Elle n'avait pas lâché un mot du trajet, fermement concentrée sur la route malgré les tentatives d'Eddie pour sympathiser. Des trois, le doyen Marsh était assurément celui qui avait toute sa sympathie, malgré son air bourru. Descendant la première de la voiture en inspirant profondément, avisant les rues de la ville encore emplies de voitures à l'abandon et de restes de déchets que la neige ne tarderait pas à recouvrir, ramenant contre son épaule le poncho de laine aux motifs de sa tribu pour protéger son corps de la morsure du froid. L'hiver ne va pas tarder. On devrait commencer par tenter de trouver des vêtements chauds. Ta veste en cuir ne suffira pas à te protéger des virus, et nous n'avons pas encore trouvé un moyen de chauffer la scierie. Elle essayait. De faire des efforts avec cet abruti de Tucker, quoi que parfois son rêve ne soit qu'il devienne subitement aphone. Une angine, peut-être ? A force de s'habiller comme une rockstar ça viendrait peut-être par arriver. Elle n'a pas entièrement tort. Fait néanmoins remarquer Eddie au cadet du groupe, alors que la native vient récupérer le vieux tomahawk qui lui fait office d'arme, boudant volontiers les fusils du coffre. Venant rapidement attacher une corde fine autour du manche de l'arme pour la récupérer en cas de lancer, avisant finalement Tucker. Ca fait bien trois minutes que nous sommes là, et tu n'as pas ouvert la bouche. Tu es malade ?

- Gnignigni

Qu'il grommela en direction de son père. Tucker fait si, Tucker ne fait pas ça. Tucker commençait à en avoir marre d'avoir son père sur les talons. Il n'y avait que son oncle qui semblait le laisser un peu tranquille ces derniers temps. Le froid s'était installé et des vêtements supplémentaires étaient plus que nécessaire. Contrarié par son père, père qui lui a cassé un coup avant de l'obliger à suivre la native, Tucker avait décidé de ne rien dire. Et le temps était long. Bien trop long pour lui. Un oeil en direction de Nima, un autre plus outré envers son oncle qui se range du côté de la brune. Oui, la veste en cuir n'aiderait pas. Mais il était magnifique dedans. N'était ce pas le plus important ?

Les mains réfugiées dans les poches de sa veste, Tucker se contente de marcher. Pas question de prendre d'arme. Il n'aime pas ça. N'en prendra jamais. Il préfère parler, s'enfuir, se cacher. Il s'agissait là d'une certaine facilité pour lui. A croire qu'il est né pour être le lâche qu'il est actuellement. Eddie attrape déjà une carabine qu'il plaque contre le buste de Tucker. " Fait moi plaisir et arme toi, correctement. " Soupirant comme un enfant, Tucker allait répliqué mais Nima se tourne dans sa direction. Et c'est au tour d'Adrian de rigoler, tapotant déjà le dos de son fils. " Il est ronchons parce que je l'ai empêché de tirer son coup. "

- Oh ta gueule. Qu'on en finisse putain.

Hm. L'idée de se dire que Tucker allait être infernal pour ne pas avoir conclu, avait le don de la faire soupirer d'exaspération. Croisant le regard du plus jeune de l'équipe, moqué par ses aînés, avant de reprendre. Au moins tu as évité à une pauvre innocente d'avoir le coeur brisé, Adrian. Car les manières du manager n'avaient rien de romantique. Pinçant brièvement les lèvres quand il prend la mouche, venant poser une main contre l'épaule de Tucker avant de le pousser sans ménagement contre la portière du véhicule.

Une carabine, et un couteau. Ce n'est pas une question, n'a pas lieu d'en être une, et les crises d'ado pour une sombre histoire de sexe ne sont pas là pour l'émouvoir. Tu ne pourras pas tirer dans un endroit trop exigu, et ni toi ni moi n'avons envie d'un scénario ou tu te retrouves bêtement bloqué. Etait-ce assez clair pour lui ? Qu'importait, que Adrian semble outré de sa réaction froide, ou qu'Eddie tente au mieux de contenir son frère. Elle n'était pas ici pour faire dans la délicatesse, et ne s'était jamais vantée de l'être.

Récupère ton couteau, ou je m'assure de lui trouver une place ou tu ne sera pas prêt de le perdre. Et il la connaissait assez, pour savoir qu'elle n'aurait aucun mal à mettre en pratique ses menaces s'il ne s'agitait pas un minimum.

- Gnignigni

Que répète le plus jeune au commentaire de la native. Comme s'il brisait des coeurs. Tucker mettait un point d'honneur à ne jamais faire semblant. Tout le monde savait qu'il ne cherchait rien de sérieux. Une simple manière de s'amuser l'espace d'une nuit avant de reprendre une vie... de merde. Pour être complétement honnête.

- Tu fais chier et arrête de me pousser, je suis pas un chien oh !

Irritable en effet. Tucker attrape les armes, range le couteau dans la poche de son pantalon et regarde la carabine. S'il s'avait s'en servir ? Pas du tout. Il s'agissait plutôt d'une connaissance arbitraire. Il ne voulait pas s'en servir, de toute façon. L'utilité d'en avoir une était donc à zéro.

- Je tirerais pas avec cette merde, de toute façon. Je me barre s'il y a une merde.

Grogne t'il à nouveau. S'ils s'y mettaient tous, il n'allait pas apprécié cette sortie. Jetant un regard à son oncle, Tucker poussa un soupire avant de prendre la route. Plus vite arrivée, plus vite repartie. Adrian jette un regard à Nima, après tout il ne l'apprécie pas vraiment et ne s'en est jamais caché.

- Bougez vous le cul, je veux rentrer.

Ah, vraiment ? Parce que tu ne cesse d'aboyer pour rien et d'agiter la queue dès que tu croise une femme pour espérer des faveurs, je commence à sérieusement me poser la question sur les origines de ta naissance. Grince la native sur le même ton que Tucker sitôt qu'il commence à devenir lourd, ignorant le regard outré d'Adrian. S'il ne savait pas tenir son fils, ça le regardait. Mais dans le cadre d'une sortie en extérieur, ne tolérerait-elle aucun écart. Fils à papa complexé ou non. Ecoutes moi bien, sombre abruti. Eructe t-elle avec lenteur en venant saisir le col de son cadet pour l'attirer à elle. Si tu fuis au moindre problème et qu'il y à un mort, j'espère que tu le garderas sur la conscience jusqu'à la fin de tes jours. Pour commencer. Revenant le bousculer contre la portière pour l'empêcher de se débattre, reprenant sèchement. Alors tu te plies aux ordres. Ou je te plie en deux.

Tucker... La silhouette d'Eddie vient finalement s'interposer entre eux avec lenteur, faisant signe à Adrian de ne pas s'approcher. Elle à raison. Plus vite ce sera fait, plus vite on sera rentrés. Sans doute trouve t-il un ton plus juste, alors qu'elle relâche enfin Tucker non sans lui jeter un regard noir, venant dépasser Adrian.

Parles encore une fois de la sorte à mon fils, et -
Et quoi ? Elle en aurait presque été aimable, alors qu'elle vient faire face à Adrian. Ignorant bien le fait qu'il ne la dépasse aisément, l'invitant du regard à continuer, et prendre le risque de la sortir de ses gonds. Mais rien ne vient, alors qu'elle hoche la tête avec lenteur. Bien. J'ouvre la marche, Eddie la referme. Histoire d'en finir rapidement, alors qu'elle s'engouffre la première dans la pharmacie la plus proche ou se devine encore un papier rédigé à la va vite. Alive inside. Mais de là à dire s'ils y étaient encore, après tout ce temps ?

Restez sur vos gardes. On ne sait jamais...

- Ouais bah ça te ferait du bien de ken un peu au lieu de me casser les couilles.

Que grogne Tucker en direction de la native. A croire que personne ne veut lui lâcher la grappe. Mais Tucker n’a pas le temps d’avancer puisqu’il se fait attraper par le col et se retrouve bien trop proche de Nihima à son goût. Cette cinglée.  

- J’ai pire sur ma conscience, fout moi la paix.

Lorsqu’elle le lâche enfin, Tucker se contente d’un vulgaire “gnignigni”. Se plier aux ordres, c’est une chose mais Tucker n’a pas envie d’être là. Eddie l’appelle et Tucker pousse finalement un soupire, se laissant calmer par son oncle alors que son père tente déjà les menaces. Menaces qui ne sont pas du tout prises au sérieux.  

Tucker entre dans la pharmacie à la suite de Nima alors qu’Eddie tente de résonner un peu son frère sur son comportement. Tucker remarque le bout de papier et s’approche déjà d’un étalage. Certains sont déjà passés par là. Ce qui n’est pas bien surprenant.  

- Il y a pas mal de boite de médoc. Genre, des dolipranes, les merdes de ce genre quoi.

La remarque acerbe la laisse silencieuse une demi seconde, le temps de bien comprendre ce qu'il vient de dire. Suivi de ses grognement d'adolescent ? Sans doute que ses nerfs lâchent à ce moment, quand elle vient presser avec force ce qui lui servait visiblement de cerveau principal quand celui de son crâne semblait hors service depuis sa naissance. Resserrant sa prise assez fort pour lui faire passer l'envie de répéter, reprenant d'une voix ferme.

Et si tu n'apprends pas à te taire, je te jure que je vais couper assez court pour que tu te lances dans une carrière de chanteur d'opéra. assène t-elle d'une voix sombre, lourde d'une menace qu'elle n'hésiterait pas à appliquer sur un coup de sang. Allez, on se calme. Tente Eddie en repoussant son frère pour éviter un nouveau massacre, la brune se décidant finalement à relâcher Tucker une fois sûre qu'il n'essaierait pas de l'insulter de nouveau. Se gardant bien de lui lancer une injure dans sa langue natale, hochant brièvement la tête à l'égard d'Eddie avant de s'engouffrer à son tour dans la pharmacie. Prends-les. Tout devenait ressource rare désormais. Autant ne pas les laisser là. Merde, des morts. Fuck. Tournant la tête pour voir de premiers cadavres déambuler vers eux, fronçant les sourcils. La porte de service. Adrian, att- Mais peine perdue, l'écrivain à déjà forcé la porte pour se frayer un passage. Il y avait des gens ici dont nous ignorons le nombre, s'ils ne sont pas sortis... Alors sans doute étaient-ils encore dans la boutique. Mais il ne l'écoute pas, visiblement décidé à n'en faire qu'à sa tête. Croisant le regard dépité de Eddie, lui indiquant le nouveau couloir d'un signe de tête. Allez y si vous voulez, mais je ne rentre pas la dedans. Pas avec le risque de se retrouver bloquée dans un couloir étroit avec des rôdeurs. Adrian, réfléchis... Insiste la native. Mais le brun semble suffisamment stupide pour l'ignorer royalement, lui arrachant un soupir de déasaprobation.

Je les ramènes.
Sois prudent. Au moins, le doyen des Marsh était un homme sur qui elle pouvait compter. Répondant brièvement à son sourire avant que l'homme ne s'engouffre à son tour, venant vider le contenu d'une nouvelle étagère dans son sac, à l'affût du moindre cri d'alerte.