Son enquête ne s'arrête pas aux murs de cette maison. De toutes les maisons. Sa recherche de cachette en tout genre lui a donné du fil à retordre évidemment, mais ça n'est pas la seule chose qui soit arrivée dernièrement aux habitants de ce grand domaine pourtant. Tori en est à se dire qu'il vaudrait mieux essayer de recouper toutes les informations, parce qu'il n'y aura peut-être qu'ainsi qu'ils auront une ébauche de réponse sur qui sont ces personnes et comment ils vivent.

C'est pour ça qu'elle se rend à l'infirmerie, cette fois. L'attaque de Chiara et Roan a été un autre clou dans le cercueil de leur tranquillité, un autre clou dans ce quotidien facile pourtant qui se transforme progressivement en cauchemar. Mais puisque déménager est totalement exclu, Tori essaie de retrouver ce qui a été leur vie pendant un moment. C'est pour ça qu'elle cogne à la chambre de Roan, dont les blessures le laissent aliter lui aussi. Tu vas mieux ? Signe-t-elle avec un sourire bienveillant, pour s'approcher. Elle a pris crayon et carnet pour échanger avec lui... Peut-être avanceront-ils ensemble.

Je déteste resté allongé. Je déteste l'infirmerie et je déteste Faith. Je n'ai qu'une seule envie : en découvre et aller voir Chiara qui, de toute évidence, n'est plus comme moi : alité dans ce foutu lit. Elle est en convalescence et à la seule pensée qu'on pu poser des mains de connards sur elle me fait vriller. J'ai passé la moitié de mon temps à râler et à gueuler. Je pense que c'est pour ça que l'infirmière est devenue plus sévère.

Soit, j'entends des bruits de pas et lorsque je pense que c'est ma tortionnaire, je vois Tori ouvrir la porte après avoir toqué. Je fais la grimace en me relevant, essayant de m'assoir contre mon coussin. J'ai eu une commotion, un membre en choucroute, mais sinon pour le reste, j'vais bien. J'ai l'impression qu'on m'a enfoncé un clou dans le bras et la tête mais ça va, ça c'est bien vrai.

N'empêche, je la vois avancer avec un stylo et un carnet. Tu viens écrire mes dernières volontés ? fais-je en souriant. Mon humour est déplorable.

Elle lui offre une grimace désolée en le regardant : J'ai déjà eu ça moi aussi. Coude disloqué, épaule aussi, j'ai cru que des centaines d'aiguilles étaient en train de me racler l'articulation, explique-t-elle dans ces quelques lignes, avec un sourire compatissant. Elle ne revivrait ça pour rien au monde, même si, quand il s'agit de subir à la place de ceux qu'elle aime, elle en serait bien capable. Sans doute le pouvoir de l'amour, n'est-ce pas ? La japonaise a un temps et s'approche du bord du lit, sur lequel elle s'installe.

Si tu veux, fait-elle avec un sourire amusé. Elle a appris à mieux comprendre l'humour des américains. Et puis, elle a désormais surtout l'expérience d'un premier O'Malley, alors le deuxième peut bien être aussi compliqué, elle est prête. A qui veux-tu léguer ton plâtre ? Propose-t-elle alors en poursuivant sur la blague. Elle aussi a un humour déplorable. Mais ça n'est pas ce qui l'amène ici : Je voulais voir ce que tu avais envie de manger. Puisque tu n'es pas encore sorti, autant que je t'amène quelque chose pour te remonter le moral !