« J’peux sortir ? » Assis sur le bord de son lit, Michael interroge Quinn du regard. Est-ce qu’il a bien entendu ce que la médecin vient de lui dire ? Visiblement, oui. Il semble suffisamment en forme pour pouvoir enfin quitter l’infirmerie. Cela va faire plusieurs jours qu’il est arrivé là. Il n’a rien vu d’autre que l’infirmerie ; ayant perdu connaissance sur le chemin menant au campement du petit groupe rencontré près de Yakima.

De fait, il n’a pas rencontré grand monde, hormis les médecins et l’une des responsables. Il a parlé un peu de lui, il a donné quelques détails de sa capture par les Croatoans mais pas grand-chose de plus. Et si Quinn semble vouloir l’aider en lui proposant de lui faire une visite du campement, l’adolescent secoue la tête. « Non, c’est bon ! Je vais me débrouiller ! » Il se laisse glisser du lit avant de récupérer le manteau qu’on lui tend. Il ne lui reste plus que son vieux sac à dos, à présent vide. Mais on lui a expliqué comment récupérer quelques affaires et trouver un endroit où se loger. « Merci. » Il affiche un sourire timide à la jeune femme. Elle a pris soin de lui pendant ces quelques jours et il lui en est reconnaissant.

Elle le raccompagne jusqu’à la sortie de l’infirmerie. A nouveau, il esquisse un sourire. « Bonne journée. Au… » Michael se fige alors en voyant une jeune femme de son âge passer à quelques pas de là. Ses paupières papillonnent, il regarde Quinn un instant, interdit. « Je… Je la connais c’est… Pardon… Je… J’dois y aller ! Chenoa ? » Il presse le pas avant de lâcher un « ¡ Joder de mierda ! » En voyant qu’elle ne l’a pas entendu. Il n’a pas vu son visage mais il est sûr que c’est elle. « Chenoa ?! C’est toi ? » S’exclame-t-il alors en courant jusqu’à elle.

Lorsqu’elle se retourne finalement vers lui, Micha se fige brusquement, la bouche grande ouverte. Il n’y croit pas ses yeux. Chenoa est bien là, face à lui, sur ses deux pieds. Ni l’un ni l’autre ne semble d’abord réaliser. Ils restent à se regarder durant quelques secondes jusqu’à ce que l’adolescent se décide enfin à rompre un silence insoutenable. « ¡ No puedo creerlo ! C’est bien toi ! » Et sans attendre plus longtemps, il se précipite vers la jeune femme pour la serrer dans ses bras.

Un flot d’émotions contradictoires inondent alors son corps tout entier. S’il affiche un énorme sourire, son cœur se serre dans sa poitrine. Sa gorge se serre alors qu’il peine à retenir un rire nerveux. Ses yeux brillent et sa voix déraille légèrement alors qu’il bafouille des paroles presque incompréhensibles. « Non. J’suis… J’suis… J’suis pas m-mort. Et… Et toi non plus. » Il ne la lâche plus, la serrant davantage dans ses bras. Des dizaines et des dizaines de questions lui traversent l’esprit, il ne sait pas par où commencer. Et puis, des flashs lui reviennent subitement ; ce jour où ils sont venus. La boule dans sa gorge devient de plus en plus douloureuse alors qu’il pense à sa mère. « Et Warren ? Il est ? Il est là aussi ?! T’es ici depuis com- combien de t-temps ?! »

Michael a du mal à y croire. Chenoa aussi. Qu’ils doivent avoir l’air bêtes à se regarder de la sorte, sans dire un mot. C’est comme s’ils avaient vu un fantôme. Après tout… Il y a de quoi ne pas en revenir. L’adolescent avait fini par se faire à l’idée qu’il ne reverrait plus sa famille, que les Croatoans avaient fini par les attraper eux aussi, qu’ils étaient morts comme María…

« Évidemment que j’suis vivant. Mais… » Qu’il souffle alors, affichant un petit sourire en coin. Ce n’était pas gagné, mais il a réussi ! Et voilà que Chenoa se jette brusquement dans ses bras. Il grimace, son corps entier le fait encore souffrir mais il n’hésite pas à enlacer sa sœur, s’exclament à nouveau « ¡ Santa mierda ! Qu’est-ce que tu fous là ?! » C’est bien elle. Maintenant qu’il peut la toucher, la serrer dans ses bras, il réalise que tout est vrai. Et même Warren est ici !

Elle s’écarte légèrement pour le regarder, lui expliquant qu’ils ont dû s’enfuir. Puis elle vient le serrer contre elle encore une fois. Encore une fois, elle peine à y croire. De son côté, Michael semble enfin réaliser qu’il est enfin sorti d’affaire après plusieurs mois de calvaire… Sa gorge se serre un peu, sous le coup de l’émotion. « Oui c’est moi. » Je viens caresser doucement son dos. « Les types qui ont attaqué le camp, ils… Ils m’ont capturé, il m’ont pris avec eux… J’ai… J’ai réussi à m’enfuir. » Explique-t-il rapidement, ne voulant pas vraiment entrer dans les détails. « Où est-il ? » Demande-t-il finalement, pour ne pas en dire plus… Son père est là aussi et il veut le voir…