Après plusieurs jours à déambuler à l'intérieur du campement, Zahra se sent plus en confiance et prête à se promener seule. Les autres étaient de toute façon tous occupés, et la sourde-muette s'est mis en tête de dessiner. Un beau dessin coloré pour égayer l'infirmerie, voilà qui ferait plaisir autant aux patients qu'aux soignants, à coup sûr. Alors sitôt qu'on lui a expliqué où trouver le matériel nécessaire, du côté de l'école-garderie, Zay s'est mise en route, testant les repères qu'elle a pris pour se repérer.
Arrivée devant les lieux, la canadienne ne voit aucun enfant jouer dehors et hésite. S'ils sont en pleine leçon ou à la sieste, elle risque de déranger tout le monde. Elle se dandine un peu sur place, indécise, avant de se lancer. Elle va juste entrer, prendre ce qui lui fait et repartir sans faire de bruit ni gêner personne, tout simplement.

Le plus discrètement possible, elle entre et...s'arrête net. Ce n'est ni l'école, ni la garderie, visiblement. Zahra en est même à mille lieues, bien qu'elle ne perçoive pas l'utilité de cette pièce. La moiteur y est presque étouffante et la prend à la gorge, de la fumée est présente dans la pièce, lourde et chaude, qui pique un peu les yeux. Il lui faut quelques minutes pour comprendre que c'est de la vapeur plutôt que la fumée, et à travers elle, elle distingue une silhouette de dos.
Zay n'ose pas bouger, incertaine sur son droit d'être ici. De peur de se faire gronder, elle se contente de tendre le cou pour essayer de mieux voir qui est là et ce qu'il fait, et son sourire s'élargit en reconnaissant Waban. Dos à elle, il ne l'a sûrement pas remarqué et l'adolescente n'hésite que le temps d'un battement de cils avant de fouiller son sac, qu'elle ne quitte jamais. Elle ne s'y sent pas encore prête, toujours dans la crainte de devoir fuir dans l'urgence. La sourde se glisse près du natif et pose sa gourde près de lui, avec un geste d'invitation.
Elle est toute fraîche de ce matin. Tu as sûrement soif.
Après tout, elle se sent déjà toute transpirante alors qu'elle vient à peine d'entrer et n'a rien fait de spécial, alors que Waban lui, a l'air d'être là depuis un moment et que son travail semble difficile. Maintenant qu'elle est à côté de lui, Zahra distingue bien mieux ce qu'il fait et sautille sur place, toute excitée.
Oh, je sais ce que tu fais ! Tu es un forgeron, comme au Moyen-Age !
Randy lui avait ramené quelques livres une fois, bourrés d'images, et l'un d'eux parlait de cette période, montrant justement un fabricant d'armes de cette époque. Elle ne les a plus aujourd'hui, mais s'en souvient encore.
Sa curiosité lui fait oublier son projet de dessin et Zay ose demander.
Je peux regarder ?
Promis, elle n'allait pas l'embêter.