Je laisse Armand poursuivre ; le nouveau Président de New Eden questionne à nouveau les deux jeunes femmes au sujet des Remnants. Je n’interviens pas, écoutant simplement les réponses que l’on nous donne avec intérêt. Néanmoins, je me redresse légèrement lorsque mon collègue commence à évoquer les récents chamboulements de notre groupe. Voilà qui devient intéressant.

Attentif au discours de Philips, je laisse Maxine prendre la parole à son tour. La jeune femme semble avoir de nombreuses questions, et je la comprends. Néanmoins, elle ne semble pas fermée à répandre le message que nous voulons faire passer. L’écoutant avec attention, je prends à mon tour la parole. « Il faut que les gens sachent que le New Eden qu’ils ont connu n’est plus. L’Adonaï est tombé et de nombreux changements sont en cours, des changements positifs. Cela prendrait certainement des heures de tout vous exposer ici. C’est pour cela que nous devons pouvoir informer les gens, à Seattle notamment. » Je marque un léger silence avant de reprendre « Dites que l’ancien King de la cage sera bientôt de retour à Seattle, pour parler de ces changements. » Peut-être que cela aura plus d’impact que mon simple nom. Je tourne la tête vers Armand, pour observer sa réaction.

« Si vous pouviez trouver les membres d’un groupe dirigé par un certain Valérian, j’ai quelques amis de longue date là-bas. » Je sais qu’il serait prêt à m’écouter, à discuter de tout cela. Et puis… « Peut-être que quelqu’un de votre groupe aurait croisé ma fille ? Kaycee Barnett ? Elle travaillait au dispensaire que nous avions monté au No Man’s Land, avec ma femme Emerson, il y a quelques années de ça… J’ignore où elle se trouve aujourd’hui… » Mes mâchoires se serrent brièvement alors qu’un léger pincement au cœur vient perturber cet échange. « Le No Man’s Land était un lieu de passage aussi, vous tomberez forcément sur quelqu’un qui me connaît ou qui connaissait ma femme ou ma fille… »

Ce monsieur Phillips, et par conséquent son coéquipier aussi, ne semblent pas au courant du vaccin qu'ils avaient mis en place sur Bainbridge Island. Ou du moins oui, ils l'étaient, mais chez eux cela semble plutôt être une rumeur fantaisiste. Elle se gratte un peu nerveusement le bras où on lui avait planté l'aiguille à l'époque, et finit par répliquer à son tour : ce vaccin existe, j'ai pu rencontrer des gens qui en avaient bénéficiés. Pas trop loin dans les détails. C'est forcément autre chose, et si ça a réussi à faire disparaître un tel groupe, ce n'est pas un simple rhume. Et puis ils n'ont qu'à aller sur place pour se faire un avis.

Laissant Max prendre la parole suite aux mots du général, Lily fait de même ensuite : Votre parole, c'est très peu, je m'en excuse. Vous pouvez même être le pape ça ne change rien. Elle se tourne ensuite vers sa partenaire, l'air désolé. Pardon mais sans preuve, je ne vais pas m'amuser un répandre un message. Parce que, soyons honnête, si rien n'a changé là-bas.. Elle se pince les lèvres, pour ne pas trop en dire sur le fond de sa pensée. Si rien n'a changé là-bas, c'est comme envoyer des veaux à l'abattoir. Heureusement l'homme qui accompagne Armand prend à son tour la parole.

Le roi de la gage ? Elle ne parvient pas à retenir un minuscule rictus, qui ne dure que quelques secondes. Quant au reste de son récit, au moins, il était plus percutant. Il connait des noms, des lieux, ça serait déjà un bon point pour la confiance. Je crois que j'ai croisé votre fille, à l'époque du dispensaire. Mais je n'en suis pas certaine. Malgré tout elle a quand même un long soupire. Propager une information de New Eden, c'était une demande assez importante. Le mieux c'est d'en parler avec les autres.

Ils se retournaient maintenant vers l’avenir. Kendale en rajouta une couche, alors que la seconde fille rejetait simplement leur message. Elle n’avait pas bien compris. Il ne lui demandait pas de le croire, ni de répandre cette information comme une vérité. Il lui demandait seulement d’en parler en espérant que quelqu’un puisse le croire. Car c’était la vérité ! Il détourna son regard vers Maxine.

- Des anciens du No Man’s Land. J’ai combattu avec certains d’entre eux, il y a des années, les Scarecrows. Les vrais. Kara, Ludwig. Il cita d’autres noms de cette époque, pour ceux dont il se rappelait. D’autres résidents de Providence, plus récemment, ajouta-t-il aux propos du pompier à l’intention de la rousse. Tous n’étaient pas hostiles à New Eden. Il était fort réducteur de ne les considérer que pour leurs travers. Ils avaient sauvé – du moins temporairement - certainement plus d’individus que toutes ces factions rebelles réunies. Une certaine Elena Hortos aussi. Hortos, répéta-t-il, pour que ce nom s’imprime dans les esprits des deux filles.

Maintenant que Phelbs n’était plus, la grecque restait peut-être sa seule alliée avec le peuple de Seattle. Elle avait toujours été la meilleure. Il avait misé sur elle. Elle avait misé sur lui. Il espérait qu’elle était toujours en vie…

- Nous voudrions effectivement renouer. Je crois que nous pouvons tous gagner à nous entraider. Il défia le regard qu’il devinait plus suspicieux de Lily. Parlez-en oui… à qui vous voulez. Nous reviendrons d’ici quelques semaines. Si vous acceptez de jouer les intermédiaires, nous vous dédommagerons bien au-delà de… ça. Il montra les denrées qu’ils avaient partagées. La confiance ne se gagne pas sur un entretien. Ça vaut pour nous tous. Nous n’avons pas l’intention de précipiter les choses. Un jour peut-être, notre parole vaudra aussi pour vous quelque chose, affirma-t-il.