Y’a d’boulot, y’a d’boulot ! Faut dire qu’y’a toujours d’boulot dans c’coin paumé ! Mais eh… On est pô prêt d’se faire chier comme ça, et en réalité, ça m’va plutôt bien. J’veux dire… J’n’ai jamais aimé m’faire chier, et même quand j’étais avec les Remnants, j’devenais assez insupportable quand y’avait pô d’missions ou pô d’trucs à faire. J’étais… Ouais… J’étais sacrément chiant, ouais.

Bref, y’a toujours d’trucs à faire. Et en c’moment, outre l’missions d’protections du coin, et l’missions d’approvisionnement qu’il faut surveiller et protéger, j’travaille sur les clotures, ou l’bâtiments, l’véhicules, bref, j’fais c’qu’il faut faire pour pouvoir aider tout l’monde. Et en vrai… ça m’plaît ! ça m’change des entraîn’ments qu’je dois faire pour ceux qu’savent pô trop s’battre ou qu’veulent en apprendre plus ; ça m’change aussi d’l’entretien des armes à feu que j’fais régulièrement. Bref, ça m’change quoi.

C’qui m’change pas ? L’blessures… Même les p’tites. Et j’m’étais fait un truc à la main en frappant du marteau sur un clou rouillé. L’clou à pété, et l’marteau et l’bout du clou ont fini… Dans la putain d’main ! Bon, pas profondément hein… A peine d’quoi m’faire un peu d’douleur, mais disons qu’j’ai pas voulu chercher quoi : j’me suis désinfecter la pogne, et j’l’ai laver, avant d’foutre un foutu pansement d’merde et j’allais retourner bosser.

Quand soudain, j’croise Emilie. J’crois qu’c’est une soignante d’notre groupe, et une sage-femme notamment. J’la connais pô des masses en vrai… J’m’en rends compte… Mais elle, elle à l’air d’me connaître un peu mieux qu’moi j’la connais. Elle m’interpelle, d’coup, j’me retourne et j’essaie d’cacher ma pogne pour pas qu’on m’emmerde. Deux minutes ? « Ouais heu… Ouais, j’ai bin’ deux minutes. »

Elle à b’soin d’un coup d’main, parce qu’dans son état, elle n’peut pô porter tout c’qu’elle veut. En vrai, j’comprends totalement : quand Yulia était enceinte – et maintenant qu’elle l’est encore… - j’faisais attention à tout, autant que j’le pouvais. Même si j’n’étais pô tout l’temps là… M’enfin… Donc ouais, bin’ sûr que j’vais l’aider. « Ouais bin-sûr. C’quoi qu’faut bouger ? »

J’me plante d’vant elle. Si y’a bin un truc que j’connais aux nanas enceintes, c’est qu’quand elles d’mande un truc avec l’sourire et l’gentillesse, vaut mieux écouter… Et faire c’qu’on peut pour être gentil. J’dis pas qu’ça m’casse les couilles… Nan… Mais marcher sur des œufs c’pas mon truc : j’suis plutôt d’genre à faire les omelettes en fracassant un peu tout. Y compris la poêle.

Lui sauver la vie ? Pour un foutu meuble ? Eh beh… La survie d’vient autrement plus simple dans c’genre d’situations quand on décide d’rester dans un bureau. Mais bon… Vu son bide, j’crois qu’il vaut mieux qu’elle reste tranquille et en sécurité. J’aurais défoncé Yulia si elle d’vait faire toutes les saloperies de d’ordinaire, en étant enceinte. Ouaip… J’l’aurais carrément mal pris.

D’coup, j’la suis jusque dans l’infirmerie. J’connais déjà l’endroit évidemment. Pour l’temps qu’j’ai pu y passer à m’faire réparer mes bobos et conneries, et aussi, après mon arrivée chez eux d’chez les Nomads… Bah j’ai dû m’faire check de partout vu qu’j’avais sévèrement prit dans la gueule. J’avoue qu’l’idée d’modifier un peu c’t’endroit en déplaçant un meuble, ça m’plaît : c’comme-ci que j’prenais une revanche un peu. Fin truc chelou dans mon esprit mais vous comprendrez sans doute un jour.

Elle s’met soudainement à m’poser d’questions. J’avoue que j’m’y attendais pas. Enfin, j’sais bin qu’les nanas, des fois, dans c’genre d’situation, elles ont b’soin d’parler et d’parler et d’parler histoire d’passer l’temps ou d’pas s’sentir gêner… Bon, en vrai j’peux l’comprendre, mais parfois l’silence c’est cool aussi quoi.

« Elles vont bien ouaip. » Que j’réponds tout simplement, en commençant à déplacer l’meuble qu’est plus lourd que c’que j’croyais. Mais l’bruit d’ce foutu meuble m’fait me rendre compte que j’préfère quand même discuter que d’seulement entendre c’te foutus bruits métalliques à la con. « J’crois qu’Yulia est pô dans son assiettes d’puis qu’que jours. Elle a d’la nausées, l’matin surtout. Mais Ana… P’tain c’te môme à d’l’énergie à r’vendre ! »

Pis v’là qu’elle m’remercie ? Ah ouais… J’avais oublié ça… L’Nomads… C’vrai qu’on les a r’vus y’a qu’que temps. « T’inquiète. C’normal d’faire c’que j’peux pour c’groupe. Heureusement qu’t’as su quoi faire d’ces médocs. » Ouais parce qu’bon, parler aux vieux copains c’t’une chose… Mais négocier les médicaments c’rien si on n’sait pas les utiliser. Heureusement qu’elle était là pour l’faire taf de soignante.

J’continue à déplacer c’bordel qui m’demande à une ou deux reprise d’me repositionner. Faut dire que j’m’attendais pas à c’poids, et donc, qu’pour faire face, j’dois faire gaffe au dos et à m’positions. Bref, un truc à la con quoi… L’ergonomie c’nul…

Mais v’là qu’elle m’pose une question. J’dois dire qu’j’n’y réponds pas de suite. J’veux finir c’truc d’abord. J’la déplace donc, et l’silence d’vient pesant même pour moi… Faut dire que j’met un peu d’temps à déplacer c’bordel parce qu’la salle m’paraît soudainement plus grande qu’d’ordinaire. Mais une fois qu’c’est fait… Qu’est-ce que j’peux lui dire ? J’dois répondre… Pis, y’a pas mal d’choses à dire en vrai…

« C’pas vraiment l’groupe qui m’manque. J’veux dire… J’y ai passé trois p’tains d’années, ouais. » J’vais causer, j’le sais… J’vais causer p’tain d’merde. « Mais y’a des gens qui m’manquent. Stanley surtout. C’mec c’tait d’venu comme mon frère d’arme. On s’est fait capturer par New Eden ensemble, et par les Oblivions après… Pendant deux mois on s’est foutu sur la gueule avec d’rôdeurs, d’supers-rôdeurs et même d’salopards d’gladiateurs plus armés qu’nous. J’avais jamais autant tué d’gens qu’pendant c’te période… Même durant mes 15 piges d’armées. Stanley était pô un tueur comme moi… Mais j’suis pas d’venu fou grâce à lui. Parce qu’il m’parlais tous les jours. Et heureusement… Parce qu’putain, j’suis vraiment passé à deux doigts d’devenir un monstre. A un moment, j’tuais des gens dans cette foutue arène des Oblivions, avec un certain plaisir… Mais autrement, j’parlais même plus p’tain… J’ai passé des jours à juste… Grogner, et être silencieux. Ouais… C’mec m’a empêcher d’devenir un malade mental… » Pfouah mais raconte ta vie ailleurs pauvre merde va ! « Donc bon… T’vois bin. Pis c’pour eux qu’j’ai une tronche de melon et d’cicatrices partout. M’enfin. »

Pfouah mais putain de merde ferme la…