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Re: Gentleman célibataire
Dim 19 Nov 2023 - 11:54
Les sensations étaient si anciennes qu’elles lui semblaient nouvelles. Mais elles l’étaient… Nouvelles. Qui pourrait prétendre que chaque baiser à la même saveur ? Que toutes les intimités se confondent ? Peut-être… Peut-être qu’elle s’attendait à ça. A ce que ce soit pareil. Mais c’était irrévocablement différent. Peut-être était-ce l’attente, la retenue, le secret ou la délivrance. Mais toutes ces micro-sensations qui la parcourent alors qu’il presse ses lèvres contre les siennes, tout ça, c’est comme nouveau. C’est nouveau.
Alors cette gêne, ce sourire et ce fou-rire même. Ce n’est même pas de la nervosité, c’est… De la joie pure, oui. Ce qui la rassure, c’est de voir dans son regard ce même éclat, ce sourire railleur. C’était si différent de tout ce qui les avait uni jusqu’ici. Coincés qu’ils étaient derrière de longs remparts farcis de règles dictées et de croyances. Même si, à n'en pas douter, leur retenue n’était due qu’à leur personnalité propre. Son rire s’arrête quand il lui souffle à quel point elle est belle, joyeuse. Ce n’est que pour se fendre d’un sourire tendre. Et avant même qu’elle ne le demande, avant même qu’elle n’esquisse elle-même un mouvement vers lui, il replonge sur ses lèvres qu’elle goûte avec délice. C’est tout un poids sur ses épaules qui se libère. Elle se presse contre lui autant qu’il la tient tout contre lui.
Là, contre son épaule, elle rit encore, de cette phrase d’un autre temps. «Alors, tu seras heureux de savoir que c’est réciproque… » Lui répond-elle, avec un sourire un peu timide. Elle n’était plus une adolescente depuis longtemps. Elle avait d’ailleurs, certainement mûri trop vite en rencontrant son premier mari si jeune. Alors cet éclat, survenu après cette période si triste et si froide, c’est un nouveau souffle. Elle passe sa main sur sa joue, prenant conscience que c’est vrai, qu’il est bien là avec elle et pour elle. Une légère ombre passe dans ses prunelles. «Tu es… Tu es quelqu’un d’important, Armand. » Ce n’était pas son premier bain dans les jeux politiques. Elle avait déjà été la Femme de. «Peut-être qu’on peut garder ça pour nous, pour le moment ? » Elle lui sourit, tendrement, puis elle pose son front contre le sien. «Parce qu’une fois que ça se saura, nous ne saurons plus vraiment tranquille. » Souffle-t-elle, avec un léger sourire dans la voix. A nouveau, elle savait très bien de quoi elle parlait, et malgré cette joie et ces émotions en effervescence, elle ne voulait pas réduire à néant la réputation qu’Armand s’était forgée auprès de la communauté.
Re: Gentleman célibataire
Dim 26 Nov 2023 - 22:39
Il acquiesça. Très honnêtement, il n’avait pas envisagé de clamer ses sentiments pour Ela sur tous les toits. Il les assumait pourtant, mais leur histoire commençait tout juste aujourd'hui. Ils avaient le temps. Peut-être, ou pas, mais ça n’importait pas. Seuls les moments à deux allaient vraiment compter à partir de maintenant. C’était ceux qui leur avait tant manqué. La suite, l’officialisation, les mondanités, ils se les gardaient pour plus tard. Un avenir plus ou moins proche qui ne dépendrait probablement pas d’eux.
Ils s’embrassèrent de nouveau ce soir-là, à plusieurs reprises, alors qu’ils apprenaient à se connaitre autrement. Ils parlèrent aussi encore. La première fois, le naturel n’était jamais réellement là. Ils s’en tinrent à des étreintes. Ils n’étaient ni l’un ni l’autre des êtres au tempérament complètement enflammé. Ils savaient attendre, faire durer. Ils attendraient.
Leurs corps se mélangèrent ainsi plus tard, un peu, alors que la nouveauté avait perdu toute trace de gêne. Lorsque la situation les conduisit simplement là, sans pression, avec douceur. Un soir où la jeune femme avait laissé ses colocataires et son fils pour rejoindre la maison où l’afro-américain résidait dorénavant. Si elle était imposante, il n’occupait réellement que le dernier étage, indépendant. Au rez-de-chaussée, quelques agents assuraient la sécurité. David, son assistant, résidait également dans les lieux. Eliza, pour sa part, avait pris son indépendance. Armand ne se cachait pas d’eux, mais les consignes étaient claires : sa vie privée ne regardait que lui. Motus et bouche cousue.
Une lampe de chevet éclairait doucement la chambre, offrant la même atmosphère feutrée et intime que lors de leur premier baiser. L’intimité était toutefois toute autre ce soir-là. Plus réelle que jamais. Ils étaient lovés l’un contre l’autre, sous la couverture, sa peau claire contre la sienne d’ébène. Sa respiration comme les battements de son cœur s’étaient apaisés - après l’ouragan - aussi Armand savourait-il simplement l’instant présent. Il se sentait bien.- Ça ne se dit pas, mais j’ai rêvé de ça plusieurs fois, souffla-t-il, le sourire aux lèvres. Il avait imaginé du sensuel, du sauvage. Aucune comparaison n'était pourtant envisageable : la réalité avait un goût nettement plus sucré. Elle n'avait pu le décevoir.
Sa main caressait le dos nu de la jeune femme. Ses doigts vinrent ainsi effleurer la boursouflure de ce symbole, marqué à jamais sur son omoplate. C’était la première fois qu’ils se découvraient ainsi dans le plus simple appareil. Elle pouvait voir les marques de cet obus qui l’avait terrassé au bidonville. Sur son ventre, son épaule. C’était en partie grâce à lui qu’ils avaient réellement fait connaissance. Il découvrait ses cicatrices à elle aussi. Dont celle-ci.- S'il y a des choses à savoir, des interdits, des limites, peut-être... que c'est le bon moment d'en parler. Je sais que les femmes n'ont pas été épargnées ces dernières années, depuis le début de l'épidémie. Et avec ce que tu as vécu... Son questionnement se cachait subtilement derrière ses mots pourtant il pouvait s'entendre. Avait-elle déjà été dans son vie malmenée sexuellement par un homme ? Des hommes ?
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Re: Gentleman célibataire
Sam 2 Déc 2023 - 18:50
En silence, il acquiesça, ce qui réchauffa son cœur qui se permettait enfin des battements erratiques. C’était étrange de se retrouver là - enfin. D’avoir attendu, espéré, de s’être raisonné aussi. Oh Dieu savait à quel point ces deux-là étaient doués pour écouter leur tête avant leur cœur. Alors, maintenant que le champ des possibles était là devant eux, la timidité vient se joindre à l'exaltation, alors qu’ils se découvrent autrement. Pour Ela, tout était nouveau ; les caresses, les baisers, les étreintes, … la chaleur qu’elle ressentait dans le creux de son ventre. Leur histoire débutait à peine. Ce ne serait pas ce soir qu’ils passeraient cet autre cap.
Il lui fallut quelques temps, pour que la timidité laisse place à l’intimité. Peut-être avait-elle cherché le moment parfait, le lieu parfait aussi. De toute façon, cela ne pouvait se faire chez elle - où elle cachait encore à demi-mot son histoire. Mais les choses s’étaient faites naturellement, avec les balbutiements du début et la fièvre qui les entraîne finalement. Encore une fois, tout ceci lui semblait… nouveau. C’était aussi la première fois qu’elle renouait avec les sensations de son corps depuis son accouchement. Enfin c’est faux, cela remonte à bien plus longtemps que ça. Merl est mort durant l’hiver 2018. Mais la mémoire des corps est parfois édifiante et les sensations qui se réveillent et qui parcourent son épiderme sont vertigineuses.
Lovée tout contre lui, les draps tirés jusqu’à sa taille pudiquement, l’israélienne retrouve doucement son souffle, les jambes encore un peu engourdies par le plaisir redécouvert. «Oh, vraiment ? » Elle sourit, doucement, occultant volontairement l’idée qu’il ait pu y penser alors qu’il était encore marié. «Je… moi aussi. » Mais pour le coup, elle reste bien plus intimidée que lui de l’avouer. Mais sa main, montant et descendant doucement dans son dos, la rassure. La lumière feutrée de la chambre lui donne la sensation que rien de mal ne peut leur arriver à présent, elle se sent en confiance, tout simplement. Si elle le surprend à dessiner les pourtours de sa croix, entre ses deux omoplates, elle n’en dit rien. Elle avait elle-même découvert les cicatrices que cette guerre lui avait laissées. Sans doute que l’un ou l’autre avait été infligée par les siens. Mais elle ne l’interrogeait pas dessus.
Quand il reprend la parole, un peu distraite, elle ne comprend pas de suite de quoi il est question. Elle relève la tête vers lui, sans trop comprendre. «Tu parles de… ? Oh. » Est-ce qu’elle devient directement rougissante ? Oui, instantanément. Suffisamment pour qu’elle pique légèrement du nez pour échapper à son regard quelques instants. «Si tu veux me demander si j’ai pu subir quelconque abus, la réponse est non. » Ni ici, ni avant. Elle relève les yeux vers lui, sans doute doit-il percevoir que le sujet l’intimide. «Et tu es… Tu es le premier depuis… Depuis quelques années. » L’interrogation muette d’Armand est assez éloquente - après tout, elle a eu un enfant l’année dernière. «Non, Luther n’a jamais… Il était obstétricien. Et… il n’y avait aucune attirance je… Il me respectait trop pour ça. Mais nous devions quand même… Essayer. Alors... on est passé par... d'autres moyens. Heureusement, Micah est arrivé rapidement… » Elle balbutie, bute sur quelques mots. Vraiment, la pudeur d’Ela n’était pas qu’en public. «Mais c’était très bien… Ce que… Ce que nous avons fait là, non ? C’était vraiment bien. » Elle se sentait inquiète et intimidée, soudainement. Est-ce que ça lui convenait ? Est-ce qu’il était satisfait ? Sa conception de l’intimité était limitée, sérieusement limitée.
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