HOMME À LA MER !
Novembre 2023 – Marina de Gig Harbor

On lui a recommandé d’aller parler à un certain Scott : sûrement trouverait-il pour lui un travail sur l’un des bateaux à réparer. Remo a pris bonne note du conseil. L’idée de monter au mât d’un navire ne l’effraie guère, tant est que celui-ci reste bien à terre. Au bout de quelques jours, il a pris ses marques à Gig Harbor, guidé dès son arrivée par un sympathique luron nommé Tucker. Mettant rapidement la main à la pâte pour gagner sa pitance, Remo a déjà eu l’occasion de passer d’éreintantes mais gratifiantes journées sur les charpentes de la prison, un marteau en main et les pieds dans le vide. Changer de cadre et passer la journée à la marina présente un avantage certain : celui de croiser de nouvelles têtes. Sautant dans le convoi matinal en partance de la prison, Remo arrive donc de bonne heure à la marina. Les quais sont pourtant déjà bien actifs. Son sac allégé sur le dos – il a laissé son piolet et bon nombre d’objets à la prison, dans un casier verrouillé –  il parcourt l’endroit avec curiosité. Sa première impression est celle d’un port d’une taille plus significative qu’il ne l’imaginait, mais il se rend vite compte que l’immense majorité des structures et bâtiments sont inusités, pourris par la pluie et l’inactivité. Remettre la marina en état dans son intégralité sera une sacrée tâche.

Demandant autour de lui où trouver le fameux Scott, Remo est dirigé vers les quais sur lesquels il s’engage en évitant de regarder l’eau sombre léchant les piliers, plusieurs mètres plus bas. Il distingue au bout de l’un d’eux plusieurs silhouettes affairées autour d’une barque, mais sa myopie ne lui permet pas de les identifier clairement. Frissonnant sous le vent de novembre qui balaie le port, Remo remonte la fermeture de sa veste lorsque quelques cris et un soudain bruit de cavalcade le font se retourner. Il a à peine le temps s’écarter pour laisser passer un imposant cheval visiblement hors de contrôle. Le craquement du bois sous ses sabots ne semble pas lui plaire ; insensible aux ordres de son infortunée cavalière, il pile quelques mètres plus loin, se cabre, recule, et ce n’est que de justesse que Remo évite un violent coup de sabot. Il évite le coup de sabot car malgré lui il trébuche et tombe dans le vide. Ou plus exactement, après le vide, la mer.

L’impact est comme une claque gelée qui se referme sur l’ensemble de son corps. Par réflexe, il inspire, et l’eau salée se rue dans son nez et sa gorge comme un torrent de sable. Donne-nous deux noms. Il se débat, il ne sait plus où il est, il ouvre les yeux mais seul un écran turbide couleur outremer se présente à lui. La raison voudrait qu’il retienne son souffle mais la panique a déglingué tout instinct de survie, il aspire l’eau de mer qui lui poignarde les poumons. Deux noms et on arrête ça. Son cœur bat à lui en exploser la poitrine. Arrêtez, tuez-moi… Il sent ses membres faibles alors qu’il se débat, et le poids de ses vêtements, de ses chaussures, de son sac l’attire vers les profondeurs. Même ainsi, il aurait pu avoir la force de remonter. Mais Remo n’est pas sur le rivage de la marina de Gig Harbor. Il est dans un poste de milice à Walla Walla.  

La route depuis la réserve fut longue et fatigante. Du moins, surtout pour Leah qui n'avait pas l'habitude encore d'un tel voyage, contrairement aux autres pour qui ce n'était pas la première fois. Peu importe de toute manière, la militaire en profitait pour essayer de nouer un lien avec son nouveau mode de transport, à savoir la jeune jument tacheté. Sa petite vache, comme elle s'amuse à répéter, même si dans les moments sérieux c'est surtout par son nom Apawi qu'elle l'appelle. Et même si elle a grandit auprès des animaux plus jeune, le lien se fait assez difficilement entre elle et l'équidé au caractère bien trempé.

Bref, au bout de quelques jours, ils finissent tout de même par atteindre la prison, sous les yeux émerveillés de la blonde, qui rejoignait pour la première fois Seattle et ses environs depuis le début de l'épidémie. Après toutes ces années, elle ne parvenait pas - ou difficilement - à reconnaitre certains coins, détruits par l'homme ou par mère nature, ou à cause de la végétation qui s'était quand même pas mal développée. A la prison, elle dépose peu d'affaire, déjà prête à rejoindre la Marina pour en voir davantage. T'es pressé ? Qu'on lui balance. Pour simple réponse, un sourire plaqué à ses lèvres et ses fesses déjà posée sur la selle de sa jument.

Sur place, de nombreux ouvriers étaient déjà au charbon, tandis que de son côté elle refermait un peu plus son blouson sous l'effet d'une légère brise glaciale. T'as déjà une idée de ce que tu vas faire ? Elle hausse les épaules en balayant le lieux de ses yeux. Certainement de la sécurité, je suis pas trop douée de mes dix doigts question bricolage. Posant un pied à terre, elle salue d'ailleurs son voisin avant de rejoindre les barricades où elle sera la plus utile.

Maintenant, à savoir si c'est à cause d'un abruti et ses doigts glissants qui laissa échapper une caisse à outils sur le sol, ou la vue de son ombre, mais Apawi se positionna sur ses deux postérieurs en battant des antérieurs pour se défaire de l'emprise de Leah, avant de filer à toute allure en direction des quais. ATTENTION ! Qu'elle gueule, tentant de rattraper tant bien que mal son cheval qui semait le chaos près des embarcations. Si la plupart des hommes et femmes parviennent à éviter le canasson et d'autres à se mettre à l'abri tout en essayant de l'arrêter, il y en a qu'un, à l'abri des regards, qui se retrouve balancé à l'eau. Fallait que ça m'tombe dessus putain. En espérant que l'info ne remonte pas jusqu'aux oreilles de Nima.

Essayez de l'arrêter ! Qu'elle balance, haletante, à un premier groupe plus loin. Quant aux deux autres qu'elle dépasse : Y a un homme à la mer, il faut du linge sec ! L'idée semblait idiote, mais au vue du mois de l'année, l'eau ne risquait pas d'être chaude à point. Et sans réfléchir une seconde de plus, la militaire plonge tête la première en direction de l'homme, visiblement paniqué.

La température rencontrée lui fait l'effet d'un millier de coup de poignard, et si son corps lui intime de se recroqueviller ou de rejoindre la berge, la blonde continue de brasser jusqu'à l'inconnu qu'elle tente d'aider à garder la tête hors de l'eau. Calmez-vous, on va sortir ! Qu'est-ce qu'elle pouvait lui dire d'autre de toute façon. Elle l'enveloppe d'un bras, tente avec le second de garder sa propre tête hors de l'eau tout en rejoignant un quai où trois personnes se tenaient prêtent à aider le duo à se sortir de là. Elle fait glisser le malheureux noyé en premier, hissé hors de l'eau, avant d'être à son tour tirée de là.

A quatre pattes sur le vieux, elle tousse à de nombreuses reprises sans parvenir à réprimer les tremblements du froid. Quelle horreur. On lui file sur le dos une épaisse couverture qui sert à peine de pansement, alors que ses yeux vont jusqu'à l'homme couché à côté. Il doit voir... un médecin..

L’eau s’empare de lui. Elle infiltre ses doigts brutaux dans sa poitrine, le long de sa trachée, ses sinus. Remo se débat sans bien se rendre compte qu’il lui suffirait de quelques brasses pour remonter à la surface. Mais son esprit, ramené avec violence aux pires heures de sa vie, a perdu toute acuité, et confond la pression froide de la marina avec la contrainte de ses bourreaux. Comment ceux-ci le maintenaient pour déverser l’eau, une fois encore, dans ses poumons. Le libérant in extremis avant qu’il ne bascule dans l’abîme de la mort. Le repêchant parfois dans les limbes de l’inconscience pour le jeter à nouveau dans la réalité.

Dans cette vaine lutte avec ses fantômes, un bras vient l’attraper. Le tirer avec force. Dans un sursaut instinctif, un brusque déferlement d’énergie pour survivre, il se défend. Il donne des coups de coudes et de pieds autour de lui, sentant que parfois il frappe ses bourreaux, mais sa lutte ne fait que raffermir leur prise sur lui. Et alors, d’un coup, l’air lui revient. On crie à ses oreilles mais le sens est avalé par la panique qui l’étreint. Il sait qu’il ne s’agit que de quelques secondes de répit avant qu’ils ne recommencent. Il avale l’air comme un élixir essentiel, quelques goulées d’eau étrangement salée – salée ? – au passage. Il gaspille une précieuse seconde de respiration pour murmurer : « Stop… » Mais il attend, attend, et bizarrement rien ne vient.

Alors seulement, son cerveau embrouillé reconstitue le puzzle. Un quai, des silhouettes qui semblent l’attendre. La mer qui s’écrase contre ses oreilles. Quelqu’un qui le maintient fermement et – oui, ils vont vers le rivage. On le tire de là, alors que le choc l’empêche maintenant de réagir. Il se laisse faire comme une marionnette, s’écroulant sur le pont sitôt qu’on a le malheur de le lâcher. Cherchant sa respiration. Se retournant sur le ventre pour ramper jusqu’au bord du quai et vomir toute cette eau. Autour de lui, des voix. Les silhouettes sont plus nettes, maintenant. Il distingue près de lui une femme, visiblement trempée elle aussi, avant qu’on ne leur jette à tous deux une couverture. Il se rend compte alors qu’il tremble comme pris d’un séisme, les membres déjà engourdis. La femme aussi tremble. Il la regarde sans bien comprendre, les sens encore annihilés par sa crise de panique.
« Ça va ?
- On va vous ram’ner à l’intérieur.
- Faut pas venir à la marina si tu sais pas nager, gamin !
- Quelqu’un a vu le canasson ? »
La lumière du jour l’agresse comme des lames dans son cerveau. Il cligne des yeux.

La photo.

Sa cœur lui tombe dans la poitrine. Soudain animé par un regain d’énergie, il enlève son sac à dos trempé, fouille pour sortir le portefeuille de la poche interne. Imperméable mais pas infaillible. Une seconde fois, il manque de céder à la panique, mais le cuir, entre ses mains tremblantes, semble intact. Alors, rassuré, il lève les yeux sur la femme à côté de lui, ignorant le petit groupe qui se presse autour d’eux : « C’est toi qui m’a aidé ? »

Leah se force à faire abstraction du brouhaha alentour pour se concentrer sur la douleur de son corps. Une migraine atroce enveloppait son crâne, elle peinait à reprendre tranquillement son souffle, les poumons en feu. C'est qu'il pesait son poids l'homme en détresse, sans parler du fait qu'il ne s'est pas laissé faire gentiment. Leah lève difficilement un bras, observant sa main trembler au-dessus de son visage. Elle soupire de rage, peste. Au retour au camp, elle allait vraiment se remettre dans un entraînement intensif.

On lui donne une couverture. Leah se presse, se tourne pour la donner à son voisin, qui était déjà bien entouré et choyé. Tant mieux. Elle n'a donc aucun remord pour la mettre sur ses propres épaules et se réchauffer. La militaire tente une première fois de se lever, mais ses jambes l'en empêche une première fois. Hey douc'ment, on va vous aider. Une brève hésitation qui ne dure pas longtemps, Leah saisit une main qu'on lui tend pour l'aider à se remettre sur pied. On va allez là bas pour vous examiner ! Elle hoche la tête, montre l'homme à l'arrière. Lui d'abords. Et c'était pas vraiment une question.

En parlant de ce dernier d'ailleurs il semble lui adresser la parole. Elle jette un regard par-dessus son épaule. Ouais. Elle allait partir, se ravise. Après tout c'est la faute de ma jument. Quelqu'un l'a rattrapé d'ailleurs ? Des regards sont échangés, une réponse qui peine à arriver pour ne jamais voir le jour. Elle soupire. Je vois, je vais aller la chercher. L'homme qui l'a aidé lui barre la route et lui montre le pauvre petit bâtiment qui servait d'infirmerie. On doit d'abord vous examiner !

Leah hésite, mais finit par accepter. Après tout dans cet état elle ne risque pas de réussir à raisonner son cheval. Elle fait face aux autres hommes : Aidez le à marcher jusqu'à là bas. Conseille la femme, alors qu'elle même se dirigeait déjà vers la petite bâtisse. Elle était assez grande et suffisante pour soigner un blessé à la fois, et bien heureusement aujourd'hui il n'y avait personne. Leah se contente de prendre une chaise dans un soupire soulagé, laissant le lit à l'inconnu, attendant le médecin disponible.

Tout ne fait pas encore sens dans l’esprit du naufragé. On se presse autour de lui, on parle, une couverture lui tombe dessus, il sent des mains qu’il attrape et donc il se défait par réflexe, le cœur battant la chamade, prêt à replonger dans les plus noirs souvenirs de son séjour à Walla Walla. Mais alors sa sauveuse lui répond, évoque un cheval - ah, oui. Les pièces se remettent en place dans son cerveau éparpillé. Oui, c’est bien à cause d’un canasson qu’il a fait un pas de trop en arrière et s’est retrouvé dans la flotte. Sa propriétaire s’apprête à se lancer à sa recherche pour éviter de plus amples dégâts, mais on les interdit de repartir sans un passage réglementaire à l’infirmerie. Soit ; Remo n’a pas assez d’énergie pour résister, et puis il est vrai qu’il a encore la gorge en feu d’avoir gobé tant d’eau salée. Cette fois, il se laisse toucher par les deux hommes qui l’aide à se relever et à parvenir à l’infirmerie, encore à bout de souffle.

Enfin, quand on dit infirmerie, peut-être vaudrait-il mieux décrire une petite pièce, avec un lit inconfortable, deux chaises de plastique et un placard de métal probablement peu fourni. On les plante là, le temps d’aller chercher le médecin, Remo flanqué d’office sur le lit, à nouveau en manque total de repères,les muscles secoués de spasmes. Des restes de panique, plutôt que l’effet du froid, auquel il ne prête pas attention, alors que les doigts gelés de l’eau sur sa peau semblent s’infiltrer jusqu’à ses os. Il croise le regard de la femme qui l’a sorti de l’eau et tente un sourire d’excuse. « Merci de m'avoir tiré de là. Et, euh, désolé, j’ai complètement paniqué. Je… j’ai déjà été au bord de la noyage. Plusieurs fois. Alors j’crois qu’mon cerveau il a fait un truc bizarre. Je… j’étais plus vraiment là. » Il était même très loin, à des centaines de kilomètres et plusieurs mois de distance. « Du coup j’crois que je t’ai pas facilité la tâche pour remonter. Je t'ai pas blessée au moins ? Désolé si je t’ai fait mal, » ajoute-t-il, puis, lui tendant la main : « Moi c’est Remo. Toi ? »

Ses fesses se posent lourdement sur une vieille chaise, qui ressemble plus à un mobilier de jardin qu'à quelque chose de confortable pour une infirmerie de fortune. Peu importe, elle faisait son travail, à savoir permettre d'être assis sur autre chose que du béton ou de la terre. À sa gauche, sur la seconde, Leah remarque une vieille couverture qui lui sera bien utile, même si visuellement elle semble gratter, que ce soit la peau et même l'âme. Peu importe. Elle saisit cette dernière et la dépose sur ses épaules, balançant la tête en arrière en profitant du mieux de quelques minutes de repos.

Elle ne réagit pas lorsque les deux marins entrent à leur tour, soulevant comme ils peuvent l'homme que sa jument avait balancé à l'eau. Tandis que l'un tente de faire de l'humour pour détendre l'atmosphère, le second ne perd pas le Nord et, après avoir déposé le blessé sur le lit grinçant, annonce courir aussitôt chercher un médecin dans les environs. Elle met du temps à réagir, redresse sa tête. Attendez, vous ne savez même pas s'il y a un médecin ? Mais il était déjà parti, et le regard que lui lance le premier en disait long sur la réponse. Super.

Le marin s'échappe à son tour et le calme plat revient dans la pièce. Leah croise ses jambes tendues vers l'avant, referme un peu plus la couverture contre elle et penche de nouveau la tête. L'attente risquait d'être longue, et elle l'espère pas trop pour ne pas avoir un mort sur la conscience. Elle ouvre un œil en direction de son voisin, reste silencieuse face à l'explication de son comportement dans l'eau et l'inonde d'excuses.

Leah souffle du nez, se redresse pour venir serrer la main de ce Remo avec sympathie. Leah. Elle s'enfonce de nouveau dans sa chaise grinçante. Tu n'as pas à t'excuser. Déjà parce que l'accident ne serait pas arrivé si ma jument n'était pas présente. Et ensuite parce qu'on a tous des peurs incontrôlables. La militaire retient un faible rire. Même si ce n'est pas très malin de bricoler à côté de l'eau. De l'humour, tout simple, aucune accusation.

Le silence retombe et la militaire reste quelques secondes là, à dévisager son voisin comme si elle le connaissait de quelque part. De nulle part évidemment, mais il avait quelques traits du visage ressemblant à l'un de ses frères. Et donc, Remo, comment on peut être au bord de la noyade plusieurs fois, si je peux me permettre ?

Reprenant peu à peu ses sens, Remo observe sa sauveuse avec un peu plus d’acuité. Il sait qu’il ne faut pas se fier aux apparences, mais il a tendance à faire confiance à son intuition, et cette femme lui semble plutôt bienveillante. L’attitude sans manière, l’air franc et décidé, la carrure d’une sportive ou de quelqu’un d’entraînée au combat. Leah, donc, enregistre-t-il en lui serrant la main.

« J’avais pas pour ambition de faire un petit plongean matinal, » répond-il en riant, « mais tu ne devrais pas retrouver ta jument ? Tu dois être inquiète pour elle. » Son empathie est réelle, car il sait, pour avoir longtemps été aux côtés de Nata et de sa mule Abequa, le lien fort qui peut unir un équidé à son propriétaire. Et si lui, il frissonne, il est tiré d’affaire - il le sait, ayant été secouriste plusieurs années et ayant eu l'occasion d'intervenir sur des incidents similaires. Enfin, des incidents qui n'impliquaient pas nécessairement, s'entend... Il connaît donc les symptômes dont il faut se méfier, et sait qu'il n'est pas resté suffisamment longtemps dans l'eau pour souffrir d'hypothermie. Si ses poumons et ses sinus, eux, sont toujours en feu, c'est une douleur qui finira par passer. « J’pense pas avoir besoin d'un médecin, je crois que j’vais juste avoir besoin de boire de l’eau non salée pour m’hydrater. Je te retiens pas, si tu veux vérifier qu’elle se fasse pas la malle, ta jument… »

Mais Leah l’observe curieusement, presque avec insistance. Il est certain qu’ils ne se sont jamais rencontrés, mais peut-être lui rappelle-t-il quelqu’un, rencontré avant ou après l’apocalypse. A sa question, toutefois, il baisse les yeux. « Je… y a un groupe de salauds qui a voulu que je leur vende mes potes, » résume-t-il. Une phrase bien simple pour synthétiser l’affaire dans laquelle il s’était embarqué pour sauver Sol, et qui lui avait coûté sa soeur, un ami proche, et dont les épisodes continuent de le hanter jusqu’à aujourd’hui. « C'était y a quelques temps, mais bon, c'est le genre de trucs qui part pas facilement. Et toi, qu’est-ce que tu viens faire à la marina ? Tu crèches à la prison ? »