Orion s'est levé tôt, peut-être trop tôt, Johanna dormait encore quand il était sorti du lit. Les nuits n'étaient clairement pas reposantes, entre son bras qui le lance, les craintes de la petite blonde, ses propres craintes qui se délitèrent en angoisse. La nuit est son ennemie, il en a peur, presque peur du noir. Lui, un grand gaillard d'un mètre quatre-vingt-dix, avoir peur d'être dans le noir, on pourrait se moquer de lui. Il en a honte, et cela se rajoute à ce mal-être psychologique. Orion ne pensait pas qu'il serait ainsi, aussi fragile, après tout ce qu'il a subit ultérieurement avant de rencontrer Johanna et de lui faire confiance, de tomber amoureux d'elle, et de bientôt être papa. Il en a vécu des choses depuis qu'il est avec elle. Et à dire vrai même s'il stresse pour la naissance de ce bébé dans quelques mois, il a hâte. Hâte que sa tête puisse penser à autre chose, hâte que son cerveau se lasse de cette terreur qui vient enrouler ses tentacules autour de lui la nuit.

Mais aujourd'hui, il avait comme à son habitude laisser un mot à sa compagne pour la prévenir qu'il allait voir Regina pour discuter simplement. Il se montrait tout à fait transparent envers elle, sachant bien que Johanna à ce besoin d'être rassurée et assurée. Il reviendra, il le promet à chaque fois, et à chaque fois le brun est revenu, mais dans divers état.
Sortant enfin du quartier général de la faction, il avance au travers des décombres et de la nature qui reprend peu à peu ses droits. Il enjambe des gravas, des hautes herbes, observe autour de lui jusque parvenir près du camp de la médecin. Là il s'annonce à la surveillance du camp et demande à voir la jeune femme.

Orion avance, les épaules baissées, la mine pâle, presque verdâtre, le bras dans son écharpe, ce n'est rien son bras, c'est son moral qui lui donne cette mine affreuse. Il ne va pas mentir à la survivante à qui il adresse un sourire un peu tordu, essayant de faire "bonne figure". "Salut, j'ai pas rendez-vous, je sais." Commence par dire le tatoué avant de continuer. "Tu peux regarder mon bras ? Juste pour savoir, même si chez nous j'ai des soins mais..." Il s'arrête sa voix se faisant plus faible. Mais il ne veut pas être un boulet, ou du moins être encore plus boulet qu'il ne l'est déjà. Et à cette fugace pensée, il se souvient de sa prise de tête avec Tariq il y a quelques mois. "J'suis un boulet pour le groupe." Murmure le jeune homme sans réellement prendre conscience qu'il pense à voix haute.