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Lorsque la casse automobile apparait enfin à l’horizon, Roksana est incapable de retenir un soupir de soulagement particulièrement bruyant et inélégant. Putain. Cinq minutes de plus à écouter Rio balancer des banalités pour combler le vide et elle aurait été obligée de lui fendre le crâne avec sa propre barre de fer pour le faire taire enfin. Ce n’est pas tant son appartenance passée aux Oblivions qui l’horripile que son impressionnante propension à jacasser de tout et de rien comme si le silence l’irritait physiquement. L’ancienne militaire n’a jamais été une grande bavarde, et c’est un trait de caractère qui s’est malheureusement accentué durant son séjour prolongé à Walla Walla, la plongeant la plupart du temps dans un mutisme parfois désagréable pour les autres. Ce ne serait peut-être pas tant un problème si elle ne se payait pas le luxe de tirer la tronche en prime, dardant son regard peu amène sur les autres comme si ces derniers étaient responsables de tous ses malheurs. Depuis son arrivée à Junk Town, elle se fait violence pour se montrer plus agréable avec ses congénères, s’adoucissant même au contact des deux plus jeunes femmes de la troupe, mais avec Rio… Eh bien disons que c’est une autre paire de manche.

Arrivés à bon port, ils font rapidement un état des lieux visuels de la casse, tâchant de déterminer le meilleur moyen pour entrer. « La prochaine fois, fais-moi penser d’pas t’emmener, surtout. » balance-t-elle en lui envoyant un doigt d'honneur. Mary Poppins… Est-ce qu’il peut l’entendre grincer des dents de là où il se trouve ? La brune prend sur elle, bien consciente qu’ils devront faire équipe et se serrer les coudes pour espérer mener cette mission à bien, et surtout pour rentrer au campement en un seul morceau. Si elle veut qu’il surveille ses arrières, elle a tout intérêt à se montrer cordiale avec lui, même s’il semble déterminé à mettre ses nerfs à rude épreuve. « Commence pas à vouloir tout défoncer. Manquerait plus que l’bruit attire ces saloperies d’mordeurs. » Ils en ont croisé quelques-uns en venant jusqu’ici, facilement évitables compte tenu de leur lenteur cadavérique, et elle aimerait autant éviter que tous leurs copains se pointent à la fête pour gâcher l’ambiance. Par acquis de conscience, elle tente quand même de faire coulisser le portail, mais sans succès. « Evidemment. » ronchonne-t-elle avant de se tourner vers Rio, les mains sur les hanches. « Bon, y a 36 solutions. On passe en force ou on fait le tour. » Reste à étudier la meilleure possibilité.

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