Elle crevait la dalle. Ouais, c'était le cas de le dire. Cela faisait deux semaines maintenant qu'elle avait pris la route à l'opposé du convoi de the heaven, alors qu'ils s'approchaient peu à peu du nouveau lieu où ils avaient décidé de s'installé. C'était idiot de partir sur les routes à cette période de l'année alors que l'hiver approchait à grand pas, mais Lily avait évidemment réfléchi sur la question depuis un bon moment déjà. Un groupe certes qui lui correspondait, mais où elle ne se sentait plus comme chez elle.

Alors avec ses armes sous le bras, quelques vivres et le peu d'effets personnels qu'elle possédait, la fermière avait pris une direction aléatoire pour partager son savoir - du moins, c'est ce qu'elle se forçait à croire, alors qu'évidemment ses pieds se dirigeaient vers le lieu de vie de Clay. Le chemin n'était pas simple et sera sans doute long, mais qu'importe, elle n'avait plus de compte à rendre à personne. Seulement voilà, ça faisait bien longtemps que Lily avait dû survivre seule sur les routes, et son corps s'était habitué au confort que pouvait offrir un groupe.

Il ne lui restait plus rien ; plus de vêtements propres, plus de nourriture, juste de l'eau qu'elle parvenait à récupérer grace à la pluie. Et même si les animaux commençaient à quitter les petites villes envahies par la végétation, la fermière avait réussi à pister les traces de ce qui semble être un renard. Par chance elle avait réussi à le blesser avec un piège, mais l'animal avait aussi réussi à prendre la fuite et heureusement, il n'y avait plus qu'à suivre les traces de sang.

Sauf que, une fois arrivé sur le lieu où l'animal est finalement décédé, un homme se trouvait déjà sur place. Ses mouvements au moins montraient qu'il était bel et bien vivant, et qu'il n'avait pas contaminé sa proie. Moitié de visage caché par un bandana, elle s'approche silencieusement de l'inconnu pour placer la lame de sa machette contre sa nuque. Vous comptez faire quoi avec MA prise ? Son ton de voix ne laisse transparaitre aucune sympathie, même si avec son corps faible la femme n'allait gagner aucun combat.

Comme à son habitude, Jon était seul dehors, à la recherche de tout et n'importe quoi, tout ce qui pouvait être utile à sa survie et celle de Kim. Cela faisait près de trois mois que sa belle-sœur et lui s'étaient retrouvés totalement par hasard, un soir d'été. Depuis, ils ne s'étaient plus quittés, enchaînant les aventures déroutantes, passionnantes... et quelques galères plus ou moins importantes aussi. Ce matin-là, Jon avait laissé Kim dormir dans leur campement de fortune tandis qu'il s'était levé aux aurores afin d'attraper le petit-déjeuner.

Il se baladait depuis près d'une heure quand il remarqua une assez petite proie filer à prés de 30 mètres de lui. L'animal, bien que rapide, se déplaçait étrangement, ce qui attisa sa curiosité. Il se précipita à sa poursuite, repérant rapidement des traces de sang sur le sol. Bingo, après quelques minutes de courses, il tomba sur un renard agonisant au pied d'un arbre. Sortant un couteau, Jon s'approcha de lui et mit sans plus attendre fin à ses souffrances. Regardant autour de lui, il ne vit personne, cependant, vu la blessure de l'animal, il savait qu'une personne ou un groupe se trouvait à proximité. Pas de temps à perdre.

L'ex militaire se pressa pour embarquer la proie, mais tandis qu'il l'accrochait à son sac à dos, il sentit le froid d'une lame se poser contre sa nuque. Il fut d'abord frappé par la finesse et la ruse de la personne qui l'avait approché par-derrière sans qu'il ne s'en rende compte. "Je savais que c'était trop beau..." Lança-t-il, arrêtant ce qu'il était en train de faire, restant immobile pour ne pas envenimer les choses. "Je comptais en faire un bon ragoût. Je suis un excellent cuisiné à ce qu'on dit." Dit-il pour répondre a son interlocutrice, tout en réfléchissant à la vitesse de la lumière pour se sortir d'une situation qui pouvait vite devenir fâcheuse. "Écoutez... Je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement... La journée est trop belle pour un conflit." Dit-il, tout en restant serein et le plus éloquent possible.

La faim était bien trop présente dans l'estomac et la tête de la fermière pour réfléchir correctement. Je m'en fiche de vos talents de cuisinier. Crache-t-elle en appuyant un peu plus la lame contre la peau de cet homme. Elle jouait clairement avec le feu, puisque si il se décide à répliquer, elle n'aura aucune chance. Mais elle avait trop faim, et cette bête tombait à pic, autant pour l'instant présent que pour les jours à venir. Lily a un rire sans joie. Un arrangement, vous rigolez ? J'AI tué cette bête, vous prenez vos affaires et vous partez sans vous retourner. Non mais c'est quoi cette blague. Evidemment, elle n'avait aucune idée que cet homme l'avait achevé et quand bien même ça ne changeait rien.

Petite pression avec son arme, elle intime l'homme de bouger. Vous allez doucement vous lever, les mains en l'air, et dégager d'ici sans un mot. Et en même temps que lui, la trentenaire se redresse à son tour, difficilement cependant. Si elle tentait de garder son arme à la main et le bras tendu, ses jambes flanchent et elle pose un genou à terre, prise d'un violent vertige. Ce n'était clairement pas le moment à son corps de la lâcher. Lily se redresse du mieux qu'elle peut pour faire bonne figure et garder son attitude ridiculement menaçante.

Agitant son arme blanche, elle essaye de rester stable sur ses jambes. Maintenant... écartez vous. De son côté, elle se rapproche de sa prise en titubant, comme pour vouloir la protéger, toujours victime de vertige. Elle baisse son bandana pour respirer plus correctement, dévoilant un visage qui n'est plus aussi attrayant qu'auparavant, marqué par les nombreuses tortures qu'elle a dû subir. Un toux sèche et inquiétante la secoue, l'obligeant à se rattraper au tronc d'un arbre. S'il vous plait.. j'ai besoin de cet animal. Terminé les menaces, il n'était pas difficile à l'homme de remarquer que Lily n'était pas en condition pour se défendre.

Dans un dernier effort, la femme parvient à lever ses yeux vers le voleur et à doucement reconnaître ce visage. Malgré les années entre leur première rencontre et celle-ci, il n'est pas difficile pour Lily de reconnaitre les traits du visage de cet homme, même son nom ne lui revient pas dans l'immédiat. On se connait.. non ? Ses jambes lâchent. La blonde se retrouve à genoux au sol, assommée par la faiblesse ou parce qu'elle est rassurée de tomber sur quelqu'un qu'elle avait aidé.