Nous sommes rentrés hier et j’ai directement pris la direction de mon tipi pour dormir. Bon, je dois avouer avoir pris le temps de faire ma toilette d’abord, car impossible de supporter davantage les jours et les jours passés sur les routes. Je ne sais trop combien de temps j’ai pu dormir, mais quand j’ouvre les yeux, je devine un début d’après-midi. Je débute donc ma journée avec un peu de retard, mais soit, j’en avais besoin.

Après quelques vérifications chez mes chers oiseaux de proie, mes pas m’ont vite mené au réfectoire et c’est en terminant mon repas que mes oreilles ont capté une conversation non loin de ma table. Apparemment, Erika a été malade, très malade. Je pince les lèvres, l’inquiétude me gagnant bien malgré moi, même si mes voisins confirment qu’elle a l’air d’aller mieux fort heureusement. C’est quelque peu indiscret de leur part, de la mienne aussi de les écouter ainsi, mais je ne suis pas mécontente d’avoir appris. D’autres noms sont mentionnés, mais je me lève et vais ranger mon assiette. Il faut que j’aille prendre des nouvelles de mon amie, directement.

C’est donc rapidement que je rejoins les écuries et je reconnais la brunette de dos.

- Bonjour Rika ! Que je lui lance joyeusement.

Mon amie vient me faire la bise pour me saluer et ça me fait chaud au cœur. De la voir en forme déjà, mais aussi par ce geste tellement perdu depuis… la fin du monde.

- Oui, j’étais repartie pour mars à Gig Harbor. Il y a tant à faire là-bas aussi ! Et toi ? J’ai entendu que tu as été malade ? Inutile de passer par quatre chemins, n’est-ce pas ? Pas avec mon amie. Dès que j’ai entendu, il fallait que je vienne te voir.

J’ai un petit rire ce disant. Car si je me suis inquiétée, me voilà bien évidemment quelque peu rassurée de la voir sur ses deux pieds.

- Comment tu te sens ? Les gens ont parlé de grippe… Elle pourra aisément entendre l’inquiétude dans ma voix cependant.

De nos jours, même un rhume peut être dangereux, ne parlons alors même pas d’une grippe !

- Oui, ils étaient déjà très bien installés depuis un moment, mais nous continuons d’améliorer la place forte. Cela fut un réel plaisir de visiter pour la 2e fois l’avant-poste.

Des gens courageux qui y vivaient à l’année et qui n’avaient cesse de rendre leur quotidien un peu plus vivable, confortable.

- Oui, il y a toute une foule de projets en cours, tu ne t’y ennuieras pas. Que je conclus avec un petit sourire amusé.

Bien sûr, il faudra être prudent sur la route… C’est bien là le plus dangereux. La menace des Croatoans pèse toujours sur nous et ne parlons pas des simples pillards qui se cachent au détour de notre itinéraire. Les animaux sauvages et les rôdeurs sont évidemment à ne pas négliger. Bref, la prudence est toujours de mises.

- Je suis heureuse de l’entendre mon amie. Je pose une main sur son bras en signe d’affection, avant de rire à ce qu’elle ajoute. Oui, nous sommes plus fortes qu’un vilain rhume tu as bien raison. Du moins, je préfère y croire.

Je retire doucement ma main, incapable de retenir ce large sourire qui étire mes lèvres.

- Effectivement ! Je sais me défendre, mais une Nagii pour me protéger ? C’est bien mieux ! Je me fais un plaisir de plaisanter avec mon amie, même s’il y a ici clairement un fond de vérité. Oh tu sais, la routine. J’entraine les fauconniers, je prends soin de mes petits chéris à plumes, rien d’extravagant. Un réel bonheur néanmoins. Et toi ? Hormis ce virus contre lequel tu as gagné la guerre ? Peut-être que durant mon absence il s’est passé des choses ?

Mon sourire fait écho au sien lorsqu’elle m’explique que la prison était un peu devenue sa maison. Je n’ai pas connu l’endroit avant, à ses tout débuts, mais aujourd’hui je n’ai pas de mal à voir qu’il y fait tout de même bon d’y vivre.

Ça me touche énormément lorsque mon amie me dit que mon travail est extraordinaire. C’est comme ça que je me sens aussi ! Je me sens privilégiée d’avoir ces responsabilités, d’avoir cette chance de pouvoir exercer mes connaissances.

- Je suis aux anges, je ne vais même pas te mentir ! Je ris doucement en disant ça. C’est vraiment un travail merveilleux, ils sont impressionnants et imposent tant le respect, c’est vraiment incroyable de réussir à communiquer avec eux, à les éduquer pour nous aider. Bon, il ne faut pas que je m’emballe, sinon je pourrai en parler toute la journée.

Je préfère discuter avec Erika, l’écouter me raconter ce qui lui est arrivé ces derniers temps, ce qui l’intéresse, ce qu’elle prévoit faire prochainement.

- Cupcakes, bon choix. Que je dis en souriant. Il faudrait peut-être que je prenne quelques cours de tir à l’arc aussi tiens. Que je lance joyeusement. Je ne sais tirer qu’à la carabine et… je me dis qu’un jour nous n’aurons peut-être plus la possibilité de fabriquer des munitions ? Bon, à dire vrai, aucune idée du temps que nous avons encore devant nous. Ça se passe bien tes entraînements ? Aucune idée d’en quoi ils consistent, ça semble très secret, mais je présume que ce n’est sincèrement pas de tout repos.