurs rangs quelqu’un capable de travailler la terre. En troquant ce dont il avait besoin pour survivre, Lewis finissait par être repéré, et on lui proposait parfois de rejoindre un groupe. Souvent, il acceptait. Farouche, il décourageait les moins insistants, mais au final la solitude ne lui réussissait pas. Il vivotait, de communauté en communauté, mettant en avant ses compétences pour avoir la paix tout en se gardant bien d’être pédagogue et de transmettre son savoir - la leçon avait été apprise.
Parfois, près des zones d’échanges, il lui était arrivé de recroiser James et Judy. Ces deux-là s’étaient mis ensemble, et il s’était trouvé un peu stupide quand le mot “mignon” s’était imposé dans son esprit. Mais ils l’étaient, et ça faisait quand même quelque chose de voir que de belles histoires pouvaient encore arriver. Judy lui avait demandé si la vie dans son nouveau groupe lui plaisait, il avait seulement grommelé que c’était rien que des cons. “Ils sont là : “Fais pousser du blé, des cerises, du maïs, des tomates et des putains de brocolis”. Ils ont aucune idée du temps que ça prend, du bon moment pour faire les semis, de la quantité d’eau et d’attention que ça va demander - et je suis sûr qu’ils feront la gueule en voyant qu’une courgette c’est tordu et qu’il y a des vers dans les pommes.” Elle avait souri, elle savait. Il n’avait pas revu Queenie, et avait finalement enfoncé son alliance au fond d’une poche de son jean.
7. Ensemble ?
Au nom de son groupe actuel, il avait l’habitude de troquer avec The Hallows à Gig Harbor. Ils avaient l’air d’être des gens décents, le genre avec qui tu n’as pas peur de finir en joue au moindre pet de travers. Quand le groupe s’appelait encore The Haven les relations étaient déjà cordiales, et Lewis avait fini par faire connaître son intérêt. Quand les heurts avec New Eden devinrent publics fin 2022, il se rétracta toutefois, soucieux de ne pas se mêler à un conflit dont l’issue serait, semblait-il, catastrophique.
Il entendit parler de l’exode du groupe et il ne donnait pas cher de leur peau, mais la suite des événements lui donna tort - heureusement, il y avait suffisamment de morts comme ça. Il entendit vaguement parler du coup d’état mais son attention était déjà toute tournée vers The Hallows. Il se racontait que le groupe était particulièrement soudé et pacifiste, et, bon sang, Lewis aspirait au calme et à la stabilité. Il tenta sa chance à nouveau, et on lui permit de passer un entretien avec le conseil, puis d’intégrer la communauté.
Comme d’habitude, il mettrait ses connaissances au service du groupe, mais pour l’heure il n’avait pas l’intention de déroger à sa règle, “le savoir, comme le pouvoir, ne se partage pas”.
time to meet the devil
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Sam 27 Mai 2023 - 23:12
Ouiiiii !
Bienvenue par ici, trop la bonne surprise du soir.
Installe toi bien, prends un petit thé et fais comme chez toi !
Bienvenue par ici, trop la bonne surprise du soir.
Installe toi bien, prends un petit thé et fais comme chez toi !
when the party's over
"But the tigers come at night, with their voices soft as thunder. As they tear your hopes apart, and they turn your dreams to shame" (c) alaska.
- Louve A. Montgomery
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Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Sam 27 Mai 2023 - 23:15
Bienvenuuuuuue !
Light this world
ANAPHORE
- Neela J. Yeo-Jeong
- Administratrice
She-Hulk | Neenja
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Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Sam 27 Mai 2023 - 23:16
Bienvenue par iciiiii !
Un agriculteur c'est parfait ohlala
Bon courage pour la souite de ta fiche !
Un agriculteur c'est parfait ohlala
Bon courage pour la souite de ta fiche !
stay safe on the Path
- Spoiler:
- Nihima Sihasappa
The Hallows | Conseil
Modératrice
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Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Dim 28 Mai 2023 - 0:13
Bienvenue ici !
Bon courage pour ta fiche !!!
bienvenue sur le forum !
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si tu comptes jouer un Remnants et que ton personnage est intégré au camp avant juillet 2019 dans son histoire, il se peut que celui-ci ait été vacciné contre le virus qui transforme en rôdeur. Pour savoir si c'est le cas, rendez-vous ici.
6 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
7 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bon courage pour ta fiche !!!
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
Bonne rédaction !
- Madisson Summer
The Guardians | Right Hand
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Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Dim 28 Mai 2023 - 0:40
Bienvenue a toi !
Bon courage pour la suite de ta fiche !
Bon courage pour la suite de ta fiche !
- Invité
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Re: Lewis E. Neal } In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on.
Dim 28 Mai 2023 - 9:16
Holà! Bienvenue à toi. Bon choix de FC en tous cas et hâte d'en savoir plus sur ce perso' qui a l'air bien intéressant déjà ! Bon courage pour la suite de la rédaction!
- Dario Amendiares
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