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En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mar 29 Aoû 2023 - 19:55
créatif un certain sens de l'humour observateur vif d'esprit téméraire Lunatique Menteur Manipulateur Violent Indifférent | Voyager léger, le secret de la survie ? Tu ne diras pas le contraire. Quand tu t’es enfin décidé à bouger, t’as embarqué ce sac à dos kaki blindé de poches, très moche mais très pratique, avant d’y balancer en vrac rasoirs, rations de survie, cordes, sac de couchage léger, allumettes et briquet, baskets défoncées, rangers sales, joggings et pantalons sombres, t-shirts foncés, des sous-vêtements et des chaussettes et ce pistolet Makarov, son silencieux et ses centaines de munitions que Vladimir Ivanov, ton grand-père, avait déposé sous tes yeux ébahis lors de ton dix-huitième anniversaire en vantant les mérites de la technologie soviétique et l’importance pour un garçon de savoir se défendre. Tu n’avais jamais compris le rapport entre soviétique ou yougoslave, mauvais en histoire. Les revues spécialisées clamaient la fiabilité et la robustesse de cette arme ; le temps qu’elle n’explosait pas entre tes mains, tu n’avais rien à lui reprocher. Et plusieurs cartouches de clopes, parce que bon, apocalypse ou non, une addiction ne disparaît pas comme ça. Une longue hésitation, au regard de ton passif, avant d'emmener avec toi cette matraque. Au pire, tu pourras toujours prétendre qu'un inconnu te l'as confiée. Au fil de tes pérégrinations et rencontres toujours plus puantes et désagréables, tu as perdu tes baskets, fait brûler des chaussettes, égaré plusieurs t-shirts au point d’hésiter à te balader torse nu sous cette épaisse veste à capuche dénichée dans un magasin de surplus militaire, et « emprunté » une lampe torche à énergie solaire à un militaire. Ou un policier, les uniformes en lambeaux se suivaient et se ressemblaient tous, et tu n’as pas pris le temps de demander au rôdeur qui voulait te dévorer à quelle division il appartenait. Youtubeuse spécialisée dans les true crimes, les procès et le pénal en général, tu assistas à la levée de boucliers sur les réseaux sociaux lorsqu’on annonça l’arrestation de Peregrine Hangman. Forcément, des théories couraient depuis des années sur l’identité de celui qu’on surnommait “le boucher”, accusé d’une dizaine de meurtres rien que dans l'État de Washington, dont le nom revenait dans plusieurs affaires à travers tout le pays. Ce qui ressortait le plus ? Les compliments sur le physique de l’accusé, une manifestation globale de l’effet de halo, dont tu avouais à demi-mot tomber victime. Etre beau sur une photo d’identification judiciaire aidait à persuader de votre innocence avant que la moindre procédure ne soit engagée. Un mètre quatre-vingt-huit, si tu croyais les lignes derrière son crâne, un peu plus haut si l’on prenait en compte les épaisses mèches blondes, ambrées ou dorées rabattues en arrière qui commençaient à rebiquer. Le qualifier d’angélique te semblait blasphématoire si l’on prenait en compte le sens biblique, et au sens cinématographique, un tantinet exagéré. Il existait cependant un agréable équilibre entre les lignes acérées de sa mâchoire et de ses pommettes, et les courbes plus douces des traits de son visage. Nez retroussé, le sourire léger, poli, qu’il abordait faisait ressortir des fossettes aux coins de ses lèvres presque féminines. S’il n’y avait ses yeux. D’une jolie couleur en eux-même, bordés de longs cils qui affleuraient ses arcades sourcilières, un bleu clair, verre d’eau pure dans lequel on aurait glissé une goutte de colorant. Mais ils étaient froids, glacés, dérangeants, tu trouvais. Avant de te remémorer que juger une personne sur son physique, d’une façon positive comme négative, était indigne d’une professionnelle comme toi. |
L’accusation ne reposait que sur peu d'éléments, si tu avais bien compris. De toute manière, si on ne prenait pas un tueur sur le fait, il nierait systématiquement.
Sans compter tous ces témoignages. Le premier émanait d’une voisine qui avait souhaité rester anonyme, mais qui brossait le portrait d’un “gentil garçon, aimable, souriant et poli, toujours prêt à rendre service à son prochain, qui aimait bien rire et faire des blagues” et “prenait toujours des nouvelles de la famille de chaque résident de l’immeuble, et se souvenait des anniversaires, on avait le droit à un petit cadeau et un mot gentil à chaque occasion qui l’avait aidée à monter les courses lorsque son mari s’était cassé la jambe”, avant de le qualifier tout simplement de “type bien sous tous les rapports, que l’on rêverait d’avoir en fils, en petit-fils, en ami ou en mari…”. Et ces propos étaient corroborés par son employeur, d’autres voisins, même des anonymes sur internet…, il paraissait que la moitié des citoyens américains connaissaient Peregrine Hangman, et que tous n’avaient eu que des expériences positives à son contact.
Tu remarquas non sans un certain cynisme que ce genre de discours s’appliquait également à nombre de criminels exécutés dans ce pays.
Tu continuais à creuser, zoomer, vissée devant l’écran de ton téléviseur, à assister à la diffusion en direct du procès.
Puis, les jours passaient, le procès suivait son cours, et le masque s’effritait. Peut-être le réaliser s’avérait évident pour toi, amatrice de séries policières et incollable sur les affaires criminelles des États-Unis, mais sa trouille laissait transparaître une indifférence glaciale. Lorsque ses mains se portaient à ses yeux, face aux photos des scènes de crime, tu percevais un éclat moqueur dans ses prunelles bleues. Quand il contestait avoir commis ces atrocités, après avoir entendu les déclarations des légistes, tu sentais dans sa voix un plaisir à peine dissimulé, comme s’il revivait les massacres.
Ce n’étaient que de vifs instants, que tu avais l’impression d’être la seule à percevoir, et cela te rendait folle.
Le regard qu’il décocha à un témoin clé, l’homme qui l’avait aperçu couvert de sang dans un champ près de Walla-Walla, où avait été retrouvé le torse d’une homme te glaça le sang, un frisson secoua ta colonne vertébrale. Malgré les entraves à ses poignets et chevilles, tu craignis un instant qu’il ne se lève et n’arrache de ses dents la gorge du quinquagénaire.
Cet homme était dangereux. Un monstre sanguinaire sorti tout droit de tes cauchemars d’enfant. Et tu étais la seule, ou du moins l’une des rares, à t’en rendre compte.
« Je me moque, pour être honnête, d’avoir été arrêté en étant innocent, j’ai confiance en mon avocat. Ce qui m’effraie, c’est que le ou les coupables courent toujours, et qu’ils ont peut-être profité de mon procès pour continuer à commettre leurs atrocités impunément ! »
Une déclaration simple, stéréotypée, qui rallia à sa cause la plupart de tes collègues. Là où tu voyais des provocations dans son incapacité à répondre aux questions des familles, ils n’y décelaient que la suite logique de son innocence. Pourquoi saurait-il où sont enterrés des cadavres, puisqu’il n’est pas le tueur ?
Tu devais lui reconnaître cela, mais il savait parler, retourner l’esprit des gens et se les mettre dans la poche. Ou son avocat était un génie qui s’ignorait. Tu voyais les rangées de banc du tribunal se remplir de jour en jour, envahi par ce qu’on qualifierait presque de groupies, mais te refusais à t’y rendre. Beaucoup de filles, parfois plus jeunes que toi, qui manquaient presque de s’évanouir quand il leur accordait un semblant d’attention, un sourire ou un petit salut.
Tu ne t’étonnas guère, lorsque tomba sur la procédure le verdict de non coupable.
“Il n’y a aucune logique dans ces crimes, les victimes sont de race, d’âge ou de sexe différent, sans parler de leurs histoires personnelles. Les façons de procéder sont toutes plus horribles les unes que les autres. Une jeune femme a eu le crâne fracassée à coup d’objet contondant, un ancien policier a été égorgé, puis éventré par un couteau de cuisine retrouvé dans son propre appartement…, le tueur agit de manière immature. Il tue car on lui en donne la possibilité, et il utilise les moyens auxquels il pense, se servant de son imagination pour faire le mal.
Je n’y vois qu’un comportement de nourrisson : capricieux, changeant, et affublé d’un sentiment d’impunité.”
SMITH William, criminologue, dans “Seattle Talk : le boucher”, le 29/06/2014
Dès le début de l’apocalypse, Peregrine s’est adapté à la vie au contact de différentes communautés. Forcément, catalogué comme le pauvre petit accusé à tort, et capable de jouer l’idiot du village qui saute partout, fait des blagues, et prend la situation avec légèreté, il n’eut que peu de difficultés à se rendre appréciable. Il suffisait de ne pas regarder de trop près ses exactions sur les rôdeurs ou les humains animés par d’obscures intentions qui croisaient sa route.
I - 25 décembre 1988, Danvers (Massachusetts) - 25 décembre 1991, Seattle (Washington)
Peregrine Maximilian Hangman est né le 25 décembre 1988 à Danvers, dans le nord du Massachusset, ville à l’histoire sanglante, là où résidaient la plupart des innocents exécutés lors des tristement célèbres procès de Salem. Certaines âmes littéraires aimaient à lier ce malheureux « accusé à tort » et les victimes de la chasse aux sorcières. La réalité était moins poétique, quoique non dénuée d’une certaine circularité ; la famille de son père, bien qu’installée à Seattle depuis quatre générations, venait de cette même ville, et avait pour coutume d’y organiser un séjour annuel.
Peregrine fut un enfant prématuré, et le gynécologue de Nora s’est trompé sur la planification de sa venue au monde, y ayant vu un bébé prévu pour le début de l’année suivante. Autant dire que les vacances furent un tantinet bouleversées.
Matthew Hangman, et Nora Hangman, née Ivanova, s'avéraient pourtant des parents comblés, une fois passée la panique initiale.
Deux ingénieurs, respectivement en électronique et en mécanique, rencontrés sur les bancs de l’université de Seattle. Matthew était fils unique, issu d’une famille conservatrice, catholique et américaine depuis le Mayflower, comme aimait à le répéter son père, tandis que Nora, benjamine d’une fratrie de quatre, où elle était la seule fille, descendait de citoyens yougoslaves, ayant quitté leur pays à la fin de la seconde guerre mondiale.
Autant dire que les rencontres initiales entre leurs familles respectives s’avéraient électriques et animées, avant que les tensions ne soient désamorcées par les deux tourtereaux.
Peregrine eut un début de vie on ne pouvait plus ordinaire, encadré par deux parents qui s’aimaient à faire pâlir les scénaristes de comédies romantiques, dans un quartier résidentiel huppé de Seattle, au bord du Green Lake. Un gamin couvert d’amour, qui s’illustrait par sa maladresse, et sa tendance à trébucher sur n’importe quoi, y compris ses propres pieds. Le pédiatre préconisa aux parents inquiets d’investir dans des protections d’angles et coins de murs, ainsi que dans des dalles amortissantes là où leur fils chutait le plus, avant de les rassurer ; il ne s’agissait pas d’un retard de développement cognitif, le garçonnet s’inscrivait dans la moyenne de son âge, mais simplement d’un côté tête-en-l’air, « comme toi mon chéri».
II - 26 décembre 1991, Seattle (Washington)
Puis, vint le 26 décembre 1991, lendemain du réveillon de noël et du troisième anniversaire de Peregrine, fêtés en famille. Matthew s’éclipsa tôt dans la matinée, en quête de pâtisseries pour le petit déjeuner, piètre cuisinier qu’il était.
Le coup de téléphone des urgences, auquel personne ne répondit, encore entre les bras de Morphée. Puis, l’agent de police qui vint sonner à la porte. Matthew était mort.
Un accident idiot, qu’on expliqua à Nora, comme s’il en existait des intelligents. Un adolescent alcoolisé qui ne freina pas à temps à l’approche d’un passage piéton, malgré le feu de signalisation rouge écarlate. Et la voilà veuve, se retrouvant à expliquer à un gamin de trois ans que papa ne reviendra jamais à la maison car un monsieur n’a pas fait attention dans sa voiture.
En grandissant, le gamin effacera son père de sa mémoire. On ne se souvenait pas de grand chose, avant trois ans, et Matthew ne sera qu’une ombre vague dans les souvenirs de son fils, bien incapable de le décrire physiquement ou psychologiquement.
III - 1er septembre 1994, Seattle (Washington) - avril 2008, Seattle (Washington)
La famille de Matthew se montra étonnamment bienveillante à son égard, sans doute motivée par l’éducation de l’enfant plus que par le bien-être de leur belle-fille, dont ils méprisaient, entre autres, le choix d’enseigner le slovène et le croate, langues de ses ancêtres, au garçon avant même qu’il ne soit scolarisé.
Ce fut sous leurs conseils que Nora inscrivit Peregrine au triathlon, avec l’idée de remédier à sa maladresse et de lui permettre “un développement physique harmonieux, tout en donnant aux enfants le goût de l’effort, l’envie de se dépasser, dans un cadre naturel”, selon la brochure du club qui avait été déposée sur la table du salon un soir. Si son fils unique brillait en course à pied, il se trouvait dans la moyenne en natation, et eu besoin de temps avant d’arrêter de tomber de son vélo,
Ils décidèrent également de son école, un établissement privé, la “Bush”, non loin du lac Washington, à Seattle, dans laquelle ils avaient eux-même été, et où le gamin effectuera toute sa scolarité, du premier septembre 1994, entrée au jardin d’enfants, au premier juin 2007, cérémonie de remise des diplômes.
Treize longues années, résumées en trois mots : un cursus acceptable. Peregrine ne figurait pas au rang des têtes de classe, mais ne végétait pas pour autant dans les profondeurs du classement. Un élève moyen, quoiqu’incapable d’aligner plus de trois mots en espagnol, et causant le déséspoir de ses professeurs d’arts. Un garçon ambidextre, capable de dessiner de la main droite comme de la gauche, sans jamais outrepasser le stade du bonhomme bâton, une belle ironie du sort.
En revanche, il brillait en mathématiques et en physique ; les mauvaises langues soulignèrent que la présence d’une ingénieure à la maison aidait, et elles seraient dans le juste.
Un ami moyen, aussi. Un groupe de potes solide, qu’il conservera jusqu’à l’obtention de son diplôme en juin 2007. Proches les uns des autres, pas assez pour être inséparables, ou envisager de fonder une entreprise tous ensemble, suffisamment pour passer du temps les uns chez les autres, briser des vitres avec des ballons de football, et être invités aux soirées plus âgés. Pas de meilleur ami ou de copine, sous le fallacieux prétexte d’un manque de temps entre sa vie sociale, les cours et le triathlon qu’il pratiquait assidûment. En réalité, une indifférence notoire le retenait de créer des liens solides. Il n’entretenait pas de ressenti particulier vis-à-vis de la société, mais ne voyait pas l’intérêt des “autres”.
Voilà venue la fin du lycée, sanctionnée par une fête géante impliquant tous les adolescents ayant obtenu leur année, le 5 juin 2007, avant de se répartir dans les grandes universités du pays, voire à l’étranger. Peregrine ? Ce fut au Divers Institute of Technology, à Seattle, qu’il effectuera ses courtes études supérieures. Il n’aimait pas à rester assis des heures en cours, encore moins pour écouter des professeurs blasés lire des polycopiés rédigés au siècle dernier. Alors, il se lança, avec le soutien financier de sa famille, dans une formation destinée à faire de lui un plongeur commercial.
Sept mois consacrés à la théorie comme la pratique, sur la plongée bien évidemment, mais aussi de la physique, certains rudiments de médecine intrinsèques à la discipline, la soudure sous-marine, les caissons hyperbares, et tout un contingent de notions plus techniques les unes que les autres qui laissèrent les étudiants avec le cerveau au bord de l’implosion sous la quantité d’informations, et avec un beau diplôme garantissant un recrutement rapide. Ce fut le cas de Peregrine ; diplômé en février 2008, après une brève expérience en tant que serveur, il posa les pieds pour la première fois sur une plateforme pétrolière le premier septembre, où on lui assigna le poste de plongeur soudeur, qu’il ne quitta qu’à la fin du monde.
IV - Interlude - 11 septembre 2011, Seattle (Washington)
Ce fut mademoiselle Williams, professeure d’histoire géographie, qui fit la première l’expérience de cette désinvolte froideur. Le 11 septembre 2001, ce jour si dramatique pour les Etats-Unis d’Amérique. Au regard de ses compétences, ce fut à elle d’expliquer aux élèves ce qu’il venait de se passer, tout en les rassurant sur les représailles que feraient subir aux criminels leur pays, sans oublier l’importance de la solidarité et informa les enfants de la nécessité de demander à leurs parents d’aider, si possible, les victimes par des dons aux associations spécialisée
Elle se souviendra toute sa vie de ce gamin blond, venu la voir à la fin du cours, une lueur étrangement adulte dans ses yeux bleus.
« Madame, je comprends pas pourquoi on dit déjà que c’est une tragédie. Des gens meurent tout le temps dans le monde, alors c’est pas si important que ça ce qu’il s’est passé aujourd’hui ? On les connait pas, alors pourquoi on devrait pleurer pour eux ?»
Pourtant, lorsqu’elle reverra son ancien élève à la télévision nationale, au-dessus du bandeau clamant que l’on venait d’interpeller un homme suspecté d’être l’auteur d’une vingtaine de meurtres dans l’état de Washington, son témoignage ne se mêla pas à ceux qui affluaient déjà sur internet ou dans les journaux. L’empathie d’un gamin de douze ans manquait de développement, cela ne faisait pas de lui pour autant une graine de meurtrier.
V - Premier sang, 12 janvier 2009, Seattle/Skykomish (Washington)
Tu es morte le 12 janvier 2009. Une journée banale, entamée par un café serré et un message envoyé à ta mère, coulant une retraite paisible à Miami, pour la rassurer et lui assurer que tu avais passé la nuit.
Toi, c’était à Seattle que tu vivais, aide soignante au service de pédiatrie d’un hôpital. Un travail éreintant, mal payé, que tu aimais pourtant, d’une nature altruiste et attentionnée. Tu ne saurais dire pourquoi, mais, ce soir, tu t’étais rendue dans un bar. Rien de bien remarquable, mais tu préférais d’ordinaire éviter les lieux bruyants, chancelants sous la population, au profit de réunions calmes en petit comité, autour d’une tasse de thé et d’un film. Peut-être la réflexion de Julia, selon laquelle tu devrais te décoincer un peu, chercher un copain, t’avais piquée au vif. Tu te consacrais à ton métier, mais voir cela retourné contre toi…, enfin bon, te voilà en jean et pull blanc faisant ressortir ta peau bronzée et tes yeux verts, adossée au comptoir, un verre de soda dans les mains.
Tu ne savais pas du tout comment t’y prendre, et fut enchanté lorsque ce garçon blond t’aborda. Il te semblait aussi perdu que toi, timide et hésitant, et tu n’arrivais pas à t’empêcher de le trouver charmant. Vous discutâtes longuement, de tout et n’importe quoi. Tu appris ainsi que comme toi, il était né à l’autre bout du pays, mais ne connaissait que Seattle, et qu’il venait dans ce bar pour la première fois, suite à un charriage répété par ses collègues sur sa vie de vieux garçon. Et pourtant, il était plus jeune que toi de deux ans !
Cette coïncidence fit des miracles et des ravages sur ta cervelle embrumée par la boisson qu’il venait de t’offrir ; amatrice de romans à l’eau de rose, tu t’imaginais déjà finir tes jours avec lui.
Ce fut le cas, en quelque sorte.
Tu ne réalisas pas que tu tombais de sommeil avant qu’il ne te rattrape, glissant un bras sous ton épaule, avant de t’emmener vers la sortie. Dans le coaltar, tu agrippais son épaule comme un phare au milieu d’une tempête.
Tu trouvais étrangement confiné l’espace dans lequel il t’installa, dans une voiture banale, grise. Ou verte. La lumière des éclairages, du ciel, ne t’atteignait pas, obscurité complète qui s’abattit.
Un liquide glacial jeté à ta figure te réveilla en sursaut. Frissons le long de tes bras, couverts d’une maille légère. Tu ouvris grand les yeux, à quelques centimètres d’une étendue d’eau. Pieds et poings liés, la peau nue de tes chevilles ripa contre des rochers.
Lorsque l’on te tira, brutalement, en arrière par tes cheveux, t’arrachant un cri de douleur malgré tes lèvres qui refusaient de se séparer, tu reconnus le pont d’acier surmontant la rivière Skykomish.
— Désolé, j’avais envie d’expérimenter un truc, et c’est tombé sur toi. Si tu dois blâmer quelqu’un, prends-en toi à ta bonne étoile.
La voix du blond, Max, avec laquelle tu venais de passer ta soirée. Avais-tu été droguée ? Un somnifère dans ton verre, puis ton corps glissé dans le coffre…, cette voiture, était-ce seulement la sienne ? Tu ne pouvais te débattre, le cerveau encore ensommeillé, les articulations torturées, ligaturées par des séries de nœuds. Depuis combien de temps planifiait-il cela ?
— Tu vas me servir de crash-test. Tu vois, mon problème est que je suis incapable de ressentir la moindre forme d’empathie. On m’a déjà fait la réflexion plusieurs fois, et j’ai envie de voir jusqu'où celà s'étend.
Il s’arrêta un instant dans sa diatribe, ta vision brouillée par tes larmes et tes tremblements. Tu visualisais mal l’objet flou dans sa main, mais reconnaissais le cliquetis caractéristique.
Le blond se rapprocha de toi, s'accroupit de sorte à ce que vos visages soient à peu près au même niveau. Une main gantée contre ton cuir chevelu, te forçant à lever la tête, le fixer droit dans les yeux. Vides, contraste avec le sourire doux qu’il abordait, identique à celui qu’il avait maintenu toute la soirée. Un taré. La lame aiguisée du cran d’arrêt glissa contre ton bâillon,
— En gros, je veux voir à quel point je peux te charcuter avant de ressentir quelque chose.
Mal. Douleur. Désespoir. Ta peau tranchée, cisaillée, sans qu’il ne cille. Tu priais pour que cette horreur s’arrête. Ton sang coulait, tâchant tes membres, tes habits, les pierres, sous le regard glacial, analytique, de ton bourreau.
— Mouais, ça me gonfle.
La dernière image que tu emporteras avec toi ? Le reflet d’un ciel étoilé dans la rivière alors qu’il maintenait ta tête sous l’eau. Les poumons qui brûlaient, ta bouche qui cherchait à s’ouvrir, aspirer l’air, toujours bâillonnée. Tu ne comprenais pas. Pourquoi. Te massacrer.
Maman attendit longtemps ton message, avant de contacter les autorités. La police prit un temps fou à se lancer à ta poursuite, arguant que tu étais une adulte responsable. On ne retrouva que ton buste, battue, torturée, au bord de cette maudite rivière. On théorisa que le reste de ton corps avait été jeté à l’eau, et que le courant et la faune avaient fait leur œuvre.
Tu t’appelais Sascha Russell. On te surnommera la noyée de Skykomish.
VI 2009 - 2015
La première expérimentation de Peregrine ne s’avérait pas concluante. Au contraire, voir la souffrance, la haine, le désespoir dans les yeux d’une victime l’énervait. Il ne comptait pas les arracher, guère motivé par l’idée d’insérer ses doigts dans les orbites de qui que ce soit. Il tenta de bander ceux de la victime suivante, un homme, mais cela faussait ses expériences. Bâillonné et les yeux couverts, il n’avait aucune idée de l’état d’esprit de la personne qui subissait ses exactions.
Vite, ces tests glissèrent vers quelque chose de plus malsain, si l’idée de départ ne l’était déjà pas assez. Il ne s’agissait plus de rechercher les contours d’une certaine empathie, mais au contraire de se vider l’esprit. Commettre des homicides violents, fracasser les boîtes crâniennes d’autres individus à coup de batte de baseball ou de pied de biche, défouler toute la violence qui lui était innée sur certains innocents afin de ne pas heurter ceux de son entourage, ce qui rendrait pénible son existence.
Il n’avait pas besoin d’une justification particulière pour réaliser des atrocités, simplement de l’envie. Se faire arrêter ne lui effleurait même pas l’esprit.
Trente-deux personnes, à travers l’Etat de Washington, mais aussi dans l’Oregon, l’Idaho, et même le Texas tombèrent sous ses coups entre 2009 et 2015. Femmes, hommes, de toutes catégories sociales ou origines.
Un adolescent, un enfant de douze ans, une seule et unique fois. Une crise de rage incontrôlable, le dernier jour de 2013, un pauvre gosse qui traînait dehors, une casquette des Astros de Houston enfoncée sur le crâne, victime d’une mauvaise farce de camarades de classe. Amadoué avec un mot gentil et la proposition d’une partie de baseball pour fêter la nouvelle année. Défiguré avec un objet contondant disparu, retrouvé dans une poubelle plus d’une semaine après, suite à l’inquiétude de l’énième famille d’accueil où il vivotait.
Et Peregrine vivait irréprochablement pour tout le reste. Collègue aimable, fils attentionné, voisin poli. Il avait investi dans un studio au centre de Seattle, bien que sa mère ait opté pour une retraite en Slovénie, au regard de la stabilité dans laquelle se trouvait le pays. La famille de son père n’avait guère apprécié ce qu’ils prenaient pour une fuite. Lui n’y voyait qu’un renouement avec ses racines, et un repos bien mérité. Tout se passait bien au travail, on lui confiait des responsabilités croissantes, avec le salaire correspondant. Une existence ordinaire s’il en était, dans les clous, un citoyen exemplaire qui ne traversait jamais la route si le feu piéton était rouge.
Un point sur lequel il n’avait pas menti à Sascha ? Son célibat. Six mois par an sur une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique n’aidait pas à maintenir des relations stables, qu’elles furent amicales ou amoureuses. Il connaissait quelques personnes avec lesquelles il organisait des sorties et restaurants, dont des camarades de lycée, mais pas de proche. En réalité, se lier à quelqu’un le débectait. Il savait jouer en société, prétendre s’intéresser aux autres, mais en permanence ? Hors de ses capacités.
VII - printemps/été 2015, Seattle (Washington)
Évidemment, à faire n’importe quoi, tuer en mettant des gants mais sans stratégie, on finissait par se faire attraper. Comme d’autres tueurs en série, ce fut sa conduite qui le trahit. Trop prudente, en pleine nuit du 23 mai 2015, le long de la Green River, là où avait déjà sévi un autre meurtrier. Un officier un peu trop zélé qui l’arrêta pour un contrôle routier, et, face à l’équipement de baseball dans son coffre, et sa vague ressemblance avec le signalement d’un témoin, le plaça en état d’interpellation. Aucune résistance, il réfléchissait déjà à comment se sortir de cette situation pour le moins embarrassante.
On l’emmena dans l’un des postes de police, où on lui fit décliner son identité, assorti de la prise de cette photo qui atterrit sur internet en moins de temps qu’il n’en fallu pour boucler les formalités et le mettre en accusation devant le palais de justice de Seattle. Il plaida non-coupable, sous le conseil de son avocat, fraîchement diplômé dont les dents du bonheur rayaient le parquet.
Ce même avocat, maître Salamander, s’extasia devant la rapidité de la procédure. Si d’ordinaire on comptait plus de dix mois entre l’arrestation et le prononcé de la sentence, ici, à peine un fût nécessaire avant que ne soit engagé le procès en lui-même. Cela amusait beaucoup moins l’incriminé, dont l’employeur suspendait pour le moment son contrat, dans l’attente du verdict final.
Maître Salamander gigota sur son siège durant toute la période d’exposition des preuves par le procureur, et sautillait presque sur place lorsqu’on lui accorda la possibilité de questionner un témoin.
Forcément, jurer avoir vu Hangman dans un champ de Walla Walla en janvier 2014, occupé à enterrer un cadavre, quand il se trouvait sur une plateforme offshore dans le golfe du Mexique...
Gilbert Salamander avait réponse à tout, au point que le prévenu pu se contenter, au cours de son procès, de prononcer que des salutations, répondre oui lorsqu’on vérifiait ses facultés à comprendre les enjeux, et de se mordre violemment le creux des joues et lèvres pour forcer des larmes à couler face aux témoignages des familles de victime.
Le matériel de baseball retrouvé dans son coffre ? Aucune réaction au luminol, ce qui excluait de facto une utilisation pour blesser, puisqu’on ne retrouvait pas de sang dessus, Peregrine était encore en possession du ticket de caisse, et il s’agissait d’un achat destiné au fils d’une voisine de palier qui partageait souvent ses prouesses culinaires avec l’accusé.
Un témoin texan, qui évoquait un homme blond ayant conversé avec le pauvre garçon assassiné le 31 décembre 2013 ? Non seulement Houston n’entrait pas dans la compétence territoriale du tribunal de Seattle, mais des milliers d’hommes étaient blonds à travers le pays, à commencer par monsieur le procureur. « Objection, votre honneur ! La défense émet des propos diffamants à l’égard d’une autorité judiciaire ! »
Les crimes en eux-mêmes ? A l’exception de la malheureuse Sascha Russell, noyée, les expertises concluaient à une latéralité gauche pour les blessures infligées. Hangman était on ne pouvait plus droitier ; on tenta bien de démontrer le contraire, mais il s’avérait incapable d’effectuer la moindre tache, y compris écrire son nom de manière lisible, et le contrôle s’acheva par le cliquetis de l’objet lâché par maladresse.
La grogne s’élevait sur les réseaux sociaux ; les internautes n’appréciaient guère la virulence du procureur envers le prévenu, qui damnait la présomption d’innocence, encore moins les mensonges de ce fameux témoin-clé, sans parler de l’attitude des officiers de police vis-à-vis de l’accusé, jugées irrespectueuse et indigne d’un pays civilisé. Les journalistes, les influenceurs et youtubeurs, tout le monde possédait un avis sur le sujet, se sentait obligé de le partager, et le procès d’Hangman se transformait presque en celui du système judiciaire américain.
Le peuple américain dans sa majorité considérait comme innocent le blondinet installé au box des accusés.
Et, bien que les jurés soient théoriquement coupés de toute chose susceptible d’exercer une influence sur leur verdict, ils suivaient le sens populaire.
— Peregrine Maximilian Hangman, le jury composé de vos pairs vous déclare aujourd’hui, 10 juillet 2015, non-coupable des chefs d’homicide volontaire pesant contre vous.
Si Gilbert aperçut son client, plus d’un mois après le verdict, allumer avec habileté une cigarette de la main gauche, cela ne regardait que lui.
.
I - Octobre 2015, Seattle, Washington.
“Qu’est-ce que vous faisiez, aux prémices de l’apocalypse ?”
Rien, tu répondrais. La « vérité vraie », comme ils disent. Ce neuf octobre, tu dormais à poings fermés, avachi sur un canapé-lit déplié, dans ce studio à Seattle, que tu avais acheté sous la pression maternelle. Pourquoi, tu te le demandais encore, elle-même avait déménagé dans la banlieue, de sorte que tu devais conduire pour aller la voir, elle qui ne se déplaçait plus qu’en transports en commun.
Tu pionçais, plutôt bien d’ailleurs, et ne t’es réveillé que vers vingt heures, les yeux gonflés, la tête en vrac, un filet de salive séchée aux coins des lèvres et les informations en fond sonore. Super sexy, comme à ton habitude. Ce n’est pas comme si tu avais d’autres activités plus enrichissantes, de toute façon. Toujours le dernier à poser tes mois non travaillés, à des dates aléatoires, au point que ton dernier anniversaire, tu l’as passé à patauger à cent mètres de fond, dans le golf du Mexique. Ton estomac se plaignait du vide qui y régnait, et, malgré les boîtes de conserve et les fruits secs qui gisaient dans les placards de ta cuisine, tu enfilas un pull sur ton débardeur troué, et dévalas quatre étages pour filer au seven eleven le plus proche. Un échange de banalités avec un voisin, et te voilà replongé dans tes coussins, une canette de boisson énergisante et un sandwich à portée de main. Tu aurais pu croiser un malade dans la rue comme George Washington sans le réaliser.
La télévision que tu ne prenais pas la peine d’éteindre débordait de faits divers et d’agressions violentes, dans lesquelles dents et ongles formaient les armes principales. Pas ton problème. Comme beaucoup de choses.
Il s’avérait que tu aurais peut-être dû faire un peu plus attention aux informations et là où tu posais les pieds. C’était de la fin du monde, dont on parlait maintenant. Le virus inconnu était devenu une pandémie mondiale, et les morts revenaient à la vie pour bouffer les vivants. Un certain cynisme te poussa à espérer qu’il ne s’agissait que des défunts récents, ou tu allais vite te retrouver poursuivi par une colonie de macchabées.
Les autorités conseillèrent de rejoindre des camps de réfugiés, sous la protection de l’armée, et tu restais sagement chez toi. S’il subsistait bien une chose de tes cours d’histoire, c’était que l'agglomérat de personnes offrait un nid douillet aux microbes et à la discorde.
II - Janvier 2016 - Seattle (Washington), puis sur les routes
Plus de communications, un appartement que tu désertais puisque les ressources étaient épuisées, et des monstres qui erraient dans les rues, que des survivants éparpillés évitaient avec plus ou moins de succès. Rien de très joyeux à enjamber des morceaux de cadavre, et encore, tu t’estimais chanceux par rapport à la moyenne : ton occupation de tueur en série innocenté t’avais familiarisé avec la mort, les imprévus et les rudiments du combat. N’empêche que ça t’arrangerais bien qu’on dégote un remède ou un vaccin, et rapidement, parce que ça commençait déjà à te saouler. Des records de température avaient été battus durant l’hiver 2015, et tout ce qui pouvait pourvoir aux besoins en eau courante ou électricité étaient hors service. Autrement dit, tu t’étais caillé pendant quatre mois, et cela te rendait plus irascible et changeant qu’à l’ordinaire.
Et on te rentra dedans. Tu t’écroulas sous le choc, un inconnu vêtu d’un capharnaüm d’habits sortis de surplus militaire ou du secours populaire en guise de couverture. Il grogna une excuse, se redressa avec une souplesse étonnante, et tendit une main gantée pour t’aider à te relever, que tu saisis en repoussant l’envie de le tirer au sol à son tour.
Il parlait vite, un fort accent espagnol mâtinait ses mots, et tu ne saisis qu’une vague explication sur une chute d’un stade ? Hein ? Tu l’aurais entendue, des dizaines de tonnes de béton et d’acier qui s’écroulaient, cela devait produire un boucan de tous les diables. Ah, non, c’était le camp de réfugiés installé là-bas qui s’était cassé la gueule face à l’attaque d’une armada de rôdeurs.
Tu t’en foutais pas mal, ne connaissant personne là-bas, mais il semblait bouleversé, alors tu adoptas une expression contrite de circonstance. Et la gent armée, dont il faisait partie, avait décidé d’accompagner hors de cette ville surpeuplée de morts les citoyens placés sous leur protection, à la recherche d’un abri plus sécurisé, dans la campagne peut-être.
D’où les hélicoptères qui traversaient le ciel, un modèle de discrétion à l’américaine. Il te proposa de rejoindre leur groupe. Tu étais un civil à ses yeux, après tout, et tu avais déjà souffert de ce procès, cette attaque injuste sur ta réputation. Merde, est-ce que tous les américains de cette planète connaissaien ta trombine ? Non, une exagération sans doute, en réalité, tu n’intéressais plus grand monde.
Sans trop te poser de question, tu acceptas l’offre. Rien ne te retenait à Seattle, et tu pourrais voir du pays.
Une créature isolée attendit poliment la fin de votre conversation avant de surgir dans un concert de râles, grognements et chuintement de tissus. Tu ne pouvais décemment pas l’endommager à coups de matraque comme à l’ordinaire, cela passerait mal pour ton innocence. Tu te contentais donc de la repousser, utilisant l’objet comme une raquette de tennis. Puis, il hurla de te baisser, tira une unique balle qui fila dans le front de la chose, transperça son crâne. Et elle s’écroula.
— Oh la vache ! Merci…
— Javier. Je m’appelle Javier, Peregrine.
— Merci Javier. J’ai bien flippé. D’habitude, je cherche à les éviter, limite je passe par l’Alaska quand j’en vois un.
— Normal, si tu ne savais pas qu’il faut abîmer le cerveau, c’est un coup à crever d’épuisement. Deal ?
— Deal.
— Nickel. Et maintenant on se grouille, le bruit va en attirer d’autres !
III - printemps 2016, sur les routes, puis Walla Walla.
La route fût longue, parsemée de décès et d’accidents. En plus, achevés étaient tes paquets de cigarette, et le sevrage te rendait encore plus irascible que d’ordinaire, pour le plus grand malheur de celles et ceux qui engageaient des conversations avec toi. Tu ne savais pas où vous alliez, suivais simplement ceux qui marchaient devant, eux-même guidés par les militaires, une réécriture moderne des moutons de Panurge. Javier était mort, il te semblait. Assez vite finalement, un sacrifice pour permettre à une famille de fuir. Pas étonnant, ce type t’avais ramassé sans se poser de questions, alors tu imaginais bien qu’il élevait au rang d’art de vivre l’aide à son prochain.
Vous vous arrêtâtes à Walla Walla, une ville à l’autre bout de l’Etat, entourée par des routes, des champs, que tu connaissais vaguement pour y avoir enterré quelqu’un. Mais pas en janvier 2014.
Tu te considérais souple d’esprit, mais le concept de venir chercher la tranquillité dans une ville qui accueillait le pénitencier d'État te dépassait.
Les survivants du Centurylink field, et les rares paumés ramassés en chemin, à vue d'œil moins d’une centaine, partirent ensemble vers l’aéroport. Là, vous rencontrâtes une autre communauté, qui vous accueillait sans contrepartie. C’était beau, la solidarité, tu en pleurerais presque. Tu leur refilas tout de même une bonne partie des cartouches que tu possédais, puisque cela pesait lourd dans ton sac.
Encore et toujours des militaires, parmi lesquels l’ancien colonel Richardson, que tu détestas dès la première poignée de main.
Évidemment, la tranquillité qui s’installait fut fracassée dès le mois de mars. Des pilleurs sévissaient en ville, d’anciens détenus, quelle surprise, restés sur place et qui tuaient. Tu ne voyais guère la différence entre leurs pillages et les vôtres, puisque toute une partie du groupe ne possédait rien ici avant votre arrivée, mais gardais pour toi tes réflexions moqueuses.
On te laissait tranquille, si ce n’était des blagues consistant à t’appeler Freeman ou Innocent Man, et tu ne comptais guère saborder ta propre paix.
Homme adulte, d’une bonne constitution physique et ayant un métier exigeant une certaine résistance au stress, la gent militaire se rapprocha de toi assez vite, sous la forme de Lizzy, une gamine d’à peine la vingtaine, rousse, qui venait d’être promue soldate lorsque l’apocalypse fut venue. Elle te tendit un gobelet de café, avant de trancher dans le vif du sujet. Te demanda si tu te sentais capable de tuer un être humain. Ah, ah, ah.
On t’offrait la possibilité de te défouler sans répercussion, tu ne crachais pas sur l’idée
Tu participas aux affrontements, et appliquas un soin particulier à descendre les rares détenus que tu rencontrais. Tireur moyen, tu finis par revenir à tes vieilles habitudes, et utilisas ta matraque pour massacrer un malfaiteur. Personne ne te posa de question, lorsque tu te plongeas dans les réserves à la recherche d’un chiffon.
Un massacre qui s’acheva à la fin du mois. Cent victimes, une hécatombe au sens grec du terme, avec des hommes et femmes en guise de bœuf. Lizzy en faisait partie, et tu prétendis pleurnicher avec des camarades.
Tu peinais à comprendre en quoi les morts des résidents de la communauté de l’aéroport constituaient des tragédies. Ils savaient ce qui les attendait, s’y étaient engagés volontairement. La plupart de ces gens ne se connaissaient pas entre eux, et pourtant, ils pleuraient sur les épaules du voisin inconnu, pour un défunt dont ils ignoraient parfois jusqu’au nom.
Tu ne saisissais pas cela, et ela t’intéressait au plus au point. Peut-être pour cette raison que tu resteras si longtemps avec eux.
IV- Janvier 2017, aéroport de Walla Walla “Hangman watches hangings”
La vitesse à laquelle une communauté s’améliorait te surprit. Plus de mille personnes y vivaient, et transformaient à toute allure l’aéroport. L’ébauche d’un quartier résidentiel sur le tarmac, des panneaux solaires, des stratégies pour repousser les hordes de mordeurs qui traversaient les montagnes pour venir ruiner votre sérénité…
Tes compétences en bricolage et soudure furent mises à contribution pour des réparations sommaires, et permettaient l’entretien de discussions polies avec d'autres résidents.
Les bonnes nouvelles n’arrivaient jamais seules ; parfois revenaient à vos oreilles les annonces du décès d’un soldat à l’extérieur du camp. Accident, attaque de rôdeur ou d’une personne hostile…, s’il n’y avait que les morts pendant les expéditions.
Les pendaisons punitives devenaient des scènes récurrentes, presque quotidiennes, des gens à la nuque brisée, accrochés, comme des carcasses à un crochet de boucher, visibles de tous, exemples à ne pas suivre. Et tu n’en pouvais plus des jeux de mots atroces sur ton nom de famille à ce sujet.
Des voleurs, comme tous ceux présents ici qui vivaient sur les possessions d’autrui, des criminels, comme certains dont tu faisais techniquement partie, et des gens qui osaient critiquer sa majesté Richardson. Paraît qu’il était immunisé contre la pandémie qui transformait les gens en rôdeurs, un être à la frontière du divin.
Ton avis sur le sujet se révélait beaucoup moins mystique, et railleur : la pandémie s’enracinait dans le cerveau, du moins c’était cet organe qu’il fallait détruire pour tuer définitivement un mordeur, et rien ne prouvait que l’imbécile en chef possédait cet organe. Tu n'avais pas forcément de problème avec les figures d'autorité en elle-même, mais celle-là t'agaçait au plus haut point.
Lentement mais sûrement, la communauté florissante de l’aéroport de Walla Walla glissait vers une dictature, voire une théocratie, autour du colonel Richardson protégé de sa petite troupe de pantins en forme de militaires.
V - Printemps 2018, aéroport de Walla Walla, puis barrages de Little Goose et Lower monumental
Quand tu qualifiais mentalement Richardson de futur dictateur en puissance, tu ne pensais pas qu’il irait aussi loin. Toujours plus de condamnations pour tout et n’importe quoi, à ce rythme serait installé un délit de sale gueule, puis, une politique pro-natale agressive, intrusive. Voire impériale.
Tu ne te sentais pas plus concerné que ça, puisque non possesseur d’un utérus, mais inciter la moindre femme à trouver un mari et procréer te paraissait un tantinet réducteur. Et tu craignais un peu que l’on ne t’assigne de force une épouse. Tu te carapatais face à ce genre de relations avant l’apocalypse, ce n’était pas pour qu’elle ne te tombe dessus après. Tes efforts d'intégration avaient leurs limites, et devoir supporter quelqu'un en permanence les franchissaient allègrement.
Puis, à en juger au nombre de petites communautés qui venaient s’intégrer à la vôtre, la population américaine ne semblait guère déterminée à s’éteindre. Certes, les enfants étaient une minorité absolue, mais tant mieux pour eux, au regard du contexte ambiant. Risquer de mourir dévoré chaque matin en se levant ne devait pas favoriser un développement physiologique et psychiatrique équilibré.
On t’intégra à une expédition chargée de remettre en route les barrages de Little Goose et Lower Monumental, au nord de Walla Walla. Alors oui, certes, ton métier imposait d’évoluer en conditions humides, mais tu t’étais spécialisé sur les plateformes offshore, pas les barrages. Ni l’eau douce. Quoiqu’on ne te posât pas vraiment la question, et que le vice fut poussé jusqu’à te procurer toute la panoplie du parfait petit plongeur. Et tu te demandas, pendant le long trajet, où diable avaient-ils réussi à dégoter le matériel adapté, narguilé compris.
Tu te surpris à y trouver quelque chose d’apaisant. Sous l’eau, les discussions étaient limitées, et ce calme olympien te manquait. Effectuer des actions sans sentir le moindre regard peser sur toi, se concentrer sur la coordination entre tes yeux et tes mains sans rien d’autre autour, quel pied.
C’était éreintant, un travail de titan qui s’étendit sur plusieurs mois, ponctué par les coups de feu lorsque des cadavres s’approchaient un peu trop près. Un moment de chaos sur le camp, lorsqu’à quinze mètres de profondeur, tu tombas nez à orbite avec un rôdeur qui avait eu la subite envie d’apprendre à nager, et s’était retrouvé bloqué entre deux interstices du béton. Tirer une balle sous l'eau risquait d'endommager l'arme et de gâcher une munition, ainsi tu le remontas, bâillonné, puis un soldat se chargea de l'exécuter.
Après cette opération, tu demandas à devenir milicien, en te justifiant par une pirouette verbale. Tu te trouvais un peu inutile, puisque plongeur de formation, et avec les connaissances en mécanique et soudure adaptées à ce milieu si particulier. Or, vous ne viviez pas vraiment au bord d’étendues aqueuses, les barrages ne défailliraient pas de sitôt. Donc, tu te demandais si tu pouvais te rendre utile, et protéger l’intérêt des citoyens, plutôt que de rester là à n’effectuer que des taches sommaires et traîner dans les pattes de tes camarades plus qualifiés sur la terre ferme.
En réalité, tu allais devenir fou si tu continuais à respecter les règles rigoureusement, sans aucune occasion de te défouler ou de t’aérer l’esprit.
On accepta ton inscription ; bien qu’au bord de la trentaine, tu conservais une forme physique correcte, et ne causais pas de problème à la vie de la communauté. Tu te faisais serviable, ce qui ressortait le plus était ta « mésaventure» de procès. À la limite, ton côté bruyant et tes blagues dignes d'un enfant de trois ans.
VI - printemps 2019, Walla Walla (Washington)
Et hop, une formation de milicien terminée. Six mois de galère, en réalité. Tu devais te rappeler sans cesse avoir prétendu être droitier, et non ambidextre, à la télévision nationale. Tu ne t’emmerdais pas depuis près de quatre ans à contenir tes pulsions assassines pour carboniser ta couverture sur une histoire de latéralité.
Apprendre le délicat art de la diplomatie ne te posa pas plus de problème que ça, habitué à mentir et tromper ton monde. En revanche, la discipline ne t’enchantait pas. Tu avais déjà eu l’occasion de fréquenter des militaires à la retraite, certains d’instructeurs au Divers Institute of Technology, mais les supporter au quotidien s’avérait une autre paire de manches. Il existait une séparation entre sérieux et psychorigidité, que les troufions piétinaient. N’empêche qu’on te demandait de les respecter, et que tu poussais la comédie jusqu’aux références religieuses, plusieurs psaumes gravés dans tes neurones.
Enfin bref, on te donna un joli badge, des menottes et, oh joie, une matraque, avec la responsabilité de faire régner l’ordre et d’intervenir en cas de commission de méfaits.
Le-dit méfait majeur s’incarna en femmes soulevant les incohérences et les injustices du régime. Une belle manifestation de courage ; elles ne réclamaient pas le renversement du régime, contrairement à certains rebelles exécutés, mais que soit rétablie une forme d’équilibre entre hommes et femmes, ainsi que plus de clarté sur le système pénal et judiciaire de Walla Walla.
Leur traitement fut identique à celui de leurs précédents. Des arrestations musclées, auxquelles tu participas. Fouettées en place publique, dans une mise en scène digne du Moyen-âge, une manière efficace de rappeler à tous et toutes la nécessité, pour votre survie, de la boucler et d’obéir au colonel Richardson.
« S’il a pu m’arriver de sourire, d’avoir l’air heureux, durant l’exécution d’une sanction contre une de ces femmes, ce n’était pas par plaisir. Je souhaitais lui faire comprendre que je n’avais rien contre elle, que je l’aime comme toutes les créatures du Seigneur, et que ces coups n’avaient pour objectif que de tuer le démon qui la possédait et la détournait du droit chemin. »
VII - Décembre 2020, Walla Walla (Washington)
2020, une année faste en conquêtes, en prises d’avant-poste et en expansion du peuple. Révoltes, pendaisons, pertes militaires suite aux affrontements contre les Remnants, la sacro-sainte trinité qui résumait New Eden. Quoique dans une volonté de proroger l’aspect religieux, David Richardson, pardon, l'Adonai, a lancé la mode des crucifixions.
Toi ? Tu t’amusais comme un petit fou. Tuer était devenu une habitude pour tant de membres de votre camp que ton expérience pré-apocalypse dans le domaine passait inaperçue. Toujours à la matraque.
La propagande dressait l’abruti en puissance en figure religieuse, mystique. Tu ne connaissais de la religion que ce qu’on te claquait dans le cerveau depuis ton arrivée ici, mais le propre d’un Dieu était à priori d’éviter les ingérences dans la vie de ses fidèles. Or, Richardson et sa politique s’introduisaient jusque dans les lits conjugaux.
Un autre soulèvement maté dans le sang. Des dizaines d’exécutions plus ou moins sommaires, du tabassage en règle par toi et tes collègues aux mises à mort en place publique. Et pourtant, la population semblait plus nombreuse chaque matin. Les miracles des naissances forcées et de la répression par l’hémoglobine des tentatives de fuite.
Bon anniversaire et joyeux Noël, on installa dans ton appartement une fille qui deviendra ta femme. Tu ne pouvais échapper éternellement au mariage, petit joujou au service de l’Adonaï en bonne santé. Une gamine à peine majeure, terrifiée dès que tu t’approchais d’elle.
Elle te confia se prénommer Sascha. Ironie du sort.
VIII - Octobre et novembre 2021, Walla Walla (Washington)
Tu ne savais s’il en résultait de l’épidémie de grippe, des rationnements alimentaires, du stress engendré par les révoltes de plus en plus massives, ou une accumulation de tout, mais, alors que tu commençais à peine à t’attacher à Sascha, elle et le bébé qu’elle portait passèrent de l’autre côté. Ce fut toi qui tira les deux balles, une dans le crâne du rôdeur qu’était devenue ta dulcinée, et une autre dans son ventre, pour prévenir tout foetus cadavérique.
On ne te laissa pas le temps de faire ton deuil, si tant était que tu éprouvais autre chose qu’un profond agacement. Des arrestations à la pelle, la sensation de consacrer ton temps à menotter des gens et les jeter en prison, une castagne en règle s’ils se rebiffaient ou que l’envie te pinçait.
Cerise sur le gâteau de mariage, un empoisonnement lors d’une grande cérémonie. Cinq morts, une goutte d’eau dans le décompte funèbre, mais des hauts dignitaires hospitalisés et atteints dans leur sécurité et leur orgueil. Une opération militaire de grande ampleur qui se lança sur Seattle, pour anéantir les conflits internes. La politique t’échappait définitivement ; envoyer des forces à l’autre bout de l’Etat te paraissait mal calculé, quand les dissidences au coeur de New Eden s’accumulaient toujours.
Tu n’eus que de vagues échos de ce qu’il se passait dans la ville d’émeraude, la prise de la ville par vos soldats, et des réfugiés qui déferlèrent au camp de Walla Walla. Il s’agissait de protéger les pauvres survivants solitaires, menacés par des factions criminelles. L’effet de groupe faisait pousser des ailes, il paraissait.
Les rescapés fraîchement débarqués ne semblaient pas du même avis, puisqu’ils causaient des troubles, souffrant de l’adaptation, et tu te retrouvais à les interroger plus que de raison. Tu développais au passage de nouvelles méthodes de frappe, l’art d’asséner des percussions brutales sans laisser de marque. Un beau crachat à la tronche de la convention de Genève, mais une méthode rudement efficace pour obtenir des confessions bafouillées entre des dents brisées et des mâchoires fracturées, dont la véracité n’importait guère.
On justifiait l’exécution.
IX - printemps/été 2022, Walla Walla (Washington)
Les journaux rapportaient des déroutes. La destruction presque totale de l’avant-poste de Glenwood, la disparition d’officiers envoyés à Seattle…, il ne faisait pas bon être un soldat sous l’étendard de New Eden, en ce moment. Beaucoup d’évènements en très peu de temps, l’impression de vivre dans un roman, et tu questionnais parfois tes voisins pour un récapitulatif un peu plus détaillé.
La nature se rappelait encore à vous. Après l’épidémie de grippe qui se mêlait au virus des rôdeurs, c’est une tempête qui ravagea les champs et certains bâtiments. Une famine par an, vous atteigniez une certaine moyenne.
Dans le sillon de la tornade, un ouragan souffla sur le camp.
Un dirigeant un peu plus futé, ou humaniste, que les autres se manifesta ; monsieur Armand Philipps, et oui, tu lui accordais un titre sans ironie, dans un acte diplomate, aida à la mise en place du premier procès neutre et équitable depuis la création de New Eden. Mieux vaut tard que jamais, tu t’estimais simplement heureux d’avoir été jugé sous le système précédent la fin du monde, ou tu aurais fini en carpaccio.
Les femmes se manifestaient de nouveau, proposant leur aide pour pallier aux pertes masculines subies depuis le début de l’année. Plus couillues que certains hommes, tu pensais, et trouvais cela logique. Il était évident que vous trainiez, que les activités et la production ralentissaient.
Le grand–général McCoy accepta la suggestion, se revêtant de la casquette de grand progressiste qui fit progresser les droits des femmes dans la communauté, les faisant sauter du Moyen-Age au vingtième siècle.
Doucement, les choses bougeaient, évoluaient. Et un évêque fut assassiné. Celle-là, tu ne l’avais pas vu venir, même toi et ta morale digne d’une roulette de casino n’osaient pas vous en prendre à un homme de foi.
X - printemps - été 2023 - Walla Walla (Washington)
Révolution ! Ainsi se résumait ce putain de 18 mars 2023. Des bombes, des morceaux de cadavres dans les rues, des civils comme des soldats et membres de la garde personnelle de l’Adonaï qui crevaient, des émeutes, des disgraciés qui revenaient en force, Richardson derrière les barreaux et un joyeux boxon où tout le monde se foutait sur la gueule. On ordonna aux miliciens de quitter leur prison et d’aller mater les émeutiers.
Personne ne sut dire qui était responsable de quoi, et tu ne pensais pas que cela importait. Une balle dans la tempe restait létale, peu importe les doigts qui tremblaient autour de la crosse de l’arme.
Toi ? Tu flânais. Brutal mais pas idiot, tu ricanais face à cet ersatz de révolution française, et envisageais déjà de t’en sortir avec un « je suivais les ordres/j’avais peur/j’ai fait ce qui me semblait juste». Vous aviez tous du sang sur les mains, et effectuer une purge parmi les fidèles de l’Adonaï et les forces de l’ordre ne serait que verser de l’huile sur le brasier.
Tu jaugeais Phillips bien trop intelligent pour cela.
La liberté, nouveau mot d’ordre de l’Eden aux allures d’Enfer. Des rapatriements de blessés depuis les postes militaires, l’ouverture en grand des portes. Des exodes, ceux qui avaient trop souffert, ou souhaitaient simplement filer dans l’inconnu.
L’apothéose du changement ? L’entrée en négociation, en ce mois de juillet 2023, avec des factions. Peut-être quitteriez vous enfin cette fâcheuse habitude d’entrer en guerre ouverte ou d’avaler tous les camps que vous croisiez.
Peut-être retrouverais-tu ta casquette de soudeur, après tout. Si tu pouvais effectuer des allers-retours à l'extérieur sans risquer de perdre la tête, tu assouvirais tes instincts de massacre plus loin qu'entre les murs du camp.
Restait à savoir quelle serait ta place dans cette nouvelle communauté.
La méthode inclusive vous permet de commencer le jeu directement avec le |
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Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mar 29 Aoû 2023 - 19:57
Et bienvenue officiellement ici Calixte !
Bon courage pour ta fiche !
Bon courage pour ta fiche !
It is not how you hit the mat
- Lennox A. Coleman
- Administratrice
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Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mar 29 Aoû 2023 - 20:26
Ce prénom ahaha j'adore !
Bienvenue parmi nous
Bon courage pour la suite de ta fiche
Bienvenue parmi nous
Bon courage pour la suite de ta fiche
There is a road, no simple highway. Between the dawn and the dark of night. And if you go, no one may follow.
- Dawn Lim
- Modératrice
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mar 29 Aoû 2023 - 22:05
Merci beaucoup à vous deux 🥰
le prénom c'est pour les jeux de mot
- Invité
- Invité
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Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mar 29 Aoû 2023 - 22:07
Bienvenue par ici !
Voilà une fiche qui s'annonce super originale, je suis fan du style ahah j'ai hâte d'en lire plus !
À très vite, et bon courage pour la rédaction (même si elle est déjà bien entamée !)
bienvenue sur le forum !
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux différents bottins du forum.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Voilà une fiche qui s'annonce super originale, je suis fan du style ahah j'ai hâte d'en lire plus !
À très vite, et bon courage pour la rédaction (même si elle est déjà bien entamée !)
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
Bonne rédaction !
ready for the fight
and fate
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The Exiles | Leader
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Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mer 30 Aoû 2023 - 2:05
en voilà un personnage qui promet
bienvenuuue
bienvenuuue
- Invité
- Invité
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Re: En chantier - Accusé à raison, innocenté à tort - Peregrine
Mer 30 Aoû 2023 - 13:09
Merci à vous deux, contente de lire que mon petit fauteur de troubles peut intéresser des gens
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