One more time - Hoani
Mar 7 Nov 2023 - 0:35
Octobre 2023 - Chez les Nomads
"Tenez bon. Je sais que c'est épuisant et que c'est long mais faut qu'on tienne bon pour rentrer à la maison." signais-je à Evan et Reed. Communiquer silencieusement était devenu une habitude chez nous et c'est pourquoi je l'employais même ici. Tous les jours, depuis qu'on avait été embarqués pour être soignés contre la peste rouge, je m'enquiérais de leur état. J'aurais préféré être le seul à subir tout ça, pour qu'ils ne soient pas obligés d'être bloqués ici, qu'ils puissent être auprès des nôtres... L'ambiance ici était... Différente de chez nous, clairement et l'impression d'être un cobaye ne me faisait pas plaisir mais si ça pouvait nous empêcher de faire du mal aux autres, alors ce n'était pas important. Lentement, je me redressais pour tapoter les épaules de mes amis et les renvoyais d'un "Allez vous reposer." en langue des signes. D'une oeillade je surveillais leur démarche et me détournais à mon tour pour aller dans un coin tranquille.
Dans un coin, proche des véhicules, je me laissais glisser lentement jusqu'au sol en laissant échapper un gémissement d'effort. Depuis quelques jours, j'avais des courbatures, les muscles tellement endoloris que lever un bras suffisait à me faire grimacer de douleur. J'étais comme rouillé, coincé dans mon propre corps, trop raide pour en faire quelque chose d'utile. Sortant mon paquet de clopes, j'arrêtais mon geste pour faire tourner l'alliance à mon doigt. A peine marié et déjà bloqué loin de ma femme... C'était un comble, décidément. A cette idée, je laissais échappé un petit ricanement. Pauvre Tori... Elle devait se faire un mouron pour nous, Faith devait s'en vouloir de ne pas avoir pu empêcher notre départ et Anya... Ma pauvre fille devait être perdue, à ne pas savoir comment aborder l'information. "Désolé Elena, il faudra encore une fois que tu gères ce bordel toute seule..." marmonnais-je dans ma barbe, compatissant au travail en plus qu'on donnait à mon amie. Finalement, je sortais la cigarette de sa boite et la portait à mes lèvres, tapotant mes poches pour trouver un briquet ou des allumettes. Merde, je devais les avoir oublié dans mon sac. Soupirant d'agacement, j'inspirais profondément. Putain, maintenant faudrait que je me lève et ce serait l'épreuve de trop. Prenant appui sur le sol, je pivotais sur les genoux et me relevais difficilement dans un grognement d'effort. C'était ça, devenir vieux ? Bah merde, ça donnait déjà pas enie mais là ! Expirant profondément, je me remettais de cette difficulté et prit le chemin de mon pieux, le regard fixé sur le sol, la clope toujours au bec.
Au bout de quelques minutes, perdu dans mes pensées, je rencontrais quelqu'un en lui fonçant littéralement dedans. Le choc me réveillait et levais les yeux pour m'excuser, tiquant en voyant que la personne en face de moi s'avérait être ma soeur. "Ah... Désolé... Je... J'étais ailleurs. Je t'ai pas fais mal ?" que je demandais simplement, reculant d'un pas pour lui laisser la voie libre si elle voulait s'en aller. Entre nous, c'était... Particulier ? Je ne saurais décrire. La complicité qu'on avait à la ferme n'existait plus. Il y avait comme un mur entre nous et dans son regard... Ce n'était plus la soeur que j'avais perdu pendant notre migration. J'imaginais bien qu'elle n'avait pas vécu de très bons moments à Walla Walla. D'après Evan, elle avait pu épouser un type pas si mal qui prenait soin d'elle et qui était plutôt gentil mais l'attitude d'Hoani disait bien que le bout d'histoire qu'avait le pâtissier était loin. Très loin. Et depuis que nous étions dans ce camp, Hoani et moi n'avons jamais pris le temps de discuter. "Pourquoi ?" lançais-je finalement. "Pourquoi tu m'évites à ce point ?" que je demandais enfin, conscient que mettre ainsi les pieds dans le plat pourrait signifier devoir affronter sa colère, ses reproches et même sa haine. Je me souvenais enfin. Cette attitude ressemblait en tout point à ce que nous avions vécus, plus jeunes. Quand les parents m'ont placés sous sa surveillance, qu'elle m'en voulait d'être son boulet de frère et qu'elle avait préféré se tirer pour retrouver sa liberté, loin de la Nouvelle-Zélande. Cette ombre dans ses yeux, elle était différente, plus sombre qu'avant mais sa façon de faire ressemblait à cette situation passée. "Laisse tomber, avant la fin tu vas vouloir m'en coller une, je le sens." décidais-je finalement en haussant les épaules, me détournant pour retrouver la cigarette que j'avais fais tomber en la percutant.
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Re: One more time - Hoani
Mer 22 Nov 2023 - 18:14
ONE MORE TIME
☽ Vicieux : c’est comme ça que je qualifierai le monde d’aujourd’hui, plus encore ce karma particulier qui a l’air de passer son temps à se foutre de ma poire. Depuis que l’on est revenu de l’expédition pour enquêter sur les rumeurs – véridiques donc, d’un camp d’infectés à l’extérieur, je passe mon temps à ruminer dans mon coin. Les bras derrière le dos, je me suis réfugiée majoritairement dans ma tente, la parcourant en long, en large et en travers en faisant les cent pas, tandis que le reste du campement des Nomads accueille temporairement des invités surprises. Et si tout le monde peut bien en profiter pour taper la discute avec les nouvelles têtes, moi, je m’efforce de les croiser le moins possible. Le hic ? C’est que je ne peux décemment demeurer cloîtrée indéfiniment, il faut bien que je daigne sortir de mon abri de fortune de temps à autres, ne serait-ce que pour me nourrir ou pratiquer mon entraînement quotidien. Alors quand vient le moment, généralement, je tends l’oreille, je m’assure que ceux que je veux éviter ne sont pas dans les parages, et je me rends en catimini là où je veux aller. C’est d’ailleurs mon objectif du moment, quand je réalise qu’il est temps de m’ébrouer quelque peu au dehors, je secoue doucement le tissu de ma tente et en sors précautionneusement. Un regard à gauche, un regard à droite, personne pour me saouler, aucun visage non désirable à proximité… soit, c’est parfait, je peux me mettre en route, donc.
Les mains dans les poches, la tête baissée en remâchant mes sombres pensées, je tire mon habituelle tronche de six pieds de long en avançant sans même regarder où je vais, trop habituée à parcourir le même cheminement. Je soupire sans m’en rendre compte, le cœur lourd, l’esprit assailli par mille et un songes, jusqu’à ce qu’une ombre grandissante au sol ne m’oblige à relever le menton. Et avant que je ne puisse m’écarter, je me retrouve à retirer mes mains de mes poches à toute vitesse, plaquant mes paumes en avant pour contrer un obstacle qui tombe brutalement sur moi. J’émets un hoquet de surprise, pestant sans vraiment chercher à savoir qui vient de me rentrer dedans – quoi que la carrure est similaire à celle de ce taré de Clayton. « Putain ! Regarde où tu v… » et mes mots énervés se meurent sur mes lèvres quand enfin, j’identifie la personne face à moi. Oh merde. Celle que je m’échinais à ne pas voir depuis des jours, évidemment. Peter. Mon frère, cet aîné pourtant perdu de vue depuis des années. Su-per. Bon, je sais. Je devrais être contente, sauter au plafond de pouvoir enfin être réunie avec ma famille. Mais c’est tout l’inverse que je ressens, et je lui lance un regard sombre, descellant à nouveau mes lèvres uniquement pour répondre sèchement à la question du frangin : « Non, ça va. » Je le vois bien s’écarter, me laisser la voie libre pour que je m’en aille, comme j’en meurs d’envie. Et je suis prête à saisir la perche, vraiment, c’est plus simple pour tout le monde, je peux prétendre avoir une urgence à gérer et on n’en parle plus. Mais non, il faut qu’il m’alpague, qu’il insiste, qu’il me confronte. A raison, sûrement, quoi que je ne le reconnaîtrai jamais ouvertement.
C’est un ricanement qui m’échappe, sévère, alors que mes yeux azurés le dévisagent avec un ahurissement non feint. Oh vraiment, il ne comprend pas, hein ? « Pourquoi ? POURQUOI ? » Il est sérieux là ? Le ton monte déjà, et je me fige net, amenant ma main sur mon visage, me pinçant l’arrête du nez en une exaspération difficile à cacher. D’un côté, je suis admirative. C’est bien la première fois que le grand frère daigne mettre les pieds dans le plat aussi vite. De l’autre, je lui en veux de me forcer à plonger dedans à pieds joints avec lui, car c’est tout ce dont je n’avais absolument pas envie, aujourd’hui. Mais déjà, je retrouve le frère d’antan, son habitude à se dérober, à se détourner de moi, plus particulièrement. Et quand il commence à avoir cette exacte réaction que j’honnie tant, finalement, j’oublie toute mon attitude contrôlée, du peu qu’elle l’était de base, et m’impose brutalement à sa suite, râlant soudainement : « Oh que non, y a pas de laisse tomber qui tienne, non non non, tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! » Aussitôt dit, je me précipite à grand pas vers la cigarette qu’il cherche au sol, l’écrasant brutalement de mon talon, pour l’obliger à rester ici et maintenant avec moi. Peu importe qu’il aime ou pas mon geste, j’appuie férocement sur sa putain de clope que j’enfonce dans la terre, lui signifiant que c’est mort pour se réfugier auprès de sa nicotine chérie. « Tu ne peux pas faire ça, Peter, amener un sujet qui fâche et espérer en réchapper ensuite, ça ne marche pas comme ça ! » J’inspire, longuement, et à dire vrai, il marque un point : j’ai envie de lui en coller une salement dans la tronche, mais je me contiens. Pour l'instant du moins.
A la place, j’amène les bras le long de mon corps, enfonçant mes ongles dans ma peau pour me forcer à doser mes propos et mes gestes véhéments. Sans grand succès de manière générale, on ne va pas se mentir. « Qu’est-ce que tu espérais au juste, Peter ? Qu’on redevienne les meilleurs amis du monde comme du temps de la Ferme, c’est ça ? » J’hausse un sourcil, accusateur. « Ce temps là remonte à loin. Ça fait sept ans, putain, sept ans que je t’ai pas vu, dont six que j’ai passé piégée à New Eden. Et quand enfin je te retrouve bien vivant, t’es plus entouré que tu ne l’as jamais été auparavant. T’es là, en compagnie de ceux que je pensais plus revoir pendant des années, t’as même Evan qui est avec toi, t’as clairement composé ta petite famille rêvée sur-mesure et je suis censée plonger dans tes bras comme si c’était parfaitement normal, c’est ce que tu attendais ? » Quelle farce. « Tu m’excuseras si j’ai du mal à avaler la pilule, on a pas tous su reconstruire sa vie sans un regard en arrière pour ceux qui l’ont composé par le passé, vois-tu. » Mais eh, est-ce que je devrais être surprise d’être l’oubliée de service ? C’est l’histoire de ma vie, dans la famille Hayworth.
Les mains dans les poches, la tête baissée en remâchant mes sombres pensées, je tire mon habituelle tronche de six pieds de long en avançant sans même regarder où je vais, trop habituée à parcourir le même cheminement. Je soupire sans m’en rendre compte, le cœur lourd, l’esprit assailli par mille et un songes, jusqu’à ce qu’une ombre grandissante au sol ne m’oblige à relever le menton. Et avant que je ne puisse m’écarter, je me retrouve à retirer mes mains de mes poches à toute vitesse, plaquant mes paumes en avant pour contrer un obstacle qui tombe brutalement sur moi. J’émets un hoquet de surprise, pestant sans vraiment chercher à savoir qui vient de me rentrer dedans – quoi que la carrure est similaire à celle de ce taré de Clayton. « Putain ! Regarde où tu v… » et mes mots énervés se meurent sur mes lèvres quand enfin, j’identifie la personne face à moi. Oh merde. Celle que je m’échinais à ne pas voir depuis des jours, évidemment. Peter. Mon frère, cet aîné pourtant perdu de vue depuis des années. Su-per. Bon, je sais. Je devrais être contente, sauter au plafond de pouvoir enfin être réunie avec ma famille. Mais c’est tout l’inverse que je ressens, et je lui lance un regard sombre, descellant à nouveau mes lèvres uniquement pour répondre sèchement à la question du frangin : « Non, ça va. » Je le vois bien s’écarter, me laisser la voie libre pour que je m’en aille, comme j’en meurs d’envie. Et je suis prête à saisir la perche, vraiment, c’est plus simple pour tout le monde, je peux prétendre avoir une urgence à gérer et on n’en parle plus. Mais non, il faut qu’il m’alpague, qu’il insiste, qu’il me confronte. A raison, sûrement, quoi que je ne le reconnaîtrai jamais ouvertement.
C’est un ricanement qui m’échappe, sévère, alors que mes yeux azurés le dévisagent avec un ahurissement non feint. Oh vraiment, il ne comprend pas, hein ? « Pourquoi ? POURQUOI ? » Il est sérieux là ? Le ton monte déjà, et je me fige net, amenant ma main sur mon visage, me pinçant l’arrête du nez en une exaspération difficile à cacher. D’un côté, je suis admirative. C’est bien la première fois que le grand frère daigne mettre les pieds dans le plat aussi vite. De l’autre, je lui en veux de me forcer à plonger dedans à pieds joints avec lui, car c’est tout ce dont je n’avais absolument pas envie, aujourd’hui. Mais déjà, je retrouve le frère d’antan, son habitude à se dérober, à se détourner de moi, plus particulièrement. Et quand il commence à avoir cette exacte réaction que j’honnie tant, finalement, j’oublie toute mon attitude contrôlée, du peu qu’elle l’était de base, et m’impose brutalement à sa suite, râlant soudainement : « Oh que non, y a pas de laisse tomber qui tienne, non non non, tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! » Aussitôt dit, je me précipite à grand pas vers la cigarette qu’il cherche au sol, l’écrasant brutalement de mon talon, pour l’obliger à rester ici et maintenant avec moi. Peu importe qu’il aime ou pas mon geste, j’appuie férocement sur sa putain de clope que j’enfonce dans la terre, lui signifiant que c’est mort pour se réfugier auprès de sa nicotine chérie. « Tu ne peux pas faire ça, Peter, amener un sujet qui fâche et espérer en réchapper ensuite, ça ne marche pas comme ça ! » J’inspire, longuement, et à dire vrai, il marque un point : j’ai envie de lui en coller une salement dans la tronche, mais je me contiens. Pour l'instant du moins.
A la place, j’amène les bras le long de mon corps, enfonçant mes ongles dans ma peau pour me forcer à doser mes propos et mes gestes véhéments. Sans grand succès de manière générale, on ne va pas se mentir. « Qu’est-ce que tu espérais au juste, Peter ? Qu’on redevienne les meilleurs amis du monde comme du temps de la Ferme, c’est ça ? » J’hausse un sourcil, accusateur. « Ce temps là remonte à loin. Ça fait sept ans, putain, sept ans que je t’ai pas vu, dont six que j’ai passé piégée à New Eden. Et quand enfin je te retrouve bien vivant, t’es plus entouré que tu ne l’as jamais été auparavant. T’es là, en compagnie de ceux que je pensais plus revoir pendant des années, t’as même Evan qui est avec toi, t’as clairement composé ta petite famille rêvée sur-mesure et je suis censée plonger dans tes bras comme si c’était parfaitement normal, c’est ce que tu attendais ? » Quelle farce. « Tu m’excuseras si j’ai du mal à avaler la pilule, on a pas tous su reconstruire sa vie sans un regard en arrière pour ceux qui l’ont composé par le passé, vois-tu. » Mais eh, est-ce que je devrais être surprise d’être l’oubliée de service ? C’est l’histoire de ma vie, dans la famille Hayworth.
Ⓒslytbitch.
And then I fell, like a villain.
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Re: One more time - Hoani
Ven 15 Déc 2023 - 11:46
Comme je le pressentais, cette discussion n'allait pas prendre un bon tournant et ce n'était pas juste parce que ma soeur élévait la voix ou parce que son pied venait réduire en bouillie ma pauvre clope. Le regard planté sur le batonnet de nicotine... Je soupirai profondément, restant accroupi pendant qu'elle commençait déjà à vider son sac, le regard fixé sur ma ration de tabac sacrifiée pour rien. Lentement, je me relevais pour venir faire face à ce membre de ma famille et si l'envie de me sortir une nouvelle cigarette se fait, je me retiens, persuadé qu'elle finirait dans le même état que la première. Pourtant, en dévisageant ma blonde de soeur, j'hausse un sourcil, étonné par sa dernière remarque. "Tu crois sincèrement que ma vie a été facile et que je l'ai reconstruite en un claquement de doigts ?" que je questionnais des plus calmement en venant effleurer l'anneau à mon doigt, comme pour me rappeler des épreuves que les Fuckers et moi avons dû passer avant d'en arriver là, à l'instant présent, à un nouvel instant où les miens devaient s'inquiéter de notre sort et qui, sans doute pour une partie d'entre eux, rêveraient juste de débarquer ici pour nous récupérer.
Pourtant c'est un regard triste accompagné d'un doux sourire qui répond à cette femme au regard emplit de haine. "Quand on a été séparés pendant la migration, je me suis retrouvé avec Will et d'autres gens. On a erré durant de nombreux jours, on a trouvé des abris, on a été recueilli par d'autres groupes mais durant deux ans... Ouais c'est ça, pendant deux ans, je t'ai cherché partout. M'enfonçant toujours plus dans les villes, prenant toujours plus de risques, manquant de mourir à plusieurs reprises, pour vous retrouver, maman, toi, Reed et Louisa. Je tenais bon parce que j'étais persuadé que je vous retrouverai. Un jour, on a ramené Spencer, celui qui avait l'interdiction d'aider en cuisine parce qu'il volait toujours une ration, il était blessé, ils ont dû l'amputer mais il était vivant. Je lui ai demandé pour vous et il m'a dit qu'il était certain de vous avoir vu tomber avec Louisa." Je marquais une pause dans mon récit. Ca faisait si longtemps que je n'avais pas parlé de cette histoire, si longfemps que je n'avais pas ressenti la douleur de mon coeur qui se serrait lorsque j'avais cru avoir perdu ma famille. A l'époque, la douleur était tellement vive que ça m'avait fait péter un cable, assez violemment pour m'enfoncer dans des ténèbres qu'il avait fallut des années pour me permettre de sortir la tête hors de l'eau. "Il m'a fallut des années pour sortir la tête hors de l'eau. Des années pour de nouveau avoir l'esprit dans cet univers. J'ai crée mon propre groupe. Enfin.. On me l'a imposé. J'ai retrouvé Reed entre temps. Je lui avais déjà proposé de nous rejoindre, qu'on allie nos forces. Elle non plus, elle ne voulait pas croire que tu étais morte mais elle préférait te chercher seule." Encore une pause et je glissais les yeux vers l'endroit où logeait la pompière avant de me retourner vers Hoani. "C'est elle qui a eu les premières infos te concernant et concernant Walla Walla. C'est elle qui m'a informé. C'est aussi ce qui m'a décidé à joindre notre groupe aux autres factions pour faire tomber New Eden. On a participé à l'effort de guerre. On a eu des problèmes à côté. Beaucoup de problèmes qu'il a fallut qu'on gère. Des esclavagistes, des pirates et on a encore un groupe qui nous crée des problèmes. On a été forcé de quitter nos camps plusieurs fois pour aussi se préserver mais aucun jour de ma putain de vie je n'ai cessé de te chercher." que je concluais enfin sans la quitter du regard.
Cette fois, je glissais mes mains dans mes poches et la dévisageais. Elle pouvait bien croire que je trouvais des excuses, elle pouvait bien croire ce qu'elle voulait mais a aucun moment je n'aurais pu être plus sincère que maintenant. "Ma nouvelle famille parfaite est plus que disfonctionnelle, Hoani. Je n'ai pas choisi d'en avoir une, je n'ai pas choisi de m'entourer. J'étais pas dans l'optique d'avoir droit à une petite part de bonheur. Ils se sont imposés à moi et j'ai juste accepté. Je me suis marié il n'y a pas si longtemps. J'ai adopté Anya, que tu as rencontré, j'ai deux enfants biologiques, Takeo et Kimiko. Leur mère est une femme formidable qui me soutient et qui m'aide alors qu'elle connait tout ce qu'il y a de pire en moi. Faith, Reed et Evan sont des éléments importants de notre communauté, comme tous ceux qui acceptent de nous suivre, de me suivre parce que je suis leur chef. J'ai pas choisi tout ça mais j'ai fais le choix de pas les abandonner, combien même mes nuits sont courtes, combien même je ne parviens pas toujours à leur faire comprendre que je tiens à eux. Ils m'ont sauvé de moi-même, tous à leur façon." Je lançais les informations sans plus réfléchir. Oui j'avais une nouvelle famille, une famille que je voulais protéger coûte que coûte, pour qui je donnerai tout, oui c'était une vérité, simple, nette et sans bavure et oui, ça pouvait faire mal mais elle n'imaginait pas non plus le prix que j'avais dû payer pour que chacun d'entre eux puisse avoir le droit de vivre. Elle n'imaginait pas combien nous avions pu souffrir, combien d'épreuves nous avions dû affronter pour qu'on puisse dire que nous étions une famille. "En tout cas, chacun d'entre eux te dira la même chose, Hoani. Je t'ai cherché tous les jours. Chaque expédition, que j'y participais ou non, était une occasion de faire des recherches pour essayer de te retrouver."
Cette fois, je décidais de sortir mon paquet et l'ouvrais lentement, sortant une clope pour la lui tendre, légère tentative de calmer sa colère. Je comprenais, quelque part, son état. Après des années, se faire face à face dans ce genre de situation, devoir apprendre que l'autre a eu une vie tranquille, en apparence du moins, c'était pas plaisant mais de mon côté, ça m'attristait de me dire qu'encore une fois, tout nous éloignait. Dire qu'il y avait des années de ça, je me serai emporté face à ses accusations, j'aurais hurlé et probablement tapé dans un truc pour me barrer, la fuite étant mon meilleur moyen de défense. Aujourd'hui, je n'étais plus cet homme là et j'en avais plus que conscience. Chaque pas que j'avais fais me menait ici, à ce moment précis où il fallait que je reste là, que j'accepte sans broncher les reproches qu'on me faisait. Je n'étais pas parfait et je ne le serai jamais, je ne cherchais pas à l'être de toute façon, pour l'unique raison que je ne pouvais pas l'être. Le plus gros de mes démons étaient derrière moi, il m'en restait quand même énormément avec lesquels je devais batailler mais l'idée même d'être entouré des Fuckers suffisait à apaiser mon âme. Ma soeur n'avait pas eu ma chance, je le concevais mais j'avais aussi dû subir des horreurs pour en arriver là. Est-ce que j'arriverai à lui faire comprendre ? Aucune idée mais s'il y a bien une chose que je savais, c'était que je ne regretterais pas une seule seconde que j'ai passé avec les miens et ça, s'il fallait le répéter, alors je le ferai.
Pourtant c'est un regard triste accompagné d'un doux sourire qui répond à cette femme au regard emplit de haine. "Quand on a été séparés pendant la migration, je me suis retrouvé avec Will et d'autres gens. On a erré durant de nombreux jours, on a trouvé des abris, on a été recueilli par d'autres groupes mais durant deux ans... Ouais c'est ça, pendant deux ans, je t'ai cherché partout. M'enfonçant toujours plus dans les villes, prenant toujours plus de risques, manquant de mourir à plusieurs reprises, pour vous retrouver, maman, toi, Reed et Louisa. Je tenais bon parce que j'étais persuadé que je vous retrouverai. Un jour, on a ramené Spencer, celui qui avait l'interdiction d'aider en cuisine parce qu'il volait toujours une ration, il était blessé, ils ont dû l'amputer mais il était vivant. Je lui ai demandé pour vous et il m'a dit qu'il était certain de vous avoir vu tomber avec Louisa." Je marquais une pause dans mon récit. Ca faisait si longtemps que je n'avais pas parlé de cette histoire, si longfemps que je n'avais pas ressenti la douleur de mon coeur qui se serrait lorsque j'avais cru avoir perdu ma famille. A l'époque, la douleur était tellement vive que ça m'avait fait péter un cable, assez violemment pour m'enfoncer dans des ténèbres qu'il avait fallut des années pour me permettre de sortir la tête hors de l'eau. "Il m'a fallut des années pour sortir la tête hors de l'eau. Des années pour de nouveau avoir l'esprit dans cet univers. J'ai crée mon propre groupe. Enfin.. On me l'a imposé. J'ai retrouvé Reed entre temps. Je lui avais déjà proposé de nous rejoindre, qu'on allie nos forces. Elle non plus, elle ne voulait pas croire que tu étais morte mais elle préférait te chercher seule." Encore une pause et je glissais les yeux vers l'endroit où logeait la pompière avant de me retourner vers Hoani. "C'est elle qui a eu les premières infos te concernant et concernant Walla Walla. C'est elle qui m'a informé. C'est aussi ce qui m'a décidé à joindre notre groupe aux autres factions pour faire tomber New Eden. On a participé à l'effort de guerre. On a eu des problèmes à côté. Beaucoup de problèmes qu'il a fallut qu'on gère. Des esclavagistes, des pirates et on a encore un groupe qui nous crée des problèmes. On a été forcé de quitter nos camps plusieurs fois pour aussi se préserver mais aucun jour de ma putain de vie je n'ai cessé de te chercher." que je concluais enfin sans la quitter du regard.
Cette fois, je glissais mes mains dans mes poches et la dévisageais. Elle pouvait bien croire que je trouvais des excuses, elle pouvait bien croire ce qu'elle voulait mais a aucun moment je n'aurais pu être plus sincère que maintenant. "Ma nouvelle famille parfaite est plus que disfonctionnelle, Hoani. Je n'ai pas choisi d'en avoir une, je n'ai pas choisi de m'entourer. J'étais pas dans l'optique d'avoir droit à une petite part de bonheur. Ils se sont imposés à moi et j'ai juste accepté. Je me suis marié il n'y a pas si longtemps. J'ai adopté Anya, que tu as rencontré, j'ai deux enfants biologiques, Takeo et Kimiko. Leur mère est une femme formidable qui me soutient et qui m'aide alors qu'elle connait tout ce qu'il y a de pire en moi. Faith, Reed et Evan sont des éléments importants de notre communauté, comme tous ceux qui acceptent de nous suivre, de me suivre parce que je suis leur chef. J'ai pas choisi tout ça mais j'ai fais le choix de pas les abandonner, combien même mes nuits sont courtes, combien même je ne parviens pas toujours à leur faire comprendre que je tiens à eux. Ils m'ont sauvé de moi-même, tous à leur façon." Je lançais les informations sans plus réfléchir. Oui j'avais une nouvelle famille, une famille que je voulais protéger coûte que coûte, pour qui je donnerai tout, oui c'était une vérité, simple, nette et sans bavure et oui, ça pouvait faire mal mais elle n'imaginait pas non plus le prix que j'avais dû payer pour que chacun d'entre eux puisse avoir le droit de vivre. Elle n'imaginait pas combien nous avions pu souffrir, combien d'épreuves nous avions dû affronter pour qu'on puisse dire que nous étions une famille. "En tout cas, chacun d'entre eux te dira la même chose, Hoani. Je t'ai cherché tous les jours. Chaque expédition, que j'y participais ou non, était une occasion de faire des recherches pour essayer de te retrouver."
Cette fois, je décidais de sortir mon paquet et l'ouvrais lentement, sortant une clope pour la lui tendre, légère tentative de calmer sa colère. Je comprenais, quelque part, son état. Après des années, se faire face à face dans ce genre de situation, devoir apprendre que l'autre a eu une vie tranquille, en apparence du moins, c'était pas plaisant mais de mon côté, ça m'attristait de me dire qu'encore une fois, tout nous éloignait. Dire qu'il y avait des années de ça, je me serai emporté face à ses accusations, j'aurais hurlé et probablement tapé dans un truc pour me barrer, la fuite étant mon meilleur moyen de défense. Aujourd'hui, je n'étais plus cet homme là et j'en avais plus que conscience. Chaque pas que j'avais fais me menait ici, à ce moment précis où il fallait que je reste là, que j'accepte sans broncher les reproches qu'on me faisait. Je n'étais pas parfait et je ne le serai jamais, je ne cherchais pas à l'être de toute façon, pour l'unique raison que je ne pouvais pas l'être. Le plus gros de mes démons étaient derrière moi, il m'en restait quand même énormément avec lesquels je devais batailler mais l'idée même d'être entouré des Fuckers suffisait à apaiser mon âme. Ma soeur n'avait pas eu ma chance, je le concevais mais j'avais aussi dû subir des horreurs pour en arriver là. Est-ce que j'arriverai à lui faire comprendre ? Aucune idée mais s'il y a bien une chose que je savais, c'était que je ne regretterais pas une seule seconde que j'ai passé avec les miens et ça, s'il fallait le répéter, alors je le ferai.
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Re: One more time - Hoani
Sam 6 Jan 2024 - 17:14
ONE MORE TIME
☽ Est-ce que je crois que sa vie a été facile ? Bien sûr que non, et je ne l’ai pas prétendu, à aucun moment, d’ailleurs. Mais le doute est tout de même permis quand je le vois former son propre groupe, aux côtés de gens qui ont jadis partagé ma vie. C’est difficile d’ignorer qu’ils se sont tous retrouvés. C’est impossible de ne pas me considérer comme un rejeton, à ce titre, je ne peux pas prétendre que je fasse toujours partie d’une famille qui a su aller de l’avant sans moi, il y a bien longtemps. Alors forcément, j’éclate, je le fais comprendre à Peter, parce que le regarder tous les jours, depuis qu’il est chez les Nomads, ravive à chaque fois cette notion d’actes manqués. Je vois ce que j’ai loupé, je constate ce qui existe, sans que cela ne soit de mon moindre fait. Et je compare, à ce que j’ai connu pendant des années, à Walla Walla, tirant une hâtive mais pas moins vraie conclusion : tout est détruit, de mon côté, j’ai fini complètement isolée, quand eux ont su créer quelque chose, tous ensemble.
Alors non, je n’adhère pas au discours larmoyant de mon aîné. En fait, plus il parle, et plus mes nerfs sont secoués. J’ai envie d’hurler, tant il va à contre-sens de tout. Tant son récit déchire mon âme, quand il mentionne des êtres chers qui ne sont même plus là, avec nous, aujourd’hui. Et justement, il y a des choses que je ne peux ignorer, il me tend la perche : « Mais dis-moi, Peter, toi qui as erré si longtemps avec mon tendre mari, que tu adorais tellement, il est où, au juste ? Il ne fait pas partie de ta nouvelle famille, c’est ça ? » Est-ce que je crois un seul instant qu’il soit en vie ? Pas spécialement. Moins encore maintenant que j’ai vu Peter et Reed unis. Si je m’étais convaincue pendant longtemps que William avait survécu, impossible de gober le mensonge plus longtemps. Ça ne m’empêche pas de poser la question, parce que j’ai besoin d’être fixée, une bonne fois pour toutes, tandis que mon frère s’étend plus encore sur son abandon des recherches, même s’il ne le présente pas ainsi. « Raah, je me fiche de ce que t’as raconté Spencer ! Il a été le premier à fuir pour sa vie lorsque nous avions été attaqués par des pillards, il n’a rien pu voir. » Je maugrée, venimeuse, de mauvaise foi. Mais c’est un fait. Notre ancien camarade a préféré narrer un conte de fées pour endormir Peter, il faut croire, et ça semble avoir marché. Un peu trop bien, finalement, et l’idée me faire serrer des poings. Il ne lui en a pas fallu beaucoup pour y croire, de toute évidence. « Maman est morte bien avant cette attaque, bien avant que je ne retrouve Louisa et les autres, les morts ont eu raison d’elle. Elle s’est sacrifiée pour moi. J’ai dû l’achever, tu sais. » Ma voix est écorchée, la déclaration doit se faire. Mon frère ne m’a posé aucune question sur elle, mais il faut bien quelqu’un pour lui rappeler que je ne suis pas la seule laissée de côté dans l’histoire, non ?
Dans tous les cas, il poursuit. J’ai l’impression qu’il veut que je me lamente sur ses années de survie, à me raconter comment il a dû se sortir la tête de l’eau après avoir plongé dans un océan de monstruosités. Mais c’est là l’histoire de sa vie, n’est-ce pas ? Peter Hayworth n’a jamais eu à traverser l’apocalypse pour enchaîner les hauts et les bas. Je le sais, toute ma vie a tourné autour de ses besoins impérieux à redresser la pente, à chaque fois qu’il allait au plus mal. La rancœur est forte, en moi. C’est injuste, j’en ai conscience, mais je puise autant dans des décennies en arrière que les sept dernières années écoulées pour mieux alimenter ma haine. Qui grossit plus encore quand il balance des informations qui me hérissent les poils. « Oh par pitié, j’en ai marre d’entendre ces conneries. Vous avez su quand, que j’étais à Walla Walla ? C’était longtemps après que Spencer ait clamé ma mort dis-moi ? » Je ricane presque. Je perds la boule, mais ça fait longtemps que la raison m’a quitté. « Donc je résume, vous saviez que j’étais à New Eden, et finalement, vous avez fait quoi après ça ? Tu peux me parler d’efforts de guerre autant que tu veux, que ce soit vous ou les Remnants, à l’intérieur des murs, on n’a pas vu la couleur de vos combats. Comment tu crois que j’ai pu sortir de là au juste ? Ce qui est certain, c’est qu’on n’a jamais pu compter sur des gens à l’extérieur qui n’ont jamais eu la moindre idée de ce qui se passait dans la ville. » Et ça vaut pour lui, Reed et son groupe, mes iris glaciales le font savoir distinctement. Personne de l’extérieur n’a jamais cherché à communiquer avec nous, mais depuis que New Eden a changé, j’entends tout le monde se vanter de ce qui a été fait pour renverser le groupe. Par pitié, il s’agirait de se regarder dans une glace et de reconnaître quand on se contente de donner un coup d’épée dans l’eau, car c’est exactement ce qu’il s’est passé du point de vue de tous les civils qui n’ont jamais vu les choses évoluer à Walla Walla. Et ça me rend dingue, d’écouter les grotesqueries de tout à chacun, quand la seule action qui m’a permise d’être libre, ça a été de poser des bombes et de tuer un sacré paquet d’innocents par le même temps.
Et puis… il s’enfonce. Peter continue sur sa lancée, mais ne comprend pas. Sa nouvelle famille, c’est tout ce dont je ne veux pas entendre parler. Mais il n’y a qu’elle qui compte, il n’a que sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs qu’il a à la bouche, et dont je ne fais pas partie. « Espèce d’enfoiré… » que je chuchote d’abord à la description de son groupe, vibrante de colère. Celle-ci s’épaissit, je le vois tourner son anneau à son doigt et l’abandon d’Elijah m’est renvoyé en pleine face, accentuant ce sentiment d’injustice qui me pousse à dénoncer cette situation. « Mais tu veux une médaille, le diplôme du papa de l’année peut-être ? Mieux, des félicitations tardives ? Bravo, t’es papa, bravo, t’es marié ! Chouette, Peter, merci de me confirmer que tu as enfin la famille dont tu as toujours rêvé, je m’en voudrai de gâcher le tableau en me greffant à elle, tu n’en as clairement pas besoin ! » Je craque, à bout, clairement, je ne sais pas ce qu’il s’imagine, mais je ne suis pas là pour l’applaudir. Je vire dans les aiguës un peu trop naturellement, d’ailleurs : « Mais MERDE ! Tu le fais exprès, c’est ça, tu te fous de ma gueule ? C’est quoi ton problème Peter, qu’est-ce qui ne monte pas au cerveau au juste ? T’es sérieusement en train de me vanter les mérites de ta nouvelle famille que tu n’abandonneras jamais, putain, tu t’es découvert une passion pour le sadisme ou quoi ?! Oh, quelle joie de me raconter ça, à moi qui étais de ta famille et que tu as laissée pourrir à son sort ! C’est ce que tu as fait, Peter, que tu le veuilles ou non, c’est ce qu’il s’est passé, putain. Et tu oses me parler de ton groupe comme si de rien n’était, comme si je devais accepter ça tranquillement ? Tu veux pas que je vous admire tous pendant que vous y êtes ? » Ce groupe même qui était prêt à refuser l’aide des Nomads, et qui aurait pu finir décimer par la peste rouge, qui plus est. Je n’aurais pas été là, soit Levi les auraient tous fumé, soit Peter se serait tiré avec Evan et Reed, et après, ils auraient contaminé tout le monde. Soit, c’est une famille vraiment parfaite qu’il s’est construit, en effet.
« C’est ça oui, tu peux t’en convaincre si tu veux » j’assène durement quand mon aîné insiste, affirme que chacun des membres de son groupe peut confirmer qu’il m’a cherché. Il m’a cherché, a su où j’étais et ne m’a jamais trouvé pour autant, me voilà contentée, tiens. « J’ai compris le message, frangin. T’as ton putain de groupe à protéger, je ne me mettrai pas en travers de ton chemin pour ça, je ne peux que le comprendre. Tu peux me remercier au passage, parce que vous auriez pu vous détruire tous seuls comme des grands si vous ne m’aviez pas écoutée et suivie ici. » je déclare, d’un fiel dégoulinant plein la bouche. « Mais ma compréhension s’arrête là. Tu crois que t’es le seul à avoir essuyé des attaques ennemies, rencontré d’autres groupes malavisés ? Pourquoi crois-tu seulement que Louisa et moi on a fini à New Eden, justement, hein ? » Ses justifications, il peut se les garder. « Tout ça ne change rien à la donne : toi t’es là, avec les tiens. Moi je suis en face de toi, et je n’ai plus rien. Certainement plus de grand frère chéri, en tout cas. Mais ce n’est pas nouveau, n’est-ce pas ? » On est déjà passé par là. Il y a longtemps. On a su se retrouver et se réunir alors mais aujourd’hui… aujourd’hui c’est trop tard. Et ma voix se brise, mon regard s’éteint, s’arrêtant sur cette clope qu’il me tend, et que je ne prends pas. Parce qu’il n’y a plus rien qu’on puisse partager en l’instant, plus rien qui puisse nous relier, désormais.
Alors non, je n’adhère pas au discours larmoyant de mon aîné. En fait, plus il parle, et plus mes nerfs sont secoués. J’ai envie d’hurler, tant il va à contre-sens de tout. Tant son récit déchire mon âme, quand il mentionne des êtres chers qui ne sont même plus là, avec nous, aujourd’hui. Et justement, il y a des choses que je ne peux ignorer, il me tend la perche : « Mais dis-moi, Peter, toi qui as erré si longtemps avec mon tendre mari, que tu adorais tellement, il est où, au juste ? Il ne fait pas partie de ta nouvelle famille, c’est ça ? » Est-ce que je crois un seul instant qu’il soit en vie ? Pas spécialement. Moins encore maintenant que j’ai vu Peter et Reed unis. Si je m’étais convaincue pendant longtemps que William avait survécu, impossible de gober le mensonge plus longtemps. Ça ne m’empêche pas de poser la question, parce que j’ai besoin d’être fixée, une bonne fois pour toutes, tandis que mon frère s’étend plus encore sur son abandon des recherches, même s’il ne le présente pas ainsi. « Raah, je me fiche de ce que t’as raconté Spencer ! Il a été le premier à fuir pour sa vie lorsque nous avions été attaqués par des pillards, il n’a rien pu voir. » Je maugrée, venimeuse, de mauvaise foi. Mais c’est un fait. Notre ancien camarade a préféré narrer un conte de fées pour endormir Peter, il faut croire, et ça semble avoir marché. Un peu trop bien, finalement, et l’idée me faire serrer des poings. Il ne lui en a pas fallu beaucoup pour y croire, de toute évidence. « Maman est morte bien avant cette attaque, bien avant que je ne retrouve Louisa et les autres, les morts ont eu raison d’elle. Elle s’est sacrifiée pour moi. J’ai dû l’achever, tu sais. » Ma voix est écorchée, la déclaration doit se faire. Mon frère ne m’a posé aucune question sur elle, mais il faut bien quelqu’un pour lui rappeler que je ne suis pas la seule laissée de côté dans l’histoire, non ?
Dans tous les cas, il poursuit. J’ai l’impression qu’il veut que je me lamente sur ses années de survie, à me raconter comment il a dû se sortir la tête de l’eau après avoir plongé dans un océan de monstruosités. Mais c’est là l’histoire de sa vie, n’est-ce pas ? Peter Hayworth n’a jamais eu à traverser l’apocalypse pour enchaîner les hauts et les bas. Je le sais, toute ma vie a tourné autour de ses besoins impérieux à redresser la pente, à chaque fois qu’il allait au plus mal. La rancœur est forte, en moi. C’est injuste, j’en ai conscience, mais je puise autant dans des décennies en arrière que les sept dernières années écoulées pour mieux alimenter ma haine. Qui grossit plus encore quand il balance des informations qui me hérissent les poils. « Oh par pitié, j’en ai marre d’entendre ces conneries. Vous avez su quand, que j’étais à Walla Walla ? C’était longtemps après que Spencer ait clamé ma mort dis-moi ? » Je ricane presque. Je perds la boule, mais ça fait longtemps que la raison m’a quitté. « Donc je résume, vous saviez que j’étais à New Eden, et finalement, vous avez fait quoi après ça ? Tu peux me parler d’efforts de guerre autant que tu veux, que ce soit vous ou les Remnants, à l’intérieur des murs, on n’a pas vu la couleur de vos combats. Comment tu crois que j’ai pu sortir de là au juste ? Ce qui est certain, c’est qu’on n’a jamais pu compter sur des gens à l’extérieur qui n’ont jamais eu la moindre idée de ce qui se passait dans la ville. » Et ça vaut pour lui, Reed et son groupe, mes iris glaciales le font savoir distinctement. Personne de l’extérieur n’a jamais cherché à communiquer avec nous, mais depuis que New Eden a changé, j’entends tout le monde se vanter de ce qui a été fait pour renverser le groupe. Par pitié, il s’agirait de se regarder dans une glace et de reconnaître quand on se contente de donner un coup d’épée dans l’eau, car c’est exactement ce qu’il s’est passé du point de vue de tous les civils qui n’ont jamais vu les choses évoluer à Walla Walla. Et ça me rend dingue, d’écouter les grotesqueries de tout à chacun, quand la seule action qui m’a permise d’être libre, ça a été de poser des bombes et de tuer un sacré paquet d’innocents par le même temps.
Et puis… il s’enfonce. Peter continue sur sa lancée, mais ne comprend pas. Sa nouvelle famille, c’est tout ce dont je ne veux pas entendre parler. Mais il n’y a qu’elle qui compte, il n’a que sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs qu’il a à la bouche, et dont je ne fais pas partie. « Espèce d’enfoiré… » que je chuchote d’abord à la description de son groupe, vibrante de colère. Celle-ci s’épaissit, je le vois tourner son anneau à son doigt et l’abandon d’Elijah m’est renvoyé en pleine face, accentuant ce sentiment d’injustice qui me pousse à dénoncer cette situation. « Mais tu veux une médaille, le diplôme du papa de l’année peut-être ? Mieux, des félicitations tardives ? Bravo, t’es papa, bravo, t’es marié ! Chouette, Peter, merci de me confirmer que tu as enfin la famille dont tu as toujours rêvé, je m’en voudrai de gâcher le tableau en me greffant à elle, tu n’en as clairement pas besoin ! » Je craque, à bout, clairement, je ne sais pas ce qu’il s’imagine, mais je ne suis pas là pour l’applaudir. Je vire dans les aiguës un peu trop naturellement, d’ailleurs : « Mais MERDE ! Tu le fais exprès, c’est ça, tu te fous de ma gueule ? C’est quoi ton problème Peter, qu’est-ce qui ne monte pas au cerveau au juste ? T’es sérieusement en train de me vanter les mérites de ta nouvelle famille que tu n’abandonneras jamais, putain, tu t’es découvert une passion pour le sadisme ou quoi ?! Oh, quelle joie de me raconter ça, à moi qui étais de ta famille et que tu as laissée pourrir à son sort ! C’est ce que tu as fait, Peter, que tu le veuilles ou non, c’est ce qu’il s’est passé, putain. Et tu oses me parler de ton groupe comme si de rien n’était, comme si je devais accepter ça tranquillement ? Tu veux pas que je vous admire tous pendant que vous y êtes ? » Ce groupe même qui était prêt à refuser l’aide des Nomads, et qui aurait pu finir décimer par la peste rouge, qui plus est. Je n’aurais pas été là, soit Levi les auraient tous fumé, soit Peter se serait tiré avec Evan et Reed, et après, ils auraient contaminé tout le monde. Soit, c’est une famille vraiment parfaite qu’il s’est construit, en effet.
« C’est ça oui, tu peux t’en convaincre si tu veux » j’assène durement quand mon aîné insiste, affirme que chacun des membres de son groupe peut confirmer qu’il m’a cherché. Il m’a cherché, a su où j’étais et ne m’a jamais trouvé pour autant, me voilà contentée, tiens. « J’ai compris le message, frangin. T’as ton putain de groupe à protéger, je ne me mettrai pas en travers de ton chemin pour ça, je ne peux que le comprendre. Tu peux me remercier au passage, parce que vous auriez pu vous détruire tous seuls comme des grands si vous ne m’aviez pas écoutée et suivie ici. » je déclare, d’un fiel dégoulinant plein la bouche. « Mais ma compréhension s’arrête là. Tu crois que t’es le seul à avoir essuyé des attaques ennemies, rencontré d’autres groupes malavisés ? Pourquoi crois-tu seulement que Louisa et moi on a fini à New Eden, justement, hein ? » Ses justifications, il peut se les garder. « Tout ça ne change rien à la donne : toi t’es là, avec les tiens. Moi je suis en face de toi, et je n’ai plus rien. Certainement plus de grand frère chéri, en tout cas. Mais ce n’est pas nouveau, n’est-ce pas ? » On est déjà passé par là. Il y a longtemps. On a su se retrouver et se réunir alors mais aujourd’hui… aujourd’hui c’est trop tard. Et ma voix se brise, mon regard s’éteint, s’arrêtant sur cette clope qu’il me tend, et que je ne prends pas. Parce qu’il n’y a plus rien qu’on puisse partager en l’instant, plus rien qui puisse nous relier, désormais.
Ⓒslytbitch.
And then I fell, like a villain.
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