Mon rôle d'accompagnatrice se termine à l'entrée du lieu de cérémonie. Surtout que j'aime pas bien qu'on me regarde alors je laisse à Nobu le soin d'amener sa belle à un Peter sapé comme jamais.

D'ailleurs tout le monde a fait l'effort. Y'a pas que moi. Camila, Emily et Anya coquettes ? C'est bien qu'on accorde une importance particulière à l'union de ces deux figures qui ont façonné cette curieuse famille que nous sommes aujourd'hui.

Les autres aussi sont magnifiques. Elena, la classe à l'état pure. Faith et Evan, mignons ensemble et sur leur 41. J'suis plus jalouse. Et pour finir j'ai les yeux qui se posent sur Reed et le mexicanos de Gab. J'ai plus les mots pour complimenter mais on a décidé de tous resplendir aujourd'hui.

Mais la plus belle reste Tori à mes yeux. Probablement parce que j',ai contribué comme j'ai pu à la préparer et que j'en suis fière. L'orgueil O'Malley.
Ou la possibilité que ouais, juste, même si j'aime défier Petee et le voir en rogne, contre Pierre, Markus, Paul, moi, Jacques, Markus... Bah c'est un plaisir aujourd'hui de le voir juste heureux le chef, de les voir tout deux rayonnants ! Oui c'est plutôt ça si j'arrête de jouer ma Chiara.

Enfin bref, j'ai posé mon derche bien au fond, j'me fais discrète pour faire oublier que j'suis rentrée avec la mariée mais surtout rester alerte sur ce qui se passe à l'extérieur.

C'est direct spécial avec la présence des Skald, l'échange d'épées, coutume qui vient sûrement d'un autre temps. Confié à un immigré néo-zélandais, manquerait plus qu'il nous ait prévu un waka ou je sais plus quoi. Ça ferait un contraste curieux avec la robe nippone de Tori, sous fond de braillements de Markus.

Mais on y est pas, j'm'egare. Merde c'est pas respectueux, ni resté alerte ça Chiara !

En parlant de rester sur nos gardes, du coin de l'œil je vois des bras s'agiter sur le côté et je tourne directement la tête pour voir ce qui se passe... C'est mon gaga de frère ! Même pas habillé ! Je vais le tuer ! Je veux le tuer ! Mais il se met à utiliser un langage codé qu'on avait mis au point avec la fratrie étant enfant.

"Pas. Problème. Surveiller. Moi. Continue.

Ouais, on avait pas vraiment élaboré de vocabulaire parfait. Juste de quoi se jouer de nos parents. Faudra vraiment qu'il fasse l'effort d'apprendre la langue des signes bordel.

Mais j'avais compris. A tout les coups, le connaissant, il se sentait Paz légitime d'assister à leur moment privilégié. J'comprenais aussi ça. C'est pas encore sa famille comme ils sont devenus la mienne. Alors j'lève le pouce, c'est OK. Ça fera toujours plus de sécurité. A plus tard frérot, continue tes rondes.
Mais compte sur moi pour venir te chopper et t'attraper par la peau du cul pour que tu viennes honorer les mariés en avalant au moins un morceau de gâteau !

Aux côtés de Peter, Tori n'en est pas moins nerveuse. La main dans la sienne, elle retient avec peine un sourire qui pourrait grimper jusqu'à ses oreilles si elle n'essayait pas de se canaliser. Elle peut se revoir, quelques années en arrière, en rencontrant Peter pour la première fois. La peur qu'elle a ressenti, ou le tempérament tranché de l'homme qu'elle aime pourtant. Chaque contact avec lui a été, au début, aussi étrange que difficile et aujourd'hui, elle ne peut pas imaginer une vie sans lui.

C'est ça qui est si particulier. Elle n'imaginait pas retomber amoureuse. Elle n'imaginait pas devenir mère un jour. Et se marier ? Probablement pas non plus. Mais c'est fait désormais, ou en train d'être fait. C'est pour ça qu'elle serre la main de son fiancé, les doigts mêlés aux siens, en essayant d'adoucir les battements forts de son coeur. Ses yeux se posent sur Elena, comme pour lui demander de commencer ce mariage, qu'ils attendent tous depuis un moment. Eux deux en particulier. Tori ne peut s'empêcher de se crisper autour de la paume de Peter, de peur de le voir s'échapper.

Elle pince les lèvres, a du mal à écouter tout ce qu'il se dit pourtant. Sa tête semble en fusion, son palpitant sur le point d'exploser. C'est si étrange de ressentir tout ça encore, comme au premier jour. Pourtant quand Elena termine avec les derniers mots qu'elle n'a pas vraiment entendu, qu'elle comprend qu'ils en sont à l'échange des voeux et des alliances, Tori se sent un peu perdue : Les bagues ! Elle les a oublié ? On a des alliances ? Signe-t-elle alors dans une grimace. Nobu a un rire amusé derrière elle, venant poser doucement sa main sur son épaule. Pas d'inquiétude à avoir, visiblement.

Devant sa réponse ironique de Emily, Anya la fixa de ses yeux ronds comme des soucoupes, avant de comprendre par son clin d’oeil et son sourire qu’elle plaisantait. La jeune adolescente laissa une lueur d’amusement briller dans son regard, priant tout de même mentalement que son père ne fasse pas de malaise. Elle ne saurait pas comment réagir…
Commençant à sentir l’impatience venir par la suite, elle se mit à balancer ses pieds d’avant en arrière sur la chaise, observant aux alentours les invités qui s’installaient. Son regard s’attarda un instant sur Skald et les présents qu’il avait ramené, se demandant un instant si la coutume voulait que Peter et Tori se battent à l’épée après le mariage… Ca serait bizarre.
Elle faillit attraper sa mèche en réflexe mais se ravisa après un regard vers Faith, imaginant la tête qu’elle lui ferait si elle venait gâcher son travail. A la place, elle tritura un instant les plis de sa robe argentée, se perdant dans les reflets abstraits.
Sentant que Takeo commençait lui aussi à trouver le temps long au vu de comment il s’agitait sur sa chaise, elle lui proposa qu’ils continuent à s'entraîner à mettre au point leur poignée de main ultra-secrète qu’elle avait baptisé “check-renard”. Amusée par le rire du petit garçon, elle se détendit un peu elle aussi.

Puis vint le grand silence et avec lui, l’arrivée resplendissante de Tori qui rejoignit Peter à l’autel guidée par Nobu. Anya oublia tout autre pensée et fixa ses yeux sur ses parents adoptifs des yeux fascinés. Elle n’aurait su dire lequel des deux semblait le plus angoissé, mais à l’instant même ça n’avait pas d’importance. De les voir tout les deux, se tenir l’un face à l’autre, partager leur amour, leur peur, leur affection, leur impatience, l’adolescente ne pouvait que se sentir emplie de joie.
C’était comme si, l’ombre d’une seconde, d’un instant fugace, toutes les horreurs et les désastres de ce monde n’existaient plus. Et ce, malgré le stress de sa mère dont elle déchiffra le mot “bague”, sujet de son angoisse apparemment.

Tenant la main de son petit frère, par partage de ce moment, mais également pour prévenir toute envie de sauter de son siège pour rejoindre ses parents, elle dressa une oreille attentive au discours d’Elena. Elle sentait son coeur battre plus fort que d’habitude, comme par peur que l’instant suspendu dans le temps soit soudain brisé par quoi que ce soit.

C’était un moment privilégié, que tous semblaient avoir attendu presque autant que les deux futurs époux. Alors elle défiait mentalement qui que ce soit d’oser venir le gâcher.

J'suis censé regarder un peu ce qui se passe autour de moi. Mais j'arrive pas à décoller les yeux de Peter et Tori, les mains jointes. J'suis censé écouter aussi, si jamais ça pétarade dehors mais j'ai les tympans focalisé sur chaque mot que prononce Elena. Et pour une fois, je n'envie pas la mariée, je savoure le bonheur d'une amie. D'un chef à qui j'ai fini par me plier et que j'ai même fini par apprécier, alors que tout ça, c'était pas gagné y'a deux ans.

La main sur la poitrine j'arrive même pas à rire de la panique qui prend na première, sauvée par son compatriote lorsqu'elle cherche l'anneau qui va la lier à Petee, pour, je l'espère, toute une vie et que seul la mort les séparera, comme l'a dit Elena, mais le plus tard possible, comme je me le dis intérieurement à moi-même.

J'ai besoin de ma fidèle camarade silencieuse aux yeux bridés et nés Fuckers ont besoin de Petee.

L'instant est magique, merveilleux et encore davantage quand ils finissent par s'embrasser et nous tous dans l'assemblée, par nous lever et applaudir vivement ce moment léger mais important de leurs vies qu'ils ont décidé de partager avec nous.

Ça l'est jusqu'à ce qu'une main sur mon épaule me fasse sursauter. Celle de mon frère qui a fini par daigner nous faire l'honneur de sa présence et essuie une bille qui roule sur mes joues.

"Je pleure pas, c'est la joie ok..." Que je me défends avant qu'il ait pu dire un mot. Et de remarquer que, "T'es sérieux Roan ! Tu es même pas passé te changer bordel !" On change vraiment pas un satané O'Malley !

"Pas besoin tu rayonnes pour deux soeurette"

Vraiment pas ! S'il croit que les compliments suffiront à pas se faire souffler dans les bronches demain il se met un doigt dans l'œil.

Mais il arrive au bon moment au moins, peut-être même qu'il pourrait feindre avoir participé à l'entièreté de la cérémonie. Même si je sais que c'est plutôt l'appel de la picole qui l'a ramené à coups sûrs. Mais je dois avouer que j'serais pas contre un petit verre de la meilleure cuvée de Camila.