Bon, je suis bien contente pour Zi hein, qu’elle retrouve tout ce monde, mais d’un autre côté j’me demande si j’viens pas de perdre mon radar à mort-vivant plus plus. Ok, si j’suis honnête envers moi-même, elle est plus que ça pour moi. C’est ma pote quoi. Même avec sa morveuse et l’fait qu’elle peut me contaminer avec son truc. J’pense que j’ai pas trop le choix que d’attendre et de voir ce qu’elle va décider de faire. J’garde le van en tout cas hein ! J’ai dû me coltiner les campagnards puants pour l’avoir !

Bon bref. Pour pas faire ma chieuse, j’ai décidé que j’allais faire une petite sortie pour trouver du matériel. J’ai bien repéré deux trois boutiques avec du potentiel. En espérant que les idiots du coin on pas tout chopé sans savoir quoi faire de ce qu’ils avaient dans les pattes. Non parce que les pauvres cons qui utilisaient du sel d’Epsom pour assaisonner leurs bouts d’viandes moisis, ça m’a un peu marqué quoi !

J’vais pas sortir toute seule non plus hein, me faut de la chair à canon ou un type armoire à glace qui voudra tout faire pour me protéger. On me jugerait sans doute si j’disais ça à voix haute, quoi que j’en aurais rien à chier hein, mais c’est juste de la survie pure et dure. La sympathie ou un appât, voilà mes deux tactiques et ça a toujours fonctionner jusqu’ici.

Tout le monde est occupé par contre. Je demande pas non plus, ça ferait trop désespérée et ça je refuse d’avoir l’air de ça ! Sauf que j’ai deux yeux et j’observe. Bingo ! Mon regard se pose sur un type un peu en retrait. Il a l’air hyper coincé. Du genre anxieux social ou j’sais pas. La posture je crois, mais je peux me tromper. Du coup, je bats un peu des cils et je m’approche en jouant les petites timides.

- Bonjour ! Je crois pas qu’on se soit croisé encore. Je suis Sierra, l’amie de Zi. Je me contente d’un petit signe de main, pour avoir l’air un peu coincée aussi. J’ai besoin de sortir pour trouver un peu de matériel, je sais pas si vous pourriez m’accompagner ou si vous connaissez quelqu’un de disponible ? Je préfère pas sortir seule.

Je lui offre un sourire chaleureux, juste pour le mettre un peu plus en confiance. S’il est dispo tant mieux, s’il connait quelqu’un tant mieux, s’il dit non… connard.

Il se présente, c’est bon signe. Non seulement c’est pas un muet, mais il risque de dire oui à ma demande. La plupart du temps, quand les gens sont pas ouverts, ils se présentent pas et donne genre, zéro infos sur eux. Moi, j’vois une porte ouverte ici heureusement.

- Super ! Prendre le grand air, c’est pas comme ça que j’aurais dit, mais ma foi, j’le prends hein.

L’idée c’est de pas me balader toute seule dans le coin. J’le connais pas ce coin. Pis, d’avoir quelqu’un pour jouer les gros bras ou les appâts si ça tourne mal, c’est juste la base.

- T’as perdu quelqu’un ? On a tous perdu quelqu’un, mais je veux juste un peu de détail quoi. Curiosité mal placée peut-être ? Ou alors peut-être l’opportunité de continuer de faire mousser ma répute avec son groupe ?

Les deux j’pense. Ils font des putains de vaccins. C’est clair que j’les veux dans ma poche les Nomads.

- On je veux juste fouiller quelques boutiques pas trop loin de votre camp. On peut y aller à pied. Je voudrais pas que ça vous coute du carburant ou quoi. Je joue faussement les gentilles filles.

La vérité, c’est que je veux pas qu’on me fasse payer leur essence. J’ai genre, aucune confiance. Parce que moi je le ferais.

- T’as déjà des armes sur toi ou t’as besoin qu’on passe quelque part ? Je pense pas que ça devrait être dangereux en vrai, vous devez déjà surveiller les alentours, donc si y avait masses de morts-vivants, je pense qu’on saurait. Ou alors, j’ai trop confiance en eux. J’ai besoin de produits pour continuer d’offrir mes services. Que j’explique en souriant. Je sais que ça a rien à voir par rapport à ce que ton groupe produit, mais c’est mon business. Je prépare déjà le terrain pour qu’il ne refuse pas quand je lui parlerais de produits de beauté quoi.

Mais bon, peut-être que je m’en fais pour rien. Il savait même pas ce que je voulais aller chercher qu’il a déjà dit oui en prétextant pouvoir prendre l’air. Easy. Je sais apprécier !

Le nom de l’endroit me dit absolument rien. Pis en vérité, j’en ai rien à foutre. Je vais quand même prendre un air un peu tristounet pour faire comme si j’avais un peu d’empathie pour lui, juste le temps de l’utiliser quoi.

- On ouvrira l’œil. Un ton faussement encourageant, je pose pas davantage de questions.

Déjà parce que je suis pas en train de lui passer un putain d’interrogatoire, s’il a envie de partager des trucs, il le fera comme un grand garçons. Ensuite, ouais, la même rengaine… j’en ai rien à faire. On prend de toute la direction de la sortie et il me confirme qu’il a ce qu’il faut pour se défendre. J’espère bien, sinon il fera un super appât.

- Oui t’inquiètes, je suis pas du genre à faire confiance aveuglément. Même s’ils surveillent, y a de la merde à chaque coin de rue quoi, j’suis pas débile.

On sort finalement du camp et c’est maintenant que Cole me pose des questions sur ce qu’on va chercher. Je pensais avoir affaire à un Yes Man, mais j’me suis peut-être trompée. Fais chier. Bon, faut que j’apporte les choses avec tact, je les connais les gros machos qui dénigre ce que je fais. Faut pas s’fier à l’apparence hein, les machos ils viennent dans tous les formats.

- J’offre des soins esthétiques et hygiéniques. Les gens se sentent toujours mieux et plus humain quand ils se sentent bien dans leur peau, propre, beau. Je sais que ça peut paraitre superficiel, mais une bonne coupe ou une bonne douche ça change un survivant. Alors on va aller fouiner voir si on trouve du savon, des soins, ce genre de choses.

Au pire, j’y vais seule hein, s’il rebrousse chemin. Juste, c’était pratique d’avoir quelqu’un avec moi. Ne serait-ce si je tombe sur la caverne d’Ali Baba et que j’ai plein de matos à ramener. Du coup, je marche toujours sans m’arrêter, attendant de voir ce qu’il va dire.

Autour de nous c’est encore calme pour l’instant, on est encore assez près du camp de son groupe, sauf que je surveille quand même.