Tu as un vrai problème avec les horaires, tu le sais ça ? Qu'elle s'enquit en franchissant le pas de la porte des cuisines, lui lançant un regard noir. Soit, la notion du temps était un vaste concept dont il ignorait tout, soit il avait sincèrement oublié qu'il devait la rejoindre ce soir. Resserrant les pans de son kimono noir contre sa taille pour masquer ce qu'il y avait en dessous, s'assurant de murmurer pour qu'on ne l'entende pas. Au risque de voir surgir quelqu'un dans son dos qui poserait bien trop de questions, certainement. Glissant ses mains sur les épaules du brun pour se hisser sur la pointe des pieds et poser brièvement ses lèvres contre sa nuque, avisant ce qu'il était occupé à faire.

Sérieusement ? Pour de la nourriture ? Qu'elle s'enquit avec un air moqueur, se décalant pour venir prendre appui sur le plan de travail et s'y asseoir délibérément. Bon, passons l'heure avancée de la nuit. Si je t'aide, ça t'incitera à finir plus vite ?

Elle n'avait jamais été réputée pour prendre des gants, de toute manière. Les bougies à la cannelle ne vont pas brûler toute la nuit pour rien, et ça devient de plus en plus compliqué d'en trouver. Oui, c'était sans doute un meilleur argument que de dire qu'elle s'impatientait de son absence.

- Un problème avec les horaires ? Pourquoi ?

Je fronce les sourcils avec lenteur. Il n'est pas si tard que ça ? Je repose les yeux à l'extérieur, via la fenêtre et.. je crois que je vais me faire défoncer. Je repose le regard sur Faith et ouvre la bouche. Putain, le con. Mon regard se pose sur son visage puis le reste de sa tenue.

- Excuse moi, je me suis laissé prendre par le temps, wow...

Je repose le couteau parce que je risque de me couper un doigt et puis comme elle s'approche de moi. Autant dire que je ne veux pas la couper non plus. Mes bras glissent déjà autour de ses hanches alors qu'elle embrasse mon cou et je vois bien que le fait que ce soit de la nourriture qui me tient finalement concentré semble ne pas lui faire plaisir. Alors, je pouffe de rire.

- C'est la nourriture qui nous tient en vie, Faith.

Dis-je en tirant la langue dans sa direction. Et puis, ce qui sera déjà prêt ne sera plus à faire. Je la regarde s'installer sur le plan de travail et j'avoue que je n'ai plus trop envie de continuer à cuisiner, moi là. Mais si elle m'aide, je ne suis pas vraiment sûr de finir plus vite. Parce que ma concentration est clairement ailleurs.

- Tu crois que je vais réussir à me concentrer avec toi comme ça ?

Je ne sais même plus ce qu'il reste à faire. Je tourne la tête vers les préparations puis vers son visage quand elle me parle de ses bougies à la cannelle. J'ai bien compris qu'il ne faut pas gâcher ses bougies. Parce que l'odeur lui plait bien trop. Elle sent toujours la cannelle, Faith. Et ça sent bien trop bon. Elle sent toujours trop bon.

- Dix minutes pour finir le repas et je m'occupe de toi.

Un haussement de sourcil. C'est bien tout ce qu'elle lui accorde, alors qu'il réalise de lui même qu'il à de longues heures de retards ou elle à attendue pour rien. Glissant ses bras contre son cou pour s'y maintenir alors qu'il pouffe légèrement, lui offrant un regard des plus sérieux à sa réflexion. On peut survivre près de trois semaines sans manger, je pense qu'on saura s'en remettre pour un petit déjeuner manqué, non ? Mais son plaidoyer n'y changes rien, alors qu'elle lui vole un baiser bref, venant s'asseoir en relevant les yeux à sa question. Un sourire mutin au coin des lèvres, croisant une jambe sur l'autre avant de reprendre. Et si je t'aidais ? Après, tout, la cuisine ça ne devait pas être si compliqué, si ? Ce serait une grande première, mais ça valait toujours le coup d'essayer.

Je t'en accorde cinq, et ce n'est pas négociable. Réplique t-elle finalement avec un sourire plus tendre, quittant son assise pour se placer entre lui et le plan de travail. Bon, explique moi tout ce qu'il faut faire. Qu'ils puissent rapidement passer à une occupation plus attrayante. Quoi qu'il n'y ait pas vraiment que ça. Il y avait aussi ce manque de sa présence, qu'elle préférait aisément passer sous silence pour ne pas le lui dire. Sans doute trop frileuse de prendre le risque d'en parler, pour voir une nouvelle déception arriver.

- Trois semaines mais dans quel état ?

Mais je comprend le problème. J'aurai du faire attention pour ne pas être en retard et ne pas l'obliger à venir jusqu'ici. Je me ferais pardonner. Même si ma concentration s'envole un peu à avoir Faith sur le plan de travail dans une tenue aussi. Wow. A sa proposition d'aide, je plisse lentement les yeux. Elle ne sait pas cuisiner. Je le sais. Mais je pense que c'est pour que je sois plus rapide.

- Toi, Faith, tu veux m'aider à cuisiner ?

Cinq minutes pour faire un truc en dix. Ouais, ça ne marchera pas. Mais peut-être qu'elle ne verra pas le temps passer...? Je ne vois pas le temps passer quand je suis avec elle. Alors, je me dis que ça peut être réciproque. Je ne sais pas. Je retire l'une de mes mains sur plan de travail pour la laisser se glisser entre le plan de travail et moi.

- J'ai de la pâte qui repose et je dois mettre des fruits en bocal. Tu as aussi les biscuits là à mettre en bocal pour éviter que ça ne prenne l'air. Vu le temps qu'il fait, je me dis que des salades de fruit sont plus agréables que trop de chose chaudes.

La main reposé sur sa hanche, je lui souris et glisse les bocaux vers les fruits déjà coupé. J'ai même fait des fruits au sirop qu'il faut laisser imprégner à présent. J'avais quasiment fini, qu'est ce que je disais.

- Tu ne m'as jamais dit ce que tu préférais manger, d'ailleurs.

Et pourquoi pas ? Qu'elle réplique à son air interloqué, fronçant les sourcils. Tu crois que je n'ai jamais eu à devoir cuisiner ? Peut-être, qu'il ne s'agissait pour elle que d'aller chez le traiteur du coin. Mais il n'empêchait, elle avait déjà utilisé une casserole au moins une fois. Osant un sourire mutin à sa question de ce qu'elle pourrait préférer manger, se contentant pour toute réponse de venir poser ses lèvres contre les siennes. Invitation silencieuse à abandonner le peu qu'il restait à faire pour la rejoindre sous les draps, il allait sans dire.

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Elle avait beau frotter, c'était comme si rien ne pouvait laver l'après midi passée. Skald avait eu beau leur assurer qu'ils n'auraient rien à craindre de la nuit, elle ne pouvait s'empêcher de sursauter au moindre bruit de plancher craqué de l'infirmerie. Assurant aux autres qu'elle préférait y passer la nuit plutôt que de se cloîtrer ailleurs, s'efforçant de ne pas s'inquiéter de tout et de rien. Quoi que son coeur ne soit tiraillé pour une personne précise, alors qu'elle inspire profondément pour calmer son anxiété. Ne cessant de laver ses mains pour la douzième fois de l'heure en entendant finalement quelqu'un grimper les escaliers avec trop d'habitude pour qu'il puisse s'agir d'un ennemi, avant que le visage d'Evan ne vienne apparaître dans l'embrasure de la porte. Esquissant un faible sourire en se détournant de son labeur du soir pour venir à sa rencontre, lèvres pincées. Y'avait-il réellement quelque chose à dire, dans ces moments la ?

- Je n'irai pas jusque là mais ce n'est pas un plaisir pour toi.

Loin de moi l'envie de la vexer. C'est juste que je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle ne veuille m'aider. Mais si ça lui fait plaisir. Alors, je suis content. Au fond, j'aime passer du temps avec elle. C'était tout ce qui m'importait vraiment. En tout cas, je pars directement sur le sujet. Qu'est ce qu'elle aime manger ? Parce que j'aime cuisiner mais si je savais aussi ce que les autres appréciaient, alors ça serait plus simple pour lui faire plaisir. Mais au regard qu'elle me lance, à se sourire mutin, je comprends rapidement que ce n'est pas ce que je pense.
Alors, je rigole contre ses lèvres, hochant rapidement la tête.

- Ok, ok, on range et je te suis.

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Trois fois, peut-être quatre. Je crois que j'ai frotter mon corps et mes cheveux trop de fois aujourd'hui. Ma peau à rosi à force. Mais je n'aime pas tout ce sang sur moi. Je n'aime pas cette crasse que je devine facilement. J'ai besoin de me sentir propre. Je ne me suis pas senti malade malgré tout le sang que j'ai provoqué. C'était nécessaire, c'est ce que je me dis. Une fois lavé et changé, je me dirige vers l'infirmerie. J'ai eu peur pour Faith, pour ma famille. Je m'arrête dans l'encadrement de la porte alors qu'elle est occupé à faire ses mains, se les laver encore et encore. Je ne peux pas lui en vouloir. Quand elle se tourne enfin, je ferme la porte dans mon dos et approche d'un pas rapide pour l'enlacer. Encore une fois.

- J'ai cru te perdre. Ils ont dit que c'était déjà trop tard, bordel... Est-ce que tu vas bien ?

Croisant son regard, c'est sans réfléchir qu'elle vient répondre à son étreinte. S'accrochant à son dos avec force, fermant les yeux en inspirant profondément, visage enfoui dans son cou alors que l'adrénaline qui lui tient le ventre à le mérite de s'apaiser quelques minutes. Le stoppant dans ses propos alors qu'il évoque avoir cru la perdre, encadrant son visage de ses mains pour venir l'embrasser avec force. Pour la première fois depuis la fin du massacre, tant pour lui témoigner de sa présence que pour soulager ses propres craintes. Une courte seconde de calme après la tempête, ne stoppant l'échange qu'à regret sans chercher à se reculer. Je suis là. souffle la brune avec douceur, relevant enfin le regard vers lui.

Esquissant un sourire bref, hochant la tête à sa question. Encore un peu secouée à l'idée qu'un d'eux ne débarque ici cette nuit. Et l'envie de dormir n'était pas présente, pour la peine. Et toi ? C'est à toi qu'il faut demander... souffle t-elle finalement avec douceur, effleurant sa mâchoire de sa main avant de l'inviter à la rejoindre dans le salon. Ici au moins, la lumière était un peu plus accru et offrait une ambiance plus rassurante.

De quoi tu parles ? Qu'est-ce qui était trop tard ? S'enquit finalement l'ex psychiatre, venant récupérer la thermos d'infusion bouillante pour leur servir deux tasses pleines. Tu voudrais m'en parler ?